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Citations sur La Maladie de Sachs (101)

Pendant dix ans d'études, j'ai appris à palper, manipuler, inciser, suturer, bander, plâtrer, ôter des corps étrangers à la pince, mettre le doigt ou enfiler des tuyaux dans tous les orifices possibles, piquer, perfuser, percuter, secouer, faire un "bon diagnostic", donner des ordres aux infirmières, rédiger une observation dans les règles de l'art et faire quelques prescriptions, mais pendant toutes ces années, jamais on ne m'a appris à soulager la douleur, ou à éviter qu'elle n'apparaisse. Jamais on ne m'a dit que je pouvais m'asseoir au chevet d'un mourant et lui tenir la main, et lui parler.
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"La médecine est une maladie qui frappe tous les médecins, de manière inégale. Certains en tirent des bénéfices durables. D'autres décident un jour de rendre leur blouse, parce que c'est la seule possibilité de guérir- au prix de quelques cicatrices."
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Je tordais déjà mon mouchoir trempé, en voyant les flots de larmes tu t’es levé, tu as traversé la pièce, tu as rapporté une grande boîte de mouchoirs en papier et tu l’as déposée sur le plateau de bois peint, près de moi.

Pendant un long moment, je n’ai rien dit. Tu m’as regardée, tu n’as rien dit non plus. Mes larmes ont fini par se tarir.

Enfin, j’ai soupiré, j’ai fait un effort pour sourire, je me suis redressée, j’ai dit :
- Je ne vais pas vous embêter plus longtemps, il faut que je rentre. Mon petit garçon est chez la voisine… Son fils et le mien sont dans la même classe… Je… Je voulais vous remercier de m’avoir écoutée, mais je… je suis un peu gênée…
- Gênée ? Pourquoi ?
- Je… Je suis venue vous prendre votre temps… Alors que je ne suis pas malade…
- Non, mais vous souffrez.

Quand je sors dans la cour, je me rends compte que ma main est crispée autour de la feuille de sécurité sociale, et je réalise que tu n’as pas fait de dossier, que tu n’as pas pris de notes, que tu ne m’as même pas demandé mon nom.
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« Pourquoi venez-vous me voir ce soir ? […]
Parce que je n’ai que trente ans mais j’ai déjà mal partout.
Parce que j’ai déjà quarante ans et je commence à m’inquiéter.
Parce que j’ai passé la cinquantaine et il serait temps.
Parce que j’ai presque soixante ans et je voudrais que ça continue.
Parce que j’ai soixante-dix ans passés et que mon fils se fait du souci.
Parce que j’ai bientôt quatre-vingts ans et je veux mourir chez moi.
Parce que j’ai quatre-vingt dix ans et vous savez, j’en ai marre de vivre. »
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Aimer c'est être impuissant contre le temps, et en avoir conscience.
Aimer, c'est savoir que l'amour n'aura qu'un temps, tout le temps de la vie peut-être, mais seulement ce temps-là.
Aimer, c'est savoir que si l'on ne meurt pas le premier, on verra l'autre mourir.
Qu'on verra la vie et l'amour mourir chez l'autre, avant même que l'autre ne meure. Et qu'en voyant l'autre mourir, on mourra tout vif.
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"Que puis-je faire pour vous ?"
C'est pour ma fille. Elle voulait pas venir mais je l'ai obligée.
C'est pour mon petit garçon. Il ne mange rien. Il fait encore pipi au lit. Il veut pas dormir. Il me fait des colères. II hurle dès que j'éteins la télé. Il se réveille la nuit et il vient dans notre lit, je suis obligée de le prendre avec moi pour qu'il dorme, et comme mon mari embauche à cinq heures, il va dormir dans le lit du petit. (Ou bien) Il est pas propre. Il parle mal. Y a pas moyen de lui faire manger de la viande. Il est infernal à l'école, les maîtresses s'en plaignent. (Ou-bien) Il a été enrhumé pendant trois semaines et il a eu des antibiotiques deux fois et il arrive pas à s'en remettre, faut m'arranger ça. (Ou bien) Il n'aime que les yaourts et le pain beurré, le goûter c'est son meilleur repas. Je le trouve pas gros, il faudrait lui donner des fortifiants.
C'est pour ma visite du deuxième mois, je sais que c'est pas obligatoire et je suis pas malade mais puisqu'on est remboursés...
C'est seulement pour lui faire enlever ses points de suture, mais il a peur.
C'est pour renouveler ma pilule, mon traitement pour les veines, mon calmant, mon médicament pour le cœur, ma pommade pour les hémorroïdes.
C'est pour renouveler ma prise en charge à cent pour cent, mon ordonnance d'insuline, mes pansements d'ulcères de jambe par l'infirmière tous les jours matin et soir y compris les dimanches et fériés pendant un mois.
C'est pour ma prise de sang qu'on fait tous les mois rapport au taux de prothrombine ce mois-ci y avait trente-cinq au lieu de vingt-cinq le mois dernier mais j'ai mangé des poireaux et surtout vous n'oubliez pas de me marquer à domicile sur l'ordonnance, l'autre fois j'ai pas pu me faire rembourser, merci.
C'est pour un papier que j'ai reçu de la sécurité sociale de l'hôpital de l'assurance de la mairie et j'y comprends rien on m'a dit qu'il fallait que je vous le fasse remplir.

"Qu'est-ce qui vous amène ?"
Rien de neuf, que du vieux.
En tout cas, j'amène pas le soleil.
Ah, je me serais bien passé de venir.
Je vous amène ma mère, elle consultait un docteur à Tourmens mais elle ne veut plus le voir, elle s'est fâchée avec lui parce qu'il a voulu la faire opérer alors qu'elle ne voulait pas...
C'est pas pour moi mais pour mon mari. Il ne veut pas venir vous voir, alors je me suis dit que j'allais vous en parler, parce qu'il faut vous dire que depuis six mois il n'arrête pas de tousser et de boire et de se mettre en colère après moi les enfants tout le monde, et son patron a dit que si ça continue il ne pourra pas le garder.
Je venais juste vous dire que ma grand-mère est décédée avant-hier et que les obsèques ont lieu demain.
Je venais pour vous montrer mon résultat d'examen.
Je venais vous demander si par hasard vous pourriez pas me dépanner. Voilà : je suis toxico et en ce moment je décroche et j'ai besoin de morphine en comprimés parce que le protocole c'est ça, on décroche en prenant de la morphine à doses dégressives, c'est un médecin de Tourmens qui m'a prescrit ça... vous le connaissez sûrement, le Docteur Bober, à l'hôpital... C'est que je dérouille en ce moment alors si vous vouliez bien me prescrire de la morphine en comprimés, quelques-uns seulement, le temps de rentrer chez moi, non je suis pas d'ici, non j'ai pas de famille dans le coin juste des copains et je suis de passage mais j'ai besoin que de quelques comprimés...
Je viens parce qu'on m'a parlé de vous, il paraît que vous savez bien soigner l'asthme/la sinusite/les verrues/les migraines/la dépression/les rhumatismes/les furoncles/les personnes âgées et que vous êtes très doux avec les enfants. C'est ma voisine dont vous soignez la tante qui l'a dit à sa sœur qui habite près de chez ma belle-mère. Alors je me suis dit que j'allais venir vous voir, ça ne coûte rien d'essayer, hein ? on cotise assez pour ça. Mais je vous préviens, moi je suis un cas !

"Comment allez-vous, depuis la dernière fois ?"
Pas bien, sinon je serais pas venu !
Il faut bien que ça aille, sinon ça n'irait plus.
Moi, ça va, c'est ma femme qui ne va pas.
Mieux. C'est pas encore ça, mais c'est mieux.
C'est pareil. Vos remèdes ne m'ont rien fait.
C'est pas pire, mais j'ai toujours du mal à dormir.
Eh bien, j'ai plus mal, mais maintenant ça me démange.
On fait aller.
Vous allez me disputer, je n'ai pas pris mes médicaments comme vous me l'aviez dit, quand vous m'avez trouvé une tension plus forte, vous aviez dit qu'il fallait que j'en prenne un le matin et un le soir mais au bout de trois jours, comme je me sentais bien, j'en ai pris seulement le matin. Du coup, évidemment, la boîte a duré plus longtemps, alors je ne suis pas revenue au bout de trois mois comme vous me l'aviez dit, vous allez sûrement me disputer...
Très bien, mais je suis à court de médicaments alors je venais pour mon renouvellement.
Pas mal, mais vous m'aviez demandé de repasser pour voir si tout était rentré dans l'ordre.
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Elles sont drôles les femmes. Elles ne veulent pas faire comme leur mère. Elles ne veulent pas subir ce que leur mère a subi. Ou fait subir à leur père. Elles veulent prouver qu'elles sont de bonnes filles ; elles ont la trouille de n'être qu'une bonne femme de plus. Elles ont peur, au fond, que leurs bonshommes, grands ou petits, jeunes ou vieux, puissent se passer d'elles. Elles sont drôles, les femmes, d'aimer des hommes qui les aiment aussi mal et de fabriquer des petits bouts d'homme qui aimeront d'autres femmes encore moins bien qu'ils ne les aiment, alors même qu'ils ne les aiment pas comme elles l'auraient voulu. Quand à leurs filles...
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Et accroître sa science, c'est accroître sa peine.
L'Ecclésiaste.
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Quand tu écris, tu te tiens voûté au-dessus du plateau de bois peint. Derrière toi, à travers les rideaux de voile jaunissants et les feuilles de plastique opaque mais translucide qui recouvrent les vitres, la grande fenêtre déverse une vive clarté. Sans lâcher ton stylo, tu tournes la tête vers moi. Les verres de tes lunettes sont légèrement teintés, je ne sais si tu regardes ma bouche ou mes yeux.De temps à autre, tu baisses les yeux vers le bristol quadrillé et tu traces quelques mots. Tu interromps parfois mon récit pour poser des questions.
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Comment allez-vous depuis la dernière fois?
Pas bien, sinon je serais pas venu!
Il faut bien que ça aille, sinon ça n'irait plus.
Moi, ça va, c'est ma femme qui ne va pas.
Mieux. C'est pas encore ça, mais c'est mieux.
C'est pareil. Vos remèdes ne m'ont rien fait.µ
C'est pas pire, mais j'ai toujours du mal à dormir.
Eh bien, j'ai plus mal, mais maintenant ça me démange.
On fait aller.
Vous allez me disputer, je n'ai pas pris mes médicaments comme vous me l'aviez dit, quand vous m'avez trouvé une tension pus forte, vous aviez dit qu'il fallait que j'en prenne un le matin et un le soir, mais au bout de trois jours, comme je me sentais bien, j'en ai pris seulement le matin. Du coup, évidemment, la boite a duré plus longtemps, alors je ne suis pas revenue au bout de trois mois, comme vous me l'aviez dit. Vous allez sûrement me disputer...
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