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EAN : 9782918059875
75 pages
Libertalia (04/05/2016)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Au printemps 1936, une vague de grèves spontanées éclate en France, juste après la victoire électorale du Front populaire. Elle atteint son apogée le 11 juin avec près de deux millions de grévistes. Le présent recueil rassemble quatre articles de Simone Weil (1909-1943) rédigés in situ. Il s'agit de mettre en avant la lucidité et le génie d'une philosophe qui travailla en usine. Et de rappeler que la grandeur et l'importance des combats ouvriers résident avant tout ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Fin 1934, désireuse de se rendre compte par elle-même du travail en usine, Simone WEIL se fait embaucher afin de tenir un « journal d'usine ». Ce sont ces notes, entre autres, qui constituent la première partie de « Grèves et joie pure » avec le texte « La vie et la grève des ouvriers métallos », signé S. GALOIS, pseudonyme de Simone WEIL (qui a alors 27 ans). Daté de juin 1936, il paraît d'abord à la même date dans « La révolution prolétarienne », puis en 1951 dans une collection « Espoir » alors dirigée par Albert CAMUS. Dans ce texte Simone WEIL fait une grande part au caractère psychologique d'une vie à l'usine. Entre les ordres du contremaître (produire toujours plus), ce sentiment d'être devenue une esclave, un être soumis et obéissant, ce besoin de gagner sa croûte pour élever les enfants, acheter de la nourriture, etc., malgré les cadences infernales, le corps qui a mal et les tâches répétitives et automatiques, la vie d'une ouvrière paraît sans espoir. Simone WEIL est licenciée sans explication au bout d'un mois. Il est temps pour elle de témoigner, un peu plus d'un an plus tard.

Les séquelles psychologiques d'une vie à l'usine sont nombreuses, il est difficile de redevenir soi-même après une journée aussi harassante qu'abrutissante. Heureusement il y a la solidarité entre ouvriers, déclenchant une grève pour dénoncer les salaires au rendement provoquant d'importantes disparités pécuniaires entre les salariés. Nous sommes en plein Front populaire, il est urgent pour les prolétaires de revendiquer plus de droits. Dans un deuxième texte faisant directement suite au premier, un projet d'article en fait, l'autrice savoure la victoire des grévistes, avant un bref article sur Roger SALENGRO, alors ministre de l'intérieur (il se suicidera trois mois après cet article, n'y voyez là aucune cause à effet).

Un dernier texte dénonce la position de la CGT (à la fois intenable et indésirable selon Simone WEIL) sur des procédures de conciliation et d'arbitrage, alors que l'autrice est clairement pour le contrôle ouvrier des usines, une sorte d'autogestion en somme.

Cette plongée dans la France prolétaire de l'entre-deux guerre donne un parfum d'optimisme, avec des combats sociaux qui aboutissent, des mobilisations actives et fortement revendicatives. Les événements racontés dans ce tout petit livre sont situés juste avant la deuxième guerre mondiale. Au-delà, il faudra tout recommencer.

La présente édition (de 2016) est signée Libertalia, elle est accompagnée d'une préface de Charles JACQUIER. Un document historique de poids, un jalon de la lutte des classes en seulement quelques dizaines de pages, concentrées et littéraires par leur style, pour ne pas oublier.

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En 1936, une vague de gréves commence à paralyser la France. Les ouvriers en ont marre et Simon Weil va se pencher sur le phénoméne…

Et c'est donc à cette période qu'elle va écrire les 4 textes, relativement court, présentés ici aprés une préface. Et ces textes vont autant décrire la conditions des ouvriers à l'époque (salaire au rendement, menace de renvoi…) que celles de ceux à venir au vu des développements qui ont suivis les gréves. Ainsi, il sera assez étonnant de voir à quel point elle ne s'est pas trompé. Envisageant plusieurs suites à ces événements, plusieurs évolutions du monde de l'entreprise, elle avait vu juste et cela se ressent encore aujourd'hui. de l'effet positif de ces gréves à l'effet négatif auxquels ils ont conduits. Finalement, la situation n'a pas beaucoup évolué, la souffrance est ailleurs, elle s'est juste déplacée. Lire ce petit reccueil reste indispensable aujourd'hui, tant il est juste, précis, visionnaire. Un indispensable !
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Dans les quatre articles repris dans ce recueil, Simone Weil raconte son expérience à l'usine : la fatigue, la soumission inévitable, la faim. En 1936, avant même la nomination du gouvernement de Front Populaire, elle participe aux premières grèves et décrit ce plaisir : « Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes, pendant quelques jours. Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange. »
(...)
Ses critiques sont étayées et constructives. Car « cet avenir, il ne faut pas l'attendre, il faut le faire. »

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La peur. Rares sont les moments de la journée où le cœur n’est pas un peu comprimé par une angoisse quelconque. Le matin, l’angoisse de la journée à traverser. Dans les rames de métro qui mènent à Billancourt, vers 6 h 30 du matin, on voit la plupart des visages contractés par cette angoisse. Si on n’est pas en avance, la peur de la pendule de pointage. Au travail, la peur de ne pas aller assez vite, pour tous ceux qui ont du mal à y arriver. La peur de louper des pièces en forçant sur la cadence, parce que la vitesse produit une espèce d’ivresse qui annule l’attention. La peur de tous les menus accidents qui peuvent amener des loupés ou un outil cassé. D’une manière générale, la peur des engueulades. On s’exposerait à bien des souffrances rien que pour éviter une engueulade. La moindre réprimande est une dure humiliation, parce qu’on n’ose pas répondre. Et combien de choses peuvent amener une réprimande ! La machine a été mal réglée par le régleur ; un outil est en mauvais acier ; des pièces sont impossibles à bien placer : on se fait engueuler. On va chercher le chef à travers l’atelier pour avoir du boulot, on se fait rembarrer. Si on avait attendu à son bureau, on aurait risqué une engueulade aussi. On se plaint d’un travail trop dur ou d’une cadence impossible à suivre, on s’entend brutalement rappeler qu’on occupe une place que des centaines de chômeurs prendraient volontiers. Mais pour oser se plaindre, il faut véritablement qu’on n’en puisse plus. Et c’est ça la pire angoisse, l’angoisse de sentir qu’on s’épuise ou qu’on vieillit, que bientôt on n’en pourra plus. Demander un poste moins dur ? Il faudrait avouer qu’on ne peut plus occuper celui où on est. On risquerait d’être jeté à la porte. Il faut serrer les dents. Tenir. Comme un nageur sur l’eau. Seulement avec la perspective de nager toujours, jusqu’à la mort. Pas de barque par laquelle on puisse être recueilli. Si on s’enfonce lentement, si on coule, personne au monde ne s’en apercevra seulement. Qu’est-ce qu’on est ? Une unité dans les effectifs du travail. On ne compte pas. À peine si on existe.
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Il s’agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d’oser enfin se redresser. Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes, pendant quelques jours. Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange.
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Joie de trouver tant de sourires, tant de paroles d’accueil fraternel. Comme on se sent entre camarades dans ces ateliers où, quand j’y travaillais, chacun se sentait tellement seul sur sa machine ! Joie de parcourir librement ces ateliers où on était rivé sur sa machine, de former des groupes, de causer, de casser la croûte. Joie d’entendre, au lieu du fracas impitoyable des machines, symbole si frappant de la dure nécessité sous laquelle on pliait, de la musique, des chants et des rires.
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Se tenir debout. Prendre la parole à son tour. Se sentir des hommes, pendant quelques jours. Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange.
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Dès qu’on a senti la pression s’affaiblir, immédiatement les souffrances, les humiliations, les rancœurs, les amertumes silencieusement amassées pendant des années ont constitué une force suffisante pour desserrer l’étreinte. C’est toute l’histoire de la grève. Il n’y a rien d’autre.
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