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Florence Lévy-Paoloni (Traducteur)
EAN : 9782264018670
183 pages
10-18 (30/11/-1)
3.71/5   35 notes
Résumé :
Le Triomphe de la nuit (vol. 1) et Grain de grenade (vol. 2) forment l'intégrale des histoires de fantômes de Edith Wharton. Introspectifs, subtils, à la fois fiévreux et glaçants, les textes fantastiques d'Edith Wharton ne cèdent rien à ceux de Henry James ou de Walter De La Mare et le souffle du Tour d'écrou est tout entier dans ces textes superbement écrits, infiniment insidieux.

Longtemps considérée comme une élève douée de Henry James, Edith Wha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Recueil de nouvelles d'Edith Wharton.

La cloche de la femme de chambre – Miss Hartley devient la femme de chambre de Mrs Brympton, une jeune femme à la santé fragile, dans une lugubre demeure de l'Hudson. Mais ses attributions sont bien floues. « Voilà qui était bien étrange : une femme de chambre que la bonne devait aller chercher chaque fois que sa maîtresse avait besoin d'elle ! » (p. 22) En effet, la cloche de Miss Hartley ne sonne jamais et il plane sur la maison le spectre de l'ancienne femme de chambre.

Plus tard – le couple Boyde veut acquérir une maison en Angleterre. Venus d'Amérique, les époux sont à la recherche d'un certain pittoresque dans la vieille Europe. « Je n'arriverai jamais à croire que je vis dans une vieille maison si je ne manque pas totalement de confort. » (p. 78) Plus que tout, ils veulent leur fantôme. Mais à Lyng, la maison qu'ils ont achetée, le spectre est imperceptible. « Lorsqu'on voit le fantôme de Lyng, on ne s'en aperçoit pas. » (p. 87) Quand Mr Boyde disparaît après avoir suivi un inconnu, Mrs Boyde s'inquiète. Ce n'est que plus tard qu'elle comprendra ce qui s'est passé.

Kerfol – le narrateur visite la demeure de Kerfol en vue de l'acheter. La maison est fermée et le visiteur est accueilli par de nombreux chiens muets. Les lieux dégagent une atmosphère sombre et renferment une histoire terrifiante. « Aucune maison n'avait assurément rompu de manière aussi complète et définitive avec le présent. Ainsi campée, avec ses toits fiers et ses pignons dressés vers le ciel, elle aurait pu être son propre monument funéraire. » (p. 121) Qui sont ces chiens et quelle est l'histoire des anciens propriétaires des lieux ?

Le triomphe de la nuit – Mr Faxon est le nouveau secrétaire de Mrs Culme. Il arrive à Northridge par une froide nuit d'hiver et personne n'est là pour l'accueillir. Il accepte l'hospitalité de Mr Lavington et passe la soirée avec des notables de la région et avec Rainer, le neveu souffrant de son hôte. Mr Faxon aperçoit une silhouette menaçante au cours de la soirée. « Tandis que le visage de Rainer s'éclairait, celui du personnage placé derrière la chaise de son oncle paraissait concentrer dans son regard toute la lassitude féroce de haines insatisfaites. » (p. 170) Mais à qui s'adresse cette menace ? À Mr Lavington, à son neveu ou à son hôte ? La réponse viendra au plus fort de la nuit.

Dans ce recueil de nouvelles fantastiques, les fantômes sont les habitants légitimes des vieilles maisons. Ce systématisme rend la terreur commune, l'angoisse acceptable. Les bâtisses sont plus qu'hantées, elles sont habites et possédées. D'une façon assez subtile, elles ne sont plus aux mains des humains, mais aux mains de créatures intangibles. Et c'est là que réside le triomphe de la nuit, quand le territoire des hommes recule.

Je préfère Edith Wharton dans ses romans bourgeois où elle critique la société américaine. Mais elle signe ici des nouvelles glaçantes et un rien complexe. En effet, si j'ai vraiment apprécié la première nouvelle, je n'ai pas compris sa chute, même après plusieurs lectures. Mais que cela ne vous arrête pas : les amateurs de demeures sifflantes et de mornes spectres trouveront leur bonheur dans ce recueil !
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The Ghost Stories of Edith Wharton
Traduction : Florence Lévy-Paolini

Comme "Grain de Grenade" (pas encore lu pour l'instant), "Le Triomphe de la Nuit" regroupe les nouvelles fantastiques ou, à tout le moins, insolites de la romancière américaine. Wharton a en effet produit quelques histoires de fantômes d'assez haut niveau comme "La Sonnette", laquelle ouvre d'ailleurs ce volume sous le titre : "La cloche de la Femme de Chambre."

Wharton pratique la suggestion et le non-dit un peu à la manière d'Henry James. Aussi ne faut-il pas s'étonner si deux au moins des nouvelles ici rassemblées, "Les Yeux" et "Le Triomphe de la Nuit", ne nous présentent pas des fantômes, dans l'acception habituelle du terme.

Dans la première, un charmant vieux monsieur raconte à des amis comment, en des circonstances bien précises et que je vous laisse découvrir, il s'est réveillé la nuit pour contempler deux yeux rouges et gonflés, pleins d'une méchanceté indicible, qui luisaient dans l'ombre de sa chambre. Dans "Le Triomphe de la Nuit", c'est un meurtre que Wharton met en scène avec cette différence que l'un des témoins, probablement doué de capacités extra-sensorielles, parvient à "voir" à l'oeuvre le double, l'ombre, l'esprit du meurtrier - évidemment bien vivant - alors que, pour la galerie, son visage et son attitude affichent une sollicitude qu'il est bien loin d'éprouver.

En revanche, il y a bien fantômes dans "La Sonnette" - celui d'une femme de chambre dévouée - "Plus tard" - le spectre revient se venger - et "Kerfol", dont l'action se situe en Bretagne et qui évoque lui aussi une vengeance occulte.

L'habileté de Wharton, c'est de maintenir son lecteur sur le fil. Jusqu'au bout, il espère qu'il a mal lu, mal vu, mal compris et qu'il existe une explication logique même s'il ne s'agit en l'espèce que d'une manie hallucinatoire. En ce sens, il n'y a ici ni sang (ou très peu), ni épouvante, ni horreur véritables. L'atmosphère par contre est souvent lourde, angoissante, presque poisseuse - mais on ne parvient pas à mettre un nom exact sur ce qu'elle exsude. Tout cela rappelle ces dessins où un monstre se dissimule mais où il faut chercher et fouiller avant de le repérer ; le perd-on de vue un seul instant que tout est à recommencer.

L'ensemble est subtil - un peu trop parfois - raffiné et fortement intellectuel. Peut-être un peu trop, diront certains. Mention spéciale aux "Yeux" dont la chute a quelque chose d'hallucinant : on doute vraiment de ce que l'on comprend. ;o)
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Edith Wharton est une autrice américaine du tournant du XIXe et du XXe siècle que j'affectionne depuis longtemps. J'ai lu cette année l'un de ses romans les plus célèbres : le temps de l'innocence, où sa plume m'avait fait forte impression. C'est donc avec grand plaisir que je la découvre cette fois dans un autre format : les nouvelles, grâce à ce recueil d'histoires dites de "fantômes", dans lesquelles elle se livre à un joli exercice de style, en ajoutant à ses tableaux habituels de la bonne société une touche de fantastique.

C'est une autrice que je trouve encore très contemporaine dans sa façon qu'elle a de parler de la bonne société mais également du couple. Et ici dans ces 5 nouvelles, le couple est l'un des thèmes récurrents, avec les apparitions de fantômes plus ou moins vengeurs, les trahisons et le deuil. 

Dans ce nouveau recueil de nouvelles fantastiques, les fantômes sont aussi, comme dans celui du dessus, les habitants légitimes des vieilles maisons européennes sans que personne ne s'en étonne, ce qui rend la peur presque banale et l'angoisse acceptable. Ces vieilles demeures sont plus qu'hantées, elles sont possédées et habitées non plus par les hommes qui y résident mais plutôt par les fantômes qui l'occupent, ce qui fait prendre tout son sens au titre du recueil : le triomphe de la nuit.

Cependant, comme nous retrouvons plusieurs nouvelles que j'ai déjà lu dans un autre recueil : Les yeux, Plus tard et Kerfol, je ne vais vous présenter que celles encore inédites.

La cloche de la femme de chambre (1902), est la première nouvelle de ce recueil et elle me fait complètement revenir sur ce que j'ai dit au-dessus. Non, la plume d'Edith Wharton n'est pas moins bonne dans ces années-là ou alors c'était la traduction qui avait un souci précédemment... Bref, je me suis régalée. L'ambiance est top. On est plongée dans une vieille bâtisse pleine de mystères avec des propriétaires non moins étranges. L'héroïne s'y retrouve propulsée femme de chambre, face à une pièce qui a l'air hantée par la femme qu'elle a remplacée. On frissonne tout du long de cette trentaine de pages. Même la fin, ouverte, semble tomber juste. Chapeau !

Le triomphe de la nuit (1914) est la dernière nouvelle du recueil et elle reprend un peu le même schéma que d'autres. A savoir, un jeune héros qui se retrouve dans une demeure où il se passe de drôle de choses. J'ai aimé suivre ça avec lui et m'interroger, essayer de rassembler les éléments jusqu'à la chute finale. La touche de fantastique arrive assez tardivement, je trouve, mais elle est glaçante avec cette apparition qui est le double d'un des personnages. La maison est un personnage à part entière de l'histoire avec son côté labyrinthique bien stressant. Bref, encore une très bonne nouvelle de la part de l'autrice, qui décidément à une belle plume même dans ses années là. Comme quoi, tout dépend de la nouvelle ou bien de la traduction...
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Ce recueil de nouvelles est plein de manoirs hantés, de portes qui grincent, d'histoires abracadabrantes et surtout de fantômes !
Que serait une très vieille bâtisse sans son fantôme !
A défaut d'être glaçantes et effroyables, ces quelques nouvelles mettent tout de même en avant les croyances (plutôt fortes) des évènements paranormaux et des êtres passés dans l'au-delà qui viendraient hantés les vivants...
C'était une lecture agréable et distrayante !
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Un fantôme, ce n'est pas seulement ce drap blanchâtre en forme de parachute à moitié gonflé qui se promène, qui déambule, dans les couloirs sombres d'une maison abandonnée, une chaîne et un boulet à la traîne.

C'est une image, une projection que seuls peuvent percevoir des personnes choisies délibérément par cet ectoplasme. Emanation du Mal, il peut pourtant se manifester pour contrecarrer une action justement malfaisante.

Le fantôme est-il un personnage décédé, ou le double d'un être vivant, le mister Hyde d'un docteur Jekill calculateur et intéressé ? Peut-être tout simplement le fameux ange gardien qui au lieu de réfréner vos instincts les plus bas, les plus vils, va tenter de faire avorter ces mauvaises actions à l'aide d'une tierce personne. Mais que la communication est parfois difficile !



Sans grands effets sanguinolents, sans effets spéciaux comme dans les romans et nouvelles écrits par la jeune génération, que ce soit dans le domaine du fantastique ou de l'épouvante, Edith Wharton empoigne son lecteur et celui-ci, subjugué, comme sous la magie des mots, s'investit dans ces histoires où le noir prédomine.

Dans sa préface, Edith Wharton écrit : Aussi profond que se cache notre perception du monde des esprits, j'ai l'impression qu'elle se laisse entamer peu à peu par les deux ennemis planétaires de l'imagination que sont la TSF et le cinéma. Jadis l'imagination était nourri d'informations qu'on obtenait en faisant un effort et qu'on assimilait ensuite lentement. A présent on les sert sur un plateau, toutes cuites et déjà mâchées. Ainsi la génération actuelle voit elle son aptitude créatrice s'étioler rapidement, en même temps que sa faculté de soutenir son attention.

A ces deux ennemis cités par Edith Wharton, on pourrait ajouter aujourd'hui la télévision.

Il est bon et réconfortant de lire des textes empreints de sensibilité, d'émotion, alors que la guerre de la surenchère dans l'horreur sévit au petit et au grand écran afin de mieux traumatiser les esprits incapables de réagir à la subtilité d'une évocation écrite.

Edith Wharton sait décrire une atmosphère trouble sans agressivité, le meilleur encouragement à la lecture, et à la communion auteur-lecteur.


Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’était pas que les yeux fussent atroces ; ils n’avaient pas la majesté des puissances des ténèbres. Mais ils exhalaient – comment dire ? – un effet physique équivalant à la puanteur : leur regard laissait une trace baveuse d’escargot.
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« Tandis que le visage de Rainer s’éclairait, celui du personnage placé derrière la chaise de son oncle paraissait concentrer dans son regard toute la lassitude féroce de haines insatisfaites. » (p. 170)
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Aussi profond que se cache notre perception du monde des esprits, j’ai l’impression qu’elle se laisse entamer peu à peu par les deux ennemis planétaires de l’imagination que sont la TSF et le cinéma. Jadis l’imagination était nourri d’informations qu’on obtenait en faisant un effort et qu’on assimilait ensuite lentement. A présent on les sert sur un plateau, toutes cuites et déjà mâchées. Ainsi la génération actuelle voit elle son aptitude créatrice s’étioler rapidement, en même temps que sa faculté de soutenir son attention.
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« Aucune maison n’avait assurément rompu de manière aussi complète et définitive avec le présent. Ainsi campée, avec ses toits fiers et ses pignons dressés vers le ciel, elle aurait pu être son propre monument funéraire. » (p. 121)
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« Voilà qui était bien étrange : une femme de chambre que la bonne devait aller chercher chaque fois que sa maîtresse avait besoin d’elle ! » (p. 22)
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Videos de Edith Wharton (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edith Wharton
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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