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Lancedragon - La trilogie des Ch... tome 1 sur 3

Dominique Mikorey (Traducteur)
EAN : 9782265058637
379 pages
Fleuve Editions (27/08/2005)
3.85/5   202 notes
Résumé :
1.01, cycle des Chroniques de Lancedragon
Fleuve Noir #1
L'Histoire des dragons vol.1

La saga mythique est de retour

Amis de longue date, ils on suivi des chemins différents. Les voilà de nouveau réunis, mais tous gardent en leur cœur des secrets qu'ils ne peuvent révéler. Ils parlent de l'ombre qui s'étend sur la monde et de rumeurs de guerre ; de légendes peuplées de monstres étranges et de créatures mythiques ; mais pas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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sur 202 notes
Commençons par le commencement : au départ "Dragonlance" est un produit TSR, un jeu de rôle de la gamme AD&D, appelée aussi Donjon et Dragon. Malgré le scepticisme de leur direction, Tracy Hickman et ses collègues proposent d'éditer des romans en parallèle des jeux (e(en plus des nouvelles déjà publiées dans le magazine "Dragon", connu sous le nom de "Dragonmagazine" hors des USA). Pour les preneurs de décisions cela ne sert à rien, et de toute façon cela serait trop compliqué à lire pour le public cible : bouffons, on n'écrit pas de la même manière pour les enfants de l'entre-deux-guerre et pour les adolescents des années 1980 ! Encore des visionnaires, puisque si les 16 modules de jeu d'origines ne sont aujourd'hui plus que des objets de collection (bien qu'ayant été suivis d'environ 50 suppléments), il a été écrit plus de 200 romans autour de la saga Dragonlance et du monde de Krynn qui ne sont vendus à des millions et des millions d'exemplaires...

Dans "Dragonlance" nous sommes dans le monde de Krynn, et depuis Cataclysme qui vit il y a trois siècles la chute d'une montagne de feu sur l'Empire d'Istar les dieux ne répondent plus aux mortels (post apo SF = plus de technologie, post apo Fantasy = plus de miracles et/ou de magie). Et alors que les Questeurs tentent d'imposer un nouveau culte avec de nouveaux dieux, Takhisis la Reine débarque à son tour pour conquérir le monde et le transformer à son image... Mais c'est sans compter sur le code gandalfien qui recrute une communauté pour la contrecarrer !
C'est de la easy fantasy, et au-delà de la nostalgie c'était plutôt cool et fun. La spécificité du jeu "Dragonlance" par rapport aux autres produits AD&D, c'est qu'on incarne pas un personnage que l'on a créés soi-même mais des personnages déjà créés qui ont un vécu et un passé (et les auteurs ont plus conçu la saga comme une pièce de théâtre que comme un jeu, ce qui a ses qualités au niveau des dialogues mais aussi ses défauts au niveau des scènes d'action) : les membres de la communauté de l'Auberge du Dernier Refuge sont déjà des aventuriers et ils ont déjà bourlingué, donc on a tout de suite des dialogues bien enlevés (et pour ne rien gâcher Tracy Hickman est un fanboy des "Trois Mousquetaires" d'Alexandre Dumas) qui nous les font découvrir eux et leur dynamique de groupe, au lieu de se coltiner la sempiternelle phase d'apprentissage et ses passages forcés... Et il y a dire avec Tanis le tourmenté, partagé entre ses ascendances humaine et elfique, Sturm qui face à un présent déplaisant se réfugie dans un passé rêvé, les rouspétages du nain querelleur, la kleptomanie maladive du semi-homme, les sarcasmes cyniques du sorcier qui ne manque pas de railler ses compagnons qui eux le soupçonnent constamment de flirter avec le Côté Obscur, mais qui est toujours défendu bec et ongles par son frère jumeau guerrier quand il ne s'écrie pas « baston ! » avant de s'élancer au combat... J'ai découvert la trilogie d'origine à travers une version director's cut et le malking off réalisé par les auteurs est plein d'anecdotes amusantes, alors j'ai plus lu en mode 2e degré qu'en mode 1er degré et j'avais en tête les voix des personnages du "Donjon de Naheulbeuk" ^^


Mais il y a des trucs qui ont gâché mon plaisir, et pas qu'un peu :

1) le tolkienisme de la fantasy yankee !
Je ne me suis longtemps demandé pourquoi la fantasy américaine reprenait, copiait et singeait Tolkien encore et encore alors que la fantasy anglaise a depuis longtemps tourné la page... le monde entier a connu la tolkienmania dans les années 1960 et 1970, mais aux USA elle n'a jamais cessé car les messages religieux de Tolkien répondent aux préoccupations religieuses des américains (une telle idolâtrie pour un catholique venant d'anti-papistes aussi convaincus, c'est cocasse ^^) : le calvaire de Frodon, c'est le calvaire du Christ, et puis dans le "Silmarillion" il y a les hommes qui se détournent des dieux, et pèchent par orgueil avant d'être punis par le feu du ciel... Entre la christian fantasy de l'école mormone et la christian fantasy de l'école évangéliste, le parcours de la fantasy américaine est complètement miné pour un lecteur athée ! (voir point 3)
Bon, ici on reprend l'univers, les thèmes, les situations, les scènes, les personnages et même les citations de Tolkien (il faudrait écrire une thèse lister tous les repompages tellement ils sont nombreux et variés)... le code gandalfien (Fitzban), le ranger sang-mêlée de noble ascendance (Tanis / Tanthalas, qui trouve forcément un épée magique en passant sous les montagnes), le chevalier humain issu d'un nation naguère glorieuse mais aujourd'hui en déclin (Sturm), le nain bougon (Flint Forgefeu), le semi-homme trop curieux pour son propre bien (Tasslehoff Raclepieds qui trouve forcément une dague magique en passant sous les montagnes), mais aussi le prince elfe qui accompagne la communauté (Gilthanas), la princesse elfe qui voudrait accompagner la communauté (Lauran) et le souverain elfe qui préférerait fuir plutôt que combattre (Solostaran). Et pour ne rien gâcher les pièces rapportées à ce tolkienisme sont les jumeaux Caramon et Raistlin, pastiches de Conan et Elric, et les Lunedor et Rivebise les Amérindiens WASP archétypes de romans à l'eau de rose... Sinon on retrouve bien sûr les artefacts magiques (les orbes draconniques remplaçant les anneaux de pouvoir), le grand méchant millénaire (Takhisis remplaçant Sauron), prophétie qui dit à l'élu des dieux comment vaincre... Heureusement qu'on remplace les peaux-vertes par les draconiens qui nés par sorcellerie meurent pas sorcellerie (pétrification, liquéfaction, explosion...), cela amène un différenciation bienvenue !
Mais cela bien plus loin, car si j'ai bien compris il existe aux États-Unis des ateliers d'écriture qui t'apprennent à écrire comme Tolkien, dont ici on suivrait le cahier des charges à la lettre... Donc parmi tant d'autres choses à suivre absolument, il faut ancrer fermement l'histoire dans le passé pour rendre le monde secondaire réel : du coup on multiplie les légendes, les mythes, les poèmes, les chansons et les descriptions des ruines du passé mais au bout du tome 1 impossible de savoir le moindre truc sur la situation présente du monde de Krynn (quels peuples, quels nations, quelles religions, quels conflits, quels niveaux de technologie... on ne sait rien de rien !!!) A force d'ancrer l'histoire dans le passé on ne connaît plus rien du présent et c'est super chiant ! A un moment les héros se servent des légendes du passé comme GPS et j'ai soupiré : pourquoi cela marche chez Tolkien et pas chez les plagieurs ? Parce que Gandalf, Sauron et tutti quanti sont tellement vieux qu'ils ont vécu les événements racontés dans les chansons de geste qui leur servent de pense-bête !!!

2) le romantisme de Margaret Weis !
Ah ça, la saga est truffées de romances, à tel point que le recueil de nouvelles "Guerre et Amour sur Krynn" c'est très très bien vendu (et qu'au départ il y avait aussi "Heartquest", une Romance Dont Vous Êtes L'Héroïne ^^)... Je n'ai rien contre les romances en général et les romances SFFF en particulier, mais les scènes 100% Barbara Cartland qui s'insère entre deux passages à la Tolkien ça fait trop bizarre ! Déjà rien que la princesse barbare fière mais fragile qui joue au je t'aime moi non plus à avec son amant roturier aux bras puissants et au coeur vaillant, bonjour les gros clichés du genre ! Et puis attention, veillent au grain les Mormons : pas de sexe avant le mariage, et les embrassades ne sont tolérés que pour ceux qui sont de longue date fiancés... Soupirs...

3) le mormonisme de Tracy Hickman !
Il est un membre zélé et prosélyte des de Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, et il ne cache aucunement utiliser ses romans pour prêcher les messages de sa religion (qui passent essentiellement par des scènes de guérisons miraculeuses comme dans les récits de saints et de martyr des premiers temps du christianisme). Certains points du récit ou du wordbuilding n'existent que pour les placer, et on sent bien que les forts sont ceux qui ont la foi parce qu'ils ont les réponses et les faibles sont ceux qui n'ont pas la foi parce qu'ils n'ont que des questions sans réponses... Donc si les individus et les peuples veulent être protégés du mal, ils n'ont qu'à retrouver la foi et prier que Dieu le protège du Mal... On est au 3e millénaire, et on en est encore là : prier pour que super-papa nous disent quoi faire et nous protège des autres et de nous-mêmes qu lieu de se prendre en main et de construire son destin des ses propres mains... Que c'est triste, et on retrouve cette idéologie religieuse très / trop souvent dans la fantasy yankee (élu, prophétie et tutti quanti) !


Parlons quand même un peu plus en détail de ce tome inaugural de la saga, "Dragons d'un crépuscule d'automne" qui est découpé en deux parties qui recoupent les modules de jeu "Dragons of Despair" et "Dragons of Flame".
Dans la 1ère partie le code gandalfien réuni sa Communauté pour contrecarrer les plans du méchant millénaire, et tout le monde se retrouve à la ville sylvestre de Solace à l'Auberge du Dernier Refuge... Sauf Kitiara qui n'est dans ce tome 1 qu'un fantôme qui hante ses demi-frères et son amant, avant d'être remplacée par la flamboyante rousse Tika Waylan car on apprendra ensuite que SPOILER. Mais tout le monde est à la recherche d'un bâton de cristal bleu (pourquoi ? OSEF !), et la Communauté tombe dessus quand elle rencontre les Amérindiens WASP Lunedor et Rivebise (d'où vient-il ? OSEF ! comment l'ont-il obtenu ? OSEF ! Ou plutôt pourquoi Rivebise a-t-il accompli une grande Quête du Graal pas claire du tout pour trouver l'objet de sa quête juste de l'autre côté des montagnes qui bordent sa terre natale... McGuffin ou Deux Ex Machina ? ^^). Les sbires des théocrates corrompus qui semblent avoir le vent en poupe depuis qu'ils sont en affaire avec de mystérieux étrangers encapuchonnés lancent leurs sbires menés par le dénommé Crapaud à leurs troussent, et s'ensuit une cavale à travers mont et vallées et une succession de péripéties tolkiniennes à laquelle il faut ajouter des licornes et des pégases girlies. Les héros tombent sur une armée d'invasion du Mal (ah oui, il y avait des rumeurs de guerre dans le nord... Soupirs...), et une prophétie leur dit d'aller à dans les ruines de Xak Tsaroth pour récupérer les disques de Mishakal (Pourquoi faire ? Pour raviver la flamme de la foi et ramener les ouilles dans le giron de la vraie religion... Soupirs...). J'avoue que la fin de la première partie est particulièrement décevante : dans mes souvenirs le donjon de Xak Tsaroth et la combat contre le dragon noir Khisanth étaient épique, alors que là c'est une escarmouche, un Deus Ex Machina et la destruction du repaire du méchant dans la plus grande tradition yankee... Par contre on n'oublie pas le cahier des charges tolkienien, les romances à l'eau de rose, et les messages religieux mormons !
Dans la 2e partie, c'est retour à la case départ car les héros retourne à Solace donc à la case départ, et dans la ville détruite par l'armée d'invasion du mal conduite par le Seigneur Dragon Verminaard (alias le père caché de Galbatorix ^^) et son dragon rouge Ambre / Pyros (waouh bravo l'originalité). le héraut de la reine des ténèbres m'a bien fait penser au sorcier maléfique du "Donjon de Naheulbeuk" en passant son temps à humilier Crapaud qu'il trouve amusant alors que dans son dos Ambre / Pyros censément sa monture et son subordonné applique les plans que leur maîtresse commune n'a pas cru bon de lui confier... Toujours est-il que le code gandalfien veille au grain sous l'identité du magicien fou Fizban, donc les héros capturés sont épargnés et libérés par la résistance elfe sur le chemin des mines de Pax Tharkas. Telenova elfique au Qualinesti, et nos héros décident de libérer les réfugiés humains devenus esclaves pour créer un second front et empêcher la chute du royaume elfe. Durant la traversée de la Moria bis, il devient clair qu'il y a un traître parmi les héros : est-ce Raistlin qui passe son temps à railler et à critiquer tout le monde (mdr la crise d'ado à la Sasuke de "Naruto" qu'il nous fait : « Ouin, personne ne m'aime... Ouin, personne ne me comprend... J'ai toujours été faible et je veux plus de pouvoir pour me venger des moqueries que j'ai subies quand j'étais petit ! »), Gilthanas l'ami d'enfance de Tanis qui a miraculeusement survécu à ses compagnons d'armes massacrés par les méchants, ou la pièce rapportée Eben qui en sait beaucoup trop pour être honnête et qui chaque nuit quitte le groupe pour aller on ne sait où ? le suspens est insoutenable ! ^^
Verminaard et son dragon rouge intriguent l'un contre l'autre (foreshawing au sujet du dénommé Berem Everman ^^), Fizban et Tass jouent aux espions, et le reste de la Communauté joue aux résistants : les hommes ne peuvent se rebeller parce que les femmes sont tenues en otages, et les femmes ne peuvent se rebeller parce que les enfants sont tenus en otages... Quand Frappeflamme / Matafleur la vieille dragonne zinzin traumatisée de guerre prend le parti des enfants, la donne change et a lieu la bataille finale en dépit de la trahison du traître... Les rebelles gagnent, il y a une grande fête et un beau mariage, et on n'oublie pas le cahier des charges tolkienien (mention spéciale à cette histoire de plume, qui reprendra de fort jolie manière Michael J. Sullivan dans "Les Révélations de Riyria"), les romances à l'eau de rose et les messages religieux mormons ! Allez zou, direction le tome 2 pour (re)découvrir la suite de la saga ^^


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
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Dragonlance, c'est une série de romans sortis à partir de 1985 et accompagnant des modules (le nom qu'on donnait aux aventures du jeu de rôle Dungeons & Dragons, à l'époque) se déroulant dans un monde, Krynn, où les dieux sont absents car rejetés par ses habitants suite à un énorme Cataclysme, ce dont vont profiter les dragons maléfiques pour envahir tout un continent. La saga consistera alors à jouer (pour les modules de D&D) ou lire (pour les lecteurs des romans) un groupe (communauté) d'apprentis héros recherchant des (anneaux) armes mythiques, les LanceDragons (d'où le titre, hein), pour abattre le Mal. Rien de très original, donc, mais un univers assez atypique quand même, où les dragons et leurs dérivés (des hommes-dragons aux capacités parfois surprenantes) sont omniprésents dans une ambiance post-cataclysmique. Et un lancement en parallèle d'aventures, des modules mais aussi de produits dérivés, figurines, calendriers, livres d'art etc… qui a fait les beaux jours des rôlistes et du compte en banque de l'éditeur du jeu.

Devant le succès de la série, les 12 modules d'origine ont été portés à 16, de quoi jouer une campagne de grande ampleur et lire des tonnes de romans de qualité et d'intérêt variable. Sur les quasiment 200 (!) romans sortis entre 1985 et 2006 aux USA, 73 (re-!) furent traduits par Fleuve Noir entre 1996 et 2006, et souvent largement amputés voire charcutés pour des contraintes économiques,. Puis Milady/Bragelonne en publia une vingtaine entre 2009 et 2011, dont quelques inédits, avant que le soufflé ne retombe, même si de nouveaux tomes se profilent pour 2022. La saga principale – et à lire a minima si on veut découvrir l'univers – est composée d'une trilogie (original, non ?), Les Chroniques de Dragonlance, dont Dragons d'un Crépuscule d'Automne est le premier tome. La maison Xapur ne reculant devant aucun sacrifice, j'ai donc lu la version de 2009, comparé avec celle de 1996 dont les pages jaunissaient tranquillement sur une de mes étagères, relu également l'adaptation en bandes dessinées parue à l'époque chez Milady Graphics (en 4 tomes) et en bonus parcouru les deux premiers modules de D&D numérotés DL1 et DL2, qui correspondent à ce premier tome et sont titrés respectivement Les Dragons du Désespoir et Les Dragons des Flammes (tous les noms des modules comportaient « dragons » dans le titre). On ne pourra pas dire que je ne fais pas d'efforts pour contenter mon lectorat ! Mon but avoué n'étant pas de retrouver des qualités littéraires spécifiques à cette saga, ne rêvons pas, mais plutôt de me documenter afin de préparer à terme (2022 ?) une petite campagne de D&D dans le monde de Krynn.

Dans ce premier tome, Dragons d'un Crépuscule d'Automne, on découvrira donc cet univers ravagé par la guerre, alors que les troupes de Takhisis (une des incarnations possibles de Tiamat, la déesse dragon de D&D) déferlent sur les terres des humains et les forêts des elfes. A l'époque, les règles d'Advanced Dungeons and Dragons s'appliquent (comme dans Baldur's Gate, pour les nostalgiques) et on les retrouvera assez facilement dans le récit, notamment pour les sortilèges, avec des fireball (boule de feu) ou feather fall (feuille morte), sleep (sommeil), web (toile d'araignée) etc… Les héros sont nombreux puisqu'il s'agissait de laisser du choix aux joueurs des modules parmi les personnages prétirés disponibles et de représenter les principales races et classes du jeu. On trouvera donc Tanis le demi-elfe ranger, Sturm le chevalier solamnique (paladin de Krynn), Rivebise le barbare des plaines et sa compagne Lunedor (qui va rapidement devenir prêtresse), Flint le vieux guerrier nain forcément, Tasslehoff le kender (une variante locale de hobbit facétieux voire pénible à la longue), Caramon le guerrier un peu naïf et Raislin le mage souffreteux et attiré par le Mal. Et bien d'autres qui se rajouteront en cours de route – mais je vous en fait grâce ! Chacun a son caractère, ses aspirations et est plus ou moins bien détaillé au cours de l'aventure, certains (Tanis, Raistlin, Sturm) étant plus mis en avant que les autres (Rivebise, Caramon).

Jetés sur la route à cause des forces ennemies qui déferlent depuis les terres du nord, les héros se rendent dans la cité en ruines de Xak-Tsaroth où ils trouvent des artefacts prouvant le retour des dieux de Krynn, oubliés depuis des siècles mais toujours présents pour qui sait bien regarder. L'occasion de faire un petit donjon avec un joli dragon au bout ! Puis ils sont forcés de fuir vers le Qualinesti, la patrie des elfes sylvains, eux aussi obligés de quitter leurs terres à cause de l'avancée des dragons. Enfin, direction la forteresse de Pax-Tharkas où, après un passage secret dans des anciennes tombes elfes soigneusement dissimulées, il faudra délivrer des centaines d'humains exploités dans les mines par l'armée des dragons, avec pas moins de deux spécimens rouges à combattre sur le chemin !

Après une version parue chez Fleuve Noir qui était assez pauvre du point de vue style (et comptait 379 pages), sabrant dans les descriptifs, les dialogues et les chansons, je pensai que la version Miladybragelonne serait plus fournie et mieux écrite (576 pages, quand même !). Las, ce n'est guère le cas, je crois tout simplement que c'est le style des auteurs qui est assez pauvre, et la traduction, même reprise et plus complète que celle d'origine, n'aide guère (il manque aussi, au moins, une bonne relecture). Qui plus est, certains raccourcis narratifs sont assez surprenants. Un héros que l'on croit mort revient à la vie quelques pages plus loin mais cela ne surprend guère ses compagnons qui ne s'en émerveillent pas. Des preuves du retour des dieux s'accumulent dans une certaine indifférence (à part le fait de profiter des soins d'un bâton magique, c'est toujours ça de pris, me direz-vous !). Un personnage étrange et puissant, le magicien fantasque Fizban, se joint au groupe sans y être invité et sans que la moindre méfiance ne s'installe alors que ses motivations sont plus que confuses… Et dans le même temps, certains passages « donjonesques » s'étirent en longueur, alors qu'ils sont assez mal écrits (j'ai connu des comptes-rendus de jeux de rôle narrés par des amateurs bien plus passionnants que certaines parties de ce roman). La lecture simultanée des modules explicite les choses quand on compare le parcours et les cartes des donjons, mais le roman aurait pu faire des ellipses sur certains passages purement ludiques et difficiles, voire surtout inutiles, à transposer.

Les relations inter-personnages sont elles aussi souvent forcées, liées au leadership que se disputent les héros ou aux différences de race, et tendent même un peu vers la mièvrerie quand les amours s'en mêlent (pas encore trop pour le couple de barbares des plaines Lunedor et Rivebise mais surtout pour ceux de Tanis et Laurana ou de Caramon et Tika). On comprend aussi à la lecture que des pans entiers de la vie des héros sont occultés et ne sont évoqués que par des allusions car ils ont fait l'objet de romans dérivés, dans une frénésie de publications comme on n'en a rarement vue. Chaque héros ou petit groupe a en effet eu son ou ses livres dédiés, les plus connus étant Caramon et Raislin dont la Trilogie des Légendes est la seconde la plus conseillée pour les amateurs, après celle des Chroniques. Heureusement, il y a des touches d'humour assez réussies avec le personnage du vieux magicien gaffeur Fizban (absent des modules D&D), grand ami de Tass le kender dans les poches duquel de multiples objets finissent toujours par arriver « à l'insu du plein gré » de leurs possesseurs ! Ou encore les nains des ravins qui apportent une aide inattendue aux aventuriers.

Ajoutons à tout cela les multiples empreints à Tolkien et l'on comprendra qu'il faut une certaine indulgence et/ou une nostalgie carabinée pour s'intéresser à cette histoire très classique, sauvée quand même par son univers (un continent dévasté par des hordes de dragons et de draconiens, ça fait toujours son effet) et quelques passages réussis. Je ne peux cependant que conseiller à ceux qui ont lu Dragonlance il y a des décennies de rester sur leurs (bons ?) souvenirs, orienter les autres lecteurs mais des sagas de meilleure qualité, et peut-être ne réserver cette longue aventure qu'aux plus motivés. En ce qui me concerne, je vais donc lire les deux autres… 😉
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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Que dire? Ce fut le premier roman de ce long cycle que je lu, j'avais 14 ans et il venait de sortir en gros format (à l'époque, CARRERE/Hachette) sous le titre curieux de "l'histoire des dragons"-je dis "curieux" car ce n'était pas le titre d'origine, la traduction était de ce fait bizarre. le format m'avait accroché (gros bouquin=beaucoup d'heures de lecture) et surtout surtout l'illustration de couv, pas exactement la même que celle du visuel visible, qui est celui de l'édition fleuve noir-même artiste mais moins joli, c'est déjà un "remake". Sur la couverture on voyait trois personnages qui posaient comme pour une photo : deux guerriers à l'air pas commode, une jolie amérindienne aux cheveux blonds. A l'époque, je découvrais également le jeu de rôles (Donjons et Dragons) et le sous-titre de l'édition CARRERE était "par le créateur du célèbre jeu de rôles donjons et dragons". Il n'en fallait pas plus pour me convertir... et je me convertit. L'histoire, classique, prend place dans un monde médiéval fantastique dont la caractéristique principale est qu'il n'y a plus de dieux, si ce n'est des faux, donc plus de guérisseurs véritables. Les dragons ne sont que des légendes et une bande de potes se retrouve dans une auberge après cinq ans de séparation. D'autres critiques ont largement aussi bien résumé les membres de cette troupe, les "compagnons de l'auberge". Ne nous voilons pas la face, ce sont aussi des clichés des archétypes du jeu de rôles de l'époque, mais au moins chacun a sa petite touche perso : Tanis le demi-elfe, beau gosse barbu (cache son métissage sous sa barbe) et chef officieux de la troupe, oscille entre guerrier et rôdeur : Sturm, jeune homme de la noblesse qui revient de ces 5 années avec l'armure de son pôpa, donc qui se dit chevalier(le volume 2 nous apprendra quelques petites choses à son sujet) ; Flint le nain râleur, également guerrier de son état (dans des volumes très postérieurs, on saura qu'il était artisan à la ville);Tass Raclepieds, le semi-homme(dans cet univers on dit "kender"parce qu'on peut pas dire "hobbit", ce sont les semi-hommes locaux), kleptomane par nature... donc voleur de profession, ça tombe sous le sens ; les jumeaux Caramon et Raistlin ; le premier est un guerrier de carrure massive, grand coeur, amical, mais qui ne réfléchit pas beaucoup. le second est un magicien à la personnalité exécrable, en mauvaise santé et dont les yeux ont subi une curieuse malédiction.
Tout ce petit monde va rencontrer un couple de barbares qui ont fui leur tribu, entendons par là un copier-coller de culture amérindienne : la femme se nomme Lunedor, l'homme Rivebise (Riverwind en anglais, jamais compris pourquoi Carrere, puis Fleuve noir puis Milady avaient gardé cette traduction que je trouve nulle mais passons). Ils ont avec eux, ô miracle, un mystérieux bâton aux pouvoirs de guérison, qui va leur attirer des tas d'ennuis : en vrac, fuite en catastrophe de l'auberge et de leur joli patelin situé dans les arbres, exploration d'une ville en ruines immergée qui abrite un dragon noir, un vrai vilain sorti des légendes (et qui garde une autre relique sacrée, des "disques" sur lesquels sont inscrits une bonne parole divine-à mon avis une bête tablette de pierre aurait aussi bien fait l'affaire), puis pouf repassent par leur ancien chez eux cramés par... des dragons ; font une halte chez les elfes qui habitent pas loin dans leur joli ville cachée (dans la forêt, sinon ce ne sont plus des elfes), puis vont délivrer des otages humains gardés dans une forteresse à flanc de montagne.
C'est l'intrigue en mode super accéléré que je vous livre, cela se déroulerait aujourd'hui comme une partie de jeux de rôles "old school" ; d'autres personnes ayant fait d'excellentes critiques sur ce premier volume disaient qu'on entend les dés rouler (comme dans une partie de jeu de rôles) et c'est plutôt vrai ; les clichés sont présents à la pelle (chevalier à la morale rigide, magicien qui trempe du côté du mal, elfes ethnocentrés et racistes, nain râleur, ect), MAIS cela avait du charme à l'époque. Parce que les personnages étaient quand même assez fouillés, du moins on avait envie de savoir ce qui les attendait par la suite, ils étaient plus que le plaquage de bêtes feuilles de personnage. Ils étaient liés par des liens d'amitié ou d'estime réciproque qui rendait le groupe plus crédible, avaient chacun une histoire (je passe sur le couple de barbare, à mon avis, l'intrigue aurait très bien pu se passer d'eux) et je me suis surprise à l'époque à me demander où étaient passés ces fichus anciens dieux qui étaient "partis". D'autant que tout au long du livre, plane la menace sous-jacente d'une invasion par une mystérieuse armée constituée de dragons stationnés quelque part dans un nord hypothétique, avec de vilains affreux généraux à leur tête - ce qui se vérifie dans la deuxième partie, quand leur village natal dans les arbres est quasi détruit.
Il y a eu deux suites à ce cycle (connu aujourd'hui sous le cycle des "chroniques") , chroniques d'hiver et chroniques de printemps qui clôturent cet arc narratif ; et des tas d'autres cycles après. Ce n'est pas le meilleur tome car rien que les deux suivants sont de meilleure facture, mais il fut le précurseur à toute une saga littéraire qui compte énormément d'ouvrages. A l'époque, c'était innovant car la gamme des jeux de rôles se développait en même temps que le récit de fiction - on pouvait lire le roman et jouer les persos lors de parties de jeux... enfin, dans la théorie, car les produits de jeux étaient déjà extrêmement durs à trouver à l'époque, peu de boutiques les vendaient et c'était très cher. La série fictionnelle a fini par voler de ses propres ailes et a rencontré un joli succès. C'est à lire pour voir des caractères de personnages bien croqués et plus fouillés qu'il n'y parait. Bien sûr, la série a vieilli (sauf erreur, première parution vers 1987 en France) et ce volume pas très bien-moins bien que les deux autres. La première traduction était assez bonne (carrere), la deuxième beaucoup moins (fleuve noir), non en raison de la compétence du traducteur mais parce que la version poche exigeait qu'on fasse des coupes franches dans le texte ; la troisième (milady) s'apparente plus à la première.
Pour conclure, ce volume a ouvert une porte à une époque où la littérature fantasy était beaucoup moins foisonnante que maintenant. Aujourd'hui, je rêverais d'un "remake" ou d'un "reboot". Au fil du temps, les auteurs ont gagné en maturité, je pense que ça pourrait être pas mal. Concernant mon humble personne, ce livre a façonné mon amour de la fantasy et du jeu de rôles ; Il est peut-être un peu suranné mais il trône en bonne place dans ma bibliothèque , 32 ans après sa découverte. Je ne pouvais inaugurer mon abonnement à BABELIO qu'avec ce livre.
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Les chroniques de DragonLance a été coécrit par Margaret Weis et Tracy Hickman des suites d'une partie de Donjons et Dragons qu'elles auraient disputées avec des amis. le premier tome paraît donc en 1984, la version que j'ai entre les mains étant une intégrale augmentée de commentaires des deux autrices et / ou de passages de leurs camarades de jeu.

Mon résumé
Alors que la population s'est détournée des anciens dieux, le Valeureux Guerrier – Paladine, le Dragon de Platine – et Takhisis la Reine des Ténèbres – le Dragon aux Cinq Têtes, Reine de Toutes les Couleurs et d'Aucune – descendent sur Krynn pour s'affronter. Là haut dans le ciel, deux constellations manquent à l'appel et figure un trou béant révélant un noir d'encre.
Se rassemblant quelques années après s'être séparés une joyeux équipée se retrouve dans une auberge isolée du monde… jusqu'à ce que le monde les rattrape. Embarqués dans une aventure dont ils ne ressortiront pas tous indemnes nos héros n'ont d'autre choix que livrer bataille… ou mourir.

Mon avis
Le premier tome date de 1984 et s'inspire de Donjon et Dragons lui même inspiré de Tolkien, le scénario est donc aujourd'hui vu et revu par bon nombre de romans de fantasy MAIS il a tout de même un quelque chose qui me le fait de suite placer dans mon top 10 des romans à connaître en Fantasy.

Les chroniques de DragonLance : un objet avant une histoire


La première chose que l'on remarque lorsque l'on tient l'intégrale collector de DragonLance… c'est son poids. La petite bête pèse tout de même plus de 1, 4760 kilo pour 1312 pages. Ensuite bien entendu c'est l'ouvrage ! Recouvert d'une matière synthétique imitant l'écaille de dragon, un marquage à chaud rouge et doré sur la lance de dragon et les écritures, les pages elles-mêmes dorées… Y a pas à dire, c'est beau. Et quand on tient un bel objet c'est d'autant plus aisé de se plonger dans cet univers.

L'intégrale collector contient également une carte sur les pages de garde et un livret de quelques illustrations. Il a également été mis en page de telle sorte de pouvoir laisser de la place dans les marges pour les annotations et commentaires des autrices et de leurs camarades. le joli ruban rouge pour marquer la page vient clôturer l'éloge de ce roman. Parce que outre qu'être une jolie brique, Les chroniques de DragonLance conte tout de même une histoire.

Le scénario : classique mais impressionnant


Le scénario semble entre guillemets assez classique. La méchante Reine des Ténèbres est descendue sur Terre dans l'espoir de faire pencher l'équilibre du monde vers le mal, le chaos et la destruction. Et on ne comprend finalement pas très bien ses intentions. Alors qu'elle semble la grande antagoniste de l'histoire elle reste très effacée derrière ses généraux.

Pour lui faire face : une équipe de bras cassés qu'on avait absolument pas prévenus qu'ils allaient faire partie de la plus grande aventure de tous les temps et qu'ils deviendraient des légendes, se retrouve dans une auberge. Nous avons donc :
– Tanis, le Demi-Elfe, qui est le chef de cette petite assemblée, non pas nécessairement parce qu'il le désire mais parce que tous lui font confiance. (rôdeur / elfe)
– Raistlin (mage / humain) et Caramon (guerrier/humain), les jumeaux que tout oppose. L'un Mage d'une puissance grandissante mais d'apparence chétive et de constitution faible. L'autre une masse de muscle et de tendresse, parfois un peu bête mais toujours soutenant son frère.
– Flint Forgefeu (guerrier / nain) le nain grognon et taciturne, qui, même s'il a quelques griefs contre les elfes, les gobelins et les kenders semble plutôt enclin à supporter Tanis et…
– … Tasslehoff Racle-Pieds, le petit kender voleur (voleur / kender).
– Pour finir Sturm, de l'ordre des Chevaliers de Solmanie qui pourrait finalement représenter le Paladin des JDR.
A cette bande d'amis qui se connaissent depuis leurs précédentes aventures, s'ajoutent deux autres personnes, deux barbares des plaines qui, si on y réfléchit bien, sont en partie à l'origine de tout ce qu'il leur arrivera par la suite.

Une fois que le scénario est posé, le roman n'est pas bien difficile à suivre. Il a un rythme plutôt lent et contient quelques ellipses, mais dans l'ensemble les multiples rebondissement tantôt épiques, dramatiques ou comiques en font un roman qu'il est aisé de lire. Chaque fin de roman se finit sur un petit cliffhanger qui nous laisse immédiatement sur notre faim. Des trois c'est sans doute le seconde tome avec lequel j'ai eu le plus de mal, sans doute par sa position finalement. La première partie installe l'intrigue, les personnages et leurs comportements. Alors que la seconde se pose plus en « évolution », semblant attendre la troisième pour exploser.
Ce que j'ai beaucoup aimé et qui fait pour moi la force remarquable du genre c'est la trame. Il n'y en a pas qu'une qui partirait en ligne droite, non elles sont multiples et oscillantes, se croisant, se décroisant et on avance, lecteurs, avec le sentiment grandissant que tout est lié. Certains passages nous laissent perplexes, et alors que nous sommes près du but, attendant que le personnage détenant la clé de l'énigme nous la donne… le voilà qui disparaît enterrant son secret avec lui. C'est un roman qui m'a souvent beaucoup frustrée je dois dire !

Surtout que l'équipe s'agrandit, se délite, et chaque page laisse la place à chaque personnage. Si Tanis, étant le personnage « chef » du scénario est davantage mis en avant, chacun a le droit à son propre point de vue, et parfois même ses propres aventures.

(Dans cet extrait Tass explique pourquoi il n'a pas retrouvé le corps du vieux magicien Fizban qui oublie toujours tout et qui semble toujours être là où on s'y attend le moins)

« — […] Nous allions mourir. C'était une chute d'au moins vingt mètres (le nombre augmentait chaque fois que Tass racontait cette histoire) et vous étiez en dessous de moi. Je vous ai entendu lancer un sort…
— Tout à fait, je suis plutôt un bon magicien, tu sais…
— Euh… en effet, balbutia Tass avant de poursuivre précipitamment. Vous avez lancé ce sort, chute de plume, ou quelque chose dans le genre. Quoi qu'il en soit, vous n'avez prononcé que le premier mot, « chute » et soudain (le kender écarta les bras, et la crainte pouvait se lire sur son visage tandis qu'il se souvenait de ce qui s'était passé), et il y eut des millions et des millions de plumes de poulets…
— Et que s'est-il passé ensuite ? demanda le vieil homme en donnant une bourrage à Tass.
— Oh, euh… c'est là où … ça devient confus dit Tass. J'ai entendu un cri puis un bruit sourd. En fait, ça ressemblait davantage à un bruit d'éclaboussure. Et j'ai p…p…pensé que l'éclaboussure, c'était vous.
— Moi ? s'indigna le vieil homme. Une éclaboussure ! (Il lança un regard noir au kender.) Mais je n'ai jamais éclaboussé de ma vie ! »



L'amour et la poésie : maîtres incontestés de l'espoir
A ce scénario épique dont je ne peux guère trop vous en révéler, chaque petits détails conduisant immédiatement à une révélation, s'ajoutent une donnée très importante : l'amour. Parce que si Les chroniques de DragonLance parle bien entendu de combats épiques, de guerre et de chaos il parle aussi d'amitié, d'évolution et d'amour. Et je trouve ça beau. Littéralement.

Parce que ce n'est pas de la romance, ce n'est pas amené de manière directe mais par petite dose, par le couple fard représenté par l'Homme des plains et Lunedor, par les tiraillements de Tanis entre humanité et royaume elfique, par la relation étrange et touchante entre Flint et Tass ou encore par ce lien indéfectible et tordu qui unit des frères que tout sépare. C'est dans les mots. C'est la poésie qui ponctue le roman

« Les prairies sont fanées,
Et l'automne est là.
La fille rejoint son amant,
Sous les jets de pierre.

Une lumière bleue embrase le bâton
Et tous deux disparaissent :
Les prairies sont fanées et l'automne est là »

Dans la fantasy, et plus particulièrement dans l'héroic fantasy il y a deux écoles : les romanciers qui tablent sur le scénario et ceux qui tablent sur les personnages ; rares sont ceux qui jouent sur les deux tableaux comme ont réussi à le faire Margaret Weis et Tracy Hickman. Ici les personnages sont vivants et vivent à travers les pages, on les sent tantôt déchirés tantôt heureux, tantôt désespérés, tantôt joyeux. Chaque action, chaque décision, les construisent un peu plus et leur donnent de la matière tels des tissus qu'on assembleraient les uns après les autres.

Le mot de la fin
Il est difficile de pouvoir parler d'un livre comme celui-ci, surtout quand il fait plus de 1300 pages. J'aurais aimé vous parler un peu plus de l'intrigue mais ça aurait été trop vous en révéler même en m'arrêtant au cinquième du roman ! Alors je vous laisse avec mes impressions et mes ressentis certes moins épiques mais sincères.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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J'avais commencé la lecture de cette saga il y a plus de 20 ans avec l'édition Fleuve noire et avait rapidement abandonné: Piètre qualité de la traduction, coupe sombre dans le texte (marque de fabrique de cet éditeur)...

Entre Alfaric qui m'a rappellé l'existence de cette nouvelle traduction et plusieurs messages sur le forum dédié au jdr D&D, je me suis décidé à lui octroyer une seconde chance et je pense avoir bien fait !

Pour résumer ce premier tome en 3 mots: Epique-Personnages-Raffraichissante

Epique d'abord car on est bien dans un univers très High fantasy avec beaucoup d'actions: Même si la magie cléricale a disparu, la magie profane elle est bien présente, que cela soit sous forme de sortilèges ou d'objets magiques. le dragon, l'une de races parmi cette foultitude que sont les draconiens, hobgobelins, Nains des montagnes, Nains des Ravins, Nains des collines, Elfes Qualinesti, Elfes Silvanesti, ELfes Kagonesti, Morts-vivants, Kender, Humains, est un espèce bien loin d'être rare qui joue surtout les premiers plans. Et puis la géographie quoi ! le monde de Krynn a été bouleversé par un cataclysme (des montagnes tombés sur la planète) qui ont remodelé sa carte, enfouissant d'anciennes cités comme Pax-Tharkhas ou transformant certaines mers en désert de pierres.

Personnages ensuite et c'est bien la-dessus que j'ai été le plus surpris: Ils sont tous beaucoup plus complexes et tourmentés que je ne l'imaginais: Entre un Tanis Rodeur, torturé par son ascendance à la fois humaine et elfique, Raistlin le magicien à la santé plus que précaire tourmenté par son passage à la Tour de la Sorcellerie qui n'avance que soutenu par son frêre Caramon, un gros balaise pas très fûté, , Tass le kender kleptomane compulsif, Sturm chevalier à la morale étroite, Goldmoon et Riverwind (pardon mais Lunedor me fait penser à des pommes de terre sous vide et Rivebise est juste...nul) sortes de Romeo et Juliette à la sauce SDA... Flint le nain est par contre un gros cliché de l'univers de D&D (sans être ce que Peter Jackson a osé faire au pauvre Gimli). Ces personnages principaux sont bien fragiles pourtant, leurs larmes coulent plus souvent que prévu...

Rafraichissante car bien éloignée des poncifs actuels "grim and gritty": Les personnages sont plutôt bons et partagent des valeurs communes fondées sur le bien être collectif (partage,compassion, entre-aide), l'abnégation et le dépassement de soi. Cela peut faire sourire voire limite gnan-gan alors que nous avons pris notre pied avec la Compagnie Noire, les oeuvres d'Abercrombie ou de Scott Lynch, et pourtant cela fait du bien.

Déjà évoqué plus haut avec Lunedor, mais certains noms propres passent assez mal en français: Pour produire de la lumière Raistlin crie "Shirak!", l'un des dragons se nomme Kisanth (comme la pie...), la naine Bupu... Juste un détail que l'on oublie rapidement
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La bestiole est en osier, chuchota le nain à toute vitesse. Tass s'est introduit à l'intérieur. Les membres sont articulés. On peut actionner les ailes et le faire parler par un tuyau relié à la gueule. Ça doit être de cette manière que les prêtres s'en servent pour se faire obéir. Quoi qu'il en soit, c'est Tass qui bat des ailes et menace de dévorer Caramon.
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— […] Nous allions mourir. C’était une chute d’au moins vingt mètres (le nombre augmentait chaque fois que Tass racontait cette histoire) et vous étiez en dessous de moi. Je vous ai entendu lancer un sort…
— Tout à fait, je suis plutôt un bon magicien, tu sais…
— Euh… en effet, balbutia Tass avant de poursuivre précipitamment. Vous avez lancé ce sort, chute de plume, ou quelque chose dans le genre. Quoi qu’il en soit, vous n’avez prononcé que le premier mot, « chute » et soudain (le kender écarta les bras, et la crainte pouvait se lire sur son visage tandis qu’il se souvenait de ce qui s’était passé), et il y eut des millions et des millions de plumes de poulets…
— Et que s’est-il passé ensuite ? demanda le vieil homme en donnant une bourrage à Tass.
— Oh, euh… c’est là où … ça devient confus dit Tass. J’ai entendu un cri puis un bruit sourd. En fait, ça ressemblait davantage à un bruit d’éclaboussure. Et j’ai p…p…pensé que l’éclaboussure, c’était vous.
— Moi ? s’indigna le vieil homme. Une éclaboussure ! (Il lança un regard noir au kender.) Mais je n’ai jamais éclaboussé de ma vie !
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"You know," he [Tasslehoff] said with unusual somberness, "I asked my father once why kenders were little, why we weren't big like humans and elves. I really wanted to be big," he said softly and for a moment he was quiet.

"What did your father say?" asked Fizban gently.

"He said kenders were small because we were meant to do small things. 'If you look at all the big things in the world closely,' he said, 'you'll see that they're really made up of small things all joined together.' This big dragon down there comes to nothing but tiny drops of blood, maybe. It's the small things that make the difference."

"Very wise, your father".

"Yes." Tas brushed his hand across his eyes. "I haven't seen him in a long time."
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Les gens ont besoin de croire en quelque chose – même si, au fond d'eux, ils savent que c'est faux.
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Il poussa un gémissement de satisfaction lorsqu’un des centaures posa devant lui un plat de viande de chevreuil. Le guerrier en prit un morceau puis huma la vapeur et le jus qui s’en échappaient. Il s’aperçut alors que tout le monde le regardait.
— Quoi ? demanda-t-il. (Il avisa la Maîtresse de la Forêt, s’empourpra et reposa aussitôt sa fourchette.) Je… je m’excuse. Ce chevreuil était sans doute quelqu’un de votre connaissance, enfin, un de vos sujets.
La licorne eut un sourire doux.
— Sois tranquille, guerrier, dit-elle. Cet animal a accompli son destin en fournissant de la nourriture pour son prédateur – loup ou homme. Nous ne pleurons pas ceux qui meurent selon les lois naturelles.
Tanis eut l’impression que le regard de la Maîtresse de la Forêt s’était attardé sur Sturm. La profonde tristesse qu’il avait lue dans les yeux de la licorne fit frissonner le demi-elfe. Lorsqu’il se tourna vers le magnifique animal, elle souriait. Ce n’est que mon imagination, se dit-il.
— Comment savoir, Maîtresse, demanda un Tanis hésitant, si une créature a accompli sa destinée ? J’ai connu des vieillards qui sont morts pleins d’amertume et de désespoir. J’ai vu de jeunes enfants trépasser avant que leur heure soit venue, mais en laissant tant d’amour et de bonheur que la douleur de leur perte était compensée par la certitude que leur courte existence avait apporté beaucoup.
— Tu as répondu à ta propre question, Tanis Demi-Elfe, bien mieux que j’aurais pu le faire, dit la Maîtresse de la Forêt. La valeur de nos vies ne se mesure pas à ce que nous gagnons, mais à ce que nous offrons.
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