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Critique de Etherckhos


Des remakes de contes de fées, des détournements de princesses et autres personnages exemplaires de l'enfance, combien de fois a-t-on pu en voir ?...
Alors, quand j'ai ouvert Fables, j'étais plutôt dubitatif, et ce qui m'a choqué en premier ce sont les dessins. Non, pas qu'ils soient mauvais, au contraire... Mais, j'ai eu l'impression de replonger dans les Journaux de Tintin de mon enfance et les bandes dessinées telles Guillaume Tell. le trait, la colorisation, les arrière-plans semi-colorés, tout fleure comme une bande dessinée de l'ancien temps. Toutefois, c'est bien un dessinateur de comics qui tient le crayon, mais on ne retrouve aucun des codes de la bande dessinée américaine, tout le travail graphique sent le franco-belge d'il y a plusieurs décennies, jusqu'au choix de polices, très "old school".
Passé cette surprise, à l'analyse du travail, découpage des cases, détail du trait, choix des couleurs selon l'ambiance, il n'y a pas grande chose à redire au travail de Lan Medina, mis à part un point noir qui est, quand même, d'une certaine importance : il a une difficulté avec les yeux, et en fait ceux-ci ne reflètent rien, aucune expression, ce qui fait que les visages s'en retrouvent désespérément comme morts. Les japonais disent que les yeux sont le miroir de l'âme, et c'est encore plus vrai avec le dessin, sans eux, les visages ne sont rien. Cela, est à mettre en balance, me dira-t-on, avec le style vieillot de l'oeuvre, et les yeux et visages qui étaient exactement dessinés ainsi à cette époque, mais les techniques ont évolué, les styles ont été influencés, et ne pas donner vie à des visages, pour moi, vaut un sérieux malus.

Alors, après cette critique mi-figue mi-raisin des dessins, il nous reste le scénario, et là tout était à craindre, étant donné tout ce qui a déjà été fait.
Mais, pour une fois, on est dans une adaptation très libre des personnages des contes et légendes, une véritable appropriation de ceux-ci pour apporter un peu de nouveauté dans ce secteur mille fois revisité. Pas de sordide pour être sordide, pas de politiquement correct pour ne pas choquer ceux tenant coûte que coûte à leurs souvenirs d'enfance, pas de facilité dans le placement des personnages dans leurs nouveaux rôles. L'équilibre est parfait, et on prend plaisir à découvrir, petit à petit, ce que sont devenus chaque personnage
Devenus ? Oui, devenus ! Car Bill Willingham, n'a pas cherché à faire table rase des contes du passé, mais plutôt, en introduisant un élément déclencheur, à leur inventer une suite commune et complètement bouleversée, traumatisée.
Pour le reste, ce qui sert de moteur à cet album est une enquête policière, encore une fois, menée et racontée comme un film policier des années 50/60. Rien d'extraordinaire, mais une résolution dont le secret est soigneusement gardé au lecteur jusqu'à la fin.
Toutefois, ce n'est que le moteur, car l'album est bien là pour dresser le décor, présenter les personnages principaux et une part de secondaires, en vue d'autres histoires, et, encore une fois, il n'y a rien à redire, au contraire, à la manière dont chacun est amené et présenté. On a un large panel qui aurait très bien pu être indigeste à avaler, ou trop facilement survolé, mais il n'y a que des félicitations à adresser sur ce point.

Une histoire banale, mais sympathique, des personnages qui promettent, un background bien posé et qui pourrait constituer un excellent terreau, et des dessins passables qui s'accordent bien à l'ambiance. C'est dommage que Lan Medina ait ainsi fauté car cet album aurait pu facilement avoir quatre étoiles, toutefois, ce n'est pas ce qui m'empêchera de lire la suite ; histoire de voir où vont nous mener les graines plantées par ce premier tome.
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