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EAN : 9782262035891
540 pages
Perrin (01/03/2012)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Adolf Hitler déclara à de nombreuses reprises que la Première Guerre mondiale fut l'expérience la plus formatrice de sa vie. Pourtant, l'histoire du "soldat Hitler" sur le front occidental entre 1914 et 1918 n'avait encore jamais été écrite. Tout ce que nous connaissions de ses années de guerre et de son régiment reposait sur Mein Kampf et sur les souvenirs arrangés de certains de ses frères d'armes.
Reprenant toutes les pièces du dossier et grâce à des sourc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Excellent travail de dé-construction du mythe. l'intérêt n'est pas de voir pointé les petits et grands mensonges d'Hitler mais combien ils ont influencé le mythe, l'explication et nos perceptions!
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Ne pouvant dire mieux et apporter du nouveau à beaucoup d'excellentes critiques parues sur des sites consacrés à l'histoire de la Première Guerre mondiale, je vous invite à découvrir vous-mêmes ces commentaires sur ce livre époustouflant.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le 21 octobre, au petit jour, leur paquetage fin prêt et munis de pommes, de cigarettes et de confiseries, les hommes du régiment List quittaient la Bavière. Nombre d'entre eux ne devaient jamais la revoir. Famille et amis, regroupés sur le quai de la gare de marchandises de Munich, agitaient une dernière fois la main, en lançant des adieux au convoi qui s'éloignait. La veille, déjà, Hitler était "terriblement excité", s'il faut en croire la lettre qu'il avait adressé à Anna Popp, sa logeuse, l'une des deux seules destinataires de sa correspondance, puisqu'il avait coupé les ponts avec sa famille et ses amis autrichiens. Les hommes du 16è RIR ignoraient encore sur quel secteur du front ils seraient déployés, mais nombre d'entre eux espéraient se battre contre "l'Angleterre". Depuis son entrée dans la guerre, la "Perfide Albion" passait pour responsable du conflit. Dans sa dernière lettre de Munich à Anna Popp, Hitler confiait : "J'espère que nous irons jusqu'en Angleterre." Animé d'un même espoir, Albert Weisgerber écrivait quelques jours plus tôt à son épouse : "Ce serait merveilleux si nous pouvions participer à l'épisode décisif de cette guerre : le débarquement en Grande-Bretagne."
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De fait, les archives ne gardent aucune trace de la moindre initiative d'Hitler en vue d'obtenir une promotion. Sa sociabilité déficiente et son excentricité ne favorisèrent sans doute pas son parcours. Servant comme officier, Wilhelm Diess l'eut sous ses ordres pendant une courte période. Devenu professeur à la faculté de droit de l'université de Munich après la Seconde Guerre mondiale, il confia à l'un de ses étudiants qu'Hitler n'était jamais devenu sous-officier à cause de son caractère querelleur, buté et intransigeant. En outre, si ironique que cela puisse paraître, Hitler ne montrait alors aucune aptitude au commandement. Un autre officier de l'unité d'Hitler ne décelait chez lui ni "ascendant" sur son entourage ni étoffe de meneur d'hommes.
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Pendant ce temps, sur la crête de Vimy, les hommes du régiment List s'apprêtaient à célébrer Noël. Loin de constater une brutalisation des conduites, une radicalisation nationaliste ou l'affirmation d'une haine farouche pour les ennemis britanniques, Canadiens et Bavarois tentèrent, pour la troisième année consécutive, de réitérer l'expérience de la trêve de Noël.
Des deux côtés de la ligne de front, durant le mois de décembre, les officiers prirent toutes les mesures possibles pour décourager d'éventuelles initiatives de fraternisation. Or la conduite des hommes du rang, depuis octobre, rendait celles-ci plus vraisemblables encore que les années précédentes. Ainsi, à l'arrivée des troupes canadiennes sur la crête de Vimy en octobre, presque en même temps que celle du régiment List, des soldats bavarois — aucune source n'indique l'unité concernée — avaient hissé une pancarte au-dessus de leur tranchée, portant les mots : "Bienvenue aux Canadiens".
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Dans ce milieu où s’imposait une proximité permanente, même les soldats dont il avait gagné l’amitié évoquèrent plus tard son caractère réservé. Selon leurs témoignages, il s’absorbait dans la lecture et manquait d’esprit pratique. Son attitude faisait l’objet de plaisanteries, rappela Alois Schnerlldorfer : Hitler, disait-on, aurait pu mourir de faim dans une conserverie, puisqu’il était incapable d’ouvrir une boîte de conserve avec sa baïonnette. Dans un rapport remis aux archives centrales du parti nazi en 1940, une autre estafette du régiment, Heinrich Lugauer, évoquait le caractère particulier d’Hitler : « Chaque minute de son temps libre était consacré à la lecture. Même lorsqu’il était à l’avant, il s’asseyait dans un coin, sa réserve de cartouches à portée de main et son fusil dans les bras, et il lisait. Un jour, il m’a emprunté un livre, c’était un ouvrage de Nietzsche, si ma mémoire est bonne. »

La même année, Karl Lippert, le sous-officier chargé des estafettes du régiment jusqu’en 1916, relata : « Dès que la journée était un peu plus tranquille, au poste de commandement de Fromelles ou de Fournes, Adolf Hitler s’absorbait dans la lecture ou le dessin. Il appréciait particulièrement les ouvrages sur l’histoire de l’Allemagne ou de l’Autriche. La plupart des hommes du quartier général ont eu droit à leur portrait, certains sous forme de caricature. »

On retrouve les mêmes appréciations dans les propos d’Hans Bauer, un téléphoniste du quartier général régimentaire, affecté à cette tâche en mai 1915 et auteur de quelques-unes des photos connues d’Hitler pendant la guerre. Il parlait à son sujet d’un « solitaire », passant son temps dans les livres, mais avec lequel ses relations étaient « les mêmes qu’avec tous les autres camarades ». (pp. 217-218)
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Sur un film d’actualités tourné lors des obsèques de Kurt Eisner, Hitler figure parmi une poignée de soldats de son régiment qui suivent le cortège funéraire du dirigeant bavarois. Il porte deux brassards : l’un est noir, symbole du deuil, l’autre rouge, couleur de la révolution socialiste. Il apparaît aussi sur un cliché pris par Heinrich Hoffmann le même jour, peu avant l’éloge funèbre prononcé en l’honneur de Kurt Eisner : « Kurt Eisner, le Juif, était un prophète. Il s’est battu inlassablement contre les timorés et les défaitistes, parce qu’il aimait l’humanité et, plus encore, parce qu’ils croyaient en elle. » Hitler avait choisi de manifester publiquement son soutien au dirigeant assassiné, alors qu’il aurait pu rejoindre la société de Thulé, ce groupe d’extrême droite qui accueillit plusieurs futurs dirigeants nazis (…) deux jours après sa proclamation, la république des Conseils organisa une nouvelle élection parmi les conseils de soldats de Munich pour s’assurer du soutien de la troupe. Cette fois encore, Hitler se porta candidat. Élu délégué adjoint du bataillon, il garda son mandat aussi longtemps que dura l’expérience révolutionnaire. Entre autres tâches, il assurait la liaison avec le département de la propagande du nouveau gouvernement socialiste.
(…)
S’il avait été un pangermaniste convaincu, antisocialiste, antisémite et hypernationaliste, et s’il avait coopéré avec le nouveau régime à la seule fin de gagner de nouveaux partisans à la cause, pourquoi n’aurait-il pas rejoint ses véritables camarades au sein d’un corps francs avant la défaite de la république des Conseils ? (...) pourquoi ne rejoignit-il pas les forces qui écrasèrent les républiques des Conseils ? Après sa rupture avec Hitler, le dirigeant nazi Otto Strasser posa la question : « Où était Hitler, ce jour-là ? Dans quel coin de Munich se cachait le soldat qui aurait dû combattre dans nos rangs ? »
(…)
Selon la plupart de ses biographes, Hitler avait déjà, à l’issue du conflit, élaboré pour l’essentiel sa vision du monde, construit ses principes et ses postulats.
(…)
Il n’est pas difficile d’imaginer comment, au gré de circonstances à peine différentes, Hitler aurait pu glisser vers le national-bolchevisme antioccidental d’Ernst Niekisch, qui aspirait à réunir nationalisme et socialisme (…) en revanche, on l’imagine mal se rapprochant du BVP catholique, des libéraux ou des monarchistes.
(…)
Cette indétermination n’est d’ailleurs pas si surprenante si l’on tient compte de la présence d’éléments communs dans la généalogie intellectuelle du fascisme et de la gauche non marxiste. Dans une certaine mesure et malgré sa collusion avec la droite conservatrice, destinée à faciliter son accession au pouvoir, le fascisme initial, au moins par ses promesses, apparaissait plus socialiste que capitaliste, plus plébéien que bourgeois. (pp. 371-375)
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