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Critique de Grecie


Pendant quelques centaines de pages de ce livre, le désarroi m'empoignait. La certitude se faisait de plus en plus forte : je n'étais plus sensible au charme de l'écriture de Bernard Werber ; j'avais vieilli ; je n'étais plus capable de m'enchanter ni de m'illusionner sur les possibilités d'un monde meilleur... N'ayant pas été captivée plus que cela par le Jour des Fourmis, le précédent opus, je commençais, fataliste, à me faire à cette idée : cet auteur-là était fait pour les jeunes qui n'ont pas encore développé le cynisme des plus de trente ans et peut-être la lecture des Thanatonautes et du Papillon des Etoiles me laisserait-elle froide désormais...

Les personnages, quoique sympathiques (plus que dans le Jour des Fourmis d'ailleurs) étaient trop caricaturaux et sans grande profondeur. Les situations manquaient cruellement de réalisme. le message passé était simpliste. Faire la révolution sans violence ? Qui peut croire cela possible ? Même avec violence, d'ailleurs, les révolutions n'ont jamais manqué d'être dévoyées... Passons le message auprès des adolescents, afin de leur faire croire un peu plus longtemps que ce monde n'est pas totalement irrécupérable, mais nous autres...

Et puis il s'est passé quelque chose. Voilà que, insidieusement, les pages ont commencé à tourner plus vite. Elles ont défilé. le livre ne s'est plus refermé. Impossible de le lâcher. Brusquement, la magie avait repris. Voilà que je retrouvais mon Werber. C'est qu'on s'en prenait à ces héros peu crédibles au départ mais attachants. On s'attaquait à leur révolution pacifique. On employait pour la détruire des moyens infâmes... Et je détestais tout-à-coup qu'on laminât cette insurrection hors normes à laquelle je ne croyais pas du tout au début ! Un "méchant", psychopathe sur les bords, se dévoilait peu à peu et il se mettait même à décapiter des fourmis, projetant de détruire 103ème, l'héroïne insecte la plus extraordinaire de la Création, à l'heure même où celle-ci commençait à percer le secret des Doigts, à savoir l'Art, l'Amour et l'Humour...

Non, ce n'était pas si candide, finalement... le démarrage avait juste été long et un peu poussif. Comme souvent avec Werber, qui est à la littérature ce que l'oignon est à la gastronomie française, il fallait croquer à travers toutes les couches pour en atteindre la vraie saveur. Et encore cet auteur-là est-il si prolixe en pistes de réflexion diverses qu'on doute toujours avoir entièrement extrait le suc salvateur de ses oeuvres.

Grâce en soit rendue aux Doigts... pardon, aux dieux, je ne serai jamais trop vieille pour lire du Werber.
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