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EAN : 9782070125722
420 pages
Gallimard (30/01/2014)
3.5/5   9 notes
Résumé :
C'est l'été 1985, et comme chaque année depuis toujours Benji passe ses vacances à Sag Harbor, la station balnéaire de la bourgeoisie noire new-yorkaise. Mais cette fois, il se l'est juré, tout sera différent : il vient d'avoir quinze ans, il a même trouvé un premier boulot. Dorénavant, on l'appellera Ben, il changera de coiffure, ses copains le prendront au sérieux et les filles s'intéresseront enfin à lui. Malgré les fiascos, les tensions familiales, les aventures... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
1985. Pour l'été de ses quinze ans, Benjamin Cooper dit Benji quitte New York pour rejoindre comme chaque été le bungalow familial de Sag Harbor, communauté noire des Hampton, et les copains qu'il ne voit pas le reste de l'année. Ces potes ayant abandonné le vélo pour leur première voiture, le Ice tea pour la première bière, les batailles pour le premier job, on s'attend à un été riche en découvertes pour le narrateur. Mais pour ce « gentil garçon opportunément invisible », seul noir d'une école huppée de Manhattan, il importe d'abord de rattraper son retard en matière d'argot et de culture afro-américaine…


Pas d'évènements fracassants dans ce roman qui se déploie lentement au fur et à mesure que l'été avance. Nourri d'anecdotes savoureuses vécues comme autant de rites d'émancipation, le récit est une rétrospective des composantes nouvelles et permanentes de cet été 1985 sur un territoire balisé entre le bungalow, la plage, les collines, le cinéma et Jonni Gaufres. Avec un regard captivant et une lucidité amusée, l'auteur inspecte non seulement les infimes détails de ces petites choses futiles qui occupent les journées interminables de l'été mais aussi ce qui résiste au temps qui passe.


Roman de la mémoire, roman de la nostalgie des petites et grandes choses, roman des « générations qui se [succèdent] et se [réincarnent] », on sort de cette lecture ébloui grâce au narrateur, double parfait de l'auteur, intelligent et sensible. On ne peut être que séduit par l'écriture magnétique, la langue qui capte les petits sarcasmes, les subtilités très drôles et les drames en suspens. Benji observe, s'amuse des tics de sa génération, s'irrite de sa maladresse comme de sa « coupe afro pourave ». C'est une oeuvre remarquable dans laquelle la réflexion et l'humour s'enrichissent mutuellement.
Oeuvre d'autant plus remarquable que Colson Whitehead ne construit pas. Loin du roman de formation, l'auteur n'a d'autre ambition que de raconter les futilités d'un été à l'adulte qu'il est devenu, avant que le temps ne trahisse ces souvenirs, avant que la mémoire n'altère ces images du passé. Style doublement efficace car il permet à Whitehead de restituer et de manière magistrale le chaos de l'esprit chez les adolescents. Même si s'annonce de manière sous-jacente une double quête, identité personnelle et communautaire, le récit dessine avant tout les contours de cette période où l'enfant encore subjugué par le banal cherche à inventer l'adulte en devenir. Il dépeint habilement les grandes contradictions et les petites victoires, les mortifications et l'excitation pour des petits riens, l'enthousiasme pour la nouveauté et le réconfort de ce qui est familier comme la fierté noire attachée aux pionniers qui ont conquis ce bout de terre aux blancs de East Hampton.
Auteur brillant, roman passionnant et certainement l'une des meilleures œuvres que j'ai pu lire depuis bien longtemps.
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Eté 85, Benji a quinze ans, et à partir de maintenant, il faudra l'appeler Ben. C'est la première étape de la mise en place de son nouveau moi. Deuxième étape prévue: les filles, mais tout le monde continue à l'appeler Benji, alors les filles c'est pas gagné.
Un texte hilarant et ciselé, qui mélange parfaitement la légèreté d'un monde d'ados en roue libre et une profondeur de réflexions pertinentes sur la vie, le temps qui passe, le rapport à soi-même et à la société.
On se reconnait dans cet ado des années 80, qui nous bassine avec ses références ultimes musicales, télévisées, technologiques, parce que le narrateur adulte qu'il est devenu sait nous montrer les blessures et les marques qui correspondent à ce temps, à ce morceau de musique ou au simple souvenir de ce barbecue raté.
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L'été de ses 15 ans est celui où Ben est bien décidé à devenir un homme. La décision est prise, mais la mise en application est plus compliquée. le thème se prêtait à l'écriture d'un roman de formation, et pourtant il n'en est rien. Colson Whitehead semble au contraire jouer avec le genre pour dresser le portrait de cet été où chaque non-événement prend un relief particulier. le narrateur, Ben devenu adulte, porte un regard tendre et amusé sur ce fameux été et le jeune homme en devenir qu'il était alors. C'est mélancolique, touchant parfois, drôle souvent.
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critiques presse (1)
Chro
24 avril 2014
Choisir ? Zone 1 n’est pas un roman d’horreur pour adeptes du genre. Sag Harbor est plus qu’une bluette estivale nostagique. Les deux textes sont bien pensés, constuits, réfléchis. Sag Harbor tient mieux ses promesses. Parce qu’un été d’adolescent reste un été d’adolescent, partout et de tout temps. L’intemporalité, au service d’une certaine universalité.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C’était l’âge d’or de « pédé ». Prenez une bande de puceaux et de futurs éjaculateurs précoces : c’était la garantie d’entendre « pédé » à tout bout de champ. Mettez ensemble des ados qui se sentent tricards d’une façon ou d’une autre : l’esprit collectif cherchait aussitôt un moyen d’ostraciser les autres. Une pointe d’homophobie était idéale pour dissimuler toute prédilection naissante et/ou désir enfoui.
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Le fait que sa fille ait un ami noir certifié constituait donc une circonstance atténuante. Après tout, c'était bien pour ça qu'ils avaient marché sur Washington ! Les images de ce jour de 1963 sont majestueuses et sacrées : la mosaïque noir et blanc des visages et des pierres, la force du peuple telle qu'elle éclipse l'étang et le monument, efface le rictus arrogant des édifices. (p. 22)
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Nous venions de cesser d'être jumeaux. Nous étions nés à dix mois d'écart, et jusqu'à ce que j'entre au lycée nous étions appariés, plutôt siamois que fraternels ou identiques, définis par une inquiétante inséparabilité. Nous étions rattachés non par la hanche, la rate ou le système nerveux, mais en ce point bien plus crucial: celui où le moi rencontre le monde. (p. 14)
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D'autres regagnaient la ville le dimanche en fin de soirée, pressant le week-end jusqu'à la dernière goutte de joie, de leurs mains beurrées de cacao.
(p.13)
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Il y avait comme ça des chansons qui vous possédaient. On pouvait s'en moquer, les ignorer, tenter de les effacer, les couplets continuaient de vous hanter. Des gens qu'on ne connaîtrait jamais vous offraient les mots qui jamais ne franchiraient vos lèvres, disaient ce qu'un jour vous seriez capable de ressentir. Avec un peu de chance. Ils parlaient pour vous. Ils recueillaient ces petites choses brutes qu'on reconnaissaient en soi.
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Vidéo de Colson Whitehead
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Tout le monde sait que les écoles disciplinaires étaient des endroits difficiles pour les adolescents. Mais on ignorait que poser le pied dans certaines d'entre elles, c'était faire le premier pas vers l'enfer. Et ce jusqu'à une époque très récente.
Nickel Boys » de Colson Whitehead est publié aux éditions Albin Michel.
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