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EAN : 9782714454799
264 pages
Belfond (07/11/2013)
4.3/5   27 notes
Résumé :
« Mes notes commencent au moment de la mobilisation de 1938 et décrivent l’occupation de la Tchécoslovaquie, la vie sous le Protectorat, avec les mesures antijuives, puis dans le ghetto de Terezin (1941-1944). Avant d’être déportée de Terezin à Auschwitz (en octobre 1944), j’ai confié mes cahiers à mon oncle, Josef Polak, qui les a sauvés en les cachant dans un mur avec mes dessins. Après la guerre, j’ai complété mon journal de Terezin et ajouté ce que j’avais vécu ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Comment ne pas être sensible et particulièrement émue par ce récit de déportation raconté du point de vue et avec les mots d'une enfant pragoise entre neuf et quinze ans ?
Certes, ce n'est pas toujours dans la ligne littéraire académique de l'écriture.
Certes, certains faits racontés peuvent paraître puérils ou complètement déconnectés au regard de ce que l'on sait aujourd'hui de la réalité de la Shoah (mais peut-être était-ce là une façon de se protéger de l'impensable, de l'indicible).
Certes, cette enfant s'est trouvée plutôt "privilégiée" d'être restée trois ans dans ce camp de rétention puis de transit (son père faisant partie des dirigeants juifs de l'administration du camp, cela explique sans doute cela) qui se voulait, pour les Allemands, un "trompe-l'oeil", une vitrine pour donner à voir aux autorités internationales une réalité qui n'était pas la vérité...
Certes, il faut faire de petits efforts pour lire les noms de personnes, les noms de lieux ou encore comprendre les mots et expressions allemands...
Mais, il n'en reste pas moins que ce témoignage est particulièrement précieux car il donne à voir, à ressentir, à comprendre, de l'intérieur, comment des enfants ont pu vivre l'ostracisme, l'enfermement, puis la déportation, sans vraiment avoir les éléments pour les comprendre, et pour certains... y survivre (cf. annexe chronologique où le faible nombre de survivants aux transports est chaque fois précisé) !

Et puis, il est important de constater que malgré le fait que je sois une lectrice assidue de témoignages de rescapés de la Shoah ou d'anciens résistants, j'ai encore appris des choses via ce témoignage, en particulier : les circonstances dans lesquelles les anciens de la communauté juive ont été contraints de "collaborer" activement avec les Allemands plutôt que de s'opposer ou de résister ; la façon dont le ghetto de Térézin (plus connu sous le nom de Theresienstadt) a été transformé en vitrine d'une réalité factice pour donner le change face aux protestations internationales qui commençaient à s'exprimer ; ainsi que l'apport considérable de la main-d'oeuvre déportée pour les entreprises allemandes...

On verra aussi combien la nécessité des apprentissages scolaires perdurait dans la communauté juive, malgré le contexte, ainsi que le besoin d'avoir accès ponctuellement à la culture (théâtre, concerts, chansons...) sans doute pour mieux évacuer le stress inhérent à la situation. Vu de l'extérieur, cela semble totalement hors sol mais, pour l'avoir vérifié dans plusieurs témoignages, cela a été une réalité.

Et puis, faisant partie intégrante du récit, les dessins d'Helga (dessinés en temps réel ou a posteriori) retraçant des scènes de la vie quotidienne à Prague, au ghetto, ou encore au camp de concentration sont également un indicateur émotionnel précieux de ce qui a pu marquer la sensibilité de cette enfant et la marquera à jamais son identité de femme et de peintre.

La seconde partie du livre, sous la forme d'une interview, est également très intéressante. Elle permet de comprendre comment s'est fait pour Helga et sa maman leur retour à Prague, et comment elles ont - en faisant le choix de rester plutôt que d'immigrer en Israël ou dans un autre pays - survécu malgré le blocus communiste et ses potentielles dérives.

Les annexes : une chronologie des événements, un glossaire des mots et expressions allemands, une note de la traductrice s'avèrent également des éléments utiles et nécessaires pour bien appréhender le récit et les circonstances dans lesquelles il a pu être retranscrit et publié.

A noter : à l'heure de publier cette chronique, j'ai pu vérifier qu'Helga Weissova devenue peintre, illustratrice, dessinatrice et sculptrice, était toujours vivante (93 ans) et reste très active dans son devoir de mémoire.
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Helga a 9 ans lorsque l'Allemagne nazie occupe la Tchécoslovaquie.
Et c'est le journal qu'elle tient au fur et à mesure des événements qui marquent sa vie de petite fille juive vivant heureuse à Prague entre son père et sa mère.
Elle nous décrit les privations que vont subir les juifs qui commencent par leur interdire les emplois dans la fonction publique (son père gravement blessé pendant la Première Guerre mondiale et qui travaillait dans une banque perdra son emploi) et les professions libérales, puis leur interdira l'entrée des cafés, des restaurants, des cinémas, et qui finiront par porter l'étoile jaune.
Helga nous le raconte avec ses mots d'enfants.
Puis en décembre 1941 alors qu'elle a tout juste 12 ans, c'est le départ pour le camp de Terezin avec ses parents.
En octobre 1944, son père est transféré à Auschwitz où il disparaitra, puis c'est elle qui part avec sa mère à Auschwitz.
Les deux femmes feront partie des colonnes de la marche de la mort, et c'est totalement exténuées alors qu'elles sont dans le camp de Mauthausen qu'elles seront libérées le 5 mai 1945 par l'armée américaine.
C'est avec ses mots d'enfants qu'elle nous décrit sa vie pendant les mois entre l'arrivée des troupes allemandes dans Prague et son arrestation, puis la vie dans les camps.
Le journal d'Helga illustré par ses propres dessins a pu être caché par son oncle après sa déportation vers Auschwitz et il nous offre aujourd'hui un témoignage bouleversant de ce qu'ont vécu des millions de personnes pendant la guerre
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C'est une vision très intéressante que nous livre Helga parce qu'elle est innocente et en même temps très consciente de la situation. Au début elle nous décrit son quotidien à Prague, le fait qu'elle doive quitter l'école puisque celle-ci lui est désormais interdite, le fait qu'elle doive aller suivre des cours dans un appartement en compagnie d'autres enfants, également juifs. On suit son quotidien qui change, la mise en place du couvre-feu, la disparition de ses camarades au fur et à mesure que les jours passent.

Et puis, voilà qu'un jour c'est son tour, elle aussi doit s'en aller, elle doit tout quitter pour partir à Terezin, elle a alors 12 ans à ce moment là. C'est à cet âge qu'elle doit faire face à toutes les horreurs du ghetto, elle doit accepter la séparation de ses parents (les hommes ne sont pas mélangés aux femmes), le fait de devoir travailler pour aider sa mère. Il faut subvenir à ses propres besoins, tenter le tout pour le tout afin de survivre dans la mesure du possible.

Survivre, mais pourquoi ? pour continuer à vivre dans une pièce misérable où les corps sont collés tellement l'espace est restreint ? pour être finalement déporté et ne jamais revenir comme ça a été le cas pour son père ?
Je n'avais jamais entendu parler de ce camp/ghetto qu'est Terezin et pourtant il semblait être une machine relativement bien huilée avec sa propre monnaie, ses propres règles.

À certains moments, j'ai pensé à Charlotte Delbo et à sa trilogie Auschwitz et après, déjà parce que c'est le nom qui a été donné au deuxième chapitre du journal d'Helga, mais aussi parce qu'elles ont toutes les deux quelque chose en commun : l'espoir, la solidarité entre les êtres.
Lors de ma lecture de Delbo j'ai été frappée par la façon dont les femmes étaient soudées entre elles, contrairement à Primo Levi, Martin Gray ou même Vladek Spiegelman qui nous expliquent bien que les camps, c'est du chacun pour soi - même si on peut un peu contraster pour Levi.
Or, ici, une fois encore on retrouve ce sentiment d'entraide, cette idée que de toute façon tout le monde se retrouve dans le même bateau alors autant s'en sortir ensemble, du moins essayer.


Forcément il est trop simple de dire "lisez-le" et pourtant, il le faudrait. C'est tellement difficile de lire ce genre de livres qu'on en sort toujours changé, toujours un peu plus dégoûté de faire face à cette Histoire qui est injuste et surtout abjecte.
Il est impossible de dire "celui-ci est meilleur que celui-ci" chaque témoignage apporte un point de vue différent, raconte une vie unique et en même temps c'est une vie qui a été celle de milliers de personnes.
J'ai aimé la présence de dessins réalisés par Helga durant ses années passées à Terezin, j'ai trouvé que ça permettait de très bien illustrer son propos et ainsi de donner une véritable image de la réalité. C'est un livre qui est complet parce qu'il est juste, il a pour vocation d'être vrai et c'est tout ce qui importe.


Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Un témoignage très personnel d'une enfant en plein dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale. Une enfant de Prague, qui d'abord subit les regards malveillants à cause de l'étoile jaune cousue sur ses vêtements. Et puis, la vie dans le ghetto de Terezin. La maladie, la promiscuité, les conditions atroces, mais également la vie en communauté, le partage, les fêtes qu'on soulignent secrètement, la peur au ventre... Et les convois qui partent vers des camps de concentration.. Toujours souhaiter que ce ne soit pas son numéro qui sorte... Espérer que les Alliés mettent fin à cette guerre avant de partir. Et puis, le moment arrive. Des wagons à bestiaux. Chaleur étouffante. Suffocation parce que trop de monde. le camp de travail. La faim qui ronge. Les punaises. Les vêtements pas assez chauds pour la saison. Les bombardement. Et encore une fois, l'espoir... qui se concrétise par l'avancée des troupes. Et la grille finalement ouverte. Et retour à Prague. Brisée. Mais souriante quand même. Parce que le calvaire est enfin terminée. Un récit émouvant. Une lecture nécessaire.
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Helga,

vous aviez neuf ans,

vous avez commencé à tenir votre journal,

c'était en 1938,

au moment de la mobilisation, trois année plus tard, le 7 Décembre 1941, vous êtes transférée dans le Ghetto de Terezin, trois années encore, et vous êtes transférées - votre mère et vous - à Auschwitz ,
avant vous avez demandé à votre oncle de garder votre journal, ce qu'il a fait en le cachant dans un mur. C'est la vie en mots en en dessin d'une petite fille dans l'horreur,

c'est la vie dure, tellement,

c'est intelligent, extrêmement,

c'est beau infiniment.


Helga est née le 10 Novembre 1929 à Prague, où elle vit encore après avoir passé près de trois ans dans le ghetto de Terezín, d'où, le 4 Octobre 1944, sa mère et elle ont été déportées à Auschwitz-Birkenau, puis à Freiberg, jusqu'à mi-Avril 1945, quand elles sont évacuées à Mauthausen dans des wagons de charbon à ciel ouvert, presque sans nourriture et sans eau. le voyage dure seize jours. Elles sont libérées, complètement épuisées, par l'armée américaine, dans le camp de gitans, le 5 mai 1945.

Le journal l'Helga, Helga Weissová, traduit par Erika Abrams (Belfond)
Lien : http://holophernes.over-blog..
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critiques presse (1)
Culturebox
18 février 2014
C'est dans ce pas à pas terrifiant, raconté par une enfant, avec ses mots, ses dessins, son regard éberlué mêlé de révolte, que le lecteur parcourt ce chapitre effarant de l'histoire.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les Posten, les Aufseherin et Sára sont dans tous leurs états. Les Américains sont déjà à Chomoutov. Nous repartons à toute vapeur vers Most. Ils nous entraînent dans leur fuite. C'est la deuxième fois déjà que le front manque de nous rattraper, et il nous échappe encore.
Il pleut de plus en plus fort, depuis le début de l'après-midi. Les couvertures dans lesquelles nous sommes emmitouflées sont imbibées d'eau et leur poids nous cloue au plancher du wagon. ( . . . )
Nous passons par un petit village. Devant les maisons, des enfants qui jouent. Ils nous regardent en ouvrant des yeux ronds, nous font signe de la main ; là-bas il y en a qui crient quelque chose. " saluuut ! " Ils parlent tchèque. Ce sont des enfants tchèques. Nous sommes chez nous, en Bohême. Des adultes se sont joints aux enfants, eux aussi nous font signes. " Saluuut ! " Mon Dieu, comme c'est beau d'entendre parler tchèque. Quelle différence entre ces enfants tchèques, qui nous souhaitent la bienvenue, et les morveux allemands qui nous jetaient des pierres quand nous allions au travail !
Nous traversons un bois, là-bas voilà un lièvre qui détale, un écureuil qui saute de branche en branche. La nature et si belle. Même la forêt n'a pas la même odeur qu'en Allemagne. La forêt de Bohème. Si je pouvais être ce lièvre, ou cet écureuil. Vivre en liberté, respirer librement. Comme les bêtes sont heureuses ! Et nous, où allons-nous ? Sára aurait-il tout de même trouvé le chemin de Flossenbürg ? Peut-être sont-ce là les derniers arbres que je verrai. Le dernier petit bout de liberté. Demain peut-être que je ne serai plus en vie. Y a-t-il une chambre à gaz à Flossenbürg aussi ? Ah, sauter du train, me cacher dans la forêt, fuir !
Nous nous sommes arrêtés brièvement dans une gare tchèque. Les gens accourent autour de notre train, nous lancent du pain blanc. Mon Dieu comme ils sont gentils ! Tous parlent tchèque, ils disent que la fin est proche.
Et nous repartons. Il pleut toujours, mais je ne le sens pas. Cela m'est égal.
( . . . ) Les gens auraient tellement envie de nous aider. Pourquoi Sára ne veut-il pas laisser faire ? Une fille, une demi-juive, a son père et sa mère ici à Klatovy. La nuit dernière, elle a entendu appeler son nom. Elle pourrait peut-être s'évader, mais elle est très malade. Elle était restée au Revier depuis Noël. C'est terrible, pour elle et pour ses parents aussi. Si près de la maison, sans nourriture, sans secours.
On nous a reléguées dans une autre gare. La mère de la jeune fille est là, face au convoi depuis ce matin. Elle a supplié Sára et les Aufseherin, même la blockova serait d'accord pour sortir la fille du train et la laisser là, puisqu'elle est tellement malade. Mais Sára ne le permettra pas, il n'a même pas voulu laisser approcher la mère.
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Comment nous nous sommes rapprochés pendant ces quelques semaines ! Il se peut que cela même qui noue lie ici creuse encore l’abîme entre nous et les autres, du sein desquels nous avons été arrachés de force.
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L’amour de la vie, du bien et du beau, la foi en des lendemains meilleurs. Il n’est resté que des ombres, des corps, de simples squelettes sans âme.
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