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EAN : 9791090175013
Serge Safran éditeur (18/08/2011)
3.43/5   15 notes
Résumé :
À la mort de Sergueï Matchaiev, ses trois enfants, Pierre, Anne et Joshua, héritent de la maison paternelle en Bourgogne, dernier témoin d'une histoire familiale mouvementée, à l'image des romans russes que Sergueï leur lisait dans leur enfance. Ils ont entre vingt et trente ans. Ils vivent à Paris. Faut-il garder cette « maison d’un pendu » ou la vendre ? Que faire de ces souvenirs à la fois très doux et trop lourds ?

Les enfants Matchaiev sont marqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On débute notre lecture par une lettre de Sergueï et ce n'est pas n'importe quelle missive, c'est une lettre d'adieu à ses trois enfants, ses trois bonheurs. Loin d'être seulement triste, elle est émouvante, sincère, vive et étonnamment pleine de vie. Elle nous touche alors qu'on ne le connait même pas. Alors imaginez l'effet qu'elle va produire sur ses enfants…
Assez courte, elle reste une magnifique introduction au reste du récit.

Ce dernier aussi est plein de vie, de tranches d'existences que l'on met bout à bout pour enfin comprendre qui est qui et pour qui. Cela reste frais, vivace, piquant, rythmé comme toutes les journées bien remplies de ces jeunes gens qui sont les protagonistes principaux de ce roman.
Je me suis laissée prendre par cette écriture sans fioritures, mais riche. Les pages ont assez vites défilées sans que je m'en rende compte. J'ai été happée par l'intrigue à la fois ordinaire et nouvelle.
En effet, voilà une situation plutôt courante : un décès, une maison, des héritiers assez jeunes, des dettes… Qu'est-ce qu'on fait ? On garde ou on vend ?

Les personnages sont centraux et c'est sur eux que repose vraiment en fin de compte toute l'histoire. La maison est un prétexte, un noyau qui attire les trois enfants de Sergueï et les obligent donc à se voir, se revoir, à échanger ou pas…
Ils sont attachants, très réels, palpables ou au moins très présents pour le lecteur qui les croit véridiques au possible. Ils sont tangibles, crédibles, en bref, ils sont authentiques et nous ressemblent.
Les scènes s'enchainent, sont d'une grande vivacité et quand on sait que Stanilas Wails a travaillé avec Alains Resnais, on ne peut , en effet, s'empêcher de faire le rapprochement avec certains films de ce dernier. Il y a de cela aussi. C'est un ouvrage au final extrêment dynamique et visuel. Même les dialogues semblent plus vivants que d'ordinaire (dans les romans). Il y a un souffle de vie indéniable dans cette écriture.

On se retrouve dans ce texte, mais on y perçoit aussi une certaine différence comme avec cette famille, les Matchaiev (d'origine Russe). C'est semblable et tout à la fois différent.
Voilà qui peut paraître fort étrange et pourtant je ne pense pas être la seule a avoir déjà ressenti cette impression.
De toutes manières, tout dans le livre est comme cela. J'en ai même du mal à l'évoquer car c'est comme si tout était confus dans mon esprit sauf pour la notion de plaisir que j'ai aussi ressenti à lire "La maison Matchaiev".
Au final, c'est peut-être seulement cela qu'il faut retenir.
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Dans cette tranche de vie familiale de trois frères et soeurs, l'histoire se situe plusieurs mois après le suicide de leur père dans la maison de famille.
Dans la première partie, on apprend à connaître les personnages principaux : Pierre, l'aîné responsable ; Anne la calme et déterminée et l'impatient et impulsif Joshua. Chacun d'eux a des blessures secrètes que les autres ignorent, une façon de vivre qui découle, on le devine de ce qu'ils ont vécu enfants.
Ils ont fait face au suicide puis au deuil de leur père chacun à leur manière, avec leurs propres armes.
Dans la seconde partie, la fratrie se retrouve dans la maison familiale qu'il faut vider avant de vendre. Là encore, chacun d'eux affronte cela comme il le peut. Il y a les souvenirs, les regrets.
« …Le gant troué qu'il ne voulait pas jeter, une casserole d'eau où cuisait le chou rouge à la belle couleur douce et âcre à la fois…les veines saillantes de sa main, une petite ride qu'elle aimait bien, au coin de son oeil gauche, non, droit. »
C'est douloureux et en même temps ils sont là, ensembles, parfois maladroits, ne sachant ce qu'ils doivent faire de tout ce poids : cette chape d'hérédité, celle avérée des liens directs et celle plus éloignée mais non moins pesante de l'histoire familiale.
« …Le venin, lui, il coule en nous, qu'on le veuille ou non. Il se balade dans nos veines, dans notre cerveau, l'air de rien il passe des parents aux enfants : et en même temps qu'il nous nourrit, il nous empoisonne…

- T'es bien naïf. S'il y a quelque chose à oublier, ça veut dire que le mal est fait. On est les petits enfants d'Andreï Vassilievitch Matchaiev, les crimes qu'il a commis, on les portera toujours en nous…C'est pas une question de souvenirs. »
Certains lecteurs regretteront sans doute de ne pas en savoir plus sur le passé de cette famille qui n'est qu'esquissé, suggéré, alors qu'il a forgé ces trois êtres tels qu'ils sont aujourd'hui, surtout dans leurs rapports aux autres.
Les deux premiers chapitres m'ont un peu déstabilisée à la fin de ma lecture : posés là dans un but qui m'avait sans nul doute échappée, je suis revenue au tout début du livre pour tenter de comprendre, voir si j'avais raté quelque chose.
Je pense que la volonté de l'auteur était de donner le ton du roman, même si les premiers personnages n'y reviendront plus du tout, Anne mise à part, qui s'immisce pour former un lien ténu avec la suite.
Cela n'enlève rien à ce roman chaud, agréable à lire, fin, relevé d'humour. Un livre qui traite d'un sujet grave sans le faire tout à fait comme d'autres.
De plus il n'y a aucun pathos dans cet ouvrage prometteur d'un jeune auteur à garder à l'oeil…

Lien : http://isabelle-passions.ove..
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Avec son bon sens populaire, ma mère prétendait qu'on ne connaît vraiment quelqu'un que si on travaille ou si on partage un héritage avec cette personne. Ce roman semble donner raison à cette réflexion.. Voyez plutôt ! Les trois enfants Matchaiev, deux garçons et une fille, reviennent sur les lieux de leur enfance, après le suicide de leur père. Après avoir fait leur connaissance, dans leur intimité comme dans leur vie publique, ils se révèlent un peu plus par leur attitude par rapport aux livres dans la bibliothèque, le linge de maison oublié dans les armoires, les photos classées par tranches d'histoire familiale. Bien sûr, l'âme russe est très souvent démystifiée car ele est devenue une posture plus qu'un mode de vie. Sans parler du poids de l'Histoire...
A travers les enfants, c'est un portrait en creux du père qui se dessine au fil des pages. Un père colérique, sentencieux, autoritaire, en fin de compte, très seul. de plus, trois enfants, trois caractères, trois regards sur la vie et tous les trois font ce qu'ils peuvent avec cet héritage ... spirituel.
Un premier roman prometteur avec des personnages attachants (parfois un peu cliché, pourquoi le gay est-il l'artiste et non l'homme d'affaires ?), et un propos nous touchant presque tous : que faire quand on est est le fils de ... quelqu'un ?
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Dans les familles, il y a des secrets.
Ils peuvent faire naître de très beaux livres, comme en témoignent récemment Hélène Gestern [fr], Laurence Tardieu [fr]ou Delphine de Vigan [fr].

Dans les familles, il y a des maisons, aussi.

Celle des Matchaiev est en Bourgogne.
Les héritiers, Joshua, Anne et Pierre, jeunes parisiens entre 20 et 30 ans n'y sont pas retournés depuis que leur père, Sergueï, s'y est suicidé.

Ranger la maison, remuer les souvenirs, retrouver les odeurs d'un passé tumultueux mais néanmoins heureux est douloureux parce que "c'est comme ça la vie. On regrette toujours de ne pas avoir assez profité de ce qu'on a perdu, ça ne veut pas dire que c'est vrai. C'est juste une manière détournée d'exprimer sa tristesse."

Stanislas Wails livre une peinture tendre et sensible de cette génération (peu représentée dans la littérature).
De ses quêtes amoureuses ("l'aimé n'est-il que le symptôme vivant de celui qui l'aime ?"), de ses difficultés de communication ("André et Maël ne s'entendaient ni ne se comprenaient : au fond, n'est-ce pas le meilleur moyen pour discuter? " )

Et nous offre un très beau roman mélancolique comme les ragas de musique indienne qu'écoute Anne, "une musique triste. Une très belle tristesse, noble, pleine, s'avançant comme une reine en exil qui n'aurait pas renoncé à porter les robes et les parures du temps de sa splendeur, malgré les pièces vides et le froid alentour."


Lien : http://www.desmaziere.com/bl..
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Une confrontation feutrée avec les équations contemporaines des trois enfants Matchaiev.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/09/note-de-lecture-la-maison-matchaiev-stanislas-wails/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu’on oublie du passé, c’est ce qu’il avait d’anecdotique. Le venin, lui, il coule en nous, qu’on le veuille ou non. Il se balade dans nos veines, dans notre cerveau, l’air de rien il passe des parents aux enfants : et en même temps qu’il nous nourrit, il nous empoisonne.
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- Tout ce qui est d’ordre ménager est un réservoir sans fond… Des trucs auxquels tu ne penserais jamais en temps normal, mais qui deviennent hyper urgents quand ça fait deux heures qu’une phrase avec quatre subordonnées relatives te prend la tête. Ranger les CD par ordre d’enregistrement, faire les carreaux, mettre des patins de feutre aux chaises, désemmêler les franges du tapis persan… Oh, laver son ordinateur, c’est sans doute ça le mieux.

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Roman n'aimait rien tant que sentir la vie faire des efforts autour de lui pour tenir son rôle. Les yeux fermés, il flottait sur cet océan de bruits, de cris, d'agitation diffuse mais tendue, comme il savait si bien le faire : sans penser à rien.

De temps à autre, il rouvrait les yeux pour vérifier que tout le monde continuait à s'épuiser inutilement – les parents qui surveillaient leur marmaille, les enfants qui se pourchassaient, tombaient, frappaient, pleuraient – puis, après les avoir laissé vagabonder sur le journal qu'il tenait à la main, comme ça, pour la pose, il les refermait, gagné par cette langueur exquise de celui qui n'a pas d'autres ennuis que l'ennui.
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Le paquet se terminait par des photos de ses parents datant d'avant sa naissance, photos qu'il répartit avec la même célérité. Mais la dernière, il ne put s'empêcher de la tenir quelques secondes entre ses doigts. Il calcula qu'au moment où elle avait été prise, Sergueï et Dolorès étaient plus jeunes que lui aujourd'hui. Assis sur un lit, visiblement heureux et insouciants, ils fixaient tous les deux l'objectif avec une expression de défi. Pierre n'osa les regarder trop longtemps dans les yeux: non de peur de se noyer dans leur passé, mais au contraire de leur révéler l'avenir, puisque lui désormais, depuis l'autre rive du temps, le connaissait.
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– La fille là-bas, elle m’a volé mon seau. Elle ne veut pas me le rendre.
Roman ne prit pas la peine de changer de position : il n’aimait pas quand Gabriel parlait de cette voix aiguë et plaintive. Il savait bien que le seul but de l’enfant était d’interrompre son lent éloignement, d’essayer de le ramener à une réalité sans pitié, où les choses, quoi qu’on en pense, ne vont pas de soi.
– Drame ! Si ça se trouve, pendant que tu geins, elle est déjà en train de le revendre à une copine. Va lui tirer les cheveux, ça la calmera.
– Mais elle est beaucoup plus vieille que moi !
Roman ouvrit enfin les yeux :
– Et elle fait des pâtés de sable ? C’est une idiote. Dans ce cas-là, sois clément, prête-lui ton seau.
Gabriel eut beau feindre la déception, au fond de lui il se doutait qu’aucun miracle n’aurait pu pousser Roman à intervenir dans une guerre qui n’était pas la sienne. Comprenant qu’il n’est pas plus facile d’affronter une injustice sous prétexte qu’on l’avait prévue, il repartit, abattu, vers l’arène impitoyable.
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Stanislas Wails - La maison Matchaiev .Stanislas Wails vous présente son ouvrage "La maison Matchaiev" qui paraîtra le 18 août aux éditions Safran.
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