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Philippe Bouquet (Traducteur)
EAN : 9782847200355
460 pages
Gaïa (08/11/2003)
3.7/5   5 notes
Résumé :

Le malheur d'être un Skrake est un puzzle fabuleux, une saga familiale imprégnée de folie douce, qui réaménage à sa façon l'Histoire du XXe siècle. Les histoires croisées de plus de trois générations de la famille Skrake : Bruno, le grand-père, à la personnalité pleine de mystères ; Viktor, le fils, narrateur de cette histoire et coureur de fond impénitent ; et entre eux deux,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Victor, parvenu à 38 ans a quitté son rémunérateur travail dans la presse et la publicité, il est revenu dans la maison de son enfance, et fait en quelque sorte le bilan de sa vie, en particulier en revenant sur son histoire familiale et en premier lieu sur l'existence et la malchance persistante de son père, qui ont évidemment marqué sa propre destinée. C'est en fait trois générations de cette famille de Finlandais svédophones qu'il nous conte par petites touches, en ne suivant pas toujours forcement l'ordre chronologiques, en donnant la place centrale aux hommes de la famille: Bruno, son grand-père homme d'affaires, son frère Leo, professeur aux méthodes d'enseignement iconoclastes, Werner son père, pêcheur, lanceur de marteau, écrivain et tant de choses encore, et enfin le narrateur lui-même.

Au-delà de cette histoire familiale, c'est aussi l'histoire sur un presqu'un siècle de la Finlande, et de ces fameux Finlandais svédophones, dont Victor, comme l'auteur lui-même est un représentant.

Même si le livre est parcouru par moments d'une douce folie et de cocasserie, les sentiments qui se dégagent le plus à mon sens de ce récit, sont la mélancolie, une douce tristesse, le regret des choses rêvées et inaccomplies, une profonde poésie des petites choses du quotidien, un sentiment d'échec et d'insatisfaction des personnages, sans que l'on puisse vraiment saisir ce qui le provoque, ce qui a dérapé, à quel moment et pourquoi. Il y a aussi le regret d'un monde qui disparaît sans espoir de retour, avec son charme et sa beauté, sa simplicité aussi, et l'agitation, la laideur, et la banalité du monde qui le remplace.

Werner, qui est le personnage au centre du récit, beaucoup plus qu'un malchanceux chronique, est pour moi un dilettante, quelqu'un qui fait les choses parce qu'il aime les faire, au moment et de la façon qui lui conviennent le mieux, sans forcement avoir en tête la performance, l'efficacité, le rendement optimum. Et c'est pour cela qu'il est condamné, qu'il appartient au passé, qu'il n'a plus sa place dans un monde qui devient celui de professionnels dont l'objectif est l'efficience maximum, le geste le plus juste et le plus économe et non pas le plus beau ou celui qui apporte le plus de plaisir.

Et puis avant d'être malchanceux, tous ces Skrake, me paraissent avant tout inaptes au bonheur, ils ratent toujours le bon moment où les choses pourraient basculer, comme Victor qui ne retient pas Jinx, et ne construit pas avec elle une véritable relation, autour de cet enfant qui est peut être son fils. Mais les Skrake ne s'aiment pas assez eux mêmes pour pouvoir manifester suffisamment d'amour aux gens auxquels ils tiennent, et finissent seuls.

L'auteur sait nous les rendre attachants, nous émeut et nous intéresse à leur histoire, et j'ai été ravie de découvrir ce beau roman. Une petite réserve toutefois, je pense que le livre aurait gagné à être un peu resserré, à faire quelques dizaines de pages de moins, là par moments il y a quelques répétitions et redites, par exemples on nous annonce tellement le fameux grand jet de Werner, que lorsqu'il arrive j'ai été presque déçue. Mais c'est une réserve mineure, et si vous avez envie l'envie ou l'occasion de partir à la rencontre des Skrake, n'hésitez pas, je crois que vous ne regretterez pas ce voyage en Finlande qui parle suédois.
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Saviez vous que l'année 52 a été pour la Finlande, l'année magique ?
La dette de guerre envers la Russie est remboursée, le pays se prépare à accueillir les jeux olympiques, c'est un hongrois qui gagna le concours du lancer de marteau avec un jet de 60 mètres et 34 centimètres, Armi Kuusela a été élue miss univers....
L'année 52 une année de rêve peut être mais pendant ce temps là, les époux Rosenberg attendent la mort, il y a la guerre en Corée ....
Les finlandais, en général, assistent en direct au débarquement d'un nouveau mode de vie ! Inimaginable de nos jours.
C'est une histoire de ce temps là, de la jeunesse de Viktor, le coureur de fond, narrateur de l'histoire de sa famille les Skrake et de ce qui à amener le malheur sur Werner, le lanceur de marteau, le roi des dilettantes, celui qui a toujours raté aux derniers moments son instant d'éternité.
Werner nous raconte qu'il pensait simplement aux filles, quand il a cassé les bouteilles.
Viktor essaie de nous parler de lui, "une fois que nous avons quitté le nid et commencé à regarder autour de nous, notre existence est faite de fragments qui voltigent çà et là", toujours au travers de son père ou de son grand père, avec l'aide de sa mère, de sa grand mère ou de son oncle.
Le poids de la famille est essentiel pour essayer de reconstituer une histoire, l'histoire qui a permis à un petit Viktor de s'affranchir de ce qu'aurait dû être sa vie pour enfin essayer de la vivre ... mais finalement n'est ce pas ce que chacun de nous essaie de faire !
Laissons la conclusion à Viktor ou à l'auteur :
"Pendant douze mois, j'ai eu une passion : vous raconter des histoires.
J'ai fait de mon mieux pour tenter de vous les rendre dans toute leur beauté, leur caractère mélancolique et leur cruauté, j'ai voulu que vous les sentiez à la manière d'une main sur votre peau.
Mais je ne peux m'empêcher de nourrir un soupçon : à savoir que Werner aussi bien que Léo les auraient racontées mieux que moi."
Et bien soyez rassuré Kjell, vous avez su caresser notre esprit avec vos fragments d'émotions ... n'est ce pas ce qu'on recherche au travers de la littérature !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La solitude ronge les forces de l'être humain. Elle ôte l'envie de faire des choses, de créer... la mienne, en tout cas. Mais sais tu ce qui reste ?
Elle a attendu que je dise quelque chose. Mais j'ai secoué la tête sans répondre et elle a repris :
C'est l'envie de VIVRE. Mais vous, les jeunes, vous ne pouvez pas comprendre ça. Vous voyez seulement que nous nous essoufflons, que nous devenons voûtés et que notre visage se couvre de rides et c'est pourquoi vous croyez que nous sommes satisfaits tant que nous avons nos petites habitudes plutôt tristes. Mais le sang bat dans nos veines exactement comme dans les vôtres. L'envie de vivre ne disparaît pas.
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S'il arrive à l'Histoire d'être belle et lumineuse, c'est parce que les êtres humains ont été capables de maintenir ouvertes leurs portes et leurs fenêtres. Mais, si elle est cruelle et ténébreuse - ce qui est souvent le cas, hélas - c'est parce que nous avons fermé nos portes et nos fenêtres derrière nous et que nous nous mettons à voir partout des ennemis et des esprits abyssaux.
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Une photographie ne dit rien, en fait.
Les images mentent à cause de ce qu'elles taisent. Les images montrent rarement ceux qui les ont prises, les ont peintes, les ont racontées.
L'auteur demeure dans l'ombre, reste caché.
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À vrai dire, je me suis toujours considéré comme philosophe et artiste.
Tout ce que j'ai fait n'a été que mensonges et poudre aux yeux.
J'ai manipulé bien des âmes, la mienne et celles des autres.
Comme nous le faisons tous aujourd'hui, dans le virtuel comme dans la vie sur terre.
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Werner Skrake avait commencé à se considérer comme une âme de couleur ayant échoué par erreur dans le corps d'un Finlandais du sud d'ascendance ostrobotnienne.
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