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Unfollow tome 1 sur 3

Michael Dowling (Illustrateur)
EAN : 9781401262747
144 pages
Vertigo (24/05/2016)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Catch up with the show-stopping, critically acclaimed new Vertigo series from creators Rob Williams (MARTIAN MANHUNTER, THE ROYALS: MASTERS OF WAR) and Michael Dowling (Death Sentence).

A dying social media mogul leaves his billions to be split evenly between 140 random people—or however many of them are still alive at the moment of his death.

This sharp, thrilling look at life in the digital age assembles a cast that includes a youn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ceci est le premier tome d'une histoire indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6 initialement parus en 2016, écrits par Rob Williams, dessinés et encrés par Mike Dowling pour les épisodes 1 à 5 (avec une mise en couleurs de Quinton Winter), par R.M. Guéra pour l'épisode 6 (avec une mise en couleurs de Giulia Brusco).

De nos jours, Larry Ferrell (le créateur d'un réseau social appelé Headspace) est à l'article de la mort. Il a décidé de léguer sa fortune (estimée à 18 milliards) à 140 individus choisis au hasard du réseau Headspace. Pour ce faire, il les convoque sur son île privée où ils sont accueillis par son personnel. Il est alité et bénéficie des soins du docteur Zhu, et de l'aide de monsieur Rubinstein qui porte parfois un masque d'Hermès. Parmi les 140, se trouvent David (un jeune noir habitant un quartier défavorisé de Saint Louis dans le Missouri), Courtney (une jeune femme, fille à papa en pleine rébellion contre son père richissime industriel), Ravan Salehi (une journaliste iranienne engagée), Akira (un écrivain japonais qui s'est amputé des 2 jambes sous le genou), Deacon (un ancien soldat qui entend la voix de Dieu), Julian (un assureur habitant dans la banlieue de Londres), un docker nigérien.

Larry Ferrell a conçu un dispositif progressif pour transférer sa fortune aux 140 élus. Ces dons vont commencer dès sa mort prochaine et ils se feront par apports réguliers. Pour chaque personnage, cet apport d'argent est le bienvenu, mais il n'a pas le même sens. David va commencer par s'offrir une soirée mémorable en boîte, avec rail de coke, et service d'une péripatéticienne. Deacon va pouvoir se consacrer à sa croisade très personnelle. Courtney reste dans une phase de rébellion. Ferrell a attribué un rôle particulier à Ravan Salehi, sous la protection de monsieur Rubinstein. Akira s'interroge sur le sens de ce don et de cette mise en scène qui est calquée sur la trame de son roman "Évolution ou la fin". L'épisode 6 est consacré à l'histoire personnelle de Deacon.

Rob Williams a conçu sa série sur un concept fort et simple : un homme richissime lègue sa fortune à des inconnus qui n'ont rien à faire pour mériter ce don. Pourtant, la lecture du récit n'est en rien intellectuelle ou froide. le premier épisode s'ouvre avec un meurtre en 4 pages commis par un individu portant un masque doré. Puis suit une scène de cambriolage dans un magasin de téléphone portable, et on enchaîne sur un vol autonome en parachute entre des gratte-ciels. le scénariste prend bien soin d'écrire son histoire en soignant sa dimension visuelle. Mike Dowling réalise des dessins s'inscrivant dans une approche réaliste, proche du photoréalisme, sans surcharger ses cases. le lecteur s'attache tout de suite aux principaux personnages. Ils disposent d'une apparence normale qui n'est ni caricaturale, ni fade. le lecteur constate par lui-même l'âge des protagonistes. Leur condition sociale transparaît dans leur environnement, leur quartier, leur manière de s'habiller. Leur caractère transparaît dans leurs gestes, leurs attitudes, leur comportement.

L'artiste représente des éléments concrets et réalistes, ce qui permet au lecteur de se projeter dans les différents endroits. Il sait doser l'importance donnée aux éléments végétaux ou aux éléments urbains. Sur l'île privée Visitors Bliss Cay (dans les Bahamas), la flore occupe une place de premier plan, ainsi que dans les montagnes de Yukushima, ou dans la savane au Kenya. Dans la banlieue de Saint Louis, les bâtiments en béton prédominent, ainsi que lors de la séquence de vol en parachute. Il sait doser avec justesse les informations visuelles relatives à la construction sur l'île privée, donnant l'impression qu'elle peut exister car elle est assez dépouillée du fait de son utilisation ponctuelle, mais assez développée pour pouvoir accueillir les 140 caractères.

Mike Dowling met en images un scénario qui a été conçu en ayant à l'esprit qu'il s'agit d'un média visuel. En plus, il conçoit des mises en page vivantes. Les séquences de dialogue ne sont pas constituées d'une enfilade de têtes en train de parler. Elles s'articulent sur des changements d'angle de prise de vue, sur des plans en vue large, montrant la posture des personnages, mais aussi l'environnement dans lequel ils se trouvent. Les séquences d'action bénéficient de plans de prise de vue bien construits qui se lisent tout seuls. Dowling exagère avec parcimonie un angle de vue (une contreplongée) ou une posture pour augmenter l'impact dramatique d'une scène, mais c'est ponctuel, et pas un palliatif à une séquence visuellement faible. Il doit également donner forme aux éléments plus incongrus du scénario. À la lecture, Akira (dont le geste de mutilation évoque une forme moins radicale que le seppuku de l'écrivain Yukio Mishima) apparaît se mouvoir de manière normale pour un individu dont les jambes sont remplacées par des prothèses juste au-dessous du genou. Visuellement cette caractéristique est représentée de manière plausible et réaliste. de la même manière, Dowling intègre les visions de panthère et de léopard avec facilité dans ses cases.

Effectivement, le scénariste a tenu à intégrer des éléments flirtant avec le fantastique dans sa narration. Il y a ces visions de félins, mais aussi l'utilisation d'un masque d'Hermès par Rubinstein. le lecteur s'interroge sur ce choix, car le concept de la série est déjà très solide en lui-même, sans devoir être relevé par de tels artifices. Peut-être faut-il y voir une façon de sdétourner l'attention du lecteur sur des points de l'intrigue un peu exagéré comme l'arsenal que transporte Deacon, ou la capacité technologique non expliquée de l'appli Unfollow à détecter immédiatement le décès d'un des 140 ? La suite de la série répondra peut-être à cette interrogation. Effectivement le concept de départ de la série était assez fort pour à la base. Rob Williams établit dès la première page que l'intention de Larry Ferrell est de mener une expérience sociologique dans des conditions réelles. Il souhaite mettre à nu l'essence de la condition humaine, à savoir bonté ou égoïsme.

Dans sa présentation, Larry Ferrell ajoute qu'à chaque décès d'un des 140 caractères, sa part sera remise dans le pot commun et redistribué aux survivants. le scénariste introduit ainsi un mécanise pervers : alors même que le pactole de chaque caractère est suffisant par lui-même (131,57 millions de dollars par tête de pipe), il est possible à chacun d'espérer un peu plus. Qui succombera à la tentation, et pour quelle raison ? Effectivement rapidement, un ou deux caractères manquent à l'appel, et l'appli baisse d'une unité en conséquence. Williams ayant précisé dès la première page qu'il s'agit d'une expérience sociale, le lecteur s'attend à une comédie dramatique, sur la base d'un mécanisme bien huilé. Il a la surprise de constater que ce thriller repose également sur des personnages bien étoffés, avec des histoires personnelles formées par leur environnement social et leur culture. Effectivement cette manne financière ne revêt pas la même importance pour le jeune homme d'une banlieue défavorisée, que pour un écrivain s'étant forgé des convictions philosophiques bien arrêtées. Effectivement la motivation de Ravan Salehi découle de son histoire personnelle (même si le scénariste appuie un peu lourdement sur la dictature de l'armée en Iran)

Ayant annoncé une expérience sociologique, le scénariste tient ses promesses au-delà du simple thriller en développant des personnages issus de milieux socioculturels très différent dans divers pays de la planète. le lecteur peut constater comment ces milieux ont participé à la formation de l'individu, comment ces individus sont un produit de leur milieu. Cet aspect du récit est encore renforcé par l'épisode 6 qui est consacré à Deacon, et dessiné par R.M. Guéra. le lecteur de la série Scalped de Jason Aaron (à commencer par Indian Country). Ses dessins sont tout aussi détaillés et réalistes que ceux de Mike Dowling, avec une meilleure maîtrise des expressions des visages, des angles de vue plus dynamiques, et un encrage un peu plus râpeux qui confère toute la brutalité nécessaire à cet épisode très âpre. Ce ton noir n'empêche pas le scénariste de glisser une ou deux touches humoristiques, à commencer par la première page dans laquelle Deacon entend pour la première fois la voix d Dieu, alors qu'il est assis sur les toilettes.

L'annonce de la dimension sociologique en début de premier épisode incite également à entendre certaines répliques sous cet angle-là. En particulier quand Ravan Salehi indique qu'elle n'a pas besoin d'un sauveur, le lecteur y entend une revendication féministe, mais aussi un rejet de la religion. Quand Akira déclare qu'il n'y a pas de masque, le lecteur pense au masque que chacun porte en société. Sans attirer l'attention du lecteur sur ces répliques, Rob Williams a commencé son récit de manière à le mettre dans un état d'esprit où il sera réceptif à la dimension sociologique de certaines répliques.

Ce premier tome d'une nouvelle série rempli admirablement sa fonction. Il expose rapidement le principe de base de l'intrigue : un milliardaire distribue sa fortune à 140 individus choisis au hasard, pour prouver le bon fond de la nature humaine. Il montre grâce à des dessins réalistes et suffisamment détaillés, des environnements familiers du lecteur, des individus crédibles disposant chacun de leur personnalité. le lecteur prend graduellement conscience de la richesse de la série avec son intrigue sur cet héritage miraculeux, son enjeu sur les caractéristiques de la nature humaine, sa mise en évidence de l'importance du milieu socioculturel sur chaque individu, ses éléments étranges ajoutant du piment à la narration (visions de félins, prothèse de jambe, armes à feu).
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