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Aude Virey-Wallon (Traducteur)
EAN : 9783822859483
95 pages
Taschen (30/11/-1)
4.21/5   34 notes
Résumé :
C'est l'un des plus grands peintres du XXe siècle. L'un des rares aussi à avoir traversé le siècle. Marc Chagall est mort à Saint-Paul de Vence, en 1985, à l'âge de 97 ans. Et c'est presque un siècle de créations artistiques, toujours recommencées, toujours renouvelées. Né à Vitebsk, en Biélorussie, influencé par l'art byzantin, les icônes russes et son folklore, Chagall a laiss... >Voir plus
Que lire après Marc Chagall, 1887-1985. Le peintre-poèteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un très beau livre, format modeste mais suffisant pour voir et revoir les oeuvres de Chagall. Très bon rapport qualité-prix, comme c'est souvent le cas pour des livres des éditions Taschen, je crois.

De bonnes reproductions, de bons textes : peu de coquilles et de fautes, une taille de texte suffisante, un peu plus "juste" vers la fin (repères biographiques).
Surtout, un bon choix d'oeuvres, à la fois varié et bien expliqué comme dans les émissions "Palettes". Passionnant. Gamme chromatique, motifs récurrents, sources d'inspiration, courants artistiques, amitiés et voyages, événements ...
Un texte accessible mais toujours intéressant sur les choix de l'artiste et son évolution.

Chagall et son oeuvre sont des mémoires du vingtième siècle. Chagall qui a vécu dans plusieurs métropoles, après son enfance dans un village biélorusse dans une petite communauté juive. Après des études à Saint-Pétersbourg, la vie dans des capitales : Paris, Berlin, New-York ... Puis le sud de la France, les voyages ...

Chagall ami avec Blaise Cendrars et d'autres écrivains et poètes.
Chagall ami ensuite avec Delaunay, Apollinaire, avec des peintres russes, avec les cubistes, les surréalistes. Chagall, rêveur et visionnaire.

Chagall dirigeant d'académie artistique à Vitebsk, il en sera ensuite évincé au profit de Malevitch et en gardera une certaine déception, une certaine méfiance vis-à-vis du régime communiste, bien que restant profondément russe dans l'âme, et dans ses inspirations picturales.

Chagall inquiet pour le peuple juif, chagriné par les menaces de guerre mondiale, Chagall pacifique et pacifiste, humaniste et rêveur ...
Chagall en exil aux Etats-Unis, au moment où l'Allemagne attaque l'URSS.

Chagall et l'amour, le rêve, les couples dans des toiles aux motifs oniriques, aux contours incertains, flous, comme entourés d'un halo de couleur
Chagall inspiré par ses épouses, Bella pendant sa jeunesse, puis Vava après la Seconde guerre mondiale. Deux Russes, deux muses.

Hormis Bella et Vava, il peindra très peu de portraits.
Plutôt des toiles colorées, vivantes, pleines de symboles, de rêves, de visions, habitées, poétiques. Il gardera aussi des souvenirs vivaces du petit village russe, du peuple juif et de grands thèmes chrétiens, Vierge à l'Enfant et Crucifixion. Que ce soit pour des commandes religieuses (synagogues ou cathédrales), pour des décors de théâtre, pour des toiles plus personnelles.

Le monde du cirque aussi, avec ses couleurs, ses acrobates, ses funambules ... l'inspirera toujours. Une célébrité grandissante l'aidera à s'attaquer enfin à ce thème, en phase avec les attentes du public.

Dans son oeuvre plus tardive, il aspirera à renouveler ses thèmes, ses motifs, à s'éloigner du petit village russe et du monde juif, pour se tourner vers la mythologie grecque : Icare et sa chute, les Enfers ...

J'ai feuilleté, lu et relu ce livre. J'adore Chagall, j'aime depuis longtemps son oeuvre, il m'a ainsi été donné de redécouvrir avec un autre oeil certaines oeuvres, de découvrir totalement d'autres toiles, et surtout, j'ai découvert un peu plus en détail sa biographie.

Si comme moi vous aimez Chagall et souhaitez le redécouvrir ou approfondir un peu, je vous recommande ce livre. Et si vous connaissez peu Chagall, c'est l'occasion d'apprendre beaucoup, avec un livre peu encombrant, bien écrit et richement illustré par des toiles judicieusement choisies.
Bonne lecture !
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Un univers riche de miracles du quotidien
Le peintre biélorusse Marc Chagall (1887-1985) est considéré comme l'incarnation du "peintre poète". Aucun autre artiste de son siècle n'a suscité la même admiration universelle.

Les tableaux de Chagall, imprégnés de mythologie et de mysticisme, mettent en scène des rêves et des contes pittoresques profondément enracinés dans ses origines judéo-russes. Les souvenirs et la nostalgie qu'ils évoquent rappellent sa Vitebsk natale et les grands événements qui ponctuent la vie des gens ordinaires: la naissance, l'amour, le mariage et la mort. Ils racontent un univers riche de miracles quotidiens, dans la chambre des amants aussi bien que dans les rues de Vitebsk ou sous la tour Eiffel à Paris.

Le ciel et la terre semblent se rejoindre dans un monde sens dessus dessous dans lequel des silhouettes fantasques de personnes et d'animaux flottent dans l'air, défiant sereinement la loi de la gravité.
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Un beau livre au prix et au format modestes pour découvrir l'oeuvre et la très longue vie de ce merveilleux peintre. Homme discret, émerveillé, resté enfant dans l'âme, d'une grande humanité à la fois grave, poète et facécieux. Juif, né en Russie en 1887, il commence à peindre des scènes du shtetl (quartiers ou villages juifs de culture yiddish d'Europe centrale) et arrive à Paris en 1910. Attaché à sa culture d'origine, il refuse le repli sur soi et parvient toute sa vie à mêler les traditions occidentales ( couleurs, transparence) et les thèmes russes ou juifs tout en créant un style propre. Lorsqu'on regarde ses peintures, nous savons immédiatement qu'il s'agit d'un Chagall. Il mêle sans cesse rêve et réalité, tragique et espoir d'une humanité fraternelle. Son oeuvre est à l'image de son existence mouvementée (deuils et exils liés à la politique et à son judaïsme). "Pélerin du rêve", son oeuvre évoque bonheur et nostalgie dans une atmosphère poétique, surnaturelle et intimiste qui lui a permis de décorer synagogues et églises à la fin de sa vie. Son oeuvre incarne à merveille l'existence humaine faite de tragédies, de souffrances mais aussi d'espoir et de joies.
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Un magnifique petit livre acheté il y a longtemps pour les belles reproductions des tableaux de Chagall lors d'une exposition, mais jamais lu. Je viens de combler cette lacune.

Les auteurs nous présentent l'oeuvre du peintre selon un ordre chronologique. Il est né en Russie en 1887, dans une famille juive pauvre, son père était un modeste employé dans une fabrique de harengs. Il fréquente l'école primaire juive, mais grâce aux relations de sa mère il peut suivre l'école secondaire publique, ce qui était très rare pour un enfant juif, puis des cours de peinture. En 1906 il part à Saint Petersbourg étudier l'art, puis en 1910 à Paris.

Il y vivra quatre ans, au contact de l'avant garde et des cubistes. Il s'en inspire mais veut aller plus loin. Il est très pauvre, n'a aucun succès et a le mal du pays. Il idéalise la vie des paysans juifs de son enfance et cela influence fortement sa peinture avec les personnages typiques qu'il y introduit : les paysans, les vieux juifs, les violonistes et surtout les animaux.

En 1914 il revient en Russie, pour quelques mois, croit-il, mais à cause de la guerre et de la révolution, il y restera jusqu'en 1923. Il se marie en 1915 avec Bella, le couple est très heureux et son bonheur irradie sur les toiles de cette période. Peu à peu, le conflit prend le pas sur sa joie de vivre. Grâce à son beau-frère il peut éviter de partir au front et passe la guerre dans un bureau à s'occuper de paperasserie, c'est une période de non création pour lui. La révolution l'enthousiasme, il dirige l'école d'art de sa ville natale. Rapidement, les autorités lui retirent leur confiance car il ne se plie pas assez à la vision réaliste de l'art que désire la propagande soviétique.

N'attendant plus rien de son pays, il revient en France avec sa famille en 1923 et entame les dix années les plus heureuses de sa vie. Il peint beaucoup et trouve enfin la reconnaissance qu'il souhaitait depuis longtemps. A la fin des années trente, il prend conscience des dangers qui menacent son peuple. Il peint La crucifixion blanche comme une réponse au Guernica de Picasso. La guerre et l'Occupation sont un nouveau sujet d'angoisse, en 1941 il est pris dans une rafle à Marseille et ne doit son salut qu'a l'intervention des USA. Il quitte la France avec sa famille pour New York où il vivra jusqu'en 1948 avant de revenir en France définitivement. Bella meurt en 1947 et Chagall traverse le désert à ce moment.

Pour les auteurs, il n'a plus rien eu de nouveau à dire après la mort de Bella. Il a repris ses thèmes fétiches et les a décliné à l'infini jusqu'à les priver de toute signification. Personnellement, tous les tableaux de Chagall font vibrer une corde sensible en moi et je trouve ce jugement beaucoup trop dur, mais je ne suis pas une spécialiste de l'art. C'est un petit livre très agréable qui permet une approche rapide et globale de son oeuvre. Cette collection est connue pour son excellente qualité des reproductions de tableaux et son prix doux pour cette qualité.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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les céramiques de Chagall : un univers poétique s'ouvre à nous, un vrai bonheur
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
"Picasso, c'est le triomphe de l'intelligence,
Chagall la gloire du cœur", écrit Franz Meyer, auteur d'une imposante monographie sur Chagall, résumant ainsi avec justesse le caractère de ces deux artistes qui entretenaient ensemble des relations épisodiques.

(...) cet univers qui ne peut être que celui des sentiments et des émotions intérieures. La béatitude des deux personnages principaux est partagée par deux autres couples (...) Le chant d'amour décrit ici par Chagall, cet élan de tendresse qui faisait écho à son propre état d'âme, trouve son expression la plus parfaite dans Les Amoureux dans le lilas (p.56), daté de 1930.
Voluptueusement niché dans un immense bouquet, un couple d'amoureux semble abandonné à l'éternité de sa passion.

(...) Les dix premières années à Paris furent, comme le reconnut Chagall, "la période la plus heureuse de ma vie". Un contrat avec le marchand d'art Bernheim l'avait délivré de tout souci matériel, sa famille avait pu emménager dans une villa, n'hésitant pas à passer ses vacances d'été dans le Midi de la France. Avec l'amélioration de ses conditions de vie et son bonheur privé, Chagall ne put s'empêcher d'imprimer à son œuvre une certaine préciosité.
En effet, la naïve insouciance de ses tableaux d'alors n'est que le reflet de son existence facile. Une atmosphère féérique a désormais succédé à cet univers pictural mouvementé que requérait autrefois en compensation une réalité riche en événements.
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En 1931, Chagall s’était rendu en Palestine, la terre promise, mais les répercussions de ce voyage sont loin de respirer l’optimisme. Soucieux de l’évolution du monde, le peintre exprime sa consternation. L’année même où la barbarie de l’idéologie nazie s’était emparée de l’Allemagne, la marque brutale de la réalité chassa toute joyeuse insouciance de l’oeuvre de Chagall.
     
Peint avec ce langage si personnel de l’artiste, Solitude évoque les dangers qui menacent son peuple et l’Europe toute entière. Ce n’est pas ici le récit, mais l’ambiance de la toile qui traduit cette nouvelle vision pessimiste du monde, montrant aussi que ce tableau s’inscrit encore dans l’esprit de la peinture d’atmosphère qui caractérisait les années vingt. Son voyage en Pologne, au printemps 1935, convainquit définitivement Chagall de la suprématie d’une réalité politique que son monde d’images ne pouvait plus ignorer. (pp. 60-61)
     
« L’essentiel c’est l’art, la peinture, une peinture différente de celle que tout le monde fait. Mais laquelle ? Dieu, où je ne sais plus qui, me donnera-t-il la force de pouvoir souffler dans mes toiles mon soupir, soupir de la prière et de la tristesse, la prière du salut, de la renaissance? »
CHAGALL, Ma vie – 1931.
(cité p.62)
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Le désarroi de l'homme et la farouche agressivité de la femme [dans son œuvre Intérieur II, datée de 1911, p.18] sont encore renforcés par un artifice classique en peinture, qui consiste à indiquer le mouvement en déroulant la scène de la gauche vers la droite comme la ligne d'un texte qu'on lirait avec les yeux.

C'est une version plus moderne de ce même thème, sorte de référence dans son interprétation de la sexualité, que Chagall propose dans Dédié à ma fiancée (p.17) réalisé à la même époque. (...)
L'histoire et son contenu symbolique sont désormais indissociables, non seulement par la symbiose entre l'homme et l'animal, mais par le mouvement radial décrit par la femme pour démontrer sa puissance, mouvement auquel l'homme semble-t-il ne peut échapper.

Contrairement à Intérieur II, Dédié à ma fiancée ne peut être interprété comme une scène de genre innocente et anodine.
Chagall ne put d'ailleurs présenter ce tableau au Salon du printemps 1912 qu'après de longues discussions. On lui reprochait en effet d'être pornographique. En réalité, ce tableau devait sa choquante ambiguïté à une simple variante dans sa composition : au lieu de se succéder dans une direction donnée, les motifs s'organisaient en cercle autour du centre.
C'est chez les cubistes que Chagall avait observé ce procédé qui allait apporter une solution à nombre de ses problèmes de jeune peintre.
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Son œuvre tardive tend peu à peu à se détacher des deux principales sources de son art : la tradition juive orthodoxe et le folklore russe. Les images rattachées au souvenir du petit village russe cèdent la place à des motifs empruntés à la mythologie grecque, à la foi chrétienne et aux expériences concrètes de la vie quotidienne. A cette prudente évolution dans le choix des thèmes, s'ajoute une diminution progressive de la signification des symboles éternellement repris par le peintre.

Même la sympathie de Chagall pour l'art d'avant-garde semble passer à l'arrière-plan après 1947, le langage pictural de l'artiste paraissant davantage marqué par ses goûts personnels et ses tendances acquises au cours des ans que par la volonté de se rallier aux manifestations les plus actuelles de l'art.

(...) Son ancienne vie de bohème appartient désormais presque au passé.
En 1950, il s'installe dans une maison à Saint-Jean-Cap-Ferrat et se marie deux ans plus tard avec la Russe Valentina Brodsky, qu'il surnomme tendrement Vava. Ce bonheur intime, Chagall s'en laisse inspirer
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Le 7 mai, Chagall s'embarqua avec sa famille pour l'Amérique.
Le mythe d'Ahasvérus, de l'éternelle errance du peuple juif qu'il avait si souvent contée dans ses tableaux, n'était plus un simple motif pictural, il était devenu une réalité personnelle.
Le 23 juin 1941, jour de l'attaque allemande contre l'URSS, Chagall posa le pied sur le sol de New-York. Après Paris et Berlin, il vivait désormais dans la troisième métropole du monde, qui pouvait s'enorgueillir de son extraordinaire brassage de peuples et de cultures.
De par la nature même de sa vie, Chagall a toujours été attiré par ces creusets humains dans lesquels diversité et exotisme sont élixirs de vie.

(...) Réalisées loin des événements de la guerre, les toiles des années suivantes verront leur atmosphère changer par rapport à la profonde tristesse qu'exhalaient les dernières créations parisiennes.

Malgré la prédominance des thèmes de la guerre et de la Crucifixion, l'intensité de la compassion exprimée par Chagall s'atténue quelque peu.
En effet, l'annonce quotidienne de nouvelles atrocités de la guerre mondiale semble avoir émoussé la violence de sa réaction de solidarité.

Obsession, de 1943 (p.66/67), témoigne bien de l'impossibilité de trouver sans cesse de nouveaux moyens de manifester une souffrance partagée.
La flamme sinueuse qui surgit de la fenêtre, le Juif brandissant le chandelier à trois branches, la fuite de la charrette et le caractère menaçant, enfin, des couleurs flamboyantes, sont devenus des reprises de thèmes typiques ayant perdu la force de l'inédit. Seul le Crucifix renversé, témoin d'un espoir déçu, parvient à traduire l'ampleur des bouleversements qui ont secoué le monde.
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