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Quel est le degré d'ironie contenu dans la fameuse ritournelle de Pangloss : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ? Non, non, je ne plaisante pas, aussi étonnante et indéfendable que cela puisse paraître, je pose sérieusement la question.

Lorsque j'étais lycéenne (Oh ! pour elle, ça date ! comme disait Anouar), on m'a présenté Candide comme l'un des textes fondamentaux de Voltaire où celui-ci démolit Leibniz en le ridiculisant sous les traits d'un vieux philosophe gâteux et complètement à côté de la plaque nommé Pangloss. Il est vrai qu'à l'époque on n'avait pas pris le temps de me présenter les travaux de Leibniz ou de Rousseau ni même d'autres textes de Voltaire, au premier rang desquels on pourrait placer le Monde Comme Il Va.

Ainsi, j'en étais restée, dans mes années lycée, à une sorte de règlement de comptes entre philosophes dont Voltaire était sorti grand vainqueur en dégainant ce seul Candide. Mais maintenant que ma peau est beaucoup moins lycée, qu'on peut même avouer sans honte qu'elle se fait chaque jour plus ridée, j'ai une vision très différente de Candide et qui m'est plus personnelle.

Il convient, avant de vous noyer sous une quelconque opinion individuelle toujours sujette à caution, de vous parler un peu de l'écrit lui-même. Il s'agit d'une narration de taille modeste, segmentée en trente courts chapitres dans lesquels Voltaire fait endurer à son héros un rude voyage initiatique aux quatre coins de la planète.

Candide, fils illégitime issu de la noblesse Westphalienne se voit chasser du château où il a toujours vécu pour avoir osé poser les mains sur sa délicieuse cousine Cunégonde, qui elle ne s'en offusquait pas. Candide se retrouve alors sur les routes poussiéreuses qui ne tardent pas à le conduire là où il y a la guerre. C'est l'occasion pour le jeune héros de méditer les épigrammes et dogmes de Pangloss, maître de philosophie dans le château dont il vient d'être expulsé.

Chaque situation est un prétexte à étriller, qui la noblesse, qui tel ou tel ordre religieux. Les références de Voltaire à l'actualité de son temps sont omniprésentes et ne font plus toujours sens de nos jours. Néanmoins, ce conte philosophique est un exemple de limpidité d'écriture, facile à lire à tout âge et à toute époques, hier bien entendu, mais aujourd'hui encore et ce pour bien des siècles à venir.

On a tendance à souligner les nombreuses infortunes de Candide et de ses compagnons (car en route il se fait une demi-douzaine de compagnons qui ont des visions diverses de l'existence et qui disputent avec lui). Or, Candide, à de nombreux moments de l'histoire, jouit de véritables coups de chance. L'auteur s'en donne à coeur joie sur la mauvaise façon qu'a le jeune et naïf héros d'interpréter ces quelques instants de fortune, comme étant la preuve irréfutable de la validité de la thèse de Pangloss.

D'Europe de l'est en Pays-Bas, en passant par le Portugal puis l'Amérique du sud, la France bien entendu, l'Angleterre, Venise ou enfin Constantinople, de fortunes en infortunes, Candide apprend peu à peu ce que c'est vraiment que la vie et surtout, à se méfier des formules toutes faites du très docte Pangloss… Il va perdre beaucoup de ses illusions, rencontrer beaucoup de coquins, mais aussi, il faut bien l'admettre, deux compagnons valables, que sont Cacambo, le pragmatique et Martin, le sage désenchanté, l'un et l'autre étant, à n'en pas douter, des avatars de Voltaire lui-même.

Ce que je vois maintenant dans Candide, à l'aune de ma peau aussi fripée que celle de Cunégonde en fin d'ouvrage, à chaque coin de page, sous chaque allusion, au creux de chaque moquerie, c'est une bourrade farouche contre la religion. Et si moquerie il y a, si dénonciation de ridicule il y a dans la vision optimiste du monde, telle que défendue par Alexander Pope, Gottfried Wilhelm Leibniz ou Jean-Jacques Rousseau notamment, c'est dans la naïveté de croire qu'il existe un dieu juste et rédempteur, avec une finalité nécessairement bonne et positive. Ce n'est pas tant l'homme Leibniz, ou le philosophe qui sont cibles selon moi, mais bel et bien la religion. Ce qui horripile Voltaire, c'est de vouloir à tout prix faire coller une réflexion philosophique (par essence alerte et indépendante) à un dogme religieux (par essence sclérosé et indéboulonnable).

Pour Voltaire, l'homme est viscéralement pourri, incurable et bouffé de vices, son mal est insoluble. Soit l'on se résout à l'accepter comme tel, soit l'on abrège d'urgence ses souffrances à l'aide d'une lame tranchante ou d'une corde au cou. Et si optimisme il peut y avoir, c'est que sachant cela, connaissant l'homme tel qu'on le connaît, on puisse malgré tout, de temps en temps, en attendre de belles surprises, des élans de beauté et de grandeur dont on ne le jugerait pas capable.

J'en suis désormais portée à croire qu'à l'opposé d'un Leibniz, qui dans son Théodicée s'évertuait à faire le grand écart entre les incohérences soulevées par sa pensée philosophique et l'idéal d'un dieu juste et bon, qui en venait à justifier le mal du monde par le fait qu'un Dieu de perfection n'autorisait le maléfice que pour libérer un bienfait subséquent et supérieur au mal enduré, Voltaire nous dit deux choses dans son Candide :

1°) Eu égard à l'humain tel qu'il est constitué, aussi vil et pendable qu'il puisse être, l'équilibre atteint, malgré ses nombreuses imperfections, est quasiment ce qu'on peut attendre de mieux. Derrière chaque corruption, derrière chaque acte malveillant, chacun en tirant à soi la couverture crée une sorte d'équilibre « vivable », qui tient en respect les penchants abjects des autres, lesquels penchants pourraient s'épanouir librement si notre propre mal potentiel n'exerçait point de menace.

(D'où ma question du départ à propos du degré d'ironie contenu dans la formule : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pour Leibniz, c'est le meilleur des mondes possibles car c'est le monde créé par un dieu parfait, pour Voltaire, c'est le meilleur des mondes possibles car il est le résultat d'une neutralisation, une forme d'équilibre instable mais acceptable des penchants malsains et hautement imparfaits de chacun.)

2°) N'attendez rien d'un dieu quelconque. Voltaire, par son final, reprend à son compte le fameux proverbe « Aide-toi et le ciel t'aidera ». En bref, « Retrousse tes manches, bonhomme, compte sur toi-même et ton seul travail. Tantôt tu auras un coup de pouce de la chance, tantôt une belle tuile au coin du nez. N'y vois rien de divin, seulement les hauts et les bas de la roue de la Fortune. Pouvoir, Argent, Beauté, Gloire de quelque nature qu'elle soit, tout cela ce sont des futilités, justes bonnes à te rendre malheureux, bonhomme. Ce qui compte, c'est d'avoir une petite vie simple, les pieds sur terre, côtoyer les gens que tu apprécies, sans en attendre des miracles de bonté, de beauté ou d'esprit et de surtout rester toujours loin, très loin de ce qui brille. »

J'en terminerai en vous disant simplement que j'ai aimé ce conte, alors que j'étais jeune et naïve et que je l'aime encore, sans doute pour des raisons différentes, en étant moins jeune et moins naïve. Alors, il n'y a vraiment pas de raison d'hésiter si vous avez peur des vieilleries, peur d'être déçus, peur de je-ne-sais-quoi-encore, Candide, c'était, c'est et ça restera du solide. Mais bien sûr, ceci n'est pas le meilleur avis qu'on puisse imaginer dans le meilleur des mondes possibles, c'est juste un avis, un tout petit avis, un grain de sable sur la plage, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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"Il faut cultiver notre jardin.....extraordinaire"
.... j'aurais dit "euh....Charles ...Pré-vert",
c'était pendant... ma période scolaire !

Certes j'ai pas inventé le paratonnerre
Franklin, je voyais que la tortue de mer
J' suis pas devenu soûlot
J'connaissais même pas Cousteau,
Mais qu'est que tu vas faire ?
Je pensais peut-être Hélicoptère !
Paroles en l'air à la Jacques Prévert
ou bien comme Dutronc, hôtesse de l'air
dépêche-toi reviens sur terre.....

Aérophagie dans l'étable
A cause du veau, qu'a bu l'air
Hugo, un Chêne mis érable,
dans une légende séculaire
En fin de Conte, je serai Comptable
Des rouges oeillères, à ma boutonnière.

Mornes automnes, tendres printemps, rudes hivers,
Mots passant, bêêêle à mi-été, meuh des bouts solaires
Donc pas de période Littéraire, que des galères
le français restera matière secondaire, aucun volontaire
Dans le technique parler corsaire comme nécessaire
Devoir en vers très réfractaires....

U = R.I CQFD restera mon Abécédaire
2017 annonce l'An Pire, 2018 sera l'An Pair
Tant qu'il y aura des Ohms, Résistance d'enfer
Je, j'assume, et dans un langage pas très maternel,
nous nous étamèrent (oups nounou et ta mère ! tout s'emmêle, rendez moi les mamelles)
avec intensité, y'a Volt, ils s'électri-Fiers
les révolutionnaires enfin.... se Re-Voltaire .



PS: soyez pas trop critiques dans vos commentaires ;-)

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Au pays de Candide, c'est comme dans tous les pays. On souffre, on guerroie, on périt. Il y a beaucoup de méchants et peu de gentils.
Il faut vraiment que le confinement tamise mes lumières pour rapprocher le chef d'oeuvre satirique De Voltaire au générique d'un dessin animé de feu Récréa 2… Enfin, soyons optimistes pour la suite, mais pas autant que Candide ou le philosophe Leibniz dont la pensée métaphysique affirmait que le mal n'était que l'ombre du bien et voyait la providence en toute chose, même après le tremblement de terre à Lisbonne en 1755. L'ancêtre de la pensée positive et de nos coachs en bonheur artificiel. Voltaire bâtit en partie son conte philosophique en réaction et confronta Candide le bien nommé aux souffrances du monde. Je crois que je viens de relire ce petit bijou pour me vacciner par avance contre tous les oracles qui vont déclamer que le Covid est une punition divine ou une revanche de mère nature.
Candide grandit naïvement dans un château à l'abri de besoin, instruit par Pangloss, avatar de Leibniz qui lui serine que tout va bien dans le meilleur des mondes. le chant des petits oiseaux s'enroue quand il est surpris à échanger un peu de salive avec Cunégonde derrière un paravent. Il se fait chasser par le baron, tel Adam du Paradis terrestre, pour avoir pécho la chair.
Candide va partir en voyage désorganisé autour du monde, traverser des champs de bataille qui ressemblent à des étals de bouchers, arriver tremblant à Lisbonne au moment du séisme, traverse l'Atlantique pour découvrir l'esclavage, verser dans l'utopie à la découverte de l'Eldorado, débarquer en France pour se faire friponner, voir Venise et manquer mourir… à Constantinople.
Heureux hasard de la fable et de l'aventure, Candide retrouve la trace de sa dulcinée, de son maître à penser et se laisse guider par plusieurs « Sanchos » touristiques, dont un dévoué Martin, contrepoint pessimiste mais guère plus visionnaire que l'optimiste Pangloss. Candide en vient à la conclusion raisonnable qu'il est préférable de se limiter à la culture de son petit jardin. Don Quichotte de retour dans la vraie vie.
En 2020, l'oeuvre De Voltaire, guide du routard de l'époque, coqueluche des salons et des cellules de prison (il fit plusieurs séjours en cellule dont un à la Bastille à cause de ses bons mots), mondain épicurien ulcéré par l'injustice, est toujours divertissante, malicieuse et imprégnée d'universalisme et d'humanité. Une plume facile pour laquelle je remonterai bien le temps pour quémander un autographe.
Un conte dont la lecture ne me lassera jamais et qui semble encore aujourd'hui aussi lucide que le vieux Voltaire nu du Louvre, sculpté par Jean Baptiste Pigalle, quand vous essayez de soutenir son regard fantaisiste. Il reste de marbre…de Carrare.
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Honte à moi qui, bien qu'ayant quelques milliers de livres au compteur ne connaissais pas Voltaire !
Ou peut-être que si. En remontant dans mes lointains souvenirs de Lycée (ça date), je me revois peinant sur ces textes insipides, auquel je ne comprenais rien, qui me paraissait d'un ennui mortel et qui m'ont attiré quelques si mauvaises notes que ma mère en fut un temps désespérée.
Bref, les classiques, plus jamais et Voltaire encore moins.
Les imbéciles seuls ne changeant jamais d'avis, je viens de lire Candide, ce chef d'oeuvre.
Et oui, je n'y crois pas, j'ai savouré chaque ligne, dégusté chaque mot de ce texte.
J'ai suivi avec passion les traces de Candide à travers le monde, allant de Russie, au Brésil en passant par Lisbonne... pour retrouver son bel amour interdit, Cunégonde.
Décidément Candide fût une grande découverte.
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Je pense que j'ai rencontré Candide et Voltaire au collège comme beaucoup d'entre nous, et parmi toutes les lectures qui ont pu m'être imposées, elle est l'une de celles dont je me souviens le mieux.
Il m'arrive encore de dire que « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », c'est dire si certaines lectures peuvent imprégner notre psychisme (même si depuis quelques années, je dis plutôt « jusque là tout va bien », autre référence moins philosophique il est vrai).
Il me reste peu des pérégrinations de Candide, je m'y étais intéressé à nouveau de façon indirecte en découvrant Leibniz, ayant appris à ce moment que Voltaire, farouchement opposé à ses idées avait écrit "Candide" pour tourner en dérision ses théories sur le fatalisme et l'existence du mal.
Les querelles de philosophes étaient choses sérieuses alors ;)
C'est aujourd'hui, maintenant que je lis beaucoup qu'il m'arrive de m'interroger sur toutes ces lectures obligées (Candide, le journal d'Anne Franck, La métamorphose, Vipère au poing et d'autres...), et sur ce qu'il m'en est resté.
Car en fait et de façon étonnante si l'on considère le temps qui s'est écoulé depuis, les souvenirs sont assez précis et présents, voire meilleurs que pour bien des lectures faites après, il y a peut-être bien quelque chose de subliminal non ?
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Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Madame est servie, engrossée jusqu'au bout des nichons, madame se prélasse son cul enfoncé dans le canapé pendant que monsieur se la joue « Tony micceli », persécuté par la modernité d'une femme émancipée par des années d'une lutte acharnée, pour enfin pouvoir se reposer en se trifouillant le périnée… Bande de « chaudasse »… Bientôt la Binouse remplacera les régimes Ô combien nécessaire après quelques années pour faire plaisir aux gros hommes raffinés…

Alors moi sexy avec mon chiffon et mon éponge imbibée, récurant l'évier et javellisant la cuvette des WC pour mon plaisir maniaque de part ma mère, ma soeur et ma grand-mère, je chantonne au rythme des coups d'aspirateur sur une musique entrainante…. et je le fais tous les dimanches, tu parles d'un homme tiens…

« Mais tout va le mieux qu'il soit possible… »

Mais Candide-t-on de moi quand on en parle ?

- behh on n'en parle pas voilà tout…

Comment ça ? moi qui rêvasse de jour comme de nuit de ma vie qui passe, depuis le jour de ma naissance, bénit officiellement un dimanche, moi qui fût baptisé trop jeune pour me sauver, par un travesti en robe blanche engagé par notre père… d'après cet affreux, nous étions frère, heureusement que maman fût courageuse pour me faire en deuxième, ce premier étant curé et visiblement pédé, mieux valait oublier le premier, et arroser le deuxième au son des cloches…

- Mais on s'en fout voilà tout…

Traumatisé trop jeune, j'ai continué un moment dans cette débauche de vérités au nom du père, de son fils et d'un saint esprit… alors « queue » mon père qui cultivait le poivrot d'une façon fâcheuse et titubante m'enseigna le « sein » d'une manière plus alléchante et d'une chatte bien léchée, il avait une préférence pour la marie couche toi là : toujours « prêtre » à ne piper mot pour toucher la croix à la « Sein-Claude »… après quelques dérapages de mon paternel sur le parquet, ma bourgeoise de mère décida de me poser sur le siège de sa 2 chevaux, et tira sur les rênes pour m'emmener voir du pays chez sa maraichère de mère, une vieille dame en guenille qui voulait absolument être ma grand-mère…

- Je m'endors voyez-vous..

Allons bon, j'ai fini par pousser sur mes deux jambes, catholique convaincu jusqu'à mes 12 ans…ensuite c'était pire, à 13 ans mes jambes ont arrêté de pousser et ma pensée s'est affûtée…

- Enfin me direz-vous…

Et la guerre a continué, des familles ont été massacrées, des gens ont été torturés, des femmes ont été lapidées ou violées… la famine a stagné, les catastrophes naturelles ont empiré, les riches ont ignorés, les pauvres ont espéré, les riches ont rigolé, les pauvres ont pleuré… des choses se sont améliorées, mais surtout pour les gens bien nés…. les autres n'ont pas regardé…

Mais tout va bien dans le meilleur des mondes… surtout quand on est Candide..

Voltaire était drôle, mon CFA d'ébénisterie se trouvait Boulevard Voltaire, pourtant j'étais plus intéressé par le cul des tapissières, que par le nom de la rue dans laquelle j'apprenais mon métier, mais grâce à vous je me plonge aujourd'hui dans la prose de l'artiste…. un délice d'ironie dénonçant tout l'absurdité qui caractérise l'humanité, complètement d'actualité, à croire que rien n'a vraiment changé :

Alors enculé un jour, enculé toujours…

Et pour les siècles des siècles…

A plus les copains…

Ps souvenir : http://www.youtube.com/watch?v=jfbdxxRKj9Q
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Candide est un vrai coup de coeur ! Tout simplement magique. Je connaissais ce roman mais je n'avais jamais eu le plaisir de le lire. Voilà chose faite ! Candide est le héros de ce conte philosophique, c'est un personnage qui porte bien son nom, qui se veut optimiste et qui croit en la vie. Nous savons qu'il est né en Westphalie, un royaume allemand, et est le fils de la soeur de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh. Ce dernier va l'élever auprès de sa fille, Mademoiselle Cunégonde, de sa femme et d'un philosophe, Pangloss, dont la morale est "tout va pour le mieux en ce monde". Toutefois, à cause d'un baiser donné à Cunégonde, Candide est mis dehors à coup de pied et se retrouve seul dans ce monde immense où l'attendent de nombreuses péripéties, les unes catastrophiques, les autres héroïques. Notre héros va devoir affronter la vanité des hommes pour retrouver Cunégonde. La rencontre avec des personnages philosophes, comme Martin, Cacambo, et surtout le Turc lui révèlera les secrets du bonheur : "Il faut cultiver son jardin" ou encore "Travailler sans raisonner"...La morale de l'histoire est d'ailleurs si juste puisqu'elle traduit la pensée suivante : "La seule façon d'échapper au malheur ou à l'ennui est de passer de la réflexion philosophique (comme l'a fait Candide) à des actions concrètes respectant nos limites".

Jamais je n'aurais imaginé que ce livre me plairait autant ! Voltaire nous dépeint tellement bien les revers de la société, critique si majestueusement les hommes mais aussi l'esclavage, l'argent, la possession, les marchés noirs, le pouvoir et bien d'autres horreurs que l'on est transporté immédiatement aux côtés de Candide en effectuant avec lui le voyage de la vie.

Un vrai coup de coeur, tellement passionnant et si sincère. A dévorer !
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Candide est un roc, un pic , une montagne. Indéboulonnable du programme du bac. Voltaire continue à bien se porter dans la sphère de l'édition littéraire en France (il est vrai que son Traité sur l'intolérance a particulièrement fait recette après les attentats qui ont endeuillé le pays).
J'y vois deux explications :

Le caractère accessible de la lecture : au premier degré, on a une histoire mouvementée, truculente, excessive dans ses rebondissements, écrite d'une plume alerte et malicieuse, en constant décalage, renforcé par la naïveté du jeune homme, imprégné des balivernes enseignées par son mentor Pangloss.
C'est beaucoup plus engageant qu'un ouvrage théorique pontifiant et dogmatique.

Ce la n'empêche pas et même cela favorise l'expression d'une critique acerbe, c'est l'intérêt de la parodie et de la satire, d'écrire son fait aux cibles visées.

Sur la religion, si les prêtres sont fustigés à l'aune de leurs moeurs plus que contestables, Dieu est aussi perçu comme quelqu'un qui a fui ses responsabilités et qu'il est inutile d'implorer, c'est aux hommes de prendre en main leur destin.

Voltaire s'attaque aussi avec virulence à la guerre et à ses absurdités (et la religion n'est pas innocente dans le processus, et cela bien au-delà du siècle des lumières) ainsi qu'à l'esclavage : la rencontre avec l'esclave estropié est un choc pour Candide. Pas besoin d'une diatribe pour faire comprendre que Voltaire n'approuve pas.

L'aristocratie et ses prérequis de sélection à l'ancienneté des titres, prétentieuse, orgueilleuse, est celle par qui le malheur arrive : Candide est chassé du paradis terrestre et devra faire son apprentissage et confronter ses connaissances théoriques à la réalité du terrain.

C'est donc un véritable roman d'apprentissage, que ce voyage insensé effectué par Candide. A partir des certitudes initiales, fondées sur une vision caricaturale de la philosophie de Leibniz qui repose sur une harmonie pré-établie de l'univers, Candide observe, analyse et contrairement à panosse évolue peu à peu dans sa façon de penser, pour aboutir à une sagesse tout orientale : le bonheur est dans la simplicité et le dénuement.


L'oeuvre ne vieillit pas, tant dans sa simplicité de lecture, et dans la richesse de l'enseignement philosophique qu'elle contient .

L'avez-vous bien lu? Qui est le père de Candide?
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Techniquement il s'agit d'une relecture car j'ai dû étudier Candide au lycée. Cependant à l'époque je ne percevais le monde qu'à travers le filtre des sciences dures et aucune autre approche ne trouvait grâce à mes yeux. J'ai donc traité avec indifférence, au mieux, ce texte qu'aujourd'hui je considère superbe. Les gens changent…

Candide, le qualificatif a des résonances parfois mauvaises comme « idiot » ou « niais ». Je vois plutôt le personnage de Voltaire construit comme une bassine vide, prête à recevoir tous les savoirs du monde sans leur imposer un carcan critique pour séparer la lie de l'ivraie. Éjecté par un formidable coup de pied aux fesses du château où il a vécu ses premiers émois intellectuels et physiques, Candide fait un long voyage autour du monde – voyage au demeurant bien plus agréable que celui de la « Planète Géante » que j'ai accompagné récemment. Il rencontre beaucoup de gens qui n'hésitent point à remplir sa bassine de leurs conceptions du monde, conceptions souvent pessimistes (réalistes ?), voire cruelles ; et Candide d'accueillir tout ça sans se départir d'un certain optimisme, peut-être de façade mais prégnant. Vous savez à qui il me fait penser ? Au Forest Gump de Robert Zemeckis.

Candide n'aura de cesse de confronter la philosophie de son maître Pangloss – dont l'axiome incontournable est « tout ce qui arrive est pour le mieux » - à la réalité des évènements qu'il côtoie. Entre les guerres, les désastres, les maladies, les fanatiques, les escrocs, les puissants, les vénaux et les morts par milliers, il a bien du mal dans sa tâche. Mais sa bassine est profonde, il encaisse bien. Il faut dire qu'il est mené par l'obsession de retrouver son premier amour Cunégonde et l'épouser. Tout le reste est billevesées…mais pas pour le lecteur car c'est précisément tout ce reste et les commentaires qu'en font les personnages que celui-ci doit retenir.

Les péripéties s'enchainent et se lisent avec plaisir. Il y a beaucoup de comique, de situation ou de verbe, dans ce conte. La bataille entre Bulgares et Abares m'a rappelé certaines scènes des films Cartouche ou Fanfan la Tulipe, et la philosophie appliquée de Pangloss qui lui fait entre autre affirmer que « la rade de Lisbonne avait été formé exprès pour que cet anabaptiste s'y noyât » m'a renvoyé aux Monty Python.

La fin du conte voit Candide adopter, après toutes ces mésaventures, une philosophie qui rappelle le principe de précaution actuel : « il faut cultiver notre jardin », que j'entends comme "métro boulot dodo, sans se préoccuper outre mesure des bonheurs et malheurs du monde, est quand même bien agréable". Curieux que Voltaire conclut dans ce sens, lui qui, quelques temps plus tard, montera au front et se fera l'avocat inconditionnel de la liberté d'expression.

Un écueil tout de même sur l'objet livre. J'ai gagné mon exemplaire lors d'une opération commerciale du genre « deux livres achetés, un offert ». L'exemplaire offert (éditions Pocket), contient certes le texte intégral mais celui-ci est farci de numéros de références qui renvoient à un dossier inexistant. L'éditeur a simplement offert son Candide publié en temps normal avec dossier, en l'expurgeant de ce dernier mais sans se donner la peine d'effacer les renvois. Frustrant et cavalier je trouve.
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Qu'il est bête, ce Candide !
Ahhhh, j'adore mon pote Voltaire, car en plus d'être philosophe, il sait raconter des histoires, et ça, un philosophe-conteur, c'est rare !
Candide, bâtard de la soeur du baron de Thunder-ten-tronckh, en Westphalie, est jeté du château pour avoir fait la cour à la fille de la maison, la belle Cunégonde.
Il lui arrive tout un tas d'aventures qui lui forment un peu son caractère, et le sort de la niaiserie ancrée par son précepteur-philosophe Pangloss, Leibnizien, je reviendrais là-dessus, qui dit que "tout est bien dans le meilleur des mondes".
Mon pote François-Marie démontre, tout au long du conte, et par toutes les absurdités et paradoxes humains, que ce soit :

de caste, de guerres, de causes religieuses, d'avidité d'argent, que subit Candide, Arouet démontre que Pangloss a grandement tord.
.
Mon petit grain de sel, le voici.
En ce qui concerne Leibniz, que Voltaire n'aurait peut être pas lu,
"– Dieu, qui n'est pas responsable du mal qui règne dans le monde, doit en être disculpé.

– Il a crée le meilleur des mondes possibles.

– C'est l'homme, libre, qui décide ou non le mal".

Ceci est la théodicée de notre Gottfried-Wilhelm Leibniz, Une théodicée (du grec « justice de Dieu ») est une explication de l'apparente contradiction entre l'existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté.
Et je suis d'accord avec lui : Dieu ( ou les Esprits ) ont créé un monde parfait, enfin presque, et c'est l'homme, avec son Orgueil, son Avidité, sa Perversité, qui détruit la Nature et la race humaine.
.
Voici mon deuxième grain de sel.
Je trouve que Voltaire se rapproche grandement de la philosophie de Leibniz, puisque, comme lui, il signale, dans ce conte, et toujours avec ironie, une grande partie des sévices humains qui détruisent le monde.
.
Enfin, tout le petit monde de Candide se retrouve à la fin pour conclure sur une sage décision :

"cultivons notre jardin".

Mon père me le disait déjà quand j'étais ado. C'est maintenant une de mes phrases préférées.
Occupons nous de nos affaires, sans commérer sur celles des autres ;
créons notre Bulle de bonheur avec notre famille et nos amis sélectionnés : )
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