Un homme cultive ses quatre arpents de terre ( environ deux hectares ), qui lui donnent quarante écus de rente ; c'est
l'homme aux quarante écus ( André ). Il représente la moyenne des revenus des Français de 1768, selon "le Géomètre", qui dialogue avec ce paysan.
Dans ce conte philosophique,
Voltaire valorise le cultivateur qui produit des biens, mais André ne comprend pas pour quoi le manufacturier et tous les "intermédiaires" gagnent beaucoup plus que lui. Cette injustice flagrante, que lui explique le Géomètre, n'est pas la seule soulignée par notre philosophe ; les 90.000 moines de France sont des "déserteurs de la nation" : ce sont des bouches à nourrir qui ne produisent rien et qui s'enrichissent sur le dos des "contribuables", grâce à la dime. C'est une "sainte usurpation".
D'ailleurs, avec le nouveau système d'impôts, c'est comme si le paysan ne travaillait que sur deux arpents, vu qu'il reverse la moitié de son revenu à l'Etat !
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Cependant, après héritage, André devient "Monsieur André", et se construit une bibliothèque. En lisant, il s'ouvre l'esprit, et peut discuter avec divers "savants" dont un médecin qui lui apprend l'histoire de la vérole, "maladie des chrétiens" qui aurait été ramenée par
Christophe Colomb, et qui toucherait beaucoup de soldats, mais aussi des prêtres. Monsieur André devient un peu
Voltaire, et, en revoyant l'affaire Calas, pense que les lois sont produites non pas par la vérité, mais viennent des préjugés, et elle vont même de concert avec la torture ; avec un homme de loi, André s'interroge : "Comment un magistrat peut-il, sans honte, visiter une prison où il a lui même jeté des hommes ?"
Monsieur André, devenu riche, invite des personnes diverses à souper ; celles-ci, bien que de religions diverses, sont tolérantes, car ce sont des "gens d'esprit", et tous se posent des questions sur la chute de Rome, ou la lutte entre la Raison et "l'obscurantisme " ecclésiastique...
Bref, du bon
Voltaire, quand on sait qu'il a polémiqué pendant vingt ans avec l'ex-jésuite Nonotte, membre de cette formidable Compagnie de Jésus, qui est loin de n'avoir fait que du bien, Compagnie approuvée en 1540, bannie de France en 1763, et enfin dissoute en 1773.