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Marie-Alix de Solages (Traducteur)
EAN : 9782268017426
294 pages
[Paris] (05/04/1994)
2.5/5   2 notes
Résumé :
Cet ouvrage présente la religion et la mythologie des Sioux Oglala comme le modèle fondateur de leur organisation sociale et tribale. Ainsi la population Oglala se désigne encore sous le vocable d'Oceti Sakowin que l'on traduit par les “Sept Feux du Conseil”. Powers démontre à partir de cette appellation commune à beaucoup de bandes sioux que la société Oglala contemporaine s'accorde avec les données de la mythologie. À l'inverse de la plupart des ethnologues qui po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au-delà de l'étude ethnologique ayant son intérêt certes mais un peu roide de lecture, ce qui m'a semblé remarquable dans cet ouvrage c'est la perspective dans laquelle s'est placé l'auteur pour transfigurer les aléas de l'histoire des Amériques de la “conquête”  de la “civilisation occidentale”, pour mettre en lumière la vivacité originale et originelle encore présente de ces peuples.
Laissant loin derrière les images et clichés “hollywoodien” de mauvais aloi, William K. Powers nous introduit dans les arcanes de la vie subtile et riche de la spiritualité très élaborée telle que l'envisageait les Teton Lakota de l'Oceti Sakowin que l'on traduit par les “Sept Feux du Conseil”.
Car il n'existe, en effet, dans la langue lakota, aucun terme équivalant au mot “religion”, il est donc envisagé la religion comme un des aspects de l'organisation sociale, aspect qui se différencie des autres en ce qu'il fait intervenir des êtres ou des pouvoirs surnaturels ; ou encore, appréhendant le religieux comme système culturel proposant un modèle qui dérive de la réalité et en tient lieu.
Ainsi le rôle des symboles sacrés est de faire la synthèse entre le génie d'un peuple et sa vision du monde, c'est-à-dire entre l'atmosphère, le caractère, la qualité propre de son existence, son style en matière esthétique ou morale, son humeur, et l'image qu'il se fait des choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, ses idées de l'ordre les plus universelles.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
LA SIGNIFICATION DU MOT WAKAN
Si nous entendons par religion le fait de « lier ensemble » suivant le sens étymologique du terme anglais (ou français), nous sommes bien obligés d'accepter l'équivalent lakota qu'en ont donné les missionnaires chrétiens, dans leur tentative de traduction des Écritures. Ils rendent en effet la « religion » ou la « prière » par “wocekiye”, d'après “wo”, préfixe indiquant un substantif, et “cekiya” « solliciter, prier ». Et pourtant, la façon dont les Oglala conçoivent la totalité des êtres ou pouvoirs surnaturels régnant sur leur univers diffère profondément de la théologie chrétienne. Pour les Oglala, la totalité des phénomènes naturels ou culturels sont susceptibles de transformations qui exigent un changement total ou partiel de comportement vis-à-vis d'eux. Les causes de ces transformations et l'explication des changements de comportement concomitants sont rassemblés sous le concept de “taku wakan” « choses sacrées ». Les phénomènes considérés comme “taku wakan” peuvent être transformés temporairement ou en permanence. Ceux qui le sont en permanence sont désignés collectivement comme “Wakantanka”, qu'on traduit traditionnellement par « Grand-Esprit » ou « Grand Mystère », d'après “wakan”  « sacré » et “ tanka” « grand, vaste, gros ». Ce terme a, par convention, servi à traduire le mot “Dieu”. Bien que singulier de forme, “Wakantanka” est pluriel du point de vue du sens. Ce n'est pas “Wakantanka” qui est personnifié, mais certains de ses aspects. Ainsi, le soleil, la lune, la terre, les vents, les éclairs et d'autres phénomènes naturels sont de fréquentes manifestations ou personnifications non de “Wakantanka” lui-même, mais de ses différents aspects.
L'homme existe en tant que partie intégrante de la nature et, loin de souhaiter en maîtriser les vicissitudes, il cherche à vivre en harmonie avec elle. Foncièrement impuissant, l'homme réclame compassion lorsqu'il est confronté au danger, à la misère ou à l'inexplicable. Quand il a ainsi besoin d'une aide surnaturelle, il proteste de son impuissance en psalmodiant « Wakantanka unsimala ye » (“Wakantanka”, aie pitié de moi). La relation de l'homme à la nature est en effet toujours “unsike”, « pitoyable ». En suppliant “Wakantanka”, l'homme s'adresse à la totalité de l'aide surnaturelle à sa disposition. On peut également s'adresser à “Wakantanka” avec la métaphore de la parenté. Ainsi, un Oglala peut dire : « Ho Tunkafila Wakantanka... » (Eh ! Grand-Père “Wakantanka”...), ou « Ate Wakantanka » (Père “Wakantanka”). On utilise Grand-Père lorsque l'on fait appel à “Wakantanka” lui-même indépendamment de ses manifestations, et le mot Père pour invoquer l'un de ses aspects, comme par exemple le soleil. La même métaphore de la parenté est utilisée pour différencier la terre comme pouvoir de faire pousser des choses (“unci” « grand-mère ») de ses produits réels et manifestes (“maka ina” « terre-mère »).
p. 83-84
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L'univers est composé d'une quantité finie d'énergie ; le bien et le mal sont ainsi deux aspects de la même énergie.
Les bons aspects de l'énergie sont dirigés par “Wakantanka”, et les mauvais par “Wakan gica” (le mal sacré).
En rendant un culte à “Wakantanka”, ou au contraire à “Wakan gica”, l'homme peut capter la bonne énergie, ou au contraire la mauvaise, en vue de ses propres objectifs.
“Wakan gica” est inférieur à “Wakantanka”, et l'homme est inférieur aux deux.
L'énergie peut être visible ou invisible. La capacité de transformer l'énergie visible en énergie invisible, et inversement, s'appelle le “tun”. Le “tun” de tout aspect invisible est son aspect visible.
On appelle “Wakan” la transformation du visible en invisible ou inversement, de même que l'état qui en résulte.
Il faut craindre les aspects invisibles.
La vie et la mort sont “Wakan” l'une et l'autre, car dans la première, un aspect invisible devient visible, et dans la seconde, l'inverse se produit. Le mot lakota pour la naissance ou la création est “tunpi” (cf. Tohan nitunpi he ? « Où êtes-vous né ? »).
La vie se manifeste dans le “ni”, qui signifie « souffle, vie, vapeur ». Lorsque quelqu'un se trouve dans un état de faiblesse, il doit, pour se fortifier, participer à une cérémonie dans la loge de sudation ou inikagapi « faire vivre, respirer, transpirer ». Lorsqu'une personne meurt, son ni l'abandonne.
Les êtres et pouvoirs surnaturels, de même que les objets animés ou inanimés, possèdent tous un pouvoir inné, exprimé par le concept de “sicun”. Chaque objet animé naît ou est créé avec son “sicun” propre, qui est immortel. Au moment de la naissance d'un être humain, les entités surnaturelles lui donnent un “sicun” – sorte d'esprit gardien qui l'aidera à éloigner le mal. Quand l'homme meurt, il restitue le “sicun” aux entités surnaturelles.
p. 91
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Wakantanka représente l'incarnation de tous les êtres et pouvoirs surnaturels de l'univers oglala. Comme nous l'avons vu, le langage sacré lui attribue seize aspects et le désigne par Tobtob « quatre-quatre ». Les seize aspects sont groupés par quatre selon leur rang hiérarchique, ce qui donne les quatre classes suivantes : (1) Wakan akanta « les wakan supérieurs » ; (2) Wakan kolaya « ceux que les wakan appellent leurs amis ou partenaires » ; (3) Wakan kuya « les wakan inférieurs » ; (4) Wakanlapi « ceux qui ressemblent aux wakan ». Les wakan supérieurs comprennent le Soleil, ou Wi le Ciel ; ou kan ; la Terre, ou Maka ; et le Roc, ou Inyan. Les partenaires des wakan supérieurs sont la Lune, ou Hanwi ; le Vent, ou Tate ; l'Étoile-Filante, ou Woripe ; et l'Ailé ou l'Être-du-Tonnerre, ou Wakinyan. Les liens entre wakan supérieurs et partenaires sont les suivants ; le Soleil est lié à la Lune, le Ciel au Vent, la Terre à l'Étoile-Filante, et le Roc à l'Ailé. On appelle les membres de l'une ou l'autre de ces deux classes les Wakan kin, ou « êtres sacrés ». Dans la cosmologie, ils n'ont ni commencement ni fin, et sont responsables de la création de l'homme et de l'univers. Les wakan inférieurs comprennent le Bison, ou Tatanka ; le Bipède (à la fois ours et homme), ou Hununpa ; les Quatre-Vents, ou Tatetob ; et le Tourbillon, ou Yumni. Ceux qui ressemblent aux wakan sont le Fantôme ou l'Apparition, ou Nagi ; la Vie ou le Souffle, ou Niya ; et enfin la Force, ou icun. Les membres de l'un ou l'autre de ces deux groupes sont désignés comme Taku wakan « choses sacrées ». Ils font partie des Wakan kin tout en étant créés par eux. Outre les seize aspects de Wakantanka, la religion Oglala connaît d'autres êtres ou pouvoirs surnaturels importants, bienfaisants ou malfaisants...
p. 94
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Ces esprits sont les “wakan”, les êtres sacrés. Ils sont sacrés parce qu'ils sont capables de faire passer les Oglala d'un monde futile et sans espoir à un monde libre, au moins pour un temps, des contraintes que l'homme blanc leur imposent. Accomplis convenablement, les rites transforment en effet l'univers ordinaire — dont les Oglala reconnaissent qu'il est sous le pouvoir de la technologie de l'homme blanc — en un univers sacré, dominé par “Wakantanka ”.
J'ai commencé ce livre en posant la question suivante : qu'est-ce qui a permis aux Oglala de maintenir une identité sociale et culturelle distincte, malgré l'avantage écrasant des tendances assimilatrices de la société américaine ? Auparavant, on admettait a priori qu'une société dominée changeait nécessairement du fait même qu'elle se trouvait en contact avec une société dominante. Les études sur l'acculturation servirent ainsi à expliquer dans quelle mesure des sociétés de petite taille se modifiaient sous l'influence d'une culture nouvelle en position dominante. Elles mesurèrent l'aptitude des individus à s'adapter à un environnement social et culturel nouveau sur lequel ils n'avaient aucun pouvoir. Mais de par leur nature même, ces études sur l'acculturation se polarisèrent sur la surface, à savoir le contenu de la culture et les relations sociales qu'elle implique — et à ce niveau de recherche en effet, on pouvait constater des changements. Mon approche de l'analyse des sociétés est complémentaire — et non contradictoire — de celle des études sur l'acculturation. Elle part du principe que pour comprendre une société, en l'occurrence celle des Oglala, il est nécessaire d'étudier dans quelle mesure ses valeurs sociales et culturelles propres ont persisté. Or au niveau des relations sociales, ce ne sont pas ces valeurs qu'on trouve, mais uniquement leurs artefacts. Mon approche impliquait donc d'examiner la société à un niveau moins apparent, celui de la structure des relations sociales. Dans ce dernier chapitre, je vais donc montrer, en guise de récapitulation et de conclusion, comment, dans cette structure sociale sous-jacente, se manifeste la persistance de l'identité sociale et culturelle des Oglala.
p. 262

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« Religion OGLALA », “Oceti-Sakowin” , William K. Powers, éditions du Rocher © 1994
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Ours-Debout (Standing Bear) raconte en grande partie la même chose qu'Épée ; il ajoute que le camp Oglala comportait souvent quatre cercles, au centre desquels se trouvait le “hocoka”  et il rappelle les deux chants qui suivent :
Wankatanhan heyau welo
Wankatanhan heyau welo
« Mitahocoka topa wanlaka nunwe »
Heyau welo
Hanhewi kin heyau welo
E ya ye yo.

Voici ce qu'elle dit en venant de là-haut
Voici ce qu'elle dit en venant de là-haut
« Puissiez-vous voir mes quatre cercles de camp »
Voici ce qu'elle vient dire
Voici ce que la lune vient dire
E ya ye yo.

Wankatanhan heyau welo
Wankatanhan heyau welo « Mitawicoiran topa wanlaka nunwe »
Heyau welo
Anpewi kin heyau welo
Hevau welo
E ye ye yo.

Voici ce qu'il dit en venant de là-haut
Voici ce qu'il dit en venant de là-haut
« Puissiez-vous voir mes quatre actions »
Voici ce qu'il vient dire
Voici ce que le soleil vient dire
Voici ce qu'il vient dire
E ye ye yo.

D'après Ours-Debout, ces chants furent révélés à des hommes sacrés, et on les psalmodiait en présence des malades. Les quatre actions du second chant désignent la création des quatre vents et signifient que le pouvoir du soleil s'étend aux quatre coins de la Terre.
L'idéal était que les cérémonies durent quatre jours, ou une période comportant des segments de quatre jours.
p. 87- 88
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