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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782226069023
400 pages
Albin Michel (26/04/1994)
4.34/5   113 notes
Résumé :
1870, nord-ouest du Montana. Les Indiens Pieds-Noirs ont installé leur campement sur les bords de la Two Medicine River. Au cours d’une expédition contre les Crows, leurs ennemis légendaires, les jeunes de la tribu vont devoir prouver leur bravoure. Et l’un d’eux gagner son nom et sa place parmi les siens. Mais jour après jour, une menace se précise, les hommes blancs sont de plus en plus nombreux, de plus en plus pressants… une question se pose alors : se soumettre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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James Welch nous fait partager le quotidien d'une tribu indienne qui tente de faire abstraction de la pression des blancs qui se fait de plus en plus sentir et de continuer à vivre.
Nous allons suivre un jeune garçon depuis ses 15 ans jusqu'à la naissance de son premier enfant et voir son environnement changer autour de lui et des siens.
Certaines tribus choisissent d'aller vers les blancs, d'autres pas et, ce jeune homme raconte ce qu'il observe qu'il en ressort. C'est un livre magnifique et poignant et terrifiant comme le génocide programmé dont les indiens ont été victimes et ont à peine réchappé.
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Comme des ombres sur la terre est un roman que les lecteurs épris de récits du Grand Ouest et des aventures amérindiennes garderont, à mon sens, longtemps en mémoire.

De fait, ce récit, à la trame historique, est narré par un auteur qui tisse avec habileté une grande, longue et belle histoire, mais qui n'est, in fine, pas que cela. Ce livre, qui témoigne de l'attachement profond de James Welch à ses racines amérindiennes, à aussi valeur de documentaire, tant il est juste sur le plan historique, tant il est riche sur le plan culturel.

Au fil des pages se révèle à nos yeux la grande tragédie du Peuple Pied-Noir, qui compte parmi les puissantes nations des Indiens des Plaines, à l'instar des Sioux et des Cheyennes, tous guerriers redoutables et chasseurs émérites -tant que les bisons purent traverser les Grandes Plaines, et qui furent bousculés et éparpillés par le vent de la Conquête.

James Welch nous procure ici une vision saisissante de l'Ancien Monde, celui de ses aïeux, il nous fait nous asseoir parmi les Pikuni, nous amène à partager la vie du clan des Mangeurs solitaires, nous fait avancer aux côtés de Chien de l'Homme Blanc, ce jeune indien proche de l'âge d'homme mais qui ne le sera qu'en devenant un guerrier.

Page après page, on s'imprègne d'un mode de vie, qui, pour les Pikunis, est en train de s'achever, on découvre une culture, ancienne, riche de savoirs qui se partagent, se transmettent et ne se vendent pas, confrontée à une nouvelle culture, conquérante, dont la dynamique tend à l'annihilation du monde de "l'Homme Rouge".

Cette grande séquence historique est portée par des personnages qui laissent une forte impression, le récit est loin de tout manichéisme, James Welch nous montre au contraire toute la complexité des coeurs et des âmes, il nous décrit avec intensité et justesse les déchirements qui traversent une société et des individus, qui voient leur univers en train de disparaître, en sachant qu'il n'y a d'autre issue que la perte, à court ou moyen terme, de leur mode de vie, de leur identité.

Composer avec l'Homme Blanc et ses règles, le fuir ou l'affronter, toutes ses options, les Pieds-Noirs y furent confrontés, en sachant que quelle que soit leur décision, leur destin était scellé.

James Welch, en nous contant l'épopée tragique d'un clan, offre une grande ode à la mémoire du Peuple Pied-Noir, et contribue ainsi à nous rappeler ce qui est une part -et pas la moindre- de l'âme de l'Amérique.
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Malgré l'évocation des rêves et des dieux qui me rappelaient l'Odyssée, je n'ai pas réussi à accrocher à cette histoire, de bons indiens Pikunis partant voler les chevaux des Corbeaux, de Chien de l'Homme Blanc qui épouse Peinture Rouge, de mauvais blancs Napikwans qui ne respectent pas leurs engagements, de la bande d'Enfant Hibou provoquant les Napikwans et exposant son peuple aux représailles, de maladie des croûtes blanches qui décime les villages...

L'auteur s'ingénie aussi un peu trop à compliquer le vocabulaire : 'Et quand Oiseau Corbeau a regardé dans la presque-nuit, il a vu qu'il s'agissait d'un quatre-jambes, plus petit qu'un bouche-collante mais avec des pattes plus longues et un pelage plus épais que le plus vieux des mordeurs-de-bois'
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Il y a une certaine difficulté à lire ce livre.
Le vocabulaire n'est pas simple, les noms des animaux "à l'indienne" ne sont pas très clairs. Un lexique n'aurait pas été de trop...
Pour certains on peut deviner, pour les autres, j'ai laissé tomber.

Si on "lâche" sur ça, alors la lecture devient plus facile, même s'il y a de très nombreux clans et tribus au sein même des Pikunis.

Comme je m'intéresse aux traditions et aux rites amérindiens, c'est vrai que ma lecture était sans doute biaisée, car ce livre évoque nombre de ces traditions, dans un récit poétique et désespéré...

Le passage à l'âge d'homme du héros nous fait suivre justement de nombreux rites, et la compréhension de la vie amérindienne "avant l'homme blanc" s'en trouve éclairée.

De plus, rien n'est édulcoré, et surtout pas la violence inhérente à la vie des tribus, et je trouve cela bien, car, de fait, rien n'est noir ou blanc. On se rend compte également que les maladies ont sans doute fait plus de ravages dans les populations autochtones que les armes à feu, ou au moins autant.

Bref, cela m'a passionnée, mais je conçois qu'on puisse être rebuté par cette lecture, qui n'est pas des plus simples...
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Roman de James Welch.

En 1870, sur les territoires que recouvre aujourd'hui le Nord-Ouest du Montana, le peuple des Pikunis vivait en harmonie avec la nature, ne lui demandant que ce qu'elle pouvait donner et la remerciant de tous ses bienfaits. La tribu des Pieds-Noirs était composée de guerriers valeureux dont les exploits lors d'affrontements avec d'autres tribus étaient connus et respectés. Chien de l'Homme Blanc, un jeune Pikuni malchanceux et sans envergure, s'illustre lors d'un vol de chevaux chez les Corbeaux. Enfin devenu un homme parmi les siens, il gagne en assurance et se voit décerner le nom de Trompe-le-Corbeau après une expédition punitive contre les Corbeaux. Mais l'ancestrale marche du monde des Pikunis est bouleversée par l'invasion de plus en plus pressante des Napikwans, les hommes blancs. Toujours plus avides de terres, les Napikwans volent les territoires des Amérindiens en échange de quelques babioles ou de promesses jamais tenues. Les sages des tribus Pikunis savent que ce combat est perdu d'avance. Malgré leur bravoure et leur force, les Pikunis ne peuvent pas lutter contre l'homme blanc ni préserver leurs coutumes. L'homme blanc, qu'il soit armé de mousquets ou d'épées, impose sur les territoires amérindiens une révolution et des bouleversements que rien ne peuvent enrayer. La plus dangereuse de ses armes est aussi la plus imprévisible, la variole. Face à la menace que représentent les Napikwans, les Pikunis sont divisés: les plus sages veulent préserver leur peuple en signant des traités des paix, les plus fougueux et les plus orgueilleux veulent se battre et rendre coup pour coup, quitte à disparaître jusqu'au dernier.

Ce roman est d'une tristesse infinie. Tout au long des pages se déroulent les rites d'une civilisation ancestrale qui brutalement se délite. le massacre et les injustices que subissent les Amérindiens sont bien connus aujourd'hui, mais le texte les présente avec l'innocence du premier regard, l'incompréhension et la révolte des premières victimes. Dès les premières pages, on sait ce qu'il adviendra du peuple amérindien, rien de nouveau n'est proposé par l'auteur. Mais tout écrit sans haine ni colère. Ce n'est pas du défaitisme ni de l'abandon, simplement le récit triste et inexorable de la fin d'un univers. Plutôt que se révolter contre ce qui ne peut être empêché, le récit donne à entendre la voix d'un peuple qui, bien que se sachant condamné, continue à vivre selon les voies de ses ancêtres. Oui, le combat était perdu d'avance. "Ces gens n'ont pas changé. [...] Seulement le monde dans lequel ils vivent a changé, lui. On peut considérer les choses de deux façons: soit c'est leur univers qui s'est rétréci, soit c'est celui que l'homme blanc a amené avec lui qui s'est étendu. Dans un cas comme dans l'autre, les Pikunis sont perdants." (p. 258) Ils ne sont plus que "des ombres sur la terre."

L'auteur réussit la prouesse de rendre la nature toute entière vivante, à la manière des Pikunis. Chaque élément naturel est appelé par le nom que lui donnaient les Indiens d'Amérique. L'absolue communion avec la terre n'est que poésie et spiritualité. Loin des clichés qui entourent la culture amérindienne, James Welch dépeint une pratique de vie et une approche spirituelle de toutes choses. Les médecines porteuses de magie, les sacs sacrés, les amulettes, les animaux protecteurs, les songes révélateurs sont dérisoires si on les compare aux médecines de l'homme blanc, mais dans l'univers saturé de spiritualité du peuple amérindien, ces choses font sens et appartiennent à une marche du monde unique et puissante.

Ce roman est d'une beauté infinie. Il sublime l'existence de tout un peuple, il magnifie ses croyances et ses pratiques. À parcourir ces pages, on se demande encore quelle folie a poussé les blancs à réduire un peuple si sage à l'état de prisonnier sur ses propres terres. Un texte magnifique porté par une langue majestueuse qui déploie ses trésors avec la même largesse et la même générosité que la terre-aux-mille-promesses vénérée par le peuple Pikuni.

Un grand merci à Blog-o-Book et aux éditions Albin Michel.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les événements qui lui valaient son nom avaient été déformés en dépit de ses protestations initiales, au point que beaucoup s’imaginaient qu’il avait trompé le village des Corbeaux tout entier et que sa médecine contenait une magie provoquant des illusions. On avait enjolivé le récit de la manière dont il avait tué et scalpé l’homme ayant mutilé Rein Jaune. À en croire tout ce qu’on disait, Trompe-le-Corbeau aurait fait pleurer Bouclier Taureau, se serait moqué de lui et aurait craché sur lui, puis il aurait fait l’amour à sa femme et l’aurait tué avant de lui fourrer ses parties génitales dans la bouche. Les hommes des sociétés de guerriers avaient ri et plaisanté Trompe-le-Corbeau, mais à leurs yeux, il était devenu un homme de grande médecine.
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Oeil-de-Renard se souvenait de s'être assis pratiquement à l'endroit où il se trouvait aujourd'hui pour écouter le chef Napikwan (ndr : blanc) énumérer les clauses du traité, l'une d'entre elles étant qu'ils cessent de faire la guerre à leurs ennemis. Mais comment auraient-ils pu s'y résoudre alors que ceux-ci continuaient à insulter les Pikunis ? Se verraient-ils privés du droit de gagner de temps en temps le respect de l'ennemi ?
De plus, les Napikwans n'avaient pas honoré les termes du traité. Ils s'exprimaient avec de grands mots, mais ce n'était que des hypocrites.
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Chien de l’Homme Blanc regarda ses mains. Au cours des hivers de son enfance, son grand-père lui avait dit que si l’on s’endormait les paumes ouvertes, levées vers le ciel, les étoiles venaient s’y poser, signe qu’on deviendrait un homme puissant. Quantité de nuits d’été, Chien de l’Homme Blanc avait essayé de s’endormir ainsi, mais ses muscles finissaient par se fatiguer avant que les étoiles apparaissent. Il abaissa les bras et roula sur le côté. Les braises du feu rougeoyaient dans la nuit sans lune.
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"De plus en plus de Long Couteaux qui se battent pour Ka-ach-sino, le Grand-père blanc, viennent dans notre pays. Et d'autres arriveront encore. Si nous prenons le sentier de la guerre contre les Blancs, tôt ou tard nous aurons affaire à une multitude d'entre eux. Même avec des fusils à plusieurs-coups, nous n'avons aucune chance de rivaliser avec leurs armes. Ou leur cruauté. Nous savons ce qu'ils ont fait à nos vieux ennemis les Cheveux Séparés sur la Washita: ils les ont anéantis. Et ils feraient de même avec les Pikunis. Pour eux, nous ne sommes rien. C'est la terre sur laquelle nous nous tenons qu'ils veulent."
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Quand il partait pour la chasse, elle guettait son retour avec impatience. Et dès qu’il était revenu, elle adressait en silence des prières de remerciements et préparait des repas si copieux qu’il se plaignait de grossir. Il leur arrivait de temps en temps de dormir à la belle étoile loin du camp, nus dans leurs couvertures. Ils se racontaient alors des histoires de fantômes jusqu’à s’effrayer mutuellement, puis ils faisaient l’amour comme si la nuit ne servait qu’à cela. Ensuite, elle lui racontait d’autres histoires et provoquait son hilarité par ses inventions extravagantes. Cependant, la façon dont il la serrait dans ses bras en dormant lui procurait un sentiment d’effroi – car elle se rendait compte que jamais elle ne pourrait vivre sans lui, sans leur amour.
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