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Edith Wharton signe avec son Ethan Frome une longue nouvelle d'exception. Ce terme « d'exception » est souvent galvaudé, tant on fait crouler les oeuvres sous des superlatifs tous plus ronflants les uns que les autres. Alors, quand on se hasarde à vouloir utiliser des épithètes ultimes, fatalement, on risque de servir un vilain jus de radis tiède, là où l'on espérait produire un brûlant élixir, un nectar, deux hectares, même ! Qu'importe, je maintiens mon superlatif pour ce livre.

Je n'ai pas peur d'affirmer que d'un point de vue filiatif, cette nouvelle constitue le chaînon manquant entre Maître et Serviteur de Léon Tolstoï et Des Souris et des Hommes de John Steinbeck, rien que ça, excusez du peu.

Il est assez incroyable, en effet, qu'Edith Wharton, plus habituée aux salons mondains des grandes villes qu'aux rudes campagnes, ait su trouver le souffle, l'élan, la crédibilité nécessaires à la mise sur pied de cette fulgurante histoire de campagne et de climat septentrional, où, je vous assure, on sent le vent froid s'engouffrer sous nos vêtements, on sent les courroies de cuir et l'haleine blanche des chevaux fatigués sur ces mauvais chemins pleins de neige.

Qui est Ethan Frome ? Pourquoi est-il si boiteux, si vieilli, si contrefait ? de quel mal la cicatrice qui barre son visage est-elle la marque ? Que cache-t-il dans ses silences, dans ses gestes douloureux, mille fois répétés depuis des décennies ? Comment parvient-il à vivre encore dans cette misérable ferme dépourvue de tout ?

Qui sont ces femmes qui vivent recluses dans sa maison ? Quel destin semble assez impitoyable pour leur assigner pareille non vie ? le coeur d'Ethan a-t-il toujours été aussi sec et rabougri qu'il semble l'être à présent ? Quels battements a-t-il connu, bien des années auparavant ? Et pourquoi tous et toutes semblent tourner la tête, au village, lorsqu'on leur demande des précisions sur Ethan Frome ?

Aurez-vous le coeur et l'âme à vouloir affronter les frimas piquants d'un hiver dans le Massachusetts au tournant du XIXème siècle avec le suivant ? Aurez-vous assez d'estomac pour encaisser toute l'amertume accumulée dans la vie, le destin et les veines d'Ethan Frome ?

Qu'est-ce donc que cet étrange sentiment qu'est l'amour ? Que peut-il nous faire faire ? ou ne pas faire ? Comment nos personnalités sont-elles influencées par nos corps ravagés ? Que peuvent le temps et les hasards de l'existence sur notre tempérament ?

Si vous brûlez de le savoir, alors lisez Ethan Frome d'Edith Wharton. D'après moi, une orfèvrerie narrative, psychologique et littéraire, telle qu'on en rencontre peu, dans une vie de lectrice. Mais bien sûr, de cela comme du reste, c'est à vous d'en décider, car voilà ici compilées les minces conclusions de mon misérable avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.

N.B. : je ne sais pas si c'est toujours le cas dans les éditions plus récentes, en tout cas, sur mon édition dans la collection L'Imaginaire de Gallimard, première époque, donc, la quatrième de couverture est un véritable scandale : elle divulgue des morceaux importants et essentiels de l'intrigue que l'auteure s'est justement employée à faire découvrir progressivement au lecteur. Donc, si rien n'a changé, surtout, surtout, surtout ne lisez pas cette accroche avant votre lecture.
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Une lecture ancienne dont je me souviens encore un peu : l'atmosphère étouffante de la campagne, avec la rumeur qui obsède tout le monde ou presque ; le huis clos, plus étouffant encore, dans la maison de Frome, où chaque détail se remarque presque immédiatement ; la maladie : tout le monde est malade à la fin du roman, à l'exception de Zeena, qui croit toutefois l'être ; le duel entre Ethan et Zeena, qui se doute peut-être de quelque chose, mais prend finalement le pouvoir.
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♫Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard surtout ne prend pas froid♫
Léo Ferré-1971-

Avec l'Ethan, tu vois Orion là-bas
Aldébaran dans le panorama
Avec l'étang, ou la lune dans le lac
tout cet amour va te rendre patraque
Avec les taons, pique-nique platonique
Satan l'habite, un jeu démonique
Ethan pis, ment, si tu te l' interdis,
Ethan pis, rogue, si tu le détruis...
ton jeu de Mot Hue Nique.

On dirait vraiment un tableau !
Ethan eut l'impression qu'on ne pouvait pousser plus loin l'art du commentaire, et que, enfin des mots étaient mis sur ce qu'il éprouvait au plus secret de son âme. p 51
Frustrations, sentiments, effusions
confusions, complications et .....collisions.

Bravo à cette interprétation d'Edith Wharton magistrale
Sûr, j'aurais aimé pouvoir la lire en version originale.



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Massachusetts – Un petit village en zone rurale – Début du 20e siècle.

Le narrateur, ingénieur en mission dans la région, est intrigué par cet homme, Ethan Frome, qu'il croise chaque jour à la poste durant cet hiver glacial. Grand, difforme, une balafre défigurante, un simple salut, rien de plus. Les gens sont peu bavards dans le coin, mènent une vie dure et austère.

Un accident. Un drame.

Obligé d'effectuer des déplacements quotidiens pour son travail, le narrateur est bloqué au village à cause des chutes de neige et des congères qui empêchent la circulation. Ethan Frome, fermier pauvre, également propriétaire d'une scierie peu rentable, lui propose ses services, ceux de sa charrette et de sa vieille rosse. de jour en jour, malgré les silences – ou grâce à eux – la confiance s'installe et l'ingénieur finit par connaître l'inimaginable réalité.

Vingt-cinq ans auparavant, Ethan venait de perdre son père, et sa mère, malade, avait besoin d'aide. Ainsi entre dans la ferme, Zeena qui se rend aussitôt indispensable. Ethan l'épouse à la mort de sa mère. Elle se révèle alors hypocondriaque, plaintive, et mène la vie dure à son jeune mari jusqu'à exiger à son tour une aide familiale. Mattie Silver, orpheline sans ressources, de bonne humeur et travailleuse malgré une santé fragile, devient un rayon de soleil pour Ethan, de plus en plus taciturne tant les besoins en médicaments et les visites médicales de son épouse grèvent un budget déjà misérable. Après plus d'un an de bons et loyaux services, le renvoi, totalement inattendu, de Mattie par une Zeena soupçonneuse et machiavélique est à l'origine du drame.

C'est l'histoire, poignante, d'un amour impossible, d'un huis clos magistral, d'une manipulatrice démoniaque, de non-dits accablants et de la lutte entre les sentiments et le devoir. L'exploit d'Edith Wharton réside dans l'histoire qu'elle tisse autour d'un fait divers aux conséquences funestes qui s'est produit dans la région, en hiver, avec une luge. le scénario qu'elle élabore, tout en pudeur et en sobriété, donne une puissance émotionnelle incroyable à ce roman écrit en 1911, où les moeurs sont codifiées, où la retenue des personnages n'a d'égale que leurs tourments intérieurs.

On ne sait rien de ce qu'il s'est passé durant les vingt-cinq ans après l'accident, avant la rencontre entre le narrateur et Ethan Frome, brisé dans son coeur et dans son corps.

Véritable coup de coeur, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi intense, d'aussi tragiquement humain.

L'écriture parfaite, efficace, opposant la magnificence des paysages enneigés à l'âpreté des gens isolés des mois durant, fait merveille.

Edith Wharton est une écrivaine américaine (1862-1937) issue de la grande bourgeoisie new-yorkaise, francophile et voyageuse, à l'imagination débordante, a commencé à écrire dès l'adolescence, de la poésie d'abord qu'elle publie à compte d'auteur, puis, qui sont publiés dans divers journaux. Elle fait construire une maison dans le Massachusetts et s'y installe avec son mari mais elle préfère voyager et Paris et Londres deviennent ses lieux de prédilection. Durant la Première Guerre mondiale, elle crée des hôtels pour réfugiés et collecte des fonds sans relâche. Elle sera décorée de la Légion d'Honneur. Elle meurt des suites d'une crise cardiaque à 75 ans et est enterrée au cimetière paysager des Gonards à Versailles.

Régulièrement réédité, ce livre date de 2014, publié aux éditions POL dans une nouvelle traduction de Julie Wolkenstein.

Brillantissime.
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Ethan Frome, ou la chute inexorable d'un pauvre diable autrefois jeune et vif vers un destin désespérant, dans lequel les charges de la pauvreté conjuguées à une épouse odieuse éteindront une à une toutes les lumières de son avenir : l'accomplissement, la liberté, l'amour, jusqu'à l'envie de vivre.

Où diable va donc Edith Wharton puiser le talent de mettre une écriture aussi belle, précise, douce comme du velours, au service d'une si épouvantable tragédie, à la construction implacable ?

Tout est saisissant dans ce roman : le froid mordant de l'hiver sur les collines de ce recoin miséreux du Massachussets, le huit-clos théâtral entre les trois protagonistes, la violence des non dits, les contrastes de lumières (la flamme chaude de la bougie de la cuisine dans la noirceur de la nuit hivernale), de caractères (Mattie la douce et vive contre la démoniaque et morbide Zeena ferrant son doigt fielleux dans les frustrations douloureuses d'Ethan), de mouvements aussi (le balancement inexorable du rocking chair de Zeena face à l'envolée libératrice de la luge…)

Il est impossible de ne pas compatir devant la faiblesse de ce brave type, de ne pas frémir devant l'enchaînement des événements, depuis la maladie de ses parents qui l'enchaînent à la scierie, la perversion d'une épouse qui n'aura de cesse de lui pourrir la vie jusqu'au drame de la « collision », qui ont fait de lui l'homme littéralement brisé par la vie que l'on rencontre au début du livre.

Et c'est tellement bien écrit ! Ce roman m'a subjuguée.
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C'est très bon signe, une année qui s'ouvre sur un aussi beau coup de coeur !

Après avoir été enchantée par "Plein été" du même auteur, je récidive avec "Sous la neige" (republié sous le titre "Ethan Frome") et me voici définitivement conquise par le style éminemment talentueux d'Edith Wharton.

Avec ce roman, l'auteur nous offre le superbe portrait d'un homme à la grande sensibilité, victime d'une grande passion pour Mattie, la cousine pauvre de sa femme que le couple héberge pour une durée indéterminée. Orpheline, Mattie a pour fonction d'aider Mrs Frome à tenir sa maison mais sa complexion gracile semble lui interdire les gros labeurs qui cependant ne manquent pas dans une ferme. Au fil des jours, Ethan se sent de plus en plus attiré par la grâce et les charmes de la jeune femme qui offrent un réel contraste avec ceux de son épouse souffreteuse et revêche. Cette attirance se mue rapidement en un sentiment si profond que le jeune homme ne peut plus envisager son existence loin d'elle. Pourtant, sa femme, jalouse, a brusquement arrêté de renvoyer Mattie au grand nulle part d'où elle vient...

Un roman mais surtout un auteur à découvrir de toute urgence. La concision de la narration n'empêche pas le lecteur de se projeter à l'envi dans les sublimes décors montagnards et forestiers de la Nouvelle-Angleterre du début du XXème siècle ; le développement des personnages est remarquable, on se sent rapidement proches d'eux, ou tout du moins on acquière une très bonne compréhension de leurs actes et de leurs pensées dès les premiers contacts.

Sous la neige omniprésente se révèle également une très belle histoire d'amour éloignée de toute mièvrerie et d'une intensité rare, celle-là même qui marque de son empreinte immortelle les grandes amours, aussi pures qu'impossibles.


Challenge MULTI-DEFIS 2017
Challenge XIXème siècle 2017
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Ethan Frome est un fermier abîmé par la vie, presque difforme et qui peine à marcher. Il a une cinquantaine d'année mais en paraît trente de plus.
Sa vie est misérable et à voir sa mine, on a l'impression qu'il porte toute la misère du monde sur ses épaules.
Avant l'accident qui l'a laissé boiteux, il était un jeune courageux et gai malgré un mariage désastreux avec Zénobia, acariâtre et hypocondriaque. Dans son malheur, il y avait Mattie qui telle une belle fleur était venue illuminer ses journées. Peu à peu et sans vraiment s'en apercevoir, Ethan Frome tombera éperdument amoureux Mattie.
Peut-on dire d'un roman qu'il est à la fois noir et lumineux ? C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.
L'histoire est triste, les personnages englués dans une vie sans espoir comme s'ils étaient prisonniers d'un profond brouillard dans un hiver qui n'aurait pas de fin. Tout cela est magnifié par une écriture d'une grande sensibilité avec une précision quasi photographique dans la description des paysages.
Je ne connaissais pas l'oeuvre d'Edith Wharton et cette découverte fut un tel bonheur que je vais poursuivre la lecture de ses ouvrages.
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C'est l'hiver dans cette campagne perdue du Massachusetts, un hiver au climat redoutable, ponctué de tempêtes de neige. C'est à la suite de l'une d'elles que le narrateur va faire plus ample connaissance avec Ethan Frome en étant hébergé chez lui.
Cet homme l'intriguait depuis qu'il le voyait. Un homme encore jeune, même si les séquelles d'un grave accident l'avait vieilli avant l'âge. Quel accident, que s'était-il passé ? Curieusement, les habitants du village renaclaient à donner plus d'information.
Et l'histoire que l'homme va nous raconter est bien triste.

Même si la nature dans toute sa majesté, son indifférence glaciale au sort des humains, son âpreté est omniprésente, on a presque l'impression d'être enfermé en lisant ce court roman.
Enfermé parce que le récit se déroule quasiment toujours en hiver, et que l'hiver dans ces contrées est rude et n'incite pas à flâner a l'extérieur.
Enfermé parce que le cadre est un petit village où il ne faut pas bon sortir des clous, ne pas se conformer aux règles de la communauté, aimer qui on ne doit pas pas.
Enfermé dans la maison des Frome où la maladie, la rancoeur, les non dits règnent en maître, ou l'atmosphère pesante empêche le bonheur de se faufiler, même si le temps d'une soirée trop rapide, on aurait pu en avoir une idée.
Enfermé enfin par la pauvreté qui isole, coupe les ailes, limite les possibilités, ne laisse a une jeune fille orpheline que l'alternative de vivre hébergée chez des cousins, rend la fuite impossible car le coût du trajet est trop élevé.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman, très bien mise en valeur par le ton du narrateur, qui donnait toute leur beauté aux mots de l'autrice. J'ai ressenti le froid de l'hiver, le regard soupçonneux des villageois, la méchanceté de Zeena, la femme d'Ethan

J'ai moins aimé les deux personnages principaux, que j'ai trouvés un peu velléitaires, un peu trop soumis.

Mais cette première découverte de l'univers d'Édith Wharton m'invite à ne pas en rester là.
N'hésitez pas à me laisser vos conseils :-)

Edith_Wharton_-_Sous_la_neige_V2
Daniel Luttringer
Lien : https://www.litteratureaudio..
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Pour moi Edith Wharton est vraiment l'archétype de l'écrivaine new-yorkaise, bourgeoise de la fin du XIXème siècle. Alors quand je rencontre ce court roman et que je vois rapidement qu'il se déroule dans la campagne profonde du Massachussets, je me dis qu'on va pouvoir assister à un dépaysement intéressant.

Mme Wharton ne perd pas une graine de son talent dans ce déménagement. L'édition que j'ai lue est précédé d'une préface de la main même de l'auteure où elle explique surtout ses choix de narration (l'histoire dans l'histoire, le narrateur "sophistiqué" comme elle le désigne, pour raconter l'histoire de gens simples, le saut dans le temps) et l'option de la forme courte plutôt que du long roman. Ce sont les préfaces les plus intéressantes, notamment car elles sont les rares qui peuvent être lues en premier car l'auteur, conscient du caractère précieux de la découverte, n'y dévoile pas toute l'intrigue comme un préfacier moderne le fait souvent. Ici, on a donc d'autant plus conscience que les différents choix stylistiques sont parfaitement calculés dans le but d'un rendu particulier.

L'histoire dans l'histoire est un procédé qui renforce je trouve la connivence avec les personnages puisque nous sommes placés aux côtés du narrateur découvrant en même temps que lui les faits. le choix d'un narrateur sophistiqué parmi des gens simples rapproche ici le récit de son auteure (même si elle a choisi un narrateur homme) puisqu'Edith Wharton pourrait parfaitement être elle-même ce passeur d'histoire. le saut dans le temps et l'annonce partielle et anticipée d'un drame inéluctable dont on ne connait pas réellement la nature, nous place dans une attente assez insoutenable alors même que les évènements décrits sont ceux de la vie courante. Cette proximité narrateur-auteur-lecteur-personnages nous place donc presque dans une promiscuité, celle-même subie par les personnages principaux eux-même dans leur petite maison souvent réduite pour l'action à la petite cuisine et qui ne trouve son oxygène que dans les sorties vers la nature, les ballades en traineau, le pique-nique près de l'étang, les glissades en luge dans la neige... Une sorte de huis-clos avec sas réguliers pour ne pas étouffer, et nous sommes tout aussi étouffés que les personnages, solidaires de leurs souffrance comme de leurs joies.

Au delà de ces choix narratifs réussis, Wharton déploie son histoire et nous intéresse à cet Ethan Frome perdu dans sa propre vie qu'il n'a jamais pu choisir, lui dont la passion pour la science et l'intelligence auraient pu l'amener loin de son milieu d'origine mais que les drames familiaux successifs ont obligés à s'enfermer dans son village natal. Alors quand la nouveauté et l'éveil aux sentiments se présente à lui, il est touchant de le voir se débattre entre ses émotions et son devoir, entre ce que la vie lui a toujours imposé et ce qu'elle vient maintenant lui offrir...

L'histoire se déroule donc inévitablement vers le drame annoncé dès les premières pages alors même que le talent de l'auteur nous a de plus en plus attaché à ses protagonistes. Comme l'auteur l'avait senti elle-même, la concision du récit était nécessaire pour maintenir la tension dramatique à son comble et évite ainsi la dilution dans une forme romanesque au plus long court que l'auteure a pourtant déjà montré maîtriser parfaitement.

Un roman plus méconnu qui est pourtant essentiel pour confirmer tout le talent de cette auteure qui aura choisi la France pour l'écrire, elle qui s'y était installée depuis 1907 , qui a fait le choix de le commencer en langue française. Elle n'a pas quitté le pays même pendant la première guerre mondiale et repose dans un cimetière versaillais après avoir passé en France les 30 dernières années de sa vie. Elle n'était donc pas si bourgeoise et new-yorkaise que cela puisque je finirais presque par la dire française !
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Bouleversant.
Voici un roman écrit en 1911 qui aurait pu être écrit hier.
Voici une histoire universelle, belle et terriblement triste.
Tout commence quand un ingénieur s'installe pour quelques mois à Starkfield, petite ville du Massachussetts. Il est rapidement intrigué par un homme, Ethan Frome, un homme marqué dans son corps certes, affligé d'un boitement, d'une cicatrice vive au visage mais c'est surtout son attitude qui va frapper le narrateur et éveiller sa curiosité. Qu'a-t-il bien pu arriver à cet homme impénétrable et digne ?
Une circonstance va lui permettre de découvrir le drame survenu 25 ans plus tôt.
Ethan Frome a dû abandonner ses ambitions pour revenir s'occuper d'abord de ses parents malades puis il doit s'occuper de son épouse Zeena, hypocondriaque.
Il mène une vie sans joie uniquement faite de travail jusqu'au jour où, Mattie Silver, la jeune cousine orpheline de sa femme, vient vivre avec eux. La jeune femme, vive, joyeuse est un véritable rayon de soleil dans son univers froid et gris.
Mais voilà que Zeena décide que Mattie ne fait pas l'affaire pour l'aider… Entendez par là, faire tourner la maison : ménage, repas, linge ; car Zeena en dehors de geindre, d'acheter tout un tas de remèdes avec l'argent qu'ils n'ont pas, de garder un silence revêche tout en trainant sa carcasse famélique du haut de ses savates éculées ne fait rien…
Les évènements alors se bousculent.
Comment Ethan peut-il continuer à vivre si le réconfort de la présence de Mattie lui est arraché ?
Ce récit bref est beau, déchirant, écrit avec une pudeur, une sobriété exemplaires.
Le personnage d'Ethan est comme cette région des montagnes du Massachussets dont l'hiver si long oblige à un enfermement physique. Lui dont on connait l'amertume, les éclairs de joie, les doutes, est lui aussi enfermé dans un faisceau d'obligations, de devoirs. Et quand enfin j'ai découvert la clef de son histoire, cela m'a littéralement fendu le coeur.
Un magnifique roman.
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