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Critique de Meresauvage


Le personnage principal de Une autre vie est Julia. Photographe indépendante, Julia vit à Londres avec son mari et son fils adolescent, Connor. Connor est en réalité son neveu, le fils de sa soeur Kate qui l'a eu très jeune et s'est vite retrouvée dépassée par son rôle de mère. Julia et son mari ont donc recueilli Connor alors qu'il était tout petit, avant de l'adopter officiellement. Ils le considèrent comme leur fils et entretiennent d'excellentes relations avec lui, même si, depuis peu, Julia le trouve plus distant qu'avant. Ah, l'adolescence !

La vie de la famille bascule le jour où ils apprennent que Kate, qui vit à Paris depuis plusieurs années, a été retrouvée assassinée dans une ruelle. En apparence, il n'y a pas d'explication à ce meurtre ; elle n'a pas été violentée, on ne lui a dérobé aucun objet de valeur. La police interroge ses proches mais ne trouve rien.
Très vite, Julia devient obsédée par la résolution de l'enquête. Les semaines passent et sa peine ne diminue pas, elle n'arrive pas à passer à autre chose. Pour cela, elle aurait besoin de savoir ce qu'il est arrivé à sa soeur, qui lui a fait ça et pourquoi. Lorsqu'elle apprend par la colocataire de Kate que celle-ci fréquentait plus ou moins assidûment les sites de rencontres et qu'il lui arrivait d'avoir des coups d'un soir, Julia est persuadée de tenir une piste. Elle va elle aussi s'y inscrire car s'il y a une chance de rencontrer l'assassin de sa soeur, c'est certainement par ce biais.


On va passer outre la crétinerie de l'idée. Je veux dire, il y a combien de personnes inscrites sur ces sites ? Et quelle est la probabilité que Julia parle justement à l'homme qui a tué sa soeur – si tant est qu'il s'agisse bien d'un homme et qu'elle l'ai bien rencontré par internet. Mais bon, allez, c'est un roman, il faut parfois jouer un peu avec les probabilités pour écrire une intrigue, je veux bien l'accepter. Passons à la suite, donc.


Julia découvre donc le milieu des sites de rencontres. Mariée depuis plus de quinze ans, elle n'y connaît évidement rien. Elle commence par rester sur ses gardes – après tout, elle chasse un type dangereux ! – et reste à distances des étranges pratiques qu'on lui propose. Visiblement, les hommes sont surtout intéressés par le sexe. Ils lui posent quelques questions sur elle mais, très vite, cela dérape : que porte-t-elle, que fait-elle, … Julia refuse d'entrer là-dedans.
Et puis, un jour, elle tombe sur Lukas. Lui, c'est un homme bien, elle le sent. Elle aime discuter avec lui, s'évader. Elle retrouve le plaisir d'échanger, la passion naissante. Avec son mari, cela fait bien longtemps qu'ils n'ont pas eu de conversations futiles, qu'ils ne se sont pas laissés aller. Il est chirurgien et travaille beaucoup, lorsqu'ils se parlent c'est souvent des tracas du quotidien, de la logistique ménagère. Avec Lukas, c'est bien plus que cela.

En un clin d'oeil, Julia n'a plus aucune barrière. Elle branche sa webcam, se laisse aller à quelques jeux coquins avec Lukas, se livre. Heureusement, elle garde quelques moments de lucidités et ne confie ni son véritable nom ni son adresse. Julia s'amuse et le roman de Watson prend une autre tournure. On lâche complètement l'enquête au profit de la découverte des pratiques des sites de rencontres et de la vie adultère de Julia – bah oui parce que son Lukas qui la fait craquer, elle fini par le rencontrer en vrai (IRL – in real life – comme on dit).


Julia me fut insupportable tout au long du roman. Ca commençait bien pourtant, c'était une femme normale avec un passé un peu trouble (elle a fait des conneries dans sa jeunesse mais qui n'en a pas faites ?) qui avait du mal à se remettre de la mort inexpliquée de sa soeur. Et puis tout dérape. Elle n'a absolument aucune volonté, semble choisir toujours le mauvais chemin et ce même s'il y a un bon paquet de signaux lumineux qui s'allument dans tous les coins pour la prévenir qu'elle est très probablement en train de faire une connerie. C'est d'ailleurs tellement évident que cela en devient lourd pour le lecteur.

Si j'ai achevé ma lecture malgré le profond état d'énervement dans lequel elle me plongeait (sans déconner, je pestais haut et fort à chaque fois que je rouvrais ce roman), c'est pour deux raisons : l'auteur et l'espoir que la fin allait me faire changer d'avis. C'est vrai que j'avais un peu râlé d'avoir vu arriver la fin de Avant d'aller dormir mais j'avais vraiment beaucoup aimé ce livre. Je faisais confiance à S.J. Watson pour me surprendre – je crevais d'envie qu'il me surprenne ! Hélas (et là, vous pouvez m'imaginer pousser un gros soupir d'exaspération), s'il m'a bien surprise, c'est parce qu'il sort une pirouette complètement folle à la fin de son roman. Ah ça oui, je ne l'ai pas vu arriver comme ça … parce que je restais dans le crédible.


Je pourrais fermer les yeux sur la crétinerie du truc, sur le fait que c'est un roman, qu'on a le droit d'imaginer ce que l'on veut quand on est auteur. Oui, c'est vrai. Mais les lecteurs, la presse, tout ça, devraient tout de même rallumer leur esprit critique et ne surtout pas seriner que « ohlala, on est vraiment dans du bon, il a même dépassé son précédent livre ». Parce que non, NON, pas d'accord. Si tu veux mon avis, cher lecteur (et tu le veux, sinon tu n'aurais pas lu cette longue chronique en entier), passe ton chemin.
Lien : http://milleviesenune.com/un..
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