AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ys


Comme les mousquetaires, les trois médecins sont quatre : Basile Bloom, Christophe Gray, André Solal et Bruno Sachs, lequel s'adjoint un peu plus tardivement au trio après s'être involontairement provoqué les foudres de chacun.
En ce temps-là, tous quatre entament leurs études de médecine dans l'imaginaire faculté de Tourmens. Et comme les mousquetaires, ils vont devoir défendre l'honneur d'une grande dame – l'épouse du doyen – et s'engager dans une grande cause : le droit des femmes à avorter, mais aussi l'humanisation d'une médecine régie par des grands pontes insensibles.

A travers les aventures des quatre amis, que complètent de nombreux témoignages de soignants, de patients ou de membres du personnel de l'université, ce roman est un large panorama de la médecine et de son étude dans les années 70 : son histoire, ses pratiques parfois absurdes, ou même scandaleuses, les évolutions décisives qu'elle connut en ce temps-là, les débuts difficiles de l'IVG, la confrontation entre partisans d'un nouveau modèle à l'anglo-saxonne, plus souple et plus humain, et défenseurs des vieilles traditions françaises, les plus-que-douteuses méthodes de vente des grands labos pharmaceutiques... Une histoire critique, humaniste engagée, très vivante et passionnante, même pour moi que les sujets médicaux ont généralement tendance à révulser.

Comme vous l'aurez compris, ce roman est aussi, par sa forme, son scénario de fond, un pastiche de Dumas. Un pastiche plutôt pas mal tourné, qui trouve à la toute fin une justification malicieuse assez sympathique, mais qui ne m'a pas entièrement convaincue. Si le détournement de l'histoire des Trois Mousquetaires est vraiment bien trouvé, les personnages, eux, sont loin d'être à la hauteur de ceux de Dumas. Trop manichéens – alors même que le propos de fond du roman ne l'est pas, et tend au contraire à souligner l'ambiguïté, la complexité des réactions humaines impliquées par les pratiques médicales. Mais LeRiche (Richelieu) n'est qu'un enfoiré avide de pouvoir et semi-incompétent, Mathilde (Milady), une salope manipulatrice et odieuse, Bruno (d'Artagnan) un gentil garçon romantique... dont la relation avec « Constance » devient une romance passionnée horripilante qui m'a fait sauter un certain nombre de pages. Il faut dire, aussi, que l'étude des rapports entre homme et femme, dans une optique féministe, est un sujet qui tend vite à m'agacer, ne serait-ce que parce qu'il conditionne un peu trop les caractères à mon goût.

Au final, je retire donc de ce roman une impression mitigée, mélange d'agacement, voire d'un peu de lassitude face à l'ampleur de l'ensemble, et d'un réel plaisir, d'un grand intérêt pour ce qui est décrit, à travers toutes ces histoires annexes qui m'ont peut-être plus accrochée que la principale. Je ne doute pas, en revanche, que quelqu'un de plus humaniste, féministe et romantique que moi puisse y trouver son bonheur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}