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Jeannine Kalmanovitch (Traducteur)Michel Gribinski (Traducteur)
EAN : 9782070733620
370 pages
Gallimard (04/05/2000)
4.5/5   7 notes
Résumé :
Ce recueil d'une quarantaine de textes inédits ou dispersés dans des revues montre un Winnicott explorateur et conteur passionné.
Nombreux sont en effet les inédits qui sont le résultat d'intuitions et de perceptions déroutantes pour l'auteur lui-même, qui a ainsi éprouvé le besoin de les saisir par l'écrit, en quelques pages vives et ouvertes. Certaines de ces pages sont des notes préparatoires pour un enseignement ou une conférence, et sont enjouées, prêtes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Souvent, les gens ont peur. Ils font tout pour éviter de se confronter à des situations qui les terrorisent rien qu'à y penser (et souvent, d'ailleurs, ils ne font jamais rien d'autre que d'y penser). S'ils mettaient autant d'énergie pour les affronter, ces situations imaginaires, ça s'arrangerait peut-être, on ne sait pas. On se demande parfois comment dépasser ces peurs, comment éviter la crainte de l'effondrement. Winnicott a la réponse : en reconnaissant que l'effondrement a déjà eu lieu.


Ça n'a pas eu lieu n'importe comment. La preuve, vous ne vous en souvenez plus. Pas que vous ayez refoulé l'événement, non. Si vous l'aviez refoulé, il resterait quand même là, dans votre petit inconscient puant, et vous seriez simplement névrosé, ce qui n'est pas forcément cool non plus. L'opération relève plutôt de ce genre de forclusion dont parle Lacan: le traumatisme s'est produit mais personne dans la tête n'était là pour le reconnaître, c'est-à-dire que le système psychique n'était pas encore assez mûr pour comprendre vraiment ce qui se passait.


Winnicott en a vu des patients de ce genre-là dans son petit bureau de toubi. Il nous raconte quelques exemples marrants. Il met à jour la psychonévrose, située entre la névrose et la psychose. Les individus qui en sont touchés sont les plus emmerdants à rencontrer. Souvent, ils se dissimulent derrière une surface lisse et donnent l'impression de n'avoir aucun problème. C'est leur faux self qui parle à leur place et le vrai self peut finir par se désagréger totalement derrière cette figure de cire fondue. Pour dégommer cette mascarade, le toubi doit accepter de devenir un peu fou lui aussi et de participer au transfert délirant, seul moyen d'actualiser l'expérience de l'effondrement dans le présent. C'est pour ça qu'on dit que la psychonévrose (l'état-limite) se situe entre psychose et névrose. Ce sont toutes sortes de défenses de type névrotique qui ont été dressées pour juguler le noyau psychotique de l'expérience traumatique vécue originellement sur le mode de l'absence. Sans doute faut-il avoir été soi-même un peu absent toute sa vie pour comprendre ce genre de truc. La psychonévrose, c'est pas la vraie vie. Il faut l'abattre. Il faut permettre au type devant soi, tout bien coincé du cul dans son rôle de mec parfait, de devenir fou, dépressif, manique, obsessionnel, parce que c'est dans ce genre de folie ponctuelle que l'individu peut se montrer véritablement vivant.


« Ce que je désire suggérer c'est que, du point de vue clinique, l'individu qui est réellement en bonne santé est plus proche de la dépression et de la folie que de la psychonévrose. La psychonévrose est ennuyeuse. C'est un soulagement quand l'individu est capable d'être fou et d'être sérieux et de prendre plaisir au soulagement qui est offert par le sens de l'humour et d'être capable pour ainsi dire de flirter avec la psychose ».


La véritable santé, le copain Nietzsche nous en avait déjà causé, ce n'est pas de cette moyenne basse dont nous parlent les instituteurs pour forcer les gamins à faire la ronde sagement alors que tous rêvent de se transformer en satyres et de brûler l'instituteur au centre du cercle. Winnicott nous dit qu'il est important parfois de faire naître l'individu à la haine. Selon lui, c'est l'agressivité qui crée la réalité. En exerçant son agressivité, l'individu prend conscience de la nature de l'objet sur lequel il exerce ses pulsions destructrices. Si l'objet survit à ces assauts (c'est-à-dire, s'il ne fait pas de représailles), alors l'objet peut véritablement exister aux yeux de l'individu et celui-ci peut naître à des relations vivantes avec les autres autour de lui. Avant le véritable amour, la haine. Souvent, cette étape n'a pas pu être franchie avec le premier objet rencontré par l'individu (la figure maternelle, on s'en serait douté), soit qu'elle n'ait jamais été vraiment là, soit qu'elle n'ait pas survécu à l'agression, soit qu'elle se soit montrée trop vulnérable pour que l'enfant ose l'agresser. Il a alors fallu refouler l'envie de la buter, et ça ne se fait jamais au prix d'un vulgaire croissant chaud du dimanche matin.
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Dans certains cas, l’hallucination est pathologique parce qu’elle renferme un élément compulsif qui peut être compris de la façon suivante. Quelque chose a été supprimé, « déshalluciné », et secondairement le patient a une hallucination, qui dénie la suppression. C’est complexe parce qu’au tout début, quelque chose a été vu, puis omis, puis une longue série d’hallucinations a alors essayé de remplir le trou produit par la scotomisation.
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Avec ce patient particulier, il était d’une importance vitale que je reconnaisse qu’au centre, il n’y avait rien. Non seulement il ne croyait pas qu’il y avait là quelque chose qui pouvait s’appeler « lui », mais en fait il savait qu’au centre il n’y avait rien, ce qui était pour lui la seule chose supportable. Si je commençais à lui fournir le moindre espoir qu’il y avait quelque chose au centre, il devait me détruire.
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[Dans la pratique de la psychiatrie infantile, un enfant paraît particulièrement vivant, charmant, créatif.] Néanmoins, à l’arrière-plan, il y a une dépression ou une sorte de paralysie ou d’impuissance qui, à la maison, est la symptomatologie principale, ce qui dénote qu’il y a quelque chose qui ne va pas quelque part du point de vue de la mère.
Il a fallu plusieurs années pour réaliser que ces enfants me divertissaient, tout comme ils avaient le sentiment qu’il fallait qu’ils divertissent leur mère pour prendre soin de l’humeur dépressive de celle-ci. Ils prenaient soin de ma dépression […] ou l’empêchaient d’advenir, en m’attendant, ils faisaient des dessins charmants et coloriés ou même écrivaient des poèmes pour que je les ajoute à ma collection. Je me suis souvent laissé prendre avant de réaliser finalement que les enfants étaient malades et me montraient une organisation de faux-Self […].
[En contrepartie] la mère devait supporter la haine qui fait partie du sentiment qu’a l’enfant d’être exploité et d’avoir perdu son identité. [Chez le garçon, ce sentiment se traduit par la régression.] Dans tous les cas il y a une organisation du faux-Self : c’est le mieux que puisse faire l’enfant pour garder le contact avec une mère susceptible de souffrir d’humeur dépressive. […]
Ces enfants sont toujours en train d’essayer de parvenir au point de départ ; quand finalement ils l’atteignent, c’est-à-dire quand ils atteignent le lieu où la mère n’est pas déprimée, ils sont toujours épuisés et ont besoin de repos si bien qu’ils ne peuvent pas en venir à leur vie à eux. […]
Pour ces enfants, s’accomplir c’est parvenir à réparer quelque chose qui ne va pas chez la mère et, par conséquent, cela ne les avance personnellement à rien. […] Dans l’analyse de ces enfants, il est nécessaire de parvenir à quelque chose de nouveau, qui est la destructivité dans la réalité psychique interne, la destructivité qui appartient effectivement à l’enfant et non pas à la mère.
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Pour la nature humaine, la droiture [honesty] semble bien près d’être quelque chose d’irréductible, et je vais exposer pourquoi je pense que ce n’est pas véritablement irréductible et la façon dont on peut, selon moi, analyser cela plus avant. Mais, quelle que soit l’origine de la droiture, il est certain que le petit enfant […] peut être vilainement touché lorsqu’il découvre qu’il n’est ni bien ni bon d’être droit.
Sans entrer dans le bien ni dans le bon, qu’est-ce qui fait que l’enfant en vient à comprendre que la droiture n’est pas forcément la meilleure ligne de conduite ?
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signification de "breakdown"

C'est à dessein que j'ai employé le mot "breakdown", parce que ce mot est vague et qu'il pourrait vouloir dire diverses choses. Grosso modo, dans ce contexte, le mot peut signifier: échec de l'organisation d'une défense. Mais aussitôt nous demandons: une défense contre quoi? Ce qui nous conduit à une signification plus profonde du mot, puisque nous avons besoin d'employer le mot "effondrement" pour décrire l'état de choses impensable qui est sous-jacent à l'organisation d'une défense.
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Videos de Donald W. Winnicott (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Donald W. Winnicott
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Robert Maggiori, philosophe, membre fondateur Avec Sébastien Talon, psychanalyste et psychothérapeute
Gare à le perdre! L'enfant le cherche toujours, le tient dans ses mains, le met dans sa bouche, et sans lui ne peut s'endormir. Pourquoi le nounours, le bout de tissu, la girafe ou le petit singe – autant de formes de doudou – sont si importants? Qu'est-ce qu'un « objet transitionnel »? « Ce n'est pas l'objet qui est transitionnel, l'objet représente la transition du petit enfant qui passe de l'état d'union avec sa mère à l'état où il est en relation avec elle, en tant que quelque chose d'extérieur et de séparé. » (Donald Winnicott)
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