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Etienne Buraud (Éditeur scientifique)
EAN : 9782091872155
85 pages
Nathan (13/07/2007)
3.34/5   87 notes
Résumé :
La capitale de la Perse est menacée d'une punition divine. Babouc, jeune homme sans expérience ni préjugés, est envoyé par l'ange de la destruction pour juger la ville et ses habitants.

Persépolis vit-elle ses derniers instants ? Que décidera Babouc ?

Laissez-vous entraîner par l'ironie de Voltaire et découvrez les qualités et les défauts de cette société imaginaire qui ressemble beaucoup au Paris du XVIIIème siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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En cette nouvelle année, si étrange, si troublante, si pleine d'espoir et pourtant si désespérante à maints égards, m'est revenu à l'esprit ce petit conte philosophique, lu il y a bien longtemps, et pour lequel j'avais eu un véritable coup de coeur : le Monde comme il va.

N'est-ce pas ? Ce titre n'est-il pas un brillant qualificatif pour ce qui se déroule en ce moment sous nos yeux éberlués ? Dans ce conte plaisant, très plaisant, Voltaire nous emmène, par la pensée, sous les foudres de l'ange exterminateur Ituriel, lequel se fait un devoir de juger, et peut être même de condamner, la cité persane de Persépolis.

Pour ce faire, il a besoin d'un avis éclairé, qui lui dictera le châtiment juste qui convient à cette ville, dont les excès divers sont venus jusqu'à ses séraphiques oreilles. le personnage mandaté pour effectuer cette analyse des moeurs persanes (vous noterez le clin d'oeil à Montesquieu) n'est autre que le scythe Babouc (tout observateur attentif y reconnaîtra Voltaire lui-même et dans Persépolis, nulle autre que Paris, bien entendu).

Babouc chemine donc dans cette ville aux mille facettes et vole de désillusions en enchantements inattendus. Tantôt il est tenté d'enjoindre Ituriel de tout détruire, de rayer de la carte ce prurit vermineux, tantôt il est forcé de reconnaître qu'il est frappé par la grâce et le génie, qui germe parfois au milieu même du vice qui l'avait de prime abord tant refoulé.

C'est donc une vision très mesurée que nous offre Voltaire par les yeux de Babouc. Eh oui, le monde comme il va et l'homme comme il est..., avec ses aspects détestables, abjects tout ce que vous voudrez, mais aussi avec ses petites perles disséminées ça et là, qui font que l'Homme, en tant qu'espèce, est parfois admirable.

Selon lui, la vie parisienne et mondaine est, par certains côtés, absolument répugnante, par d'autres, fascinante. Alors que dire, que conseiller à Ituriel ? Peut-être de ne surtout pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Bref, aujourd'hui comme hier, une vision du monde à méditer. Souvenez-vous toutefois que ceci n'est que mon avis comme il va, c'est-à-dire bien peu de chose.
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Le genre roman philosophique est un talent rare.
Comme " l'Ingénu", je trouve que "Le monde comme il va" est un chef d'oeuvre De Voltaire.
L'ange Ituriel demande au Scythe ( Iraniens de l'Antiquité ) Babouc d'enquêter sur Persépolis pour savoir s'il faut la détruire.
Arrivé là-bas, Babouc découvre plusieurs milieux.
D'abord les militaires, qui sacrifient beaucoup de soldats pour cette guerre indo-persique, sans savoir pourquoi. Babouc en déduit alors qu'il faut détruire la ville. Mais on célèbre la paix, avec tout un tas de grandes valeurs philosophiques : il faut donc épargner Persépolis !
Puis il fréquente les allées du pouvoir, où les lois plus ou moins iniques sont appliquées par des incompétents, où tout un monde est pourri par l'argent et la lubricité ( tout cela est très bien écrit ), puis il va voir les marchands, qui se décrivent comme des "voleurs justes" !
Toujours indécis, il rend visite aux mages et aux lettrés, avides pour les mages, imbus et vaniteux pour les lettrés... "sauf quelques uns".
Oscillant finalement entre pitié et admiration, il rend sa copie à l'Ange Ituriel :
"Une statue composée des pierres les plus précieuses et les plus viles : casserez-vous cette statue parce que tout n'y est pas or et diamants ?"
"Ituriel décida de laisser aller le monde comme il va, car si tout n'est pas bien, tout est passable."
.
Naturellement, dans ce conte, une de ses premières oeuvres qu'il n'ose signer, Voltaire ne vise pas Persépolis mais Paris.
.
Ituriel donne 10/20 au Monde.
Je ne lui donne pas la moyenne : est-il "normal", si l'on s'en réfère à la courbe de Gauss avec le fameux pic de la "moyenne", qu'on subisse des guerres par Orgueil de quelques puissants, des "vols légaux" par Avidité, une justice à deux vitesses, dix millions de pauvres dans la sixième puissance mondiale, et des millions d'autres qui crèvent de faim partout dans le monde, alors que les riches, trônant sur leurs millions, provoquent les guerres physiques et financières ?
On ne les enterrera pas avec leurs conquêtes, ni avec leurs millions, et malgré cela, ils sont assez bêtes et surtout égoïstes pour continuer à faire le Mal.
Comme je crois en l'Ange Ituriel et aux autres Anges et Esprits, je sais que si la justice terrestre est incapable d'être éthique envers les privilégiés, la Justice Divine ne les laissera pas passer au Paradis sans qu'ils n'avouent sincèrement leurs crimes.
.
5 étoiles quand même pour ce déiste qu'est Voltaire, car, contrairement à Nietzsche, il reconnaît que Là-Haut ( ou "Derrière la Porte" ), il se passe quelque chose !
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Ce Folio 2€ contient trois contient trois contes moins connus que les Candide et autres Zadig (je fais une énorme extrapolation par rapport à mes propres connaissances, arf !).

C'est le premier, qui donne son nom au livre, qui m'a plu le plus. le génie Ituriel demande au Scythe Babouc de se rendre à Persépolis et de lui rendre un rapport sur la base duquel il sera décidé de détruire la ville ou de la laisser vivre.
Cela ressemble à une nouvelle version de Sodome et Gomorrhe, mais l'histoire va être différente. Voltaire montre un Babouc qui ne cesse de faire du ping-pong entre des observations négatives et exécrables, et positives et adorables. Que ce soit sur les temples, les marchands ou les lettrés, Babouc rencontre d'abord des exploiteurs, des menteurs, des courtisans et décide que, sans aucun doute, Persépolis mérite d'être effacée. Puis il rencontre un prêtre soucieux de son prochain, un marchand qui fait vivre nombre de ses concitoyens par le travail, un lettré honnête, et décide que, en fin de compte, la ville mérite d'exister. Ce sera son rapport final : on ne peut séparer aisément le bon grain de l'ivraie, tout est mêlé, et un mal peut donner du bien et vice-versa. le mieux est finalement d'accepter « le monde comme il va ».

C'est évidemment sa propre société que Voltaire analyse ainsi. Il fustige les stupidités prônées par l'Église, les emplois occupés par celui qui peut se payer la charge plutôt que par le plus compétent, les lettrés qui tournent leur veste pour plaire au roi. Mais cette fois, il évoque l'existence, que l'on devine moins fréquente, d'hommes et de femmes de bonne volonté qui permettent une certaine relativisation, et finalement une acceptation.

« Pot-pourri » mérite son nom. D'un chapitre à l'autre on saute du coq à l'âne ; les sujets, les personnages changent, hormis Voltaire lui-même qui interagit avec eux. Là aussi les travers de l'humanité son scrutés et les exemples donnés propres à choquer le lecteur. Mais c'est plus fouillis.

« le blanc et le noir » est à nouveau un conte oriental, centré sur un Perse qui part retrouver sa belle princesse indienne, malgré des indices prophétiques défavorables. Il a deux serviteurs, un Blanc qui ne cesse de l'agacer et de le pousser à renoncer, et un Noir qui favorise le voyage. On apprendra que, le blanc est en fait son bon génie qui voulait lui épargner un destin funeste, et le noir son mauvais génie qui voulait le voir sombrer à la fin. Une morale à retirer ? Pas vraiment, hormis qu'il ne faut pas se fier aux apparences. J'ai avalé ce récit avec gourmandise, sans trop philosopher.

Un moment de lecture agréable. Je ne suis jamais déçu par Voltaire.
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Babouc se rend à Persépolis, sur la demande de l'ange Ituriel, ayant pour mission de définir si destruction ou pas. Il va y rencontrer des militaires, des politiques, des lettrés, etc. Son premier jugement est le mal. Mais à y réfléchir peut-être y a-t-il du bien dans le mal. La vie, les hommes. Tout ceci est bien complexe. Intriguant !
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Je suis un fan De Voltaire !...
Non seulement c'est un penseur fort intéressant, mais, en plus, il a tout ce qu'il faut pour être grand écrivain : un style hors du commun, des personnages riches et intéressants, une construction narrative très réussie.
Avec Voltaire, on pense tout en se distrayant et c'est tant mieux !
Dans "Le monde comme il va", Voltaire livre une ode à la subtilité, décrivant un monde complexe, où on trouve le plus grand mal, comme le plus grand bien. Il décrit la complexité d'une nature humaine, très contrastée.
C'est l'oeuvre d'un maître. Vraiment.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
On vous a trompé quand on vous a dit que je vous avais vendu ce que vous avez pris chez moi quatre fois plus qu'il ne vaut : je vous l'ai vendu dix fois davantage, et cela est si vrai que, si dans un mois vous voulez le revendre, vous n'en aurez pas même ce dixième. Mais rien n'est plus juste : c'est la fantaisie des hommes qui met le prix à ces choses frivoles; c'est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j'emploie, c'est elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux, c'est elle qui excite l'industrie, qui entretient le goût, la circulation et l'abondance. Je vends aux nations voisines les mêmes bagatelles plus chèrement qu'à vous, et par là je suis utile à l'empire.
("Le monde comme il va")
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Parmi les génies qui président aux empires du monde, Ituriel tient
un des premiers rangs, et il a le département de la haute Asie. Il
descendit un matin dans la demeure du Scythe Babouc, sur le rivage
de l’Oxus, et lui dit: « Babouc, les folies et les excès des Perses ont
attiré notre colère: il s’est tenu hier une assemblée des génies de la
haute Asie pour savoir si on châtierait Persépolis, ou si on la détruirait.
Va dans cette ville, examine tout ; tu reviendras m’en rendre un
compte fidèle, et je me déterminerai sur ton rapport à corriger la ville,
ou à l’exterminer.
— Mais, seigneur, dit humblement Babouc, je n’ai jamais été en
Perse ; je n’y connais personne.
— Tant mieux, dit l’ange, tu ne seras point partial ; tu as reçu du
ciel le discernement, et j’y ajoute le don d’inspirer la confiance ;
marche, regarde, écoute, observe, et ne crains rien ; tu seras partout
bien reçu. »
Babouc monta sur son chameau, et partit avec ses serviteurs. Au
bout de quelques journées, il rencontra vers les plaines de Sennaar
l’armée persane, qui allait combattre l’armée indienne. Il s’adressa
d’abord à un soldat qu’il trouva écarté. Il lui parla, et lui demanda quel
était le sujet de la guerre. « Par tous les dieux, dit le soldat, je n’en
sais rien ; ce n’est pas mon affaire ; mon métier est de tuer et d’être
tué pour gagner ma vie ; il n’importe qui je serve. Je pourrais bien
même dès demain passer dans le camp des Indiens ; car on dit qu’ils
donnent près d’une demi-drachme de cuivre par jour à leurs soldats de
plus que nous n’en n’avons dans ce maudit service de Perse. Si vous
voulez savoir pourquoi on se bat, parlez à mon capitaine. »
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L'archimandrite lui avoua qu'il avait cent mille écus de rente pour avoir fait vœu de pauvreté.

Archimandrite : supérieur d'un monastère dans l'Eglise orientale.
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Il fit faire par le meilleur fondeur de la ville une petite statue composée de tous les métaux, des terres et des pierres les plus précieuses et les plus viles ; il la porta à Ituriel : "Casserez-vous, dit-il, cette jolie statue, parce que tout n'y est pas or et diamants ?" Ituriel entendit à demi-mot ; il résolut de ne pas même songer à corriger Persépolis, et de laisser aller le monde comme il va. Car, dit-il, si tout n'est pas bien, tout est passable.
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Retiré chez lui, il envoya chercher des livres nouveaux pour adoucir son chagrin, et il pria quelques lettrés à dîner pour se réjouir. Il en vint deux fois plus qu'il n'en avait demandé, comme les guêpes que le miel attire. Ces parasites se pressaient de manger et de parler ; ils louaient deux sortes de personnes, les morts et eux-mêmes, et jamais leurs contemporains, excepté le maître de maison. Si quelqu'un d'eux disait un bon mot, les autres baissaient les yeux et se mordaient les lèvres de douleur de ne pas l'avoir dit.
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