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Danièle Bondil (Traducteur)Pierre Bondil (Traducteur)
EAN : 9782869304710
298 pages
Payot et Rivages (02/06/1991)
4/5   59 notes
Résumé :
Frederic J. Frenger, Jr., joyeux psychopathe en provenance de Californie, débarque à l'aéroport de Miami, les poches bourrées de cartes de crédit volées. Importuné par un Hare Krishna, Freddy lui retourne brutalement un doigt, le cassant net. Quelques heures plus tard, le corps du Krishna, mort, est retrouvé dans les salons des VIP...
Freddy Frenger vient de commencer sa randonnée dans Miami, une ville où l'on passe aisément des hôtels luxueux aux taudis, hab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A peine sorti de prison, Frederick Junior Frenger commet trois agressions. Les cartes de crédits récoltées lui permettent de prendre l'avion pour la Floride. le Sunshine State est la destination préférée des retraités, des touristes et depuis peu, des criminels. Alors un psychopathe de plus ou de moins... Junior s'illustre dès son arrivée à l'aéroport de Miami en tuant involontairement un dévot de Krishna. Arrivé dans sa chambre d'hôtel, il fait monter une prostituée qui le surprend par sa jeunesse et sa candeur. Junior & Susan, un duo de choc vient de naître, la brute sans envergure et la plouc ingénue. Mais ils devront faire face à un autre duo de preux chevaliers oeuvrant pour la police criminelle. Nos « deux flics à Miami » se nomment Bill Henderson (il est marié à une épouse autoritaire et père de deux enfants acnéiques) et Hoke Moseley. Je vais employer un affreux anglicisme : entre Hoke et moi, ça a tout de suite ‘matché'. Ses problèmes de dents et de poids, sa pension alimentaire astronomique, sa piaule dans un hôtel de seconde zone, ses doubles doses de Early Times, sa vieille Pontiac cabossée… C'est un enquêteur de roman policier divorcé et amateur de whisky comme il en existe des centaines d'autres mais Hoke Mosely se détache par sa sincérité et par son regard caustique. Il est un brin désabusé mais il est vrai que la ville de Miami ne semble pas de tout repos pour un policier. Les affaires vont du braquage pour quelques dizaines de dollars aux fusillades entre trafiquants de drogue. Il n'est guère prudent de sortir de chez soi sans son arme. Charles Willeford réussit à mettre en place des personnages déjantés dans une intrigue maitrisée sans tomber dans la facilité. « Miami blues » est un polar d'excellente facture qui brille par la férocité de son humour.
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Miami Vice ?

Non, Miami Blues !

Mais quand même un peu, voire beaucoup Miami Vice...

J'ai beaucoup aimé traîner dans Miami avec le sergent Hoke Moseley de la police criminelle.
Celui-ci est désabusé, blasé, voire déprimé...

Il ne touche qu'un mois de salaire sur deux car son ex-femme le ruine en pension alimentaire et frais divers et variés pour ses deux filles.
Obligé de loger dans un hôtel assez pourri en compagnie de vieilles dames veuves, il doit en plus endosser le rôle de gardien de nuit dans ledit hôtel pour payer le loyer de sa chambre miteuse à un propriétaire pour le moins cupide.
Vivant seul et sans ami, affublé d'un appareil dentaire confectionné par un médecin légiste, il doit sans cesse surveiller sa ligne ayant un solide appétit, une faiblesse pour le Early Times et une certaine tendance à l'embonpoint. Hoke suscite immédiatement l'empathie.

Vie somme toute déjà assez glauque mais si on ajoute le climat de violence omniprésent à Miami, celle-ci tourne au cauchemar, qui va d'ailleurs se concrétiser sous les traits de Frederick J. Frenger Junior, psychopathe débarqué de Californie que Hoke aura le malheur de croiser au cours d'une enquête.

Poor lonesome Hoke...

Roman noir parfaitement construit mêlant cynisme, autodérision et violence, ce petit bijou est à lire sans modération !
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Hoke Moseley, sergent de la police de Miami, vit dans une chambre d'hôtel minuscule où personne ne fait jamais le ménage et tous les soirs il met ses dents dans un verre.
Charles Willeford est mort en 1988 et Miami Blues, son premier grand succès a paru quatre ans avant. Il a écrit quatre romans dans la série du flic Hoke Moseley, comme si Ed Mc Bain était mort après la quatrième enquête de Steve Carella, au lieu d'en écrire cinquante-trois. J'aurais adoré qu'il me reste cinquante-deux histoires de Hoke Moseley à lire! Willeford aime la littérature et il en parle dans ses polars; ici les Haïkus animent les conversations entre Freddy, ex-taulard culturiste, Susie qui fait des passes et qui voudrait étudier, et les flics. Et tout le monde compte les pieds : 5-7-5. Willeford, comme Susie, rêvait de fac de lettres. La fac a renvoyé Willeford quand elle a compris qu'il n'avait pas le bac. Il est retourné ferrer des chevaux. Bien plus tard, après trois romans, l'Université de Miami l'a accepté. Willeford fait tout un peu plus tard que tout le monde. Il rate son départ, à l'instar de son flic qui fait réellement son entrée dans le roman un peu plus tard que tous les flics de romans. Seul dans la tête du malabar taulard pendant 60 pages magnifiques, le lecteur prend de l'avance sur l'inspecteur. Une ironie dramatique relative et jouissive. On sait ce qui attend Hoke quand Freddy croisera sa route. Cent pages plus loin on quitte Hoke pour retourner là, où, lecteur infâme et honteux, on est vraiment mieux: dans la tête du voleur, ce balèze, malin et complètement idiot. Malin dans sa logique limpide de machine violente, persuadé qu'il va y arriver; complètement idiot, parce qu'il ignore le contexte : Miami, où il vient de débarquer ; la vie mystérieuse des gens honnêtes, quand on a passé toute sa vie entre la maison de redressement de Whittier et la San Quentin State Prison, où Johnny Cash ne jouait pas tous les soirs. Freddy voit juste, mais tout est faux. Willeford disait « écrivez la vérité et ils diront que c'est de l'humour noir ». Miami Blues est un mille-feuille : 100 pages brillantes, 100 pages molles, 100 pages brillantes. Et ça s'arrête là. Mon Haïku à la mémoire de Freddy :

Le soleil se lève
Si la merde est ton destin
Il se couche quand même
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Miami Blues, met pour la première fois en scène Hoke Moseley, sergent de la police de Miami, divorcé, fauché, doté d'un dentier dont il est plutôt fier et vivant dans une chambre miteuse d'un hôtel de Miami Beach peuplé essentiellement de marielitos. C'est que l'on est en 1984 et que Miami n'est pas vraiment la ville glamour que l'on peut imaginer en regardant aujourd'hui un épisode de Dexter. Colombiens et Cubains règlent quotidiennement leurs comptes de manière sanglante et la police ne se montre en général pas très efficace. C'est là que débarque Frederick Fenger, ancien taulard, qui arrive directement de Californie et commence par tuer un Hare Krishna en lui cassant un doigt à l'aéroport dans une scène qui se révèle, à sa manière, dantesque :

« -Je veux être votre ami, dit le Hare Krishna, et…
Freddy s'empara du majeur du Hare Krishna et le retourna brutalement. le Krishna poussa un petit cri. Freddy força davantage et plia le doigt en arrière, le cassant net. le Krishna poussa un hurlement, sorte de gargouillement aigu, et s'écroula à genoux. Freddy lâcha le doigt désarticulé, et quand le Krishna se plia en deux, en hurlant, sa perruque tomba, découvrant son crâne rasé.
Deux hommes, qui de toute évidence appartenaient à la même famille qui avaient observé la scène, se mirent à applaudir en riant. Lorsqu'une femme, d'âge mûr qui portait un poncho colombien entendit l'un des touristes dire « Hare Krishna », elle sortit un chasse-Krishna de son sac et commença à faire retentir le bruyant objet en métal devant le visage du Krishna accablé de douleur. L'alter ego du Krishna blessé, vêtu dans le même style mais avec une perruque noire, se détacha de la file d'attente où il « travaillait » devant le comptoir d'Aéromexico et commença à invectiver la femme qui faisait retentir le chasse-Krishna. le plus âgé des deux hommes qui riaient s'approcha par-derrière, lui arracha sa perruque et la lança par-dessus les têtes des badauds qui s'assemblaient ».

L'esprit du livre de Charles Willeford est en grande partie résumé ici. Un humour cruel, un regard acerbe sur une société dans laquelle il est bien difficile de se faire une place. Ni Martin Wagonner, le Hare Krishna, ni Freddy Fenger, ni Hoke Moseley, n'arrivent à trouver cette place. Pas plus Susan Wagonner, la soeur de Martin, que la hasard va faire croiser Freddy dont elle ignore qu'il a tué son frère, jeune gourde de la campagne, mal dégrossie, qui se prostitue dans les hôtels tout en suivant des cours de gestion à l'université dans l'espoir fou d'ouvrir une franchise de Burger King à Okeechobee.

Le hasard aidant, Hoke va finir par se confronter à Freddy. Et les deux personnages apparaissent comme les deux faces d'une même médaille. Tous les deux aussi perdus et aussi détachés face aux événements. Mais si ce détachement tient chez Hoke du fatalisme, il en va tout autrement de Freddy chez qui cette attitude tient pour beaucoup à ses tendances psychopathes et à un véritable désir de revanche sur la société. À ceci près qu'il est tout de même conscient de l'inéluctabilité de son destin. Cette opposition qui n'en est pas vraiment une, tant Hoke va mettre du temps à saisir qui est Freddy et ce qu'il peut lui vouloir, et plus encore la trajectoire suivie par l'attentiste Susan, révèlent ce que l'on pourrait qualifier de pessimisme faussement joyeux de l'auteur.
Et Willeford de nous proposer un roman noir et poisseux, plus fondé sur l'atmosphère de ce Miami du début des années 80 et sur les étranges personnalités de Hoke Moseley et Freddy Fenger que sur l'intrigue minimale qu'il propose et, en même temps, un livre cynique à souhait qui vous laisse à la fois réjoui et vaguement assommé par ce que vous venez de lire. Un entre-deux, un sentiment de malaise et de plaisir qui sont la marque de Willeford.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Véritable pépite que ce "Miami blues"... Charles Willeford nous régale, avec son style si particulier et sa plume si fine.

L'histoire peut paraître banale, mais avec Willeford, même le banal n'est pas ordinaire. En gros, Freddy Frenger, dit Junior (rien à voir avec la descendance de Mabrouk -pour les 30 Millions d'amis canins-) ayant purgé sa peine dans une prison californienne, débarque à Miami, les poches pleines de cartes de crédit volées et plus de fausses d'identités qu'une liste électorale d'une primaire Républicaine... Bref, cette petite frappe, musclée comme un Steve MacQueen des grands jours, arrive sur les terres de Hoke Moseley. Ce dernier, flic désabusé, célibataire "Divorcé rappelle-toi !", ayant perdu tous ses chicots lors d'une rixe, ayant une fâcheuse tendance à perdre ses dentiers (dont il est très fier d'ailleurs) et une légère brioche qui semble prendre racine à l'aube de la quarantaine....
Tout oppose Moseley et Frenger et pourtant, Willeford, bien avant Meetic va les mettre en contact... Car si vous n'aimez pas vos imperfections quelqu'un les aimera pour vous ....Rencontre de qualité.

Willeford truffe Miami blues d'humour noir, d'humour froid... Ce petit "grain de folie" se retrouve notamment dans le personnage de Susan Wagonner, étudiante aux airs de "jeune-fille-comme-il-faut-à-qui-on-donnerait-le-Bon-Dieu-sans-confession" qui se prostitue dans les hôtels de luxe, sans vraiment saisir l'importance et les consequences de ces actes, et qui en toute innocence prends des cours de Gestion, le soir, pour avoir la "chance-extrème-et-inouïe-" d'ouvrir un Burger King dans sa ville natale..... Cette Susan, Willeford nous la mitonne aux petits oignons, et, notamment de celui de Susan par l'occasion ...
Mais en dehors de ces airs de cruche et de gourde qui ne se remplie qu'a l'envers, cette Susan finira par retomber sur ses pieds... et comme Willeford est un homme délicat et un gourmet, il laissera Susan nous donner, à la fin du livre une recette culinaire....du Puits d'Amour....

"Je n'ai encore jamais rencontré un homme qui n'aime pas mon Puits d'Amour"
Susan.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
-Je veux être votre ami, dit le Hare Krishna, et…
Freddy s’empara du majeur du Hare Krishna et le retourna brutalement. Le Krishna poussa un petit cri. Freddy força davantage et plia le doigt en arrière, le cassant net. Le Krishna poussa un hurlement, sorte de gargouillement aigu, et s’écroula à genoux. Freddy lâcha le doigt désarticulé, et quand le Krishna se plia en deux, en hurlant, sa perruque tomba, découvrant son crâne rasé.
Deux hommes, qui de toute évidence appartenaient à la même famille qui avaient observé la scène, se mirent à applaudir en riant. Lorsqu’une femme, d’âge mûr qui portait un poncho colombien entendit l’un des touristes dire « Hare Krishna », elle sortit un chasse-Krishna de son sac et commença à faire retentir le bruyant objet en métal devant le visage du Krishna accablé de douleur. L’alter ego du Krishna blessé, vêtu dans le même style mais avec une perruque noire, se détacha de la file d’attente où il « travaillait » devant le comptoir d’Aéromexico et commença à invectiver la femme qui faisait retentir le chasse-Krishna. Le plus âgé des deux hommes qui riaient s’approcha par-derrière, lui arracha sa perruque et la lança par-dessus les têtes des badauds qui s’assemblaient.
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- Vous auriez dû me laisser négocier à votre place. (...)
- Je ne conteste jamais les prix. L’argent est trop facile à gagner à Miami. C’est pour ça que c’est si cher par ici.
- Dans ce cas, dit-elle, en secouant ses boucles, vous pouvez me laisser un pourboire de dix dollars quand je vous déposerai devant l’Omni.
Lorsqu’ils arrivèrent à l’Omni, Freddy donna à la vieille dame un pourboire de dix dollars.
- Vous n’êtes pas aussi maligne que vous le croyez, madame Freeman. J’avais l’intention de vous en laisser vingt.
Le rire aigu et haché de la femme le suivit dans le hall de l’hôtel
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- Tu te souviens de cette chanson de Bob Dylan qui parlait d’une femme allongée en travers d’un lit en cuivre ?
- Non, je ne m’en souviens pas. (...) Ils passent plus souvent Dylan à la radio maintenant.
- Eh bien, voilà ce que tu vas faire. Tu vas dans la chambre, tu te déshabilles, tu mets deux oreillers sous ton ventre et tu t’allonges sur ce grand lit en cuivre. Je vais me boire une autre bière et puis j’arrive.
- Tu vas me prendre par-derrière, que je sois d’accord ou pas, c’est ça, hein ?
- Ouais.
– Dans ce cas je ferais bien de te sortir une autre San Miguel et de la Lesieur pour moi.
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La serveuse leur apporta leurs Salades Circe : de grandes feuilles de salade romaine, des tranches d'orange, des germes de blé et de haricots, de la noix de coco râpée, une grosse cuillerée de yaourt à la vanille, le tout surmonté d'un assaisonnement au sucre de canne râpé aromatisé au ginseng. La salade était servie dans un grand bol en porcelaine qui avait la forme d'une coquille de clam géante.
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- J'ai su avec certitude qu'elle était dans le coup, Hoke, quand tu m'as dit qu'il n'y avait pas de paquets dans le coffre. Cette bonne femme avait neuf cents dollars dans son sac à main, et c'est absolument impossible qu'une femme fasse les boutiques pendant deux heures avec tout cet argent sans rien acheter.
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Videos de Charles Willeford (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Willeford
THE BURNT ORANGE HERESY (2019) : Bande-annonce (version originale). Adaptation du roman "Hérésie" de Charles Willeford.
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