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Riley Rossmo (Illustrateur)
EAN : 9781607065258
136 pages
Image Comics (22/05/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
The final chapter and the face of Green Wake has been forever changed. A new threat to the city's once-quiet shores surfaces when rowboats wash ashore with nothing but fresh blood as a passenger. And a new arrival begins a campaign to unite Green Wake's inhabitants with an unknown purpose.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est la deuxième partie d'une histoire en 2 tomes ; le premier est Green Wake (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Celui-ci contient les épisodes 6 à 10 (parus en 2011/2012), ainsi que quelques couvertures non utilisées, et 3 pages du scénariste qui explicite la genèse de cette histoire. le scénario est de Kurtis Wiebe, et les illustrations de Riley Rossmo.

La scène d'introduction décrit la fuite d'un groupe de jeunes enfants sur une étendue d'eau gelée. L'un se noie, les autres meurent de froid sous la neige. Puis Morley Mack revient à Green Wake, en se souvenant que Carl lui avait indiqué que l'endroit est vivant. Il arrive à nouveau inconscient à bord d'une barque sur les rivages où l'attend une silhouette emmaillotée de bandelettes, tenant un ankh dans sa main droite. Morley reprend conscience nu dans une baignoire dans l'appartement de Micah, un prêtre. Les choses ont changé à Green Wake. L'hiver s'est installé. Micah a créé une communauté des habitants autour de sa personne. Esther vient trouver Morley pour lui expliquer que les habitants qui refusent de suivre Micah ont formé une sorte de rébellion. Morley retrouve Krieger, son ami de grande taille au visage presque lisse. Et des meurtres recommencent à se produire.

Le premier tome mélangeait des crimes et une enquête, dans un endroit à la fois cafardeux et onirique appelé Green Wake. Cette deuxième partie apporte toutes les explications quant à la nature de Green Wake, sa création, l'état léthargique de ses habitants et les meurtres. le lecteur est amené à suivre Morley Mack qui devient le personnage central, et même le héros du récit. Sa nature de revenant dans un monde dont on ne s'échappe pas en fait un symbole pour les 2 factions qui se sont constituées (celle de Micah et celle d'Esther). L'histoire répond à toutes les questions (même celles relatives à la nature et à la fonction des grenouilles) et permet de découvrir le rôle et le devenir des personnages les plus énigmatiques du premier tome tels que le prêtre Ishum et le mystérieux individu mi-homme, mi-grenouille. Les illustrations de Riley Rossmo sont toujours aussi personnelles : un mélange d'esquisse, de griffures, de traits en partie effacés, de trames appliquées sur les dessins, et de couleurs maladives. le résultat est en parfaite osmose avec le scénario. S'il n'était pas précisé que ce récit a été réalisé par 2 personnes, le lecteur pourrait penser qu'il est l'oeuvre d'un unique créateur.

Dans ce premier niveau de lecture, Wiebe et Rossmo raconte une histoire de vengeance originale et très noire, mâtinée d'un doigt de mythologie égyptienne. Toutefois les commentaires de Morley Mack et des autres ne laissent planer aucun doute : Green Wake est également une métaphore sur le sentiment de culpabilité. Wiebe explique dans la postface qu'il a imaginé le concept de Green Wake après son divorce. le fait est qu'au fil des pages, le lecteur discerne une réflexion intéressante sur le sentiment de culpabilité. L'ingéniosité de Wiebe et Rossmo est d'avoir adopté une narration (dans les textes et les images) en sous-entendus qui permet au lecteur d'avoir la place de projeter ses propres sentiments, et ses expériences de culpabilité relatives à ses petites lâchetés ou à ses erreurs. En utilisant une structure et des dialogues plus implicites qu'explicites, Wiebe évite d'imposer sa vision de la culpabilité, son unique expérience. La nature mythologique de Green Wake justifie les incohérences propres à la nature des rêves et procure à Rossmo une liberté artistique propre à créer des visuels oniriques où des éléments disparates provoquent des associations d'idées complexes, des sensations inédites.

Effectivement Rossmo tire partie de cette liberté pour composer des visuels intrigants et riches de symboles. Dans la première scène, un enfant se met à genoux sur la glace en attendant que la mort vienne. Rossmo dessine cette scène avec retenue, sans sensationnalisme ou gesticulations. Il utilise le noir pour représenter l'eau non gelée (noir symbole du néant et de la mort) et le reste de la case est mangé par le blanc de la glace et de la neige (une autre forme de néant, comme une gomme qui efface le dessin). L'apparence très singulière de Krieger exprime également sa différence d'avec les autres habitants de Green Wake, ses valeurs différentes, et même son chapeau melon trop petit (élément visuel farfelu et presque déplacé) prend du sens quand le lecteur découvre son identité dans le monde réel. Un dernier exemple, dans l'épisode 9, Morley a une vision des événements qui font que Micah porte un lourd fardeau de culpabilité. Rossmo mélange et juxtapose dans une pleine page des éléments de 5 scènes différentes, ce qui constitue à la fois les visions qui assaillent Morley, mais aussi une synthèse d'éléments parsemés dans les épisodes précédents qui lèvent tout doute sur la nature des crimes de Micah. Sans aucun dialogue ou cellule de texte, Rossmo exprime par l'image plusieurs idées du scénario. Wiebe et Rossmo appliquent à la lettre et avec habilité l'une des bases de la bande dessinée : il vaut mieux montrer (par les dessins) qu'expliquer par des textes. Rossmo sait aussi adapter son style à la séquence. Par exemple quand l'histoire explique la formation de Green Wake, Rossmo réalise 2 pages contenant chacune 5 cases verticales de la hauteur de la page, dans un style évoquant des vitraux modernes. À nouveau la forme des images est en adéquation avec le fond du récit.

Dans le flot de la production américaine consacrée essentiellement aux superhéros, il est toujours étonnant et réconfortant de trouver des histoires indépendantes, ambitieuses et originales, sans superpouvoirs. Kurtis Wiebe et Riley Rossmo ont imaginé un monde onirique où la déprime semble de mise pour les habitants, et dans lequel des meurtres atroces sont commis. L'enquête menée par des personnages normaux et adultes emmène le lecteur dans une vengeance sordide, mais aussi dans une mise en image du poids de la culpabilité dans nos vies. Les auteurs évitent les clichés liés à la culpabilité judéo-chrétienne (même s'ils ont des idées bien arrêtées sur la fonction du pardon dans la religion organisée) pour montrer l'enferment stérile qui peut naître de toute forme de culpabilité.
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