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Marianne Guénot (Traducteur)
EAN : 9782070406913
432 pages
Gallimard (05/10/1999)
4.04/5   34 notes
Résumé :

" Ce livre, sa langue, ses mots, les voix qui le composent, sont nés de la tentative que j'ai faite de capter ce qui s'est amorcé entre mon frère et moi il y a quatre ans : le désir nous est venu de parler de nos vies.

Pour connaître l'histoire de mon frère Robby, je suis allé le voir en prison et j'ai écouté ce qu'il avait à dire. J'ai pris des notes puis, quelque temps plus tard, après avoir digéré ses paroles, mais avant qu'elles ne s'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Suis-je le gardien de mon frère ? » nous interroge le titre sans nous dire d'emblée si on est sur un terrain plutôt biblique ou purement et geôlièrement (?) terre-à-terre.
« Brothers & Keepers » pour le titre original.
Par quel bout qu'on le prenne, une chose est sûre : on est devant une histoire de famille. Jamais simple, mais si en plus cette famille est africaine-américaine et que l'un de ses membres purge une peine de prison à vie, ça devient carrément une affaire dramatique.

John Edgar Wideman, à l'ouverture du livre, ça faisait un moment qu'il n'avait plus trop de nouvelles de Robby, de dix ans son cadet. Un éloignement, des routes différentes, des vies diamétralement opposées. Malgré tout, tacite et invisible, le lien n'est pas rompu, raison pour laquelle Wideman sait que des nouvelles, il ne va plus tarder en à avoir après un coup de fil de la matriarche l'informant que Robby est en cavale à la suite d'un de ses multiples plans foireux qui cette fois s'est conclu par la mort d'un homme. Dès lors l'auteur pressent, devine, sait que son frère va essayer d'entrer en contact avec lui. Et en effet, peu de temps après, Robby et sa petite bande de losers passent la nuit chez lui, puis repartent, puis se font serrer.
Procès - Jugement - Prison à vie.

Le décor est posé et Wideman peut défiler la contexture de son livre-témoignage.
Visiter régulièrement son frère en prison, l'interroger, l'écouter, écrire son histoire. Celle d'un jeune homme particulièrement beau et intelligent, mais en rogne, tout le temps. Une colère qui va tout dévaster, qui le portera vers les mouvements Noirs, espérant une révolution libératrice qui ne viendra pas. A la colère, se mêlent alors l'impuissance et la déception, autant dire qu'un boulevard à une vie faite de drogues, pertes de travail occasionnel et banditisme de bas-étage est tracé. Jusqu'au coup (minable lui aussi) de trop.

Ce qui, au départ, avait l'ambition d'être un livre qui revenait sur un fait divers tragique, y exposant les tenants et aboutissants, minutes du procès à la clef, finit par prendre un chemin parallèle, John Wideman s'interrogeant sur l'extrême différence des parcours que son frère (truand) et lui (universitaire) ont empruntés, leur éducation, leurs attentes respectives, les espoirs déçus d'un côté, une certaine réussite de l'autre, pour ne plus se consacrer qu'à une auto-introspection, en tant que proche, protecteur, n'ayant en définitive pas su être le gardien de son frère.

Un livre-document intéressant qui pose de bonnes questions mais dont malheureusement les bonnes réponses arrivent souvent trop tard. La voie que suivait Robby et ce qu'il allait y trouver au bout semblait (à posteriori, soyons honnêtes) une évidence. Avec le recul finalement, John Edgar Wideman, en pointant les faiblesses de son frère prend conscience des siennes, des manquements familiaux et de la dure expérience d'être Noir et pauvre dans l'Amérique des années 70.


PS : le livre ne le précise pas mais juste comme ça, de manière informative, Robby est finalement sorti de prison en 2019 après 44 ans d'incarcération. Souhaitons-lui de trouver la paix dans cette nouvelle vie.
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J'ai mis trois semaines à lire ce livre. En fait, il est décomposé en trois parties et c'est la première partie qui m'a fait très peur. J'ai toujours vécu dans un monde où toutes les agressions extérieures étaient rendues moins significatives dans ma vie par rapport au calme et à la paix que l'on pouvait ressentir à la maison. La colère des gens je ne connais pas. Les disputes oui mais pas la colère au niveau de celle qu'exprime John Edgar Wideman. Cet un auteur noir-américain très connu d'après ce que j'ai pu lire sur Internet. Il a été élevé dans le ghetto noir de Pittsburgh. Il "s'en est sorti". Aujourd'hui il est professeur dans une université, vit avec sa femme blanche (c'est un détail qui nous paraît inutile aujourd'hui mais au début des années soixante dix il y avait très peu de couples mixtes : John Edgar Wideman en fait un élément de sa réussite personnelle), a deux enfants (un au moment des faits). Il reste en contact avec sa mère.

Au milieu des années soixante dix, il apprend par un coup de téléphone, il apprend que son frère Robby, de dix ans son cadet et dont il a choisi le prénom, vient de tuer un homme avec deux de ses copains et qu'il est en cavale. Trois mois plus tard, Robby arrive chez lui pour une dernière nuit de repos. Il sera arrêté le lendemain, son frère avec lui et ce même si il est professeur et très respectable. Lui sera libéré très rapidement, ce n'était qu'une garde à vue. Robby restera toute sa vie en prison. C'est ce que raconte cette première partie mais c'est surtout la colère d'un homme qui s'exprime : qu'est ce qui a fait que Robby est le seul enfant de la famille a avoir dérapé ? Est ce que c'est de sa faute à lui qui l'a tout bonnement laissé tomber pour ce construire sa vie pépère ? Est-ce que c'est e la faut de la société ? Pour nous dire cela, John Edgar ne prend pas un ton professoral mais celle d'un homme qui vient de loin et qui voit que finalement il pourra se donner tout le mal qui veut, il restera toujours le petit gars du ghetto. Et pourtant, il se rend compte qu'il a perdu le contact avec sa famille. Il n'est ni là ni ailleurs. D'où cette position ambiguë.

Après ce choc, j'ai laissé passer une semaine et attaqué la deuxième partie. Il y a alternance entre la voix de Robby qui nous décrit comment il en est arrivé là avec le langage d'un gars des rues et la voix de John Edgar Wideman qui nous livre ces reflexions sur le récit de son frère, sur la nature de la société, sur sa propre personne et sa propre vie. C'est une partie passionnante parce qu'elle décrit très bien comment les noirs-américains étaient traités dans les années soixante-soixante dix : toutes les vexations, petites ou grandes, le fait de ne pas avoir de bon travail parce qu'on ne pouvait pas faire d'études convenables, la drogue pour oublier. C'est une partie très instructive à mon avis.

La troisième partie est apaisée. On sent que les deux frères ont commencé à se comprendre, qu'il renoue des liens. C'est là où on voit, si on en avait besoin, que Robby est un gars bien. Finalement, c'est la vie qui ne lui a pas donné sa chance.

En conclusion, c'est un roman aux modes narratifs très divers. Cela peut parfois dérouter. J'ai plusieurs fois voulu abandonner parce que ce n'était pas mon monde mais je me suis accrochée et j'ai bien fait parce que c'est un livre nécessaire.
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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Dans les années soixante-dix, John Wideman apprend que son frère Robert ainsi que deux de ses amis sont en cavale après avoir tué un homme. Qu'est-ce qui a fait que son frère Robby soit le seul de la famille à mal tourner ? Pourquoi lui-même s'en est-il sorti ? Wideman raconte la vision d'un homme noir dans un monde blanc, la jeunesse de Robby, ses visites à la prison...

Ce livre n'est pas vraiment un roman, c'est une réflexion de l'auteur sur sa vie et surtout sur son frère qui a fini en prison. Il se sent coupable et exprime le besoin d'écrire un livre sur cette rencontre entre lui et son frère. Il a l'impression de redécouvrir Robert avec qui il a dix ans d'écart. Ce n'est pas une description linéaire mais par thème, il parle de la prison, de sa famille... mais il laisse aussi parler son frère qui raconte comment le meurtre s'est passé, la vie dure en prison, ses regrets, son envie de s'améliorer... Certains passages m'ont un peu perdus mais c'est un livre très fort qui montre la douleur d'une famille. L'auteur montre aussi sa colère envers les racistes qui ne considère pas les noirs comme des personnes à part entière.

C'est un livre que je ne regrette pas d'avoir lu même si le thème de la prison est assez dur et la construction du livre assez complexe. Je relirai cet auteur.
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L'écrivain parle de son frère en prison, de la vie de celui-ci, et se demande pourquoi. Les deux hommes sont nés dans la même famille, ont eu les mêmes chances au départ, mais leurs chemins se sont vite séparés. L'un a choisi les mots et s'est fait une place parmi les intellectuels reconnus du pays, l'autre a pris la voie de la révolte et de la violence. Choisit-on son destin? Est-on responsable de sa vie? de celle de ses proches?
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Écrire et retrouver son frère.
Un homme s'interroge sur les trajectoires respectives qui les ont menés, son frère et lui, à des situations si opposées : alors que le narrateur est devenu un universitaire reconnu, son cadet purge une peine de prison à perpétuité. La recherche est passionnante ; d'un point de vue sociologique, elle pose la question du jeu possible entre le déterminisme familial et la liberté individuelle ; d'un point de vue romanesque elle permet des confrontations et retrouvailles émouvantes entre deux frères que la vie avait éloignés. Dommage que la réflexion sur le livre qui s'écrit prenne une place trop importante et oblige le lecteur à sortir trop souvent de la position d'empathie, voire de l'identification avec les personnages.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quand t'es en prison, t'as beaucoup de temps pour réfléchir, c'est sûr, ça. Trop de temps. J'ai visionné plusieurs fois toute ma vie. Chaque moment. Chaque petite chose, encore et encore. Je m'allonge sur mon lit et je la regarde se dérouler. Comme un film. Je la découpe en petits morceaux, ensuite je casse encore les morceaux et en prends un bout et je le tripote, ainsi je me souviens de chaque parole qu'on m'a adressée ou que j'ai prononcée, et je pèse les mots jusqu'à ce que j'aie le sentiment de comprendre ce que tous et chacun d'entre eux signifient. Ensuite, j'essaye de tout remettre ensemble. J'essaye de piger d'où je viens. Pourquoi j'ai fait ce que j'ai fait. T'as le temps pour tout ça, ici. Du temps, c'est même tout c'que t'as.
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C'est déjà assez moche en soi d'être né aux environs de Noël. D'avoir son anniversaire noyé dans l'orgie de cadeaux des fêtes. Peu importe combien on en reçoit le 29, ça ne peut être qu'une goutte d'eau après le flot du 25. De plus, cela fait trop d'émotions en trop peu de temps. Les parents et la famille sont épuisés, fauchés, ils ont encore mal au coeur après la surexcitation de Noël... décidément, y'a pas grand-chose à faire quand son anniversaire suit de près celui de Jésus ! C'est un peu comme ne pas avoir d'anniversaire du tout. Même pis, c'est comme si on le partageait avec ses frères et soeurs, au lieu de jouir de la petite oasis de son jour à soi.
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Pourtant, quelque chose m'agitait qui ressemblait à de la jalousie. Pire que de la jalousie. L'insatiabilité antédiluvienne de l'ego qui proteste. Pourquoi n'ai-je jamais été capable de reconnaître talent, succès ou aptitude chez un autre, sans avoir l'impression d'en être moi-même diminué ou que mes propres défauts s'en trouvaient grossis ? Quel composé d'avidité, d'insécurité et de colère m'a toujours forcé à comparer, à concourir ?
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C'était un appartement H.L.M typique. Du genre que tout le monde connaît, qu'on a tous au moins visité une fois. Petit, délabré, sans style. Invivable. Quoiqu'on y fît, aussi propre qu'on le tint, qu'on y mît les meubles qu'on voulait, les murs et les plafonds n'étaient pas censés abriter le foyer de qui que ce soit. Un endroit de passage. Pas un endroit à soi, parce que ceux qui étaient là avant avaient laissé des traces indélébiles, parce qu'on ne peut pas s'empêcher d'ajouter ses propres meurtrissures et ses coups pour les locataires suivants.
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Je peux me fondre dans mon entourage, devenir invisible. Un sombre rideau tombe entre les autres et moi, entre la part de moi qui juge, qui pèse, qui est responsable de mes actes, et celle qui agit. Ainsi, comme toujours, je suis capable d'une totale irresponsabilité. Être responsable, mais envers qui ? Il n'y a personne, il n'y a rien vers quoi se tourner.
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Le livre de l'été recommandé par France Culture : John Edgar Wideman : "Écrire pour sauver une vie".
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