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Marthe Gauthier (Traducteur)
EAN : 9782264032324
390 pages
10-18 (07/02/2002)
3.82/5   28 notes
Résumé :
Une folle histoire d'amour en pleine révolution industrielle américaine.
Un idéaliste, défenseur du prolétariat, écartelé entre deux femmes, deux tempéraments, deux mondes : Bessy, belle héritière, blonde voluptueuse et coquette ; Justine, indépendante, brune aux traits expressifs et altruiste. Trompé par ses sens, il succombera aux charmes de la première, mais la destinée du trio sera à jamais scellée. Dans cette trame romanesque enrichie par une analyse soc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Admiratrice d'Edith Wharton, je ne l'avais pas lue depuis longtemps. J'ai repris contact avec elle avec le fruit de l'arbre, son deuxième roman assez méconnu, écrit en 1907.
John Amherst, sous-directeur dans une usine textile de la banlieue de New-York pendant la révolution industrielle, est un jeune homme travailleur, idéaliste, passionné par sa mission et le rôle social dont il se sent investi auprès des ouvriers dans l'entreprise. Au début du roman, il rencontre Justine, infirmière, au chevet d'un ouvrier gravement blessé, ainsi que Bessy, héritière de l'entreprise.
L'intrigue se nouera autour de ces trois protagonistes. Un homme qui se marie rapidement avec l'une d'elles, pour le regretter assez vite, et deux femmes, amies d'enfance, que tout oppose, les origines sociales, les valeurs, comme la personnalité.
Mon sentiment, à l'issue de la lecture de ce livre, est assez partagé.
A son crédit, je mettrai ce qu'on retrouvera dans ses oeuvres ultérieures et qui en font une immense écrivaine : la finesse de l'analyse psychologique. Edith Wharton radiographie les émois et états d'âme, l'intériorité des personnages. Elle passe au scalpel les éléments qui structurent et font évoluer les relations entre les êtres. Elle nous offre des portraits saisissants de vérité et d'acuité. Elle attache de l'importance aux motivations de John, Justine et Bessy, à leur moteur, à ce qui les fait vibrer et se réaliser, ce qui les rend vivants.
Elle décrit avec justesse les conflits de loyauté, les compromissions, les concessions, l'incommunicabilité au sein des couples et ne manque pas de dénoncer l'institution du mariage.
Deuxième réussite du livre, la toile de fond sociale et historique sur laquelle l'autrice situe ses personnages. Elle décrit le monde des entreprises manufacturières dont elle semble maîtriser les enjeux économiques et les relations entre les salariés et les dirigeants, mais aussi le monde de la grande bourgeoisie dont elle est issue et dont elle sait si bien décrire les dérives et les bassesses.
La délicatesse des émotions combinée au réalisme anthropologique offre des perspectives, des nuances infinies, ainsi qu'une certaine modernité qui fait écho à des problématiques actuelles comme la condition et l'émancipation des femmes, ou l'euthanasie.
Parmi les réserves, je noterai la longueur du livre, la lenteur avec laquelle l'intrigue se construit, les redondances dans le propos, une vision de l'entreprise marquée par le paternalisme et enfin une approche du féminisme au travers d'un antagonisme simpliste entre deux femmes.
Pour résumer, un livre intéressant et, par moments, brillant, que je ne conseillerais pas pour découvrir Edith Wharton.


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Epris de convictions fortes sociales, John Amherst, sous directeur de l'usine de filature aux conditions de travail déplorables, est amené à rencontrer Justine Brent, l'infirmière qui soigne l'ouvrier qui vient de laisser son bras dans un accident à l'atelier de cardage de l'usine. Ils partagent les mêmes valeurs humanistes, mais c'est d'abord vers Bessy, la riche héritière de la famille Westmore propriétaire de l'usine, qu'il tournera son coeur. Il l'épouse, au grand dam de sa famille qui voit d'un mauvais oeil ce roturier idéaliste. Sa jeune épouse se détournera bien vite des projets d'améliorations sociales que Amherst veut apporter à l'usine, aussi sûrement que se déliteront les liens artificiels tissés entre les époux. Justine, amie de Bessy et gouvernante de la fille de cette dernière, est toujours là…

En rédigeant ces quelques lignes introductives, je me remémore tout ce qui m'a déplu dans ce livre : une intrigue mal déployée à partir d'un bon pitch, une romance délayée à outrance autour des atermoiements sans fin des uns et des autres.
Et pourtant, il y a de la belle matière dans ce roman du tournant du siècle publié en 1907, roman de jeunesse donc de la grande Edith Wharton qui n'a sans doute pas encore trouvé le plein souffle du fabuleux « Ethan Frome » (1911) qui m'avait laissée sans voix : une plume précise et ciselée , un regard plein de finesse sur les coeurs et les moeurs de la haute bourgeoisie indolente et révérant l'argent, un contexte socio-économique passionnant, celui d'une démocratie dévoyée par les puissants industriels et d'une société qui commence à être traversée des grands courants socialistes qui agitent l'autre bord de l'Atlantique ; les femmes ne sont plus tout à fait sous le joug de leurs maris sans être encore réellement libres.

Lecture mitigée donc, pas assez cependant pour m'arrêter dans ma découverte d'Edith Wharton et je note de mettre sur ma liste « le temps de l'innocence », prix Pulitzer 1921 rien de moins.
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J'ai été un peu déçue de cette lecture parce qu'elle a « mal tourné » selon moi.
Les 80 premières pages étant assez largement dédiées à la dimension sociale et humaniste d'une fabrique dans l'Amérique de la Révolution industrielle, je me réjouissais que c'en soit le thème principal malgré la quatrième de couverture annonçant « une folle histoire d'amour ».
Mal m'en a pris, car en effet, les réflexions sur les évolutions des conditions de travail des employés sont largement reléguées à l'arrière plan et ne sont plus développées une fois que la première histoire d'amour est engagée.

Bessy Westmore, riche héritière et jeune veuve, possède la fabrique qui lui permet un train de vie dispendieux.
John Amherst est un déclassé volontaire : il aime à veiller sur les ouvriers de la fabrique et souhaiterait révolutionner son organisation pour leur bien-être.
Justine Brent, jeune infirmière humaniste et indépendante, retrouve son amie de pensionnat en Bessy et un camarade d'opinion en John.
Le trio est en place, pour le meilleur et pour le pire.

Ayant lu peu de temps avant « Féminin/ masculin dans la presse du XIXème siècle » de Christine Planté et Marie-Eve Thérenty, j'avais frais en tête certains rapports de force hommes/femmes et certaines images de la masculinité et de la féminité qui m'ont fait malgré tout lire d'un oeil attentif la caractérisation des personnages féminins d'une part, et les rapports conjugaux d'autre part, sachant que ce roman a été publié en 1907, donc dans un contexte proche de celui évoqué dans l'étude mentionnée (même si j'ai bien conscience que l'histoire se déroule aux Etats-Unis et qu'elle a été rédigée par une Américaine).

A cette lumière, le personnage de Bessy m'est apparu renfermer de nombreux stéréotypes de la femme en proie à ses désirs, égoïste, inconstante, inconséquente – même pas bonne mère. Justine, d'un autre côté, semble le parangon de la femme moderne : altruiste, indépendante, persévérante, aimante, loyale au-delà de tout.

A défaut d'y trouver un intérêt littéraire, les relations de mariages décrites m'ont paru un exemple tout à fait instructif des rapports de force entre mari et femme de l'époque, selon le rang social, qui possède quoi, qui peut faire quoi avec l'autorisation de qui etc., ce que cela change quand il s'agit d'un mariage plus égalitaire, où les êtres comptent plus que leur statut, où l'humain compte plus que les désirs égoïstes ; ce qui peut stabiliser ou ébranler l'un ou l'autre de ces types de mariage.

J'ai été surprise de voir surgir de façon conséquente et moderne le thème de l'euthanasie mais, sur le plan de la narration, il donne lieu à des évolutions dans la relation des personnages traitées assez longuement en une succession de retournements psychologiques qui m'a plutôt ennuyée même si elle ne manque pas de pertinence ni d'intérêt.

Une certaine modernité, donc, dans les thèmes abordés et dans leur traitement mais un manque de cohérence et un accent trop marqué sur les relations amoureuses et maritales ainsi que sur leur psychologie à mon goût. A noter tout de même un style très riche et très agréable.
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Un roman tout en contrastes. L'auteure dénonce les injustices sociales. Elle décrit un monde bourgeois égoïste, jouisseur et hypocrite. Elle aborde le sujet de l'euthanasie.
Mais on est surpris de lire des jugements à l'emporte pièce sur le "sexe faible", jugements émis par elle-même puisqu'elle ne les met pas dans la bouche de ses personnages...
J'ai envie de croire que ces jugements et le dénouement fleur bleue du récit ont été délibérément choisis dans le but de toucher un public féminin auquel Edith Wharton voulait faire connaître ses idées, révolutionnaires pour l'époque (1907).
Roman sentimental destiné à des femmes qu'elle estime pour la plupart superficielles et jugements sur elles mêmes qu'elle en profite pour leur souffler au passage.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Justine Brent savait qu'à part elle-même tous les gens ici présents considéraient la brouille entre les Amherst comme relevant uniquement d'une question d'argent. Pour la plupart d'entre eux il n'existait en effet aucune autre source concevable de discorde conjugale dans la mesure où toute complication connue d'eux pouvait s'arranger par l'intervention du lubrifiant universel. C'était cette identité de vue qui soudait dans un nouveau féodalisme les membres de la société de Bessy Amhherst, qui les fournissait en mots de passe et en critères conventionnels et qui les défendait jalousement contre toute percée insidieuse d'idées neuves.
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Quel horrible sort !
- La guérison ? C'est vrai. Maintenir les gens en vie dans de tels cas est l'un des raffinements de cruauté qu'il revenait au christianisme d'inventer.
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Videos de Edith Wharton (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edith Wharton
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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