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EAN : 9782264006608
253 pages
10-18 (12/09/1999)
3.8/5   198 notes
Résumé :
La jeune Charity, recueillie enfant par un avocat du petit village de North Dormer, en Nouvelle-Angleterre, s'est résignée à une vie étriquée, au pied des montagnes, rythmée par les heures qu'elle passe à dépoussiérer et ordonner la minuscule bibliothèque municipale.
Un jour de début d'été, elle voit apparaître dans ce bout du monde un jeune architecte, Lucius Harney, venu dessiner des croquis d'habitats traditionnels de la région. Très vite, elle s'éprend de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Lors de sa parution en France en 1918, ce roman a reçu le titre de "Plein été" et je trouve que l'éditeur 10/18 l'a considérablement appauvri par la suite en se limitant à une traduction littérale (le titre VO étant "Summer"). Pourquoi je pense ainsi ? Simplement parce que ce roman touche le lecteur en plein coeur !

Roman d'une incroyable richesse émotionnelle, "Plein été" déroule sa narration brillante sur une toile de fond faite des somptueux décors de la Nouvelle-Angleterre, au coeur d'une nature sauvage et luxuriante. Charity Hyatt est une enfant née dans un milieu très défavorisé. Recueillie par le couple Royall, elle atteint l'âge de vingt ans sans connaître ses origines. Malgré un fort tempérament, elle possède l'ingénuité et l'immaturité de son âge. Bibliothécaire de la petite bourgade de North Dormer, elle fait par hasard la connaissance de Harney, jeune architecte venu de New York pour recenser les vieilles bâtisses de la contrée. Lui servant de guide dans la région, Charity s'éprend rapidement du jeune homme dont le tempérament passionné n'a rien à envier au sien. Mais, on le sait, l'amour est bien souvent le jouet des influences sociales, dans le jeu complexe des relations humaines, et le bonheur peut parfois se payer fort cher...

Que dire de la plume d'Edith Wharton, cette grande femme de lettres ? Avec un sens de la photographie quasi cinématographique, elle décrit la Nouvelle-Angleterre avec une netteté et un esthétisme qui donnent immédiatement envie de sauter dans un avion pour s'y immerger. La très convaincante étude des sentiments et des caractères de ses personnages est aussi sincère qu'émouvante ; la simplicité même de son récit, la limpidité de son propos, donnent une rare intensité au drame amoureux qu'est en réalité la relation entre Charity et Harney.

J'ai dévoré "Plein été" en plein automne et il m'a pleinement réchauffée le coeur. Un vrai coup de coeur !


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Edith Wharton est une auteure qui s'attache très souvent dans ses romans, à dépeindre la haute société de son temps. Avec Été, paru en 1917 et qui fit scandale, elle laisse les grands de ce monde pour installer sa plume dans un petit village de la Nouvelle Angleterre. Si North Dormer paraît morne, les descriptions des environs offrent à notre esprit des paysages magnifiques, où collines et vastes plaines sont sous la garde austère de la Montagne.

Mais Été est plus qu'un simple roman provincial avec beaux points de vue naturels. le temps d'une saison se joue le destin de la jeune Charity Royall qui vit auprès de son tuteur qui l'a recueilli toute enfant parmi la communauté miséreuse vivant sur la Montagne. Jeune fille au tempérament entier et marqué, d'une instruction peu poussée, elle s'occupe - un bien grand mot - néanmoins de la bibliothèque du village. Les relations avec Mr Royall sont souvent houleuses ou couvertes du mépris de Charity (comme quoi, l'influence des prénoms...).
Arrive Lucius Hanley, architecte de son état, attaché à croquer pour un futur ouvrage les vieilles demeures de la région et cousin d'une dame emblématique par sa position de North Dormer. Faut-il préciser qu'il est, de surcroît, un beau jeune homme aux manières agréables?

L'intrigue peut, ainsi résumée, paraître déjà lue à moult reprises. En accompagnant Charity, j'ai pensé à des personnages précédents et outre atlantiques : Marianne Dashwood et Willoughby de Raison et sentiments de Jane Austen. Jusqu'à un certain point.

La force et la beauté du roman tiennent dans l'art et le style d'Edith Wharton, grande dame de la littérature américaine. Il se dégage d'Été des émotions puissantes qui saillent d'autant plus dans le cadre créé par l'auteur, où la campagne est douce et paisible.
Été m'a saisie de la première à la dernière page et c'est avec regret que j'ai refermé la couverture sur ces lieux et ces personnages.
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North Dormer, village de la Nouvelle-Angleterre, est un endroit trop calme pour la fougueuse Charity Royall, mais elle est résignée « à considérer North Dormer comme la mesure de toute chose » (p. 10)
L'arrivée du jeune et beau Lucius Harney lui fait espérer un avenir plus grandiose. Sous prétexte de dessiner les demeures locales, le jeune homme parcourt la région accompagnée de Charity. Éblouie par le savoir d'Harney, Charity se prend à rêver de quitter North Dormer, d'échapper à cette société étriquée et soupçonneuse et de s'affranchir enfin de son tuteur, l'avocat Royall, un homme frustre et parfois brutal.
Mais la liberté n'est pas une proie facile. Charity vient de la Montagne, une région qui fascine et qui terrifie. Si la jeune fille a conscience de sa valeur et refuse de se donner au premier qui la demande, elle est aussi mortifiée par l'étendue de son ignorance et le mystère de ses origines. Cette ambivalence déteint sur sa relation avec Harney : si elle veut être à lui, elle refuse de se brader. « S'il la voulait, il faudrait qu'il la cherchât : qu'il n'obéît pas à une surprise des sens, qu'elle ne fut pas prise comme tant d'autres. » (p. 96)
À mesure que Charity goûte tous les charmes de la romance avec Harney, elle prend conscience des possibilités que lui offre la vie. « Rien ne change à North Dormer : les gens s'adaptent aux choses, c'est tout. » (p. 110) Mais peut-être est-ce moins dangereux que ce jeune homme si insouciant. Les dégoûts de la jeunesse peuvent devenir un refuge quand celle-ci est blessée.
Éclatante de jeunesse et de force, Charity oscille entre la perfection féminine incarnée par la belle Miss Balch et la fille perdue qu'est Julia, une ancienne enfant du village. Entre ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle redoute de devenir, Charity a la tentation de revenir à ses sombres origines : « Sans doute il y avait dans son sang quelque chose qui l'attirait toujours là-bas à la Montagne, comme si c'était la seule réponse à ses questions, le seul moyen d'échapper aux angoisses qui l'assiégeaient de toutes parts. » (p. 208)
Encore une fois, Edith Wharton signe un roman qui célèbre la complexité féminine, fustige les sociétés bien-pensantes et apaise les orgueils farouches. Puissamment sensuel et non moralisateur, Été fait de la sexualité féminine un principe d'accomplissement : si l'image de « la fille » reste négative, celle de la jeune fille qui s'ouvre à la sensualité est porteuse d'une promesse de liberté. Sans être licencieux ou libertin, le roman d'Edith Wharton prône un certain affranchissement de la femme, qui peut être autre que la jeune fille à marier ou la fille perdue.
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Encore un noir chef d'oeuvre d'Edith Wharton.
"Vous qui passez, laissez ici toute espérance"...C'est quoi déjà ? Je ne sais plus, mais ça m'y fait penser.
Bon, ce n'est pas très encourageant, mais on ne fait rien de bien puissant avec de l'eau de rose, non ?
Pourtant, on a tous les éléments du récit sentimental : une jeune fille adoptée par un barbon qui tombe amoureux, un jeune homme frais et dispos qui vient pour la séduire...Un village peuplé de commères hypocrites dont l'unique ambition est d'écraser la force et la beauté...Auxquelles elles ont elles-mêmes jadis renoncé, et bien décidées à le faire payer à la nouvelle génération...Le roman est tout cela, mais tellement plus subtile, insidieux, implicite.
Car la jeune fille est marquée d'une tache indélébile, elle vient de "la montagne", un lieu hors des lois, hors des cadres, hors des normes, d'une misère et d'une crasse qui vous souillent à jamais dans ces contrées. Mais de cette origine elle tire aussi la différence, la sauvagerie-un peu à la Cathy Earnshaw - qui attirera vers elle le jeune homme policé de New York. Mais le jeune homme, sous ses dehors ouverts, agréables et charmants, n'est ni Heathcliff ni même Linton - rien qu'une créature sociale qui ne se défera sans doute pas de la norme.
Dans l'été splendide de la Nouvelle-Angleterre, des liens vont se créer, un paradis va naître, mais toujours dans l'ombre menaçante, au loin de "la montagne".
On sent dès le début que la voie est sans issue, mais pourtant que le rêve est beau, et les personnages étonnants ! Impossible de les juger. Une force plus puissante que toute volonté, plus forte que la montagne elle-même, dévore la vie à sa source, et fait de toute existence un tour sur le manège qui revient à son point de départ. Il s'arrête, et presque...presque tout éclat a disparu.
"L 'homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur, qui n'est pas plus tôt éclose qu 'elle est foulée aux pieds ; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais dans un même état" assène le pasteur devant une tombe...Ce n'est pas tous les jours que la bible me fait frissonner.
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Charity Royall, du nom de son tuteur qui l'a arrachée à la Montagne, un lieu où vivent des sans foi, ni loi, des moitié vagabonds, vit une petite vie tranquille à North Dormer, petit village de Nouvelle Angleterre.
N'ayant que mépris pour Mr Royall, elle décroche le poste de bibliothécaire afin de gagner l'argent de son indépendance.
L'ennui de son activité plutôt inexistante, personne ne fréquente la bibliothèque, est rompue par l'arrivée de Lucius Harney, jeune new-yorkais venu réaliser des croquis de vieilles bâtisses pour un ouvrage d'architecture.
Après une rencontre plutôt houleuse, Charity accepte de lui servir de guide. le temps d'un Eté, on observe l'amitié affichée par les deux jeunes gens, leur rapprochement face à la lucidité et la jalousie de Mr Royall, l'aveuglement de Charity jusqu'au dénouement trop prévisible à mon goût.
J'avais été totalement emballée par « Ethan Frome » et j'attendais beaucoup, peut-être trop de « Eté ».
L'écriture d'Edith Wharton est magnifique. Elle excelle notamment dans la description de sa région, cette campagne du Massachussetts.
Elle a aussi un incroyable culot pour oser écrire cette histoire de fille perdue en 1917 ! Chapeau bas !
Pourtant, le personnage de Charity dont la sensualité est intense mais qui passe sans cesse de l'humiliation à l'extase, de la haine la plus féroce à la timidité la plus craintive ne m'a pas entièrement convaincue.

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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
- Demandez-lui donc quand il va vous épouser...
Il y eut un autre silence, et ce fut au tour de Mr Royall de rire d'un rire rauque, douloureux.
- Vous n'osez pas !, s'écria-t-il, avec un éclat de colère soudaine.
Il s'était rapproché de Charity, son bras droit levé, non dans un geste de menace, mais d'exhortation tragique.
- Vous n'osez pas, et vous savez pourquoi !
Il se retourna brusquement vers le jeune homme.
- Et vous savez aussi, vous, pourquoi vous ne l'avez pas demandée en mariage, et pourquoi vous n'y songez même pas. C'est parce que vous ne voulez pas d'elle pour votre femme, ni vous ni aucun autre. Je suis le seul qui soit assez fou pour ne pas l'avoir su ; personne ne se trompera sur son compte comme je me suis trompée... personne de l'Eagle County, en tous cas. Tout le monde sait qui elle est, d'où elle vient, et de qui elle sort. Tout le monde sait que sa mère était une fille de Nettleton, qui a suivi une de ces fripouilles de la Montagne pour habiter chez lui. Je l'ai vue là haut, il y a quinze ans, quand j'y suis monté pour aller chercher la petite. Je l'ai prise chez moi pour l'arracher à la vie ignoble que menait sa mère... J'aurais mieux fait de la laisser dans la pourriture d'où elle vient...
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Par un de ces après-midi, Charity Royall s'était étendue sur une hauteur, au-dessus d'une prairie ensoleillée. Son visage, caché dans l'herbe, se grisait de la chaude haleine de la terre qui semblait courir dans ses veines. Juste en face d'elle, une branche de ronce profilait, sur le ciel clair, ses fleurs blanches, si frêles, et ses feuilles d'un vert bleuâtre. Un peu plus loin, une touffe de fougères se dressait parmi les herbes folles où voletait, comme une tache de soleil, un papillon jaune.
C'était là tout ce qu'elle voyait ; seulement elle sentait, au-dessus d'elle, la douce et forte vie de la nature, la croissance des hêtres couvrant le sommet de la colline, le gonflement des cônes d'un vert pâle sur les branches des sapins, la poussée des myriades de fougères dans les interstices des rochers dévalant sur la pente, l'éclosion des reines-des-prés et des iris d'eau dans les pâturages humides. Tout ce bouillonnement de sève, ces bourgeons éclatants, ces calices s'ouvrant, emplissaient l'air de mille odeurs confondues. On eût dit que chaque tige, chaque feuille, chaque bouton donnait sa note dans ce concert harmonieux, suave et pénétrant où l'arôme puissant des sapins dominait sur la senteur du thym et le parfum subtil des fougères, pour se perdre dans une odeur de terre humide pareille à l'haleine d'une bête géante se chauffant au soleil.
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Parfois, elle enviait aux autres filles leurs préoccupations sentimentales, leurs longues promenades silencieuses et les caresses gauches échangées avec les rares jeunes gens restés encore au village ; mais si elle se représentait se frisant les cheveux ou mettant un ruban neuf à son chapeau pour Ben Fry, ou l'un des fils Sollas, sa fièvre juvénile tombait et elle se renfermait de nouveau dans son indifférence.
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Il n'y avait à North Dormer ni boutiques, ni théâtres, ni conférences, ni centre d'affaires, rien qu'un temple qui s'ouvrait tous les deux dimanches, si toutefois l'état des chemins le permettait. Il y avait bien la bibliothèque, mais, des volumes qui moisissaient sur les rayons humides, les plus récents dataient de vingt ans, et tous étaient sans lecteurs. Cependant on avait toujours laissé entendre à Charity Royall qu'elle devait considérer comme un privilège d'habiter North Dormer.
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Charity, suffoquée par la honte, se leva brusquement et courut s'enfermer dans sa chambre...
Elle savait donc enfin la vérité : elle était la fille d'un ivrogne, d'un forçat, et d'une mère qui avait été heureuse de la voir partir, de se débarrasser d'elle... et cette histoire de son origine, elle l'apprenait en l'entendant raconter au seul être à qui elle désirait passionnément paraître supérieure !
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