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Jacques Van den Heuvel (Éditeur scientifique)Frédéric Deloffre (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070409273
166 pages
Gallimard (14/05/1999)
  Existe en édition audio
3.77/5   2973 notes
Résumé :
« Quand Voltaire veut critiquer son époque sans être saisi, il situe ses contes à Babylone et tout peut être dit. Les puissants qui emprisonnent et condamnent, les prêtres fanatiques qui incitent les veuves à brûler sur le cadavre de leur mari, les médecins ignorants, les fonctionnaires et leurs impôts abusifs, chacun a son portrait satirique, percutant et juste. Zadig subit les aléas du sort comme l'Ingénu. Ce bon sauvage huron débarquant du Canada et qui n'est aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (134) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 2973 notes
J'ai du lire ces textes quand j'étais en première, et comme ma fille doit elle aussi a son tour étudier Voltaire. J'en profite pour lui piquer le livre avant qu'elle ne doive le prendre en classe.

Et franchement j'ai pris un plaisir fou a le relire.. et puis il faut avouer que l'on n'a pas la même vision des choses a 17 ans qu'a 45 !!

Un régal dans ces textes qui remettent les choses a leur place ( à l'époque de l'auteur) . Sur la science, sur la religion, sur la logique pure et simple, .. sur le caractère de l'être humain aussi.
Et puis on peut parler de l'effet papillon (bon en beaucoup moins grand quand même), mais que nos actions, nos paroles ont des conséquences sur des personnes, sur des faits, sur la recherche du bonheur de soi ou d'autrui.

En fait ce que j'aime par dessus tout chez Voltaire c'est son côté satirique Bien évidemment je ne suis pas entièrement d 'accord avec toutes les idées de l'auteur.. l'époque , les moeurs ont changé. Mais une chose est sûre c'est quand même que Voltaire c'était un sacré bonhomme, avec un franc parlé et puis avec d'autres philosophes des lumières ils ont quand même ouverts les yeux de beaucoup.. et heureusement parce que sans eux je ne sais pas on l'on serait aujourd'hui… même si je déplore cruellement ce que devient notre monde …
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Conte des mille et une désillusions.
Zadig ou la Destinée ou Jamais récompensé de ses bonnes actions ou Pas de bol ou qu'il est difficile d'être heureux dans la vie ou j'hésite entre plusieurs titres.
Zadig dispose d'un CV à faire baver un chasseur de têtes. Non content d'être beau, riche, éduqué, tempéré, charismatique, de donner son nom à une marque de prêt à porter, c'est un être doué de raison. Autant de défauts chez un même homme relève de la science-fiction ou du conte philosophique. Mais ce prince charmant, sorte de Thomas Pesquet babylonien, est malheureux en amour et son passeport accumule les coups de tampons au fil de ses exils.
Inspiré par sa propre expulsion de la cour de Louis XV et par des chagrins de caleçons, François-Marie Arouet, qui a bien fait de prendre un pseudo pour la postérité, trousse cette histoire pour régler son compte à la providence.
Il fait de Zadig un juge de paix qui règle les conflits des autres sans jamais résoudre les siens. Il aura l'oreille des rois, le coeur d'une reine, les cornes à l'occasion, la reconnaissance des humbles et la vindicte des puissants.
Ulcéré comme toujours par l'injustice, l'intolérance religieuse et la bêtise sous toutes ses formes, mêmes les plus avantageuses, Voltaire entraîne Zadig à chacune de ses escales au sommet du pouvoir avant de provoquer sa chute, victime des mauvais coups du sort, des envieux et des jaloux.
Ce que j'adore chez Voltaire, c'est l'ironie joyeuse qui sous-titre le portrait de nos vicissitudes tout en y glissant ses propres rancoeurs. Un philosophe qui met les mains dans le cambouis.
Dans ces moments d'introspections, conversations avec les nuages et débriefings de ses journées de labeur, Zadig comprend que l'homme ne peut maîtriser son destin. le libre arbitre cède le pas à la prédestination car la fatalité est capricieuse. En ce sens, Zadig préfigure Candide, en moins naïf. Voltaire n'avait pas besoin de miroir : il avait ses personnages pour tempérer son optimisme.
Comme dirait France Culture à des heures pas possibles, ce conte tente de répondre à la question : Pourquoi un homme maladivement vertueux ne peut pas être heureux ? Et ben, c'est pas la faute à Voltaire. C'est parce qu'il n'est pas tout seul sur Terre mon petit Caliméro de Mésopotamie et que la vie est un alliage de bien et de mal. le règne du passable.
Lecture saine dans un corps qui l'est moins et pour esprit chagrin , j'ai suivi Zadig dans ses voyages, présentant mon passeport vaccinal entre chaque chapitre par habitude.
Impossible de terminer ce petit billet sans me rappeler du fameux lapsus « Zadig et Voltaire » d'un ancien secrétaire d'Etat il y a dix ans et de déguster d'autres perles d'internautes déchainés à sa suite : « du côté de chez Swatch », « la critique de l'Américan Express », « Ainsi parlait Zara », « Alfa Roméo et Juliette », « Pour qui sonne le Carglass », « Barry Lipton »…
Du réchauffé mais cela m'amuse toujours autant.
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Pour moi qui ne suis pas une fervente amatrice de lectures philosophiques, le conte philosophique voltairien est un format parfaitement adapté.

De « Zadig », lu à plusieurs reprises, j'ai aimé le contexte persan qui n'est pas, bien sûr, sans rappeler l'univers des « Mille et Une Nuits » que j'apprécie tout particulièrement pour le dépaysement dans le temps et l'espace qu'il offre.

Le parcours initiatique de Zadig, ce jeune homme livré à la Fortune, est un miroir dans lequel chacun peut se mirer. Avec parfois des allures de pièce de théâtre, les « aventures » ou « expériences » de Zadig font appel tour à tour à notre compassion et à notre admiration et créent tantôt du contentement, tantôt du désappointement.

Le récit est très vif et agréable à lire, plus rythmé à mon sens que dans d'autres contes du même auteur comme « Micromégas ». Enfin, même si entre les lignes se dessine clairement la critique morale de son temps, je trouve que Voltaire use souvent d'ironie voire d'humour que je tiens pour une composante essentielle d'un conte, quel qu'il soit.
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Après m'être comme vous sans doute beaucoup moqué d'un ancien secrétaire d'état qui a cité Zadig ET Voltaire comme sa lecture favorite, je me devais pour avoir toute légitimité à me gausser de m'assurer que je connaissais bien moi-même le Zadig DE Voltaire.
En effet, il fait souvent partie de ces lectures qu'on se dit confusément qu'on a dû faire, surtout quand on a comme moi eu un parcours scolaire plutôt littéraire. J'étais sûr d'avoir lu Candide (et assez tôt il me semble, en troisième, pour le brevet) mais n'étant pas Frédéric Lefebvre empli de certitudes (oui j'avais envie tout de même de le citer), je voulais vérifier pour ce cher Zadig.

Il y a plusieurs niveaux de lectures de Zadig. On peut s'amuser du Voltaire ironique, qui glisse dans le texte des piques à ses ennemis de l'époque, qui raille le gôut immodéré pour Les Mille et Une Nuits (que la traduction de Galland avait rendu accessible à son époque) en voulant leur opposer un texte qu'il affirme avec vanité bien plus intéressant.

Mais on peut aussi s'intéresser à ce personnage à la destinée la plupart du temps tragique, presque trop parfait, trop humaniste, trop bienveillant, peut-être aussi finalement autant imbu de sa personne que l'auteur qui le fait naître... et qui finit du coup par attirer les jalousies, les inimitiés qui le font ainsi régulièrement plonger dans le malheur... et du coup on peut n'y voir encore finalement qu'une manière pour Voltaire de se plaindre du sort qui lui est parfois réservé par ses contemporains.

On peut encore s'émouvoir de certains plagiats éhontés de l'auteur qui reprend certains contes de son époque en les modifiant à peine pour ajouter des aventures de plus à son personnage. On peut même apercevoir une certaine copie de l'Odyssée dans les épreuves imposés à Zadig pour reconquérir sa belle, tel Ulysse à son retour en Ithaque amené à prouver sa bravoure à Pénélope face aux autres prétendants.

On peut finalement apprécier la morale et la philosophie de l'ensemble qui tente de promouvoir malgré tout le bien à faire aux autres afin d'obtenir en échange la renommée, l'honneur nécessaires en effet pour s'armer contre les envieux. Zadig est bien un personnage des Lumières, transposé dans l'Arabie des sultans, qui met en avant ce qui rapproche les hommes plutôt que ce qui les divise, notamment en prônant une religion unique et à la fois personnelle auquel chacun serait libre d'atteindre par les moyens que ses traditions et sa culture lui ont offert.
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Un merveilleux conte initiatique et philosophique! Devant les incroyables faits d'injustice, devant les terribles épreuves de la nature, devant le poids lourd de la destinée, seule la sagesse peut permettre à l'homme de s'en sortir. L'homme sage, l'homme dont le discernement est subtil et fin n'a pas peur du vent, de quelque nature qu'il soit. Même abandonné en plein désert, il saura se refaire et se remettre débout.
Voilà ce que je retiens de ce merveilleux conte!
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Citations et extraits (212) Voir plus Ajouter une citation
Cependant Mélinade essaie de se relever, mais elle retombe bientôt, et si malheureusement que ce qu'elle laissa voir à Mestour lui ôta le peu de raison que la vue du visage de la princesse avait pu lui laisser. Il oublia qu'il était crocheteur, qu'il était borgne, et il ne songea plus à la distance que la fortune avait mise entre Mélinade et lui ; à la délicatesse qu'on dit inséparable d'un véritable amour, et qui en fait quelquefois le charme et plus souvent l'ennui ; il se servit des droits que son état de crocheteur lui donnait à la brutalité, il fut brutal et heureux. La princesse alors était sans doute évanouie, ou bien elle gémissait sur son sort ; mais, comme elle était juste, elle bénissait sûrement le destin de ce que toute infortune porte avec elle sa consolation.

[Citation extraite de l'un des "autres contes", Le Crocheteur borgne.
Un crocheteur était un manutentionnaire, qui se servait d'un crochet pour monter les charges sur son dos.]
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Alors, reprit Jesrad, cette terre serait une autre terre, l’enchaînement des événements serait un autre ordre de sagesse ; et cet ordre, qui serait parfait, ne peut être que dans la demeure éternelle de l’Être suprême, de qui le mal ne peut approcher. Il a créé des millions de mondes dont aucun ne peut ressembler à l’autre. Cette immense variété est un attribut de sa puissance immense. Il n’y a ni deux feuilles d’arbre sur la terre, ni deux globes dans les champs infinis du ciel, qui soient semblables, et tout ce que tu vois sur le petit atome où tu es né devait être dans sa place et dans son temps fixe, selon les ordres immuables de celui qui embrasse tout. Les hommes pensent que cet enfant qui vient de périr est tombé dans l’eau par hasard, que c’est par un même hasard que cette maison est brûlée : mais il n’y a point de hasard ; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance. Souviens-toi de ce pêcheur qui se croyait le plus malheureux de tous les hommes. Orosmade t’a envoyé pour changer sa destinée. Faible mortel ! cesse de disputer contre ce qu’il faut adorer.
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Zadig dirigeait sa route sur les étoiles. La constellation d' Orion et le brillant astre Sirius le guidait vers
le pôle de Canope. IL admirait ces vastes globes de lumière qui ne paraissent que de faibles étincelles à
nos yeux, tandis que la terre, qui n' est en effet qu' un point imperceptible dans la nature, paraît à notre
cupidité quelque chose de si grand et de si noble . IL se figurait alors les hommes tels qu' ils sont en effet,
des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue
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Astarté était beaucoup plus belle que cette Sémire qui haïssait tant les borgnes, et que cette autre femme qui
avait voulu couper le nez à son époux. La familiarité d'Astarté, ses discours tendres, dont elle commençait à
rougir, ses regards, qu'elle voulait détourner, et qui se fixaient sur les siens, allumèrent dans le coeur de Zadig
un feu dont il s'étonna. Il combattit; il appela à son secours la philosophie, qui l'avait toujours secouru; il n'en
tira que des lumières, et n'en reçut aucun soulagement. Le devoir, la reconnaissance, la majesté souveraine
violée, se présentaient à ses yeux comme des dieux vengeurs; il combattait, il triomphait; mais cette victoire,
qu'il fallait remporter à tout moment, lui coûtait des gémissements et des larmes. Il n'osait plus parler à la
reine avec cette douce liberté qui avait eu tant de charmes pour tous deux: ses yeux se couvraient d'un nuage;
ses discours étaient contraints et sans suite: il baissait la vue; et quand, malgré lui, ses regards se tournaient
vers Astarté, ils rencontraient ceux de la reine mouillés de pleurs, dont il partait des traits de flamme; ils
semblaient se dire l'un à l'autre: Nous nous adorons, et nous craignons de nous aimer; nous brûlons tous deux
d'un feu que nous condamnons.
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Rien n’est plus heureux, disait-il, qu’un philosophe qui lit dans ce grand livre que Dieu a mis sous nos yeux. Les vérités qu’il découvre sont à lui: il nourrit et il élève son âme, il vit tranquille; il ne craint rien des hommes, et sa tendre épouse ne vient point lui couper le nez.
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