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EAN : 9782351780596
344 pages
Gallmeister (30/11/-1)
4.08/5   250 notes
Résumé :
Abel Truman vit sur la côte déchiquetée du Pacifique Nord-Ouest, dans une vétuste cabane de bois flotté avec son chien pour unique compagnon.

Trente ans plus tôt, il a survécu à la bataille de la Wilderness, l'un des affrontements les plus sanglants de la Guerre civile américaine. Depuis, Abel est hanté par son passé douloureux, jusqu'au jour où il décide de partir pour un ultime voyage. Mais le vieux soldat ne tarde pas à être rattrapé par la violenc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
4,08

sur 250 notes
Automne 1899. Abel Truman habite seul dans sa modeste cabane, tout près de l'océan, au bord de la forêt obscure, avec son chien pour seul compagnie. Lorsqu'il se lève un matin de cet automne 1899, il ne sait pas encore qu'il va partir. Rassemblant juste quelques affaires, sa vieille Winchester, sa couverture, sa canne, il laisse derrière lui sa cabane. Et parce qu'il veut aussi laisser ses souvenirs, la plupart douloureux, il tente de se noyer. Mais la mer le rejette. Puisqu'il en va ainsi, le vieil homme décide de marcher, sans but, son passé se rappelant à lui...

Lance Weller fait osciller son roman entre deux époques : en 1899, où l'on suit l'errance d'Abel et son chien et en mai 1864, jours de la bataille de la Wilderness à laquelle Abel participe et qui fera des milliers de victimes des deux côtés. Si l'auteur dépeint avec finesse et beaucoup d'émotions le cheminement du vieil homme encore traumatisé aussi bien par la guerre que par son chagrin personnel, c'est au plus près des combats qu'il fige ces scènes de guerre, ces ambiances poussiéreuses, ces hommes meurtris, ces chairs brûlées et les compagnons d'Abel devenus fantômes. Des descriptions tout à la fois saisissantes et effroyables. Et Abel, blessé dans son coeur et dans sa chair, croise sur sa route des hommes violents et voleurs, il pourra tout de même compter sur la générosité d'autres hommes. À la fois d'une beauté cruelle et d'une sensibilité exacerbée, ce roman nous émeut, nous étreint, nous happe dès les premières pages.
Époustouflant de maîtrise... et ce, pour un premier roman.
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La bataille de la Wilderness.
Ce que mes yeux ont vu, nul ne saurait le décrire.
Trente ans de ça et pourtant c'était hier.
Aujourd'hui je suis vieux et seul. Enfin, c'est comme ça que les autres m'imaginent car moi j'ai Ned.
Mon chien, mon fidèle compagnon d'infortune.
Nos journées sont rythmées par le vacarme des rouleaux océaniques qui viennent se fracasser contre les fenêtres de ma modeste cabane de bois flotté.
Je m'appelle Abel Truman et m'apprête à prendre aujourd'hui la route pour un ultime voyage.

Lance Weller signe ici un premier roman époustouflant.
Les éditions Gallmeister remplissent une nouvelle fois pleinement le cahier des charges. Une histoire solide, de grands espaces somptueux où le regard se perd, rien à redire sur ce nouveau genre méritant qu'est le nature writing.

Chantage à peine voilé : à tous les amoureux du genre décidant de passer à côté de cette pépite, j'arrête de respirer pendant 10 sec !

Weller alterne les époques en narrant passé et présent avec un égal bonheur. Hier, 1864, le temps de se battre pour sa survie dans cette forêt dévastée tout en se demandant si la folie des hommes a réellement un sens. Aujourd'hui, 1899, les enjeux sont différents mais tout aussi vitaux, retrouver son Ned spolié par de vils salopiots.
Deux périodes, un thème récurrent, la violence qui s'en dégage à des degrés divers.
Un magistral roman sur le trauma de la guerre.
Le parcours d'un homme simple, Abel, pour qui l'on se prend d'affection les premières pages tournées tout en déplorant que ses bases aient été fondées dans l'abîme et le chaos.
Un road-movie qui vous prend littéralement aux tripes.
Des paysages majestueux et des tableaux militaires d'une rare brutalité qui longtemps vous poursuivront dans ce Wilderness, grand dévoreur d'espace et d'espoir...

Un immense merci à Steppe pour avoir suscité l'envie...
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Comment dire à quel point j'ai aimé ce livre ? Proche de l'angoisse de la page blanche, j'ai débuté 20 fois au moins cette chronique. Mais à peine plus d'une phrase jetée sur le papier et me voila redevenue muette. Encore toute imprégnée de l'ambiance et du rythme de cette histoire si puissante, comme emmitouflée dans mon souvenir de lecture, je n'ose le brusquer de peur de le perdre.

L'histoire est simple. D'abord, il y a Abel. Vieil homme solitaire, vivant dans une cabane avec son chien pour unique compagnon. Il y a les blessures d'Abel, la guerre de Sécession, mais pas seulement. Et puis parce que la mer le rejette quand il cherche à s'y perdre, il y a un départ et le début d'une marche. Avec ses souvenirs pour seuls bagages, Abel prend la route et entame une quête difficile vers la paix et le salut.

La simplicité n'empêche en rien la densité et la plume de Lance Weller - dont c'est le premier roman - touche à la profondeur de l'âme sans user d'artifices ni de tournures alambiquées. Sa puissance évocatrice atteint des sommets dans le chapitre central consacré à la bataille de la Wilderness (mai 1864 - Virginie).
Il décrit, raconte les faits, s'attarde sur les détails, nous présente un personnage, puis un autre et nous dit le petit bout de sa vie qui va faire de lui un être différent, l'évènement ou le traumatisme qui va changer les choses.
Il ne cherche pas à expliquer la guerre, à en décortiquer les tenants et les aboutissants. Il nous en montre juste l'horreur et rappelle que dans un camp comme dans l'autre, le soldat savait rarement pourquoi il se battait ou en tout cas, n'était pas forcément convaincu par La cause. Pourtant, tous pressentaient que ce conflit déterminerait le destin de leur pays.
L'ambiguïté des sentiments d'Abel à ce sujet est un point fort du roman, lui, originaire de New-York et, par hasard en Caroline du Nord quand la guerre a débuté...

Il ne nous oublie pas nous lecteurs, s'adressant parfois directement à nous : "... et si vous aviez été là pour voir cela, pour l'entendre, le toucher, le goûter et le sentir, c'eût été quelque chose. " (p189 Bataille de la Wilderness).
Il y a donc ce chapitre central "Le Champ de Saunders", où toute la violence du monde se déchaîne et autour duquel s'articule le récit. Il y a la guerre, la sécession et toute cette partie de l'Histoire qui fera de l'Amérique ce qu'elle est aujourd'hui. Mais il y a tant d'autres choses. Tant de destins croisés sur lesquels s'arrêter et s'émouvoir.

Aucune linéarité dans le récit. On passe d'une époque à une autre, de l'avant
à l'après. Et dans tous ces allers-retours, on rencontre des hommes et des femmes témoins d'une époque. Tous victimes, tous blessés. Certains à terre, d'autres se relevant et s'évertuant à construire.
On marche avec Abel et l'on suit la route de ses souvenirs, on s'émeut de son présent. On vit intensément la même histoire que lui. Avec la nature pour compagne, on pense à Jim Harrisson, Charles Frazier ou Jack London.

Et on ralentit sa lecture pour goûter pleinement la beauté des paysages, le repos après la marche. On redécouvre après l'horreur et les années de solitude le goût d'un repas pris autour d'une table plutôt que d'un feu, avec des amis plutôt que seul... On ralentit sa lecture pour faire le contrepoids à la vitesse des balles, la furie des combats, l'instantanéité de la mort.

Je n'ai pas dit grand chose de la relation unissant Abel et son chien, pourtant essentielle dans le récit. Mais Lance Weller le fait si bien, usant du dialogue homme-bête avec brio, humour et une infinie tendresse.

Vous l'avez compris, j'ai été littéralement envoûtée par ce roman. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi proche d'un personnage. Je relirai ce livre, c'est sûr, juste pour m'imprégner une fois encore de cette ambiance certes pesante, désespérée, mais si totalement
empreinte d'humanité....



Un grand merci aux éditions Gallmeister et à Babelio. Mon premier 5 étoiles "Masse critique".




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Balade bucolique en Virginie. C'est avec une sensation d'émerveillement que je traîne les sabots ce jour dans cet état. La nature se pare de tons, d'ombres et de lumières. Vert, ocre, noir, forêt sombre, sentier lumineux. Je vois un vieil homme, un bras inerte, une âme meurtrie. Il soulève la poussière d'un chemin piétiné quelques années auparavant par des milliers d'hommes. Il appelle son chien, compagnon de route depuis des années. le crane en vrac, coup de massue, laissé pour mort, il reprend difficilement ses esprits, après l'attaque sauvage qu'il vient de subir. Ce coup qui a failli lui être fatal – son chien kidnappé – le replonge dans les souvenirs de guerre, trente ans plus tôt. C'est son dernier voyage, sa dernière pérégrination, usé par la vie et par le sang de ses souvenirs.

Ces souvenirs le replongent dans cette terrible nuit du 5 mai 1864. Des milliers d'hommes se couchent dans la poussière, des milliers d'hommes se retrouvent éventrés mêlant leur sang à la poussière, des tirs de canon chantent à tue-tête une complainte assourdissante, un massacre désordonné de deux camps se partageant les victoires et défaites de la guerre de Sécession. le vieil homme s'en est sorti, une « chance » que de survivre à ce monde perdu dans la nature, le long d'une rivière de sang et de poussière. Ce qui frappe l'imagination, c'est avant tout la magie du lieu, sa beauté, cette forêt sauvage qui garde tant de mystères en elle et qui maintenant emprisonne tant de douloureux souvenirs. Car c'est bien dans l'enchantement d'un tel lieu que se succéderont les plus sanglantes batailles, celle de Wilderness et celle de Spotsylvania.

Le vieil homme déambule, l'esprit dans le vide, le bras mort, l'âme presque éteinte. Sa survie, il la doit probablement à son chien, lui le vieux loup solitaire qui s'est construit sa cabane à l'écart de toute civilisation. Cela sera son dernier salut, retrouver son compagnon, encore plus vieux que lui maintenant, le seul être cher à survivre à ses côtés. Alors il avance, dans la forêt, ses souvenirs aussi, et probablement la fin de l'humanité devant tant de barbarie, devant des corps d'hommes en feux, devant des chevaux en feux. Puanteur et douceur écoeurante, la gerbe au bord des lèvres, le sang qui coule d'un oeil, d'un bras, d'une jambe, les entrailles qui sortent d'un bide éventré.
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Salut. Moi c'est Abel. Vous occupez pas de ma vieille carcasse. J'suis qu'un fantôme. J'ai déserté ce monde après la guerre de Sécession et j'me suis réfugié dans cette vieille bicoque, là sur la plage. Seul. Enfin y'a le chien aussi il vit avec moi. C'est pas MON chien, lui et moi on s'est choisi alors disons qu'on est compagnons de route. Et puis je n'ai jamais été vraiment seul de toute façon. Je vis avec tous ces gens dans ma tête. Ah j'suis maladroit avec les mots, c'est pas c'que j'voulais dire. J'suis pas siphonné du bocal, pas encore. C'est juste que tous ces gens qui m'accompagnent n'ont pas eu la vie qu'ils auraient dû avoir. La faute à la guerre et à la connerie humaine. Alors parfois ils s'invitent et me tiennent compagnie. Je ne les ai pas oubliés. Mais ça fait mal aux tripes quand ils sont là. Ned, David, Hypatia,… et tous les autres dont ils ne me restent que les visages. Ils apparaissent comme ça, images nées d'un bruit d'une odeur, de la façon dont brillent les étoiles ou dont chante le vent. Et puis il y a Elles et la maison bleue mais là ça fait vraiment très mal aux tripes. Elles c'est particulier, j'leur doit bien un dernier voyage avant de tirer ma révérence.

Alors si le coeur vous en dit, vous pouvez venir avec moi, me suivez pas de trop près ça fait grogner le chien. Mon histoire, elle est gravée sur ma peau et dans ma tête. Je la partage avec vous si vous voulez. Attention quand même les champs de bataille c'est jamais beau. On s'en prend plein les yeux, les oreilles, le nez et la tête. Voire la bidoche d'un gars de l'intérieur et des morceaux de soldats éparpillés un peu partout c'est pas la joie. Surtout que quand je suis lancé, c'est comme si j'y étais mes descriptions il parait qu'elles sont presques vivantes. Sans compter l'odeur, je voudrais pas que vous rendiez votre ptit dej. Enfin voilà, vous savez.

Parfois la ballade est belle, souvent même, parce que je vous emmène dans des endroits à couper le souffle. La nature faut savoir la regarder pour l'apprécier. Je vous montrerai, pour ça j'suis doué. Et puis on regardera les étoiles. Vous avez déjà vu une pluie d'toiles ? On peut pas caner sans avoir vu ça! C'est à chialer tellement c'est beau. Et puis on causera un peu de l'humanité aussi. C'est pas toujours beau mais même au coeur de l'enfer il y a des moments de grâce.

Mon histoire elle est cruellement belle. Pour moi c'est un crève coeur. Si c'était que de l'horreur et de la souffrance ce serait supportable mais ceux qu'ont croisé ma route ils étaient plein d'amour et de dignité, alors ça change tout et ça fait encore plus mal. Vous m'croyez si j'vous dit que la souffrance ça peut être beau ? Qu'un champs de bataille on peut le raconter de manière poétique ?

Au loin y'a un loup qui hurle. Vous l'entendez ? Il m'appelle faut qu'j'y aille. Allé le chien en route. Bon et toi là tu fais quoi planté comme un gland ? Tu te décides ? Arrête de te faire prier ! En route j'ai dit!

Tu vas morfler j'te l'cache pas mais crois moi tu ne le regretteras pas.
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critiques presse (4)
LigneClaire
17 septembre 2020
Le dessin de Bandini, le découpage, le ton même et la richesse du texte, les détails, les expressions, tout est en parfaite communion. Un livre qui rend compte d’une vie perdue pour cause de guerre.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
ActuaBD
16 septembre 2020
Drame psychologique sur fond de Guerre de Sécession et de ségrégation, "Wilderness" s'impose comme l'un des romans graphiques de la rentrée, fort d'une adaptation profitant de la large palette des possibilités de la BD, et d'un dessin qui prend aux tripes.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
18 août 2020
Wilderness est une plongée implacable dans ce que la condition humaine peut avoir de plus tragique. Sa lecture en est donc indispensable.
Lire la critique sur le site : BDGest
Telerama
09 janvier 2013
Wilderness, [...] est un roman prodigieux sur la violence indélébile, sur les horreurs qui hantent les hommes longtemps après, et sur un rêve américain qui s'est bâti sur le sang, celui des « Yankees » et des Confédérés, tous terrassés par la peur et souvent sceptiques sur le sens des carnages.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Après la tombée de la nuit, ils restèrent assis pour contempler l'obscurité de l'océan sous le ciel bleu nuit. Abel et le chien. Les nuages de pluie étaient restés très au large : le vieil homme et son compagnon regardèrent une étoile décrire un arc de cercle, filant sans bruit dans les cieux, puis elle fut suivie d'une autre et encore une autre, tandis que d'autres encore par milliers, scintillaient et resplendissaient, se déplaçant comme des choses vivantes, et d'ailleurs, qui aurait pu affirmer qu'elles n'en étaient pas ? Ils restèrent ainsi, côte à côte, calmes et silencieux. Le vieil homme savait que depuis que le monde était monde, il n'y avait eu que peu de moments semblables à celui-ci, et par conséquent, il se taisait.
Près de lui, le coeur muet et robuste du chien battait doucement et ils demeurèrent assis sous les étoiles vives et brillantes, jusqu'au moment où le sommeil fut le plus fort. Cette nuit-là, il rêva encore de sa jeunesse et d'amis absents, du pays ravagé par la guerre. Il se réveilla une fois et, s'appuyant sur son coude, il regarda vers le large. L'air était pur et frais, et il pouvait voir à l'infini par-delà les eaux. Les étoiles stupéfiantes. Le ruban pâle de la Voie lactée, disparaissait puis apparaissait à nouveau dans la lumière des étoiles et il se demanda ce qu'il était advenu des nuages porteurs de pluie.
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Finalement l'Indien s'inclina profondément avec un cérémonial suranné. Quand il se releva, il ouvrit son fusil et laissa tomber les cartouches dans le ressac qui les emporta.
Abel hocha la tête, abaissa son arme d'un coup de pied envoya le couteau dans les vagues, puis il fit un signe du menton et Willis fit quelques petites gestes qui manquaient de conviction pour brosser ses vêtements. Il essaya sa bouche en lambeaux et tout ensanglantée, ramassa son couteau et repartit vers le nord de la place.
Quant au Haïda, il s'attarda un instant pour examiner Abel. Puis, comme s'il était parvenu à une conclusion quelconque, l'Indien haussa les épaules et fit demi-tour pour suivre l'autre. Abel remarqua qu'il portait un sac rudimentaire duquel pendait un cuisseau de biche couvert de mouches qui lui cognait contre le bas du dos quand il marchait.
Aucun des deux ne regarda en arrière et Abel ne bougea que lorsqu'ils eurent dépassé le promontoire suivant et se furent engagés dans la crique. Puis il jeta un coup d'oeil en direction où le chien était assis et l'observait la gueule ouverte.
- Toi, on peut dire que t'es vraiment chiant, tu sais ça ?
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Regardez-les sur la route. Une route blanche sous un ciel bleu, qui s'étire au milieu des champs en jachère en direction des collines et des forêts vertes et luxuriantes sous le soleil printanier. Le peu de poussière que leurs pieds nus soulèvent forme des volutes qui viennent lécher l'herbe au bord du chemin et finissent par retomber après leur passage. Ils sont deux, un homme et une femme, des fuyards qui passent en contrebande, pleins d'espoir, et marchent vers le nord. Le visage de l'homme est plissé d'inquiétude et de douleur, ses mains, dans lesquelles les travaux des champs ont creusé des sillons, sont raidies et rugueuses. Cela fait quinze jours qu'il s'est émancipé, et l'odeur de sa peur, fétide comme celle d'une racine, se dégage encore des misérables plis de sa chemise légère. Il ne sait pas quoi faire, ni où aller. Autrefois, il s'appelait Dexter, mais ce n'est plus son nom désormais, et depuis une semaine, il marche en direction du nord, avec cette femme tranquille et prudente. La douleur qu'il porte en lui silencieusement depuis des années maintenant est rendue encore plus intense par le goût nouveau de la liberté et cette compagnie féminine.
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Très loin, à des kilomètres de là, à l'intérieur des terres, un long hurlement étouffé, comme celui d'un loup solitaire, dans les basses terres, là où les loups ne venaient que rarement. Le vieil homme s'adossa au rocher, fronçant les sourcils, mais un curieux frisson lui picota la peau. Ce n'était pas un chant. Même si la lune, qui s'était levée, brillait d'un éclat argenté dans le ciel froid, ce n'était pas un chant. C'était un cri d'envie, de crainte, de douleur, tel que le vieil homme n'en avait jamais entendu venant d'un animal. La bête hurla à nouveau, la lune s'enfuit derrière un nuage comme si elle était pourchassée. Le hurlement se propagea dans toute la vaste forêt ondulante, résonna le long des cours d'eau dans les terres pour venir tomber doucement sur la mer sombre, laissant dans son sillage un silence soudain qui fut peu à peu comblé par les bruits de l'océan et du vent. Le chien se mit à geindre, puis à aller et venir autour de l'endroit où le vieil homme s'était étendu, comme s'il avait entendu quelque chose qui le perturbait beaucoup.
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"Vestiges d'îles antédiluviennes rongés par la mer et promontoires érodés,les hauts piliers de Pierre monolithiques et redoutables, accumulant les ombres et lançant de doux reflets violets ,se dressaient, d'un bleu spectral dans "l'obscurité" teintée de lune et d'océan .
Les rochers étaient hérissés d'herbes et de pins rachitiques tordus par le vent, et sur les pierres les plus petites et plus plates tournées vers le large, des phoques couchés ressemblaient à des touches de peinture terreuse sur la toile la plus sombre de la nuit ...........Le chien , comme à son habitude, dressait ses oreilles informes et balafrées ........
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Vidéo de Lance Weller
Les Éditions Gallmeister vous présentent leur rentrée littéraire 2021. Au programme : TRUE STORY de Kate Reed Petty (traduit de l'américain par Jacques Mailhos), LES DENTS DE LAIT d'Helen Bukowski (traduit de l'allemand par Elisa Crabeil et Sarah Raquillet), LA CITÉ DES MARGES de William Boyle (traduit de l'américain par Simon Baril) et LE CERCUEIL DE JOB de Lance Weller (traduit de l'américain par François Happe).
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