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Critique de Laurence64


Entre Nanticote et Cincinnati, la neige n'est que bouillasse. Toujours sale, elle se défait comme la vie de tous les protagonistes. Une neige hésitante sur la forme à adopter, jamais immaculée. Chez Whitmer, point de tapis blanc et duveteux, ni d'aimables flocons dansant dans la nuit.
De Nanticote à Cincinnati, le ciel ressemble à du vomi. Les étoiles s'éteignent dans la lumière jaune des réverbères, les immeubles s'émiettent tels des quignons rances, l'air est aussi irrespirable que dans l'Enfer de Dante, les peaux se décollent des os sous les armes de poing, les yeux pleurent du sang, la vie n'offre rien. La minceur du quotidien pourrit la moelle de celle qui est restée à la marge de l'histoire. Cynisme d'un épilogue qui n'espère rien.

A travers une intrigue minimaliste, Benjamin Whitmer ébauche une peinture plus noire que noire des squats de junkies, des relais routiers sordides, de la ville prisonnière de sa déréliction et des hommes suant la violence, la came, l'alcool. C'est crasseux et graisseux. Ca poisse de corruption, ça dégoutte de bêtise. C'est violent comme un film de Tarentino.

Dans la menace d'étouffement, dans l'excès des rires toujours métalliques et rouillés, dans cette humanité qui ne vaut pas la corde pour la pendre, on aurait voulu en savoir un peu plus sur le méchant des méchants, Derrick Krieger ou tout au moins sur ses motivations . Benjamin Whitmer ratisse une enquête qui n'en est pas une, prétexte à un portrait désespéré des oubliés du rêve américain. Mais entre trop et pas assez. Chaque personnage n'est qu'ébauché. Leur sang coule, rouge et vicié mais leur étoffe est presque aussi fine que la trame du roman qui les abrite.
Avec toute cette neige qui ne cesse de mousser sur le bitume, ils auraient mérité des habits plus épais, mieux coupés.
Au second roman de Whitmer?
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