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EAN : 9782851814708
254 pages
L'Arche (15/10/2000)
4.82/5   11 notes
Résumé :
L'Instruction peut être considéré comme un oratorio en 11 chants. La pièce de théâtre nous plonge dans le procès de Francfort. Loin de Nuremberg où ont été jugés les principaux chefs, ici, ce sont les "petits", les kapos, les responsables du camp d’extermination d’Auschwitz qui doivent répondre de leurs faits et gestes. C'est cru, direct, car ce sont les déclarations faites au porcès qui servent de base aux échanges et aux dialogues, aux mises en situation (conformé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Entre 1963 et 1965 a lieu le procès de vingt-deux responsables nazis du camp d'extermination d'Auschwitz. Dans le public, un homme, un auteur, Peter Weiss. Il écoute les témoignages des victimes, plus effroyables et hallucinants les uns que les autres. Il écoute les accusés, leurs rires parfois. A partir de ses notes, il rédige « L'Instruction », texte composé de ces plaidoyers, organisés de façon à leur donner une forme théâtrale. le théâtre documentaire est né.

Avec cette nouvelle esthétique théâtrale, Peter Weiss souhaite rendre compte de la meilleure façon possible, c'est-à-dire de manière efficace, de la réalité d'Auschwitz. Sur le modèle d'un oratorio, une oeuvre lyrique dramatique représentée sans mise en scène, sans décor ni costume, l'auteur plonge le lecteur/spectateur au coeur du tribunal, le mettant face à face avec la vérité historique.
Ainsi, au travers de onze chants comportant chacun trois parties, Peter Weiss confronte victimes et bourreaux. Dans une écriture radicale, simple, sobre et dépouillée, les témoignages se succèdent, relatant l'horreur des détenus, de leur arrivée sur la rampe jusqu'au four crématoire, en passant par la description de la balançoire et l'enfer du bunker.
Nulle fioriture, aucune subjectivité, juste la parole de celui qui a subi et de celui qui a commis, dans sa plus pure expression. Solo, longues tirades, duos entre accusés et témoins s'alternent et donnent du rythme et de la musicalité au texte.


Le lecteur/spectateur ressort groggy de cette immersion dans l'horreur. Par la forme de récit choisie, il prend part au jury. C'est violent, c'est implacable et c'est nécessaire. Peter Weiss a été un des rares auteurs allemands à écrire sur la Shoah dans les années 1960, alors que tant d'autres se taisaient et préféraient oublier, pour le "bien de la Nation". Cette oeuvre, outre la vérité historique, fait également office de mémoire collective.

C'est un des textes sur la Shoah qui m'a le plus bouleversée.
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Le lecteur est plongé dans l'horreur d'Auschwitz par les propos des kapos et des resposnables directs, en charge des prisonniers. Peter Weiss reprend les déclarations faites au procès de Francfort. Sans fioriture, ce n'est pas nécessaire, il déroule le quotidien du camp, la mière, les frustrations, les drames, les exécutions... la déchéance et la perte d'humanité. C'est écoeurant. C'est vrai. Lors d'une représentation à Liège, j'ai vu des spectateurs se lever et quitter la salle. J'en ai entendu dire "oh non, pas ça" avant de se lever et de partir la tête basse. A lire. A voir. Pour que cela ne se reproduise jamais. Pour ne pas oublier.
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Un sous-genre assez méconnu : le théâtre-documentaire.
Un thème maintes fois traité dans la littérature : Le camp de concentration
Le tout orchestré par un Peter Weiss dont le style est ,c'est le moins que l'on puisse dire , épuré.
Les rares didascalies décrivent les rires des accusés face aux affirmations de certains témoins. Il n'y a la moindre ponctuation.
Les témoins se suivent et répondent au juge de manière purement factuelle.
Point de lamentation ou d'injure. Juste des faits .
Le résultat est efficace .
Lecture aussi bouleversante qu'instructive. A lire.
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Nous qui vivons encore avec ces imagesTribunal de Francfort. Des procès-verbaux.

Un oratorio en onze chants :
Le Chant de la rampe
Le Chant du camp
Le Chant de la balançoire
Le Chant de la possibilité de survivre
Le Chant de la mort de Lili Tofler
Le Chant du sergent Stark
Le Chant du Mur noir
Le Chant du phénol
Le Chant du Bunker
Le Chant du Zyklon B
Le Chant des fours crématoires

La force du texte. Les « simples » faits rapportés. L'anonymat des témoins qui ne « font que rapporter ce que des centaines ont exprimé ». Les accusés portant figure précise, portant des noms.

Les mots de l'ordre, de l'obéissance, des trains devant arriver à l'heure, de la discipline…

« Avec des tampons à aiguilles on nous imprimait
les chiffres dans la peau »

Des accusés qui rient, « Je ne suis pas au courant », les accusés qui approuvent et qui rient, des accusés qui manifestent leur indignation…

« Nous attendions une attaque aérienne
sur les chambres à gaz
ou des bombardements des voies d'accès »

Contre les mensonges et les demandes de prescription.

Et ce texte en dit aussi long sur les regards sur Auschwitz dans les années soixante.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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Cette pièce est dure, très dure à lire... Mais, quelle puissance ! Ici on est plongé dans le procès des dignitaires d'Auschwitz à Francfort. Et pour moi cette oeuvre se résume à cette paraphrase de l'auteur : "j'ai vu les impacts de balles sur les murs sans entendre les carabines." lors de sa visite du camp de concentration illustrant parfaitement son syndrome du survivant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[…] nous qui vivons encore avec ces images
Savons qu’il est possible que des millions de gens
Subissent encore une fois sans réagir leur anéantissement
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J'étais là
Lorsque Kaduk fit sortir de l'infirmerie
Des centaines de détenus
Un petit garçon a sauté
Il avait une pomme à la main
Alors Boger est sorti
L'enfant était là avec sa pomme
Boger est allé vers lui
Il l'a pris par les pieds
Et lui a fracassé la tête contre la baraque
Puis il a ramassé la pomme
Il m'a appelé et m'a dit
Vous essuierez ça sur le mur
Un peu plus tard à l'interrogatoire
Je l'ai vu
En train de manger la pomme.
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Mengele arrivait de son air fringant
Les pouces à la ceinture
Il disait gentiment bonjour aux enfants
Qui l'appelaient tonton
Avant d'être disséqués
Dans son laboratoire.
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Nous attendions une attaque aérienne

sur les chambres à gaz

ou des bombardements des voies d’accès
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Avec des tampons à aiguilles on nous imprimait
les chiffres dans la peau
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Video de Peter Weiss (2) Voir plusAjouter une vidéo

Marat-Sade
Au festival de théâtre d'Avignon, on peut voir un spectacle consacré à la Révolution française, une pièce de Peter Weiss intitulée "Marat-Sade" ou la rencontre imaginaire entre Marat et Sade.
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