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EAN : 9782213654485
600 pages
Fayard (14/04/2010)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Le 3 février 1934, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français dit à Jeannette Vermeersch, jeune militante déjà en vue, en prenant le bus : « Je vais avec toi. Chez toi. Et cette fois c'est pour toujours. » Ce fut le début d'une longue histoire d'amour, d'une vie commune dont l'intensité ne s'est jamais démentie et qui prendra fin avec la mort de Maurice, le 11 juillet 1964. Cet acte de foi, ils le partagèrent avec la même fidélité envers le Part... >Voir plus
Que lire après Maurice et Jeannette. Biographie du couple ThorezVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est en 2003 qu'Annette Wieviorka, directrice de recherche au CNRS, a appris le versement, par la famille, du Fonds Thorez-Vermeersch aux archives de France. Elle a immédiatement entrepris d'écrire une histoire du couple formé par Maurice Thorez, chef historique du Parti communiste français, et Jeannette Vermeersch.
Ces sept années de travail nous donnent un livre de référence pour les historiens, mais aussi, par la grâce d'une écriture élégante et simple, pleine d'humour et de faits passionnants, pour tous les amateurs d'histoire contemporaine.
Les premiers chapitres décrivent la misère du monde ouvrier du Nord, où sont nés Maurice et Jeannette. Une organisation solidaire, et des conquêtes sociales du siècle antérieur, permettent aux mineurs d'échapper partiellement au dénuement matériel et moral du textile. Les premiers pas du jeune Maurice sont guidés par les anciens syndicalistes et militants socialistes. Ses qualités sont évidentes et, après le Congrès de Tours, qui, en 1920, consomme la rupture entre communistes révolutionnaires et socialistes réformistes, il grimpe les échelons de l'organisation.
Comme d'autres (Robrieux, par exemple), Annette Wievorka montre la mainmise absolue des instances de Moscou sur le PCF : Thorez en restera le patron jusqu'à sa mort parce qu'il est un bon soldat de Moscou, dont il pratique la langue et dont il épouse chaque virage, même les plus hasardeux. Il acceptera une véritable réclusion en URSS durant la Guerre, et il y fera soigner ses graves séquelles d'AVC, négligeant les compétences des médecins français, dont un grand nombre appartenait à l'époque au PC.
Bon élève, bon père, bon époux : un dirigeant discipliné, un mari aimant, un père attentif, un travailleur infatigable – comme en attestent ses annotations sur livres et dossiers -. Ce fils du Peuple a décidément toutes les qualités bourgeoises, comme sa Jeannette, qui pousse l'esprit de bienséance, au point de refuser dans les années 60 contraception et évolution des comportements sexuels. Après la Libération, leur vie est totalement bourgeoise, entre leur belle maison des Yvelines et celle du Cannet. Et au fond, c‘est comme ministre de la République que Maurice Thorez a donné toute sa mesure, rétablissant l'ordre en faisant cesser la grande grève des mineurs.
Comme des bourgeois qui se respectent, Maurice et Jeannette sont grands amateurs d'art, passion qu'ils n'ont aucun mal à assouvir dans un Parti qui compte parmi ses militants Picasso, Fernand léger et Louis Aragon. On ne manquera pas de rire devant la mésaventure survenue à Aragon, directeur des Lettres françaises, lors de la mort du Camarade Staline.
Les archives ne taisent rien sur les temps les plus difficiles, ceux du Pacte germano-soviétique, avalé et justifié en quelques déglutitions, de la désertion de 1939, et de la « découverte » des crimes staliniens au XXème Congrès du PC de l'URSS. L'explication paraît tenir dans l'expression anglaise « Right or wrong, my country », transposée au Parti ; la classe ouvrière est menacée de partout ; alors elle se défend, avec les moyens dont elle dispose et tant pis si ça choque. Après tout, d'autres Eglises que celle de Moscou ont vécu sur le même principe…
En tout cas, lisez l'oeuvre d'Annette Wieviorka, c'est un grand livre sur le XXème siècle.



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Annette Wievorka déroule la biographie du couple Thorez/Vermeersch qui est aussi une histoire du PCF de sa naissance à 1964, et donc aussi un peu un pan de l'histoire de ce pays.

Elle redresse les raccourcis un peu trop faciles, ou les contre vérités qui arrangent tout le monde.
Elle dépoussière certains événements et lave des taches infamantes pour Maurice et/ou Jeannette.

Et Il fallait toute son érudition, toute son intelligence et toute sa finesse et sa sensibilité aussi pour le faire sans complaisance ; pour trier avec une grande rigueur le bon grain de l'ivraie ; nous attacher à des personnes sympathiques, travailleuses, soucieuses d'apprendre et de se cultiver, chaleureuses avec leurs amis et aimantes avec leur famille, jusqu'à la mort toujours très amoureuse l'une de l'autre, sans jamais pour autant nous faire oublier leur indéfectible attachement à l'idéologie stalinienne, leur volonté de toujours maintenir le PCF dans le giron du PCUS ; le fait qu'ils ont défendu des positions très conservatrices en matière de sexualité et de contrôle des naissances notamment, ou qu'ils se sont posés en représentants de la classe ouvrière tout en vivant dans un luxe peu commun.

Ce sont toutes les qualités d'Annette Wievorka évoquées au début de cette chronique qui donnent de l'intérêt à ce livre.
On n'est ni dans l'hagiographie ni dans le jeu de massacre mais toujours sur la ligne de crête qui permet de voir l'entièreté du paysage, avec ses contrastes, ses zones d'ombre et d'autres plus lumineuses.


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Lire l'histoire de Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch c'est lire l'histoire du PCF des années 20 aux années 60 et, pour certains épisodes (le Front populaire, la IV° République), celle de la France. Maurice est le personnage principal. C'est un homme charismatique au contact facile et que beaucoup apprécient. Jeannette est plus en retrait. Je suis frappée de voir à quel point le parti communiste français, comme les autres partis, a laissé peu de place aux femmes en politique. L'un et l'autre sont des staliniens convaincus que rien ne fait dévier de leur attachement pour "l'homme que nous aimons le plus" alors même que l'URSS évolue après l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev.

Annette Wieviorka s'est attachée à ses personnages qu'elle défend contre les accusations malveillantes qui ont été portées contre eux : Maurice, mauvais Français; Jeannette, manipulatrice. Mais en même temps elle n'hésite pas à montrer leurs contradictions qui sont aussi celles de leur parti : la vie bourgeoise qu'ils mènent (financée par le parti), le culte de la personnalité dont ils sont l'objet et qui les coupe peu à peu du peuple alors qu'ils se considèrent comme les représentants de la classe ouvrière.

C'est un livre que j'ai apprécié et qui m'a appris des choses. Ca m'a donné envie de relire les mémoires de Paul Thorez (le fils) qui sont une des sources de Maurice et Jeannette.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Solide biographie qui s'appuie beaucoup voire principalement sur les archives du couple et qui finalement en donne une image assez bonhomme même quand ils deviennent de parfaits apparatchiks (quelques sous entendus concernant le fait qu'ils s'"embourgeoisent"). Elle dédouane souvent Jeannette dont le dogmatisme est atténué. Mais il y a aussi des lacunes ou des omissions gênantes. Par exemple rien sur l'affaire Kravenchko ni sur les révélations de la terreur stalinienne sinon des repentirs assez vagues. On peut rappeler une règle qu'on trouve chez Marx : on ne juge pas un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même...
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Sans doute extrêmement bien documenté et souvent comme tout ce qui est extrême .... illisible, fatiguant, ... A chaque nouvelle page, on découvre de nouveaux camarades, de nouveaux maitres, de nouveaux copains : jacques virginie,..., Vincent, François, Paul et les autres...
Assommant pour quelqu'un qui veut juste comprendre un tel parcours de vie et qui n'est pas féru de la bible marxiste-léniniste...
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Vidéo de Annette Wieviorka
A quelques jours de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, "La Grande Librairie" propose une réflexion sur la mémoire. Pourquoi et comment se souvenir ? Deux historiennes, deux témoins et une romancière livrent autant de récits sensibles et nécessaires. Augustin Trapenard accueille ainsi Michelle Perrot pour "S'engager en historienne", publié chez CNRS Editions, Annette Wieviorka pour "Anatomie de l'Affiche rouge", paru au Seuil, Robert Birenbaum pour "16 ans, résistant", édité chez Stock, Marie Vaislic pour "Je ne savais pas que j'étais juive", publié chez Grasset, et Claire Deya pour "Un monde à refaire", paru aux Editions de l'Observatoire.
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