Que s'est-il passé en Chine au printemps 1989? Ce n'est pas un roman, mais un témoignage de faits réels, la chronique d'un enseignant chinois présent sur la place Tien Anmen envahie par l'armée qui va à la rencontre de la foule des manifestants. Publié en 1990 au Canada où l'auteur avait le statut de réfugié, ce livre est signé d'un pseudonyme pour éviter que la famille restée en Chine ne souffre de représailles.
C'est un texte très dur, de l'émotion brute. L'auteur nous dit comment on peut se sentir lorsqu'on risque sa vie et qu'on voit des jeunes se faire tuer autour de nous alors que leur seul crime est d'avoir cru en la démocratie.
À l'heure des printemps arabes, érables ou autres, on peut avoir une pensée pour ces victimes chinoises qui ont aussi voulu changer le monde.
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Un simple étudiant contre des chars d’assauts. Cette image de bravoure, diffusée dans le monde entier reste le symbole du courage et de la détermination des étudiants de Beijing.
Qu’est-il arrivé à ce jeune héros? Par mesure de représailles pour sa témérité, les autorités chinoises l’on tout simplement… fait exécuter. (préface)
En face de moi, un jeune homme perd soudain la raison. Il émerge brusquement d’un groupe de civils et se dirige vers les soldats avec, pour seule arme, une matraque en bois. Dix mètres, huit, sept peut-être? Une rafale gicle d’en face. Tout est fini pour lui. La mort vient de nous voler l’un de nos meilleurs camarades, un Beijinois typique, un homme de caractère happé par les statistiques de la mort. (p.151)
J’ai maintenant l’expérience du bruit des balles. Les sons clairs, comme « Ba, ba » ne sont pas inquiétants : les soldats tirent alors en l’air pour menacer la foule. Mais attention aux bruits sourds, aux « Boum, boum, da da da da ». Ceux-là sont très dangereux : ces rafales sont destinées aux passants (p. 145)