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Critique de LiliGalipette


North Dormer, village de la Nouvelle-Angleterre, est un endroit trop calme pour la fougueuse Charity Royall, mais elle est résignée « à considérer North Dormer comme la mesure de toute chose » (p. 10)
L'arrivée du jeune et beau Lucius Harney lui fait espérer un avenir plus grandiose. Sous prétexte de dessiner les demeures locales, le jeune homme parcourt la région accompagnée de Charity. Éblouie par le savoir d'Harney, Charity se prend à rêver de quitter North Dormer, d'échapper à cette société étriquée et soupçonneuse et de s'affranchir enfin de son tuteur, l'avocat Royall, un homme frustre et parfois brutal.
Mais la liberté n'est pas une proie facile. Charity vient de la Montagne, une région qui fascine et qui terrifie. Si la jeune fille a conscience de sa valeur et refuse de se donner au premier qui la demande, elle est aussi mortifiée par l'étendue de son ignorance et le mystère de ses origines. Cette ambivalence déteint sur sa relation avec Harney : si elle veut être à lui, elle refuse de se brader. « S'il la voulait, il faudrait qu'il la cherchât : qu'il n'obéît pas à une surprise des sens, qu'elle ne fut pas prise comme tant d'autres. » (p. 96)
À mesure que Charity goûte tous les charmes de la romance avec Harney, elle prend conscience des possibilités que lui offre la vie. « Rien ne change à North Dormer : les gens s'adaptent aux choses, c'est tout. » (p. 110) Mais peut-être est-ce moins dangereux que ce jeune homme si insouciant. Les dégoûts de la jeunesse peuvent devenir un refuge quand celle-ci est blessée.
Éclatante de jeunesse et de force, Charity oscille entre la perfection féminine incarnée par la belle Miss Balch et la fille perdue qu'est Julia, une ancienne enfant du village. Entre ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle redoute de devenir, Charity a la tentation de revenir à ses sombres origines : « Sans doute il y avait dans son sang quelque chose qui l'attirait toujours là-bas à la Montagne, comme si c'était la seule réponse à ses questions, le seul moyen d'échapper aux angoisses qui l'assiégeaient de toutes parts. » (p. 208)
Encore une fois, Edith Wharton signe un roman qui célèbre la complexité féminine, fustige les sociétés bien-pensantes et apaise les orgueils farouches. Puissamment sensuel et non moralisateur, Été fait de la sexualité féminine un principe d'accomplissement : si l'image de « la fille » reste négative, celle de la jeune fille qui s'ouvre à la sensualité est porteuse d'une promesse de liberté. Sans être licencieux ou libertin, le roman d'Edith Wharton prône un certain affranchissement de la femme, qui peut être autre que la jeune fille à marier ou la fille perdue.
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