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EAN : 9782363083432
71 pages
Arléa (01/06/2023)
4.1/5   67 notes
Résumé :
Publié en 1891, ce texte demeure d’une force polémique étonnante, et l’on y trouve les habituels bons mots, les formules lapidaires et les paradoxes dont Oscar Wilde est coutumier. On peut aussi y puiser des épigraphes et des exergues à l’infini tant ses observations sont concises et pertinentes.
S’attaquant avec bonheur aux tyrannies qui depuis longtemps entravent l’homme - l’État, l’argent et la technologie -, Wilde fonde son espérance sur un christianisme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai reçu ce petit livre, que j'ai choisi parce que le titre m'intriguait. Je ne savais pas qu'Oscar Wilde avait réfléchi (et écrit) sur le socialisme. Bon évidemment, être socialiste en 1891, c'est autre chose que (se dire) socialiste en 2013...
[Petit rappel pour le contexte, alors : les ouvriers luttent quasiment dans le monde entier pour la journée de travail de huit heures maximum. A Chicago, au cours d'une manifestation, le 1er mai 1886, deux ouvriers sont tués. Une émeute éclate quelques jours après, une bombe est lancée sur les policiers, qui en tue huit. Sept anarchistes sont arrêtés, condamnés à mort. La mobilisation pour leur libération devient vite internationale, et sera à l'origine de la journée internationale de lutte des travailleurs, chaque 1er mai.
George Bernard Shaw, le poète irlandais, mobilise les artistes britanniques, et Oscar Wilde y participe.]

Je pensais que ce pamphlet était lié au moins en partie à cet épisode, car sinon, pourquoi Wilde écrirait-il sur le socialisme ? Et bien non, je me trompais complètement, le combat de l'auteur est plus « subtil », et finalement bien plus profond, que cela.
En fait, les préoccupations sociales De Wilde sont liées à son combat pour la liberté des artistes, qu'il revendique à raison. En l'occurrence, il s'agit aussi de la liberté de faire ce qu'il veut, c'est-à-dire « de développer librement ce qui, en lui, est merveilleux ». C'est cela qu'il appelle le grand ou le nouvel individualisme. (qui, comme le mot socialisme, n'avait sans doute pas la même signification qu'aujourd'hui).

Dans la première moitié de son essai, Oscar Wilde dit pourquoi il est pour le socialisme. Une de ses préoccupations est d'éradiquer la pauvreté, ce qui, pour lui, en gros, ne consiste pas à donner de la « propriété privée » à ceux qui en sont dépourvus. Au contraire, seul le socialisme, c'est-à-dire une autre organisation sociale, basée sur la propriété collective, fera que plus un homme ne sera pauvre. C'est aussi pourquoi il déteste la charité, qui ne fait que perpétuer l'état de pauvreté, en occultant, et donc en retardant la solution socialiste.
Oscar Wilde pense que la propriété privée est la source d'un individualisme étroit, qui ne permet pas l'épanouissement des individus. Pour lui, l'avènement du socialisme (ou du communisme, son étape ultérieure), ouvrira la voie à un individualisme grand format, car la disparition de toute autorité permettra réellement à chacun de se réaliser pleinement, affranchi qu'il sera de l'État ou de la Religion.
En cela, Oscar Wilde est proche des conceptions de l'individualisme libertaire.

Dans la deuxième moitié du livre, il règle ses comptes avec les journalistes. (Il se trouve que son « portrait de Dorian Gray » s'est fait démolir dans de nombreux journaux). Alors, pendant 25 pages, Wilde explique comment et pourquoi les journalistes tyrannisent les artistes, (fouillant jusque dans leur vie privée, pour satisfaire la curiosité d'un public aliéné). Cette partie semble au premier abord ne plus avoir grand rapport avec le titre de l'essai... au premier abord seulement ! Car il existe, entre le communisme et l'art, une proposition philosophique semblable, dont Wilde effleure subrepticement, à travers ses réflexions personnelles, les subtilités. [explication : le règne du communisme, c'est la liberté. Marx y apporte une démarche scientifique : être communiste, pour lui, c'est d'abord tenter de saisir 'tels qu'ils sont' les processus sociaux qui entravent le développement harmonieux de la société et l'épanouissement des individus qui la composent. Conception matérialiste du monde, le socialisme se hisse, au stade communiste, à l'émancipation du monde matériel. Forgé dans la lutte des classes, il abolit les classes. Hissé au-dessus de l'économie, de la marchandise, de l'argent, il les annihile. Il supprime leur utilité. Il supprime aussi l'utilité de l'État. On passe du règne de l'utilité à celui de l'inutilité, comme on passe du règne de la nécessité à celui de la liberté. Or, l'émancipation des entraves (matérielles, morales, étatiques, religieuses, etc...), l'épanouissement, le partage de cette liberté avec les autres, la possibilité de l'inutile, sa transcendance créative, c'est précisément ce que l'art propose.]
Les idées De Wilde sur l'art ne sont donc pas seulement celles d'un esthète (toujours tiré à quatre épingles, avec foulard en soie, chapeau melon et bottes de cuir). Elles l'ont amené sur la voie de l'idée communiste, aussi bien que s'il avait été débardeur dans les mines de charbon du Pays de Galles. Il a compris – et nous aide à comprendre – beaucoup de ce qu'il en serait de l'âme humaine sous le socialisme.
Finalement, sa thèse est simple : l'avènement du socialisme est proche, cette nouvelle organisation sociale n'imposera aucune contrainte aux artistes, et, en éradiquant la pauvreté, elle permettra à un public plus cultivé, mieux éduqué, d'apprécier le travail artistique à sa juste valeur, sans conservatisme ni conformisme rassurant. [J'ajouterais même que : chacun aura le loisir d'être artiste !]
Alors, oui, Oscar Wilde est sans doute ce dandy qui « s'intéresse au communisme entre deux mondanités » (dixit Terry Eagleton). Cependant, son rêve utopique, vu sous le prisme de la liberté de l'artiste (même en complet chic, un verre de Brandy à la main), j'y adhère, car c'est, à mon humble avis, une manière lucide – paradoxalement – d'envisager une voie vers le Socialisme.
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Bon... et bien que voilà un magnifique condensé d'utopie !
Pour la première fois, il m'est arrivé de m'ennuyer en lisant Wilde. Et cela en dépit de quelques passages assez plaisants mais, malheureusement, trop brefs pour me garder attentive.
Il m'a convaincue dans son développement en faveur de l'individualisme et perdue chaque fois qu'il faisait appel au Christ pour étayer sa théorie. Et je ne parle pas de sa perception du socialisme qui, elle, m'a totalement échappée.

L'ensemble m'a laissé une impression de délayage autour d'un sujet passablement flou et, le livre fermé, je suis restée un rien perplexe sur la pertinence de sa démonstration.

Néanmoins, j'accorde trois étoiles à cet ouvrage car, même s'il ne m'a pas conquise, ça reste du Wilde et... Wilde is Wilde ! (Le premier qui ajoute "Viva Donovan" ira en colle Samedi)
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Bien des lecteur de ce site connaissent une facette d ' Oscar Wilde , celle "du portrait de Dorian Gray " , mais qui donc a entendu parler de " l'âme humaine " ?
Pourtant ce livre , bien mieux que les autres , nous dit qui vraiment était l'auteur , loin de son apparence de dandy et de son homosexualité . Il s'agit ici de sa conception utopique d'une société plus favorable à l'être humain .Utopique ,certes , mais pour l'époque une petite révolution de ce qui était reconnu admissible .
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Oscar Wilde. À l'évocation de son nom, ce sont d'abord des images qui surgissent. Un presque bel homme (il est massif), d'une élégance rare, les cheveux longs. Une photographie de lui vient à l'esprit, il est enveloppé dans une toge, il a une rose entre les mains. Sur une autre, c'est une canne - sans doute à pommeau d'argent. Les portraits de l'extravagant dandy sont connus. Les oeuvres aussi : «Le portrait de Dorian Gray» au premier chef, roman fantastique dans lequel la beauté d'un homme reste intacte alors que son portrait vieillit.
La beauté est un thème central dans l'oeuvre De Wilde. En quelque sorte, c'est elle qui causa sa perte, en la personne de Lord Alfred Douglas, dont le père courroucé par leur liaison précipita la déchéance de l'écrivain, qui mourut en France en 1900.

L'esthète est très connu du grand public pour son esprit, lequel lui fit écrire des choses comme «Il est tentant de définir l'homme comme un animal rationnel qui se met toujours en colère lorsqu'il est supposé agir en accord avec les préceptes de la raison», ou bien «Je réprouve les longues fiançailles. Elles permettent à chaque fiancé de connaître le caractère de l'autre avant le mariage, ce qui, à mon avis, n'est jamais judicieux.»

Maintenant, prenons ce Carnet de l'Herne intitulé «L'âme humaine sous le socialisme». Sans doute, il y a erreur, cela ne peut pas être Wilde l'auteur, c'est une farce spirituelle comme les affectionnait l'Irlandais. Absolument pas. Rappelons que Wilde était un homme de principes, notamment défendus lors des controverses nées à la parution du «Portrait de Dorian Gray». L'homme aux multiples paradoxes inventa donc un titre dans lequel cohabite le concept d' «âme», pas vraiment un concept matérialiste, avec celui de «socialisme»...

«L'âme humaine sous le socialisme» peut donc dérouter, pourtant, c'est du pur Oscar Wilde : l'écrit est généreux, idéaliste - en plus, il se termine sur une phrase magnifique : «Le nouvel Individualisme est le nouvel Hellénisme». «The Soul of Man under Socialism» a initialement trouvé place en 1891 dans la revue «The fortnightly Review» - pas n'importe laquelle des revues anglaises, une des plus prestigieuses, fondée par Anthony Trollope en 1865.

Dans cet essai, Wilde affirme des convictions utopiques dans la lignée des socialistes réformateurs comme Robert Owen et William Morris : la fin de la propriété privée, le droit à la liberté, au bonheur, à l'originalité, la nécessité d'un progrès techniques profitant aux travailleurs, etc.
Petites précisions : les socialistes réformateurs d'alors voulaient changer la société. Aujourd'hui, le terme de «réforme» s'entend dans un sens bien moins fort qu'autrefois !
Par ailleurs, lorsque j'emploie le terme utopique, je fais bien référence à l'utopie dans son sens de «plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun», de «système de conceptions idéalistes des rapports entre l'homme et la société, qui s'oppose à la réalité présente et travaille à sa modification».


Ces précisions posées, revenons à l'essai : Wilde s'inscrit ainsi dans l'esprit socialiste de son temps, avec un très beau texte. D'abord révolté par les injustices criantes observées et raillant bonne conscience («recommander l'économie aux pauvres, c'est chose à la fois grotesque et insultante») et charité, prônant la désobéissance (aujourd'hui il ajouterait le qualificatif de «civile»), la fin de toute propriété privée, l'amour libre («quand disparaîtra la propriété privée, le mariage, sous sa forme actuelle, devra disparaître») il en vient rapidement également à parler d'art.
Car cet essai est aussi une nouvelle occasion pour Wilde de défendre ses positions esthétiques. On comprend bien que si Oscar Wilde promeut de telles positions anarchistes, s'élevant contre toute forme d'autorité ; c'est aussi que cela lui permet de rappeler que l'art doit être libre, l'artiste ne travailler sous aucune contrainte, notamment celle de plaire au peuple, «qui n'aime pas la Beauté», car «le public a toujours, et dans tous les siècles été mal éduqué». Wilde, dans la lignée d'Hegel, est définitif : il est en faveur de «l'art pour l'art».

Vous constatez que je ne résiste pas au plaisir de vous citer de nombreux passages de l'oeuvre : Wilde est aussi bon polémiste qu'il est excellent romancier, homme de théâtre ou critique. Et c'est pourquoi, pour vous engager à lire et relire cet essai, je vais encore vous le citer. «L'oeuvre d'art est faite pour s'imposer au spectateur ; le spectateur n'a point à s'imposer à l'oeuvre d'art.» Alors, laissez «L'âme humaine sous le socialisme» s'imposer à vous !
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L'âme humaine sondée par Oscar Wilde : la vérité pour tout dialogue résume son analyse impitoyable. Sous son vernis de Dandy, il était très perspicace quant à l'hypocrisie cupide qui régit le monde et ceux qui le peuple. A mettre entre toutes les mains mais toutes n'apprécieront pas.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Ayant utilisé le mot travail, j'en profite pour dire que nombre de bêtises sont écrites et proférées de nos jours concernant la dignité du travail manuel. Celui-ci n'a rien d'intrinsèquement digne et, la plupart du temps, est même tout à fait dégradant. Mentalement et moralement, un homme souffre de faire ce qui ne lui procure aucun plaisir, et beaucoup d'activités sont absolument fastidieuses. Balayer un carrefour boueux huit heures par jour sous le vent d'Est est une tâche répugnante. Quant à le balayer avec dignité mentale, morale ou physique, ça me semble impossible, et proprement stupéfiant de le balayer avec joie.
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« Ce que l'on possède réellement, on l'a en soi. Il faudrait que ce qui est en dehors d'un homme soit entièrement dépourvu d'importance.
Abolissons la propriété privée, et nous aurons alors le vrai, le beau, le salutaire individualisme.
Personne ne gâchera sa vie à accumuler des choses, et des symboles de choses.
On vivra.
Vivre, c'est ce qu'il y a de plus rare au monde. La plupart des hommes existent, voilà tout.
On peut se demander si nous avons jamais vu la complète expression d'une personnalité, si ce n'est sur le plan où évolue l'imagination de l'artiste.
Dans l'action, nous ne l'avons jamais vu. »
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L'homme n'a pas à exposer aux yeux de tous qu'il peut aller jusqu'à mener l'existence d'une bête mal nourrie. Il doit refuser de vivre de la sorte, voler ou requérir l'aide publique (chose que d'autres considère comme du vol).(...)Non ! Un pauvre ingrat, dépensier, mécontent, rebelle est selon toute vraisemblance un homme de valeur. En tout cas un homme qui fait preuve d'un sain esprit protestataire.
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L'égoïsme n'est pas de vivre comme on le souhaite, c'est d'exiger des autres qu'ils vivent comme on le souhaite.
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Il y a dans une nation, une seule classe qui pense plus à l’argent que les riches, et ce sont les pauvres.
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