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Critique de Lullabulle


Très cher M.Winckler,
il faut que je vous dise...

Depuis ce jour lointain où j'ai fêté mes onze ans, depuis ce jour où j'ai découvert dans son papier cadeau bleu mon exemplaire des Trois Mousquetaires, depuis ce jour là donc, je suis tombée amoureuse. Fidèlement amoureuse. Follement, violemment amoureuse. de ce roman, de l'oeuvre d'Alexandre Dumas. de D'Artagnan. Surtout de D'Artagnan.
Je suis entrée dans le roman comme on entre en religion.
Je l'aime de la première à la dernière page.
J'en aime l'introduction de Simone Bertière, la préface, la notice historique, le répertoire des personnages que je relis avidement quand j'ai tourné la dernière page du dernier chapitre, pour retrouver encore un peu la présence de mes chers mousquetaires, celle du cardinal, celle de Constance. Et même, oui même celle de Milady.
Les Trois Mousquetaires, je le connais par coeur. Ou presque. J'en possède plusieurs exemplaires et je le relis régulièrement. Quand j'ai envie de voyager dans le temps, quand la monotonie me pèse, quand je vais mal, quand je vais bien, quand D'Artagnan, Athos, Porthos et Aramis me manquent trop.
Des années durant, j'ai traqué les réécritures, les adaptations. J'ai maudit la plupart d'entre elles et voué aux gémonies les réalisateurs qui osaient trahir le grand oeuvre, la Bible. Il n'y a guère que George Sydney que j'affectionne dans cette cohorte...
Alors quand j'ai appris qu'un auteur contemporain -dont j'ignorais tout jusque là, pauvre que j'étais- s'était emparé de Mon Roman (oui « mon » roman) pour en proposer une transposition, j'ai frémi, j'ai tremblé, j'ai dû tempêter contre tant d'insolence et d'effronterie.
Pourtant, je dois bien avouer que j'étais tentée par ces « Trois Médecins », par cette faculté de médecine, par ces années 70, par ces étudiants frondeurs et idéalistes.
Il y avais là-dedans une audace et une originalité qui me déjà me séduisaient bien malgré moi.
Bien sûr quand j'ai acheté le livre, je clamais à qui voulait l'entendre que c'était pour mieux le condamner, ben oui. Et j'y croyais. Pauvre folle.
Monsieur Winckler, je dois vous confesser que dès la première page de votre roman, j'ai été conquise, happée. Je dois vous confesser que j'ai adoré vos Trois Médecins et qu'aujourd'hui, il fait partie de mon panthéon contemporain.
Tout y est.
Les personnages sont parfaits jusque dans leurs défauts. Ils sont une évolution audacieuse mais cohérente des héros originels : Bruno rêveur et insolent, la douceur et la finesse d'André, la bonhomie rassurante et drolatique de Basile, Christophe mystérieux et charismatique... Ils sont eux tels que Dumas les a forgés jusque dans leurs spécialités médicales...
Et tous les autres : Fisinger, royal et pusillanime, et LeRiche, et Mathilde, vénéneuse Mathilde...
Et moi qui attendais avec une fièvre effrayée et impatiente le bidet jaune, les ferrets de la reine (pardon, la parure de stylo de la femme du doyen de la faculté de médecine), je ne peux que saluer le tour de passe passe qui les transporte en 1971 à Tourmens !
Je crois aussi, Monsieur Winckler, que ce qui fait la force de votre roman, c'est qu'il n'est pas qu'une réécriture, qu'un hommage rendu au plus grand des romans d'aventures, qu'il n'est pas qu'un récit d'amour fou, de quête d'idéal et d'aventures romanesques. Non. Il est aussi un roman polyphonique à la construction et à la narration complexes mais toujours maîtrisée, qui cadence le récit avec panache. Il est aussi un roman engagé, politique, social, frondeur, sans concession qui interroge la médecine et sa pratique, mais qui met aussi en avant des questions de société essentielles (et à l'heure où le droit des femmes à disposer de leurs corps se trouve mis à mal, ils font du bien ces bretteurs de faculté à se battre pour cela aussi).
Oh... et votre dernière phrase, hommage discret mais résolu... Je la reprendrai pour clore cette missive : celui qu'il faut remercier pour cet ineffable bonheur de lectrice « c'est vous Monsieur Winckler »...


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