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Lors de sa parution en France en 1918, ce roman a reçu le titre de "Plein été" et je trouve que l'éditeur 10/18 l'a considérablement appauvri par la suite en se limitant à une traduction littérale (le titre VO étant "Summer"). Pourquoi je pense ainsi ? Simplement parce que ce roman touche le lecteur en plein coeur !

Roman d'une incroyable richesse émotionnelle, "Plein été" déroule sa narration brillante sur une toile de fond faite des somptueux décors de la Nouvelle-Angleterre, au coeur d'une nature sauvage et luxuriante. Charity Hyatt est une enfant née dans un milieu très défavorisé. Recueillie par le couple Royall, elle atteint l'âge de vingt ans sans connaître ses origines. Malgré un fort tempérament, elle possède l'ingénuité et l'immaturité de son âge. Bibliothécaire de la petite bourgade de North Dormer, elle fait par hasard la connaissance de Harney, jeune architecte venu de New York pour recenser les vieilles bâtisses de la contrée. Lui servant de guide dans la région, Charity s'éprend rapidement du jeune homme dont le tempérament passionné n'a rien à envier au sien. Mais, on le sait, l'amour est bien souvent le jouet des influences sociales, dans le jeu complexe des relations humaines, et le bonheur peut parfois se payer fort cher...

Que dire de la plume d'Edith Wharton, cette grande femme de lettres ? Avec un sens de la photographie quasi cinématographique, elle décrit la Nouvelle-Angleterre avec une netteté et un esthétisme qui donnent immédiatement envie de sauter dans un avion pour s'y immerger. La très convaincante étude des sentiments et des caractères de ses personnages est aussi sincère qu'émouvante ; la simplicité même de son récit, la limpidité de son propos, donnent une rare intensité au drame amoureux qu'est en réalité la relation entre Charity et Harney.

J'ai dévoré "Plein été" en plein automne et il m'a pleinement réchauffée le coeur. Un vrai coup de coeur !


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
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Edith Wharton est une auteure qui s'attache très souvent dans ses romans, à dépeindre la haute société de son temps. Avec Été, paru en 1917 et qui fit scandale, elle laisse les grands de ce monde pour installer sa plume dans un petit village de la Nouvelle Angleterre. Si North Dormer paraît morne, les descriptions des environs offrent à notre esprit des paysages magnifiques, où collines et vastes plaines sont sous la garde austère de la Montagne.

Mais Été est plus qu'un simple roman provincial avec beaux points de vue naturels. le temps d'une saison se joue le destin de la jeune Charity Royall qui vit auprès de son tuteur qui l'a recueilli toute enfant parmi la communauté miséreuse vivant sur la Montagne. Jeune fille au tempérament entier et marqué, d'une instruction peu poussée, elle s'occupe - un bien grand mot - néanmoins de la bibliothèque du village. Les relations avec Mr Royall sont souvent houleuses ou couvertes du mépris de Charity (comme quoi, l'influence des prénoms...).
Arrive Lucius Hanley, architecte de son état, attaché à croquer pour un futur ouvrage les vieilles demeures de la région et cousin d'une dame emblématique par sa position de North Dormer. Faut-il préciser qu'il est, de surcroît, un beau jeune homme aux manières agréables?

L'intrigue peut, ainsi résumée, paraître déjà lue à moult reprises. En accompagnant Charity, j'ai pensé à des personnages précédents et outre atlantiques : Marianne Dashwood et Willoughby de Raison et sentiments de Jane Austen. Jusqu'à un certain point.

La force et la beauté du roman tiennent dans l'art et le style d'Edith Wharton, grande dame de la littérature américaine. Il se dégage d'Été des émotions puissantes qui saillent d'autant plus dans le cadre créé par l'auteur, où la campagne est douce et paisible.
Été m'a saisie de la première à la dernière page et c'est avec regret que j'ai refermé la couverture sur ces lieux et ces personnages.
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North Dormer, village de la Nouvelle-Angleterre, est un endroit trop calme pour la fougueuse Charity Royall, mais elle est résignée « à considérer North Dormer comme la mesure de toute chose » (p. 10)
L'arrivée du jeune et beau Lucius Harney lui fait espérer un avenir plus grandiose. Sous prétexte de dessiner les demeures locales, le jeune homme parcourt la région accompagnée de Charity. Éblouie par le savoir d'Harney, Charity se prend à rêver de quitter North Dormer, d'échapper à cette société étriquée et soupçonneuse et de s'affranchir enfin de son tuteur, l'avocat Royall, un homme frustre et parfois brutal.
Mais la liberté n'est pas une proie facile. Charity vient de la Montagne, une région qui fascine et qui terrifie. Si la jeune fille a conscience de sa valeur et refuse de se donner au premier qui la demande, elle est aussi mortifiée par l'étendue de son ignorance et le mystère de ses origines. Cette ambivalence déteint sur sa relation avec Harney : si elle veut être à lui, elle refuse de se brader. « S'il la voulait, il faudrait qu'il la cherchât : qu'il n'obéît pas à une surprise des sens, qu'elle ne fut pas prise comme tant d'autres. » (p. 96)
À mesure que Charity goûte tous les charmes de la romance avec Harney, elle prend conscience des possibilités que lui offre la vie. « Rien ne change à North Dormer : les gens s'adaptent aux choses, c'est tout. » (p. 110) Mais peut-être est-ce moins dangereux que ce jeune homme si insouciant. Les dégoûts de la jeunesse peuvent devenir un refuge quand celle-ci est blessée.
Éclatante de jeunesse et de force, Charity oscille entre la perfection féminine incarnée par la belle Miss Balch et la fille perdue qu'est Julia, une ancienne enfant du village. Entre ce qu'elle voudrait être et ce qu'elle redoute de devenir, Charity a la tentation de revenir à ses sombres origines : « Sans doute il y avait dans son sang quelque chose qui l'attirait toujours là-bas à la Montagne, comme si c'était la seule réponse à ses questions, le seul moyen d'échapper aux angoisses qui l'assiégeaient de toutes parts. » (p. 208)
Encore une fois, Edith Wharton signe un roman qui célèbre la complexité féminine, fustige les sociétés bien-pensantes et apaise les orgueils farouches. Puissamment sensuel et non moralisateur, Été fait de la sexualité féminine un principe d'accomplissement : si l'image de « la fille » reste négative, celle de la jeune fille qui s'ouvre à la sensualité est porteuse d'une promesse de liberté. Sans être licencieux ou libertin, le roman d'Edith Wharton prône un certain affranchissement de la femme, qui peut être autre que la jeune fille à marier ou la fille perdue.
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Charity Royall, du nom de son tuteur qui l'a arrachée à la Montagne, un lieu où vivent des sans foi, ni loi, des moitié vagabonds, vit une petite vie tranquille à North Dormer, petit village de Nouvelle Angleterre.
N'ayant que mépris pour Mr Royall, elle décroche le poste de bibliothécaire afin de gagner l'argent de son indépendance.
L'ennui de son activité plutôt inexistante, personne ne fréquente la bibliothèque, est rompue par l'arrivée de Lucius Harney, jeune new-yorkais venu réaliser des croquis de vieilles bâtisses pour un ouvrage d'architecture.
Après une rencontre plutôt houleuse, Charity accepte de lui servir de guide. le temps d'un Eté, on observe l'amitié affichée par les deux jeunes gens, leur rapprochement face à la lucidité et la jalousie de Mr Royall, l'aveuglement de Charity jusqu'au dénouement trop prévisible à mon goût.
J'avais été totalement emballée par « Ethan Frome » et j'attendais beaucoup, peut-être trop de « Eté ».
L'écriture d'Edith Wharton est magnifique. Elle excelle notamment dans la description de sa région, cette campagne du Massachussetts.
Elle a aussi un incroyable culot pour oser écrire cette histoire de fille perdue en 1917 ! Chapeau bas !
Pourtant, le personnage de Charity dont la sensualité est intense mais qui passe sans cesse de l'humiliation à l'extase, de la haine la plus féroce à la timidité la plus craintive ne m'a pas entièrement convaincue.

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Avec Été, on n'est plus dans le monde auquel nous a habitués Edith Wharton, celui de la haute société new-yorkaise. Et pourtant, le sujet reste identique , car dans cette petite ville de North Dormer, bien loin des grands bals et des éblouissants salons des grandes métropoles, il est entendu que la jeune Charity fait partie de l'élite et qu'elle doit se conformer aux usages de la société, si peu affriolante soit-elle.

Charity, plus sauvage, plus proche de la nature que ne le sont les autres héroïnes de Wharton, va elle aussi tenter de s'émanciper du corset social. Car c'est un être épris de liberté et de spontanéité que Charity, un peu à l'image de la Marianne de Raison et sentiments. Mais comme on n'est pas chez Jane Austen, l'apprentissage va être autrement plus douloureux.

C'est donc là la chronique d'un envol manqué que nous livre Edith Wharton, avec son style toujours aussi raffiné et analytique. L'histoire de Charity est, une fois de plus, l'occasion de dénoncer l'hypocrisie sociale et l'enfermement implacable dont sont victimes les femmes. Un roman féministe, oui. Un texte beau, mélancolique et... déprimant.
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Encore un noir chef d'oeuvre d'Edith Wharton.
"Vous qui passez, laissez ici toute espérance"...C'est quoi déjà ? Je ne sais plus, mais ça m'y fait penser.
Bon, ce n'est pas très encourageant, mais on ne fait rien de bien puissant avec de l'eau de rose, non ?
Pourtant, on a tous les éléments du récit sentimental : une jeune fille adoptée par un barbon qui tombe amoureux, un jeune homme frais et dispos qui vient pour la séduire...Un village peuplé de commères hypocrites dont l'unique ambition est d'écraser la force et la beauté...Auxquelles elles ont elles-mêmes jadis renoncé, et bien décidées à le faire payer à la nouvelle génération...Le roman est tout cela, mais tellement plus subtile, insidieux, implicite.
Car la jeune fille est marquée d'une tache indélébile, elle vient de "la montagne", un lieu hors des lois, hors des cadres, hors des normes, d'une misère et d'une crasse qui vous souillent à jamais dans ces contrées. Mais de cette origine elle tire aussi la différence, la sauvagerie-un peu à la Cathy Earnshaw - qui attirera vers elle le jeune homme policé de New York. Mais le jeune homme, sous ses dehors ouverts, agréables et charmants, n'est ni Heathcliff ni même Linton - rien qu'une créature sociale qui ne se défera sans doute pas de la norme.
Dans l'été splendide de la Nouvelle-Angleterre, des liens vont se créer, un paradis va naître, mais toujours dans l'ombre menaçante, au loin de "la montagne".
On sent dès le début que la voie est sans issue, mais pourtant que le rêve est beau, et les personnages étonnants ! Impossible de les juger. Une force plus puissante que toute volonté, plus forte que la montagne elle-même, dévore la vie à sa source, et fait de toute existence un tour sur le manège qui revient à son point de départ. Il s'arrête, et presque...presque tout éclat a disparu.
"L 'homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur, qui n'est pas plus tôt éclose qu 'elle est foulée aux pieds ; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais dans un même état" assène le pasteur devant une tombe...Ce n'est pas tous les jours que la bible me fait frissonner.
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Il est difficile d'exprimer ce que l'on peut ressentir à la lecture de ce livre, tant ce qui s'en dégage touche à des émotions que l'auteure nous fait partager au plus profond d'une âme féminine, dont l'éveil des sens, un bel été en Nouvelle Angleterre, éclot sous nos yeux.
L'héroïne, enfermée dans son petit monde villageois, où son horizon s'arrête aux murs de sa bibliothèque et à l'affection ambiguë de son tuteur, s'ouvre aux troubles de l'amour, tout en découvrant les secrets de ses origines.
Le choix de la peinture de John Singer Sargent, en couverture, illumine tout le livre, par sa lumière, sa sensualité. On a parfois l'impression de se promener dans des tableaux impressionnistes.
L'intrigue, qui nous tient en haleine jusqu'au bout, nous ramène à la réalité de l'Amérique pauvre et enfermée dans ses carcans, pour refermer cette parenthèse d'été.
Très belle écriture, très beau livre !

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Le temps d'un été dans une petite ville américaine au pied des montagnes. Une jeune femme s'ennuie dans la bibliothèque déserte dont elle a la charge deux fois par semaine mais un bel architecte de passage entre pour trouver quelques ouvrages sur les vieilles maisons de la région... Ce pourrait être le point de départ d'un roman Harlequin mais on est chez Edith Wharton et l'accroche nous rappelle que ce roman était admiré par Henry James et Joseph Conrad. Et le fait est que j'ai été enchanté par ce récit assez court qu'on pourrait situer quelque part entre Madame Bovary de Flaubert et Une vieDe Maupassant. Charity partageant des traits de caractère de chacune d'entre elles. L'appétit d'amour romantique un peu trop idéaliste d'Emma mais aussi la lucidité et l'acceptation de Jeanne. Elle est un personnage complexe et inattendu, rarement prévisible, comme la plupart des autres protagonistes. Mais il y a surtout un style sobre, fluide et élégant qui donne la part belle aux descriptions impressionnistes des paysages en écho aux états d'âme de Charity (comme chez Maupassant d'ailleurs). Il y a de très belles séquences aussi bien à la ville au cours d'un feu d'artifice merveilleusement décrit que dans les montagnes arides en quête de ses origines . On passe de l'éblouissement de l'été aux doutes de l'automne et à la sagesse de l'hiver qui débute. C'est très beau.
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North Dormer, petite ville calme de la Nouvelle Angleterre, à l'abri des modes et de la foule qui agitent les grandes villes.
Charity, jeune fille en fleur, y mène une existence morne et étriquée sous la tutelle d'un avocat, Mr Royall, qui l'a recueillie bébé. Cette orpheline est issue d'une société de miséreux, exclus du village et cantonnés dans la Montagne. Charity... Chaque jour, l'horrible prénom dont l'a baptisée son tuteur lui rappelle la reconnaissance qu'elle lui doit pour l'avoir sortie de la fange. Sans avenir, condamnée à vivre aux côtés de cet homme âgé aux penchants alcooliques et libidineux, Charity n'a d'autres échappatoires que ses promenades dans la nature et quelques heures à la bibliothèque.

Lorsqu'elle rencontre en juin un jeune architecte qui souhaite qu'elle lui serve de guide pour visiter la petite ville, la jeune fille en tombe rapidement amoureuse. En cette fin de printemps, les tiges bourgeonnent, les fleurs éclosent et les sens de Charity s'éveillent. Puis, tandis que la nature flamboie dans la plénitude de l'été, Charity vit les plus beaux moments de sa vie avec son jeune amant, tout en se cachant de tous et surtout de son tuteur. Mais, le jeune homme ne promet rien à Charity qui commence à douter... Et dans la chaleur étouffante de l'été, le malaise de Charity se fait de plus en plus oppressant, jusqu'à ce qu'elle découvre la vérité sur son état... La chute est rude, triste et sans pitié pour Charity.

Le roman oscille entre deux interprétations, l'une exaltant l'éveil des sens féminins, l'autre sonnant plus comme une mise en garde destinée aux jeunes filles un peu naïves.
Edith Wharton établit une belle et forte symbolique entre l'évolution de la nature au fil des saisons et l'épanouissement des sentiments de l'héroïne. Les paysages de la Nouvelle-Angleterre sont somptueusement dépeints en donnant une connotation très bucolique au récit.
Mais je n'ai guère apprécié le traitement des origines sociales de Charity et son bref retour aux sources vers ceux qu'elle imagine être sa famille. Cela m'a semblé peu maîtrisé et un peu fantasmé.
L'ensemble est très agréable à lire mais n'a pas, selon moi, la puissance magistrale d'Ethan Frome.

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Attention, chef-d'oeuvre!
Mais un chef-d'oeuvre qui vous tord le coeur d'inquiétude pour la jeune héroïne, Charity.
Isolée, sans ami à qui réellement se confier, la pauvre est aux mains d'un tuteur plus préoccupé de ses propres affaires et de sa solitude que de l'intérêt de la jeune femme, et jamais il ne s'est préoccupé de lui procurer une situation, ou les études nécessaires à celle-ci. Dans son petit village isolé, bien consciente que son sort aurait été encore pire si elle n'avait été recueillie, portant un nom qui ne lui permet même pas d'oublier ces circonstances, Charity s'ennuie, jusqu'à l'arrivée d'un jeune architecte...La seule est vieille comme le monde, et hélas prévisible, mais le temps d'un magnifique été, d'un seul été, Charity sera heureuse.
Un texte magnifique, dont la fin m'a tiré des larmes.
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