Mourir autrefois

Comment mourrait-on autrefois ? Ou plus exactement, que faisait-on du cadavre ?
Alors qu'aujourd'hui la mort est la plus dissimulée possible, la plus aseptisée possible également, au début du 17è et pendant une partie du 18è, ce n'était pas le cas. Au contraire, même. Elle était très souvent publique et l'enterrement pour les Grands de ce monde, fastueux et occasion de générosité. Elle est également empreinte de beaucoup de religiosité, entourée de prêtres et de confesseurs. Parce qu'aussi, c'était une préparation de longue haleine : il fallait y penser et s'y préparer sa vie durant. Puis peu à peu, au fil du 18è et des Lumières, jusqu'au la Révolution, les choses changent : l'Eglise commence à se faire moins présente, la mort est moins publique et moins fastueuse.
C'est un livre très intéressant autour des mentalités et de leur évolution au fil du temps. L'auteur fait intervenir de vraies personnes par le biais de leurs témoignages, livres de mémoires, correspondances ou testaments, puisque c'est encore la meilleure manière d'avoir accès aux changements des mentalités, aux résistances que certains évènements ont pu engendrer... Ce qui m'a un peu manqué, ce sont des explications un peu plus approfondies que celles qui étaient là : les extraits sont donnés presque seuls, ce qui peut dans certains cas entraver la compréhension.

Cet ouvrage explore de manière approfondie l'évolution des mentalités face à la mort au cours de l'époque moderne (XVII-XVIII), comme le souligne Michel Vovelle « il a fallu longtemps pour que l'on s'attache à y répondre, pour que l'on proclame, tout récemment, que le discours qu'une société tient sur la mort est sûrement l'un des plus signifiants qui soient ». Cet ouvrage explore notamment le changement dans la manière dont les individus ont appréhendés la peur de la mort: on passe d'une réalité quotidienne, souvent perçue comme une fatalité, à un état d'esprit plus rationnel et sensible à la perte des proches.