AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782362800023
162 pages
Editions Thierry Marchaisse (19/05/2011)
2.64/5   7 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
L'identification d'une génération ne se réduit pas à un événement dateur - si ample soit-il -
ni à un ensemble de cohortes démographiques.
Il faut aussi tenir compte d'un nouveau «senti commun» difficile à cerner, car une génération intellectuelle n'est pas composée seulement de gens qui sentent et pensent la même chose : des divergences, voire des oppositions furieuses peuvent la traverser.


Commen... >Voir plus
Que lire après L'effet de génération : Une brève histoire des intellectuels françaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« L'effet de génération », le petit livre de l'historien Michel Winock ouvre l'appétit mais sans jamais rassasier son lecteur. La dynamique générationnelle de la pensée et de l'histoire des intellectuels français du siècle dernier y est trop superficiellement et trop partialement abordée. Il vous vient, tournée la dernière page de ce petit opuscule – une vraie boulimie – des envies de relectures d'ouvrages plus consistants sur ces questions. Je pense en autre au très fouillé « D'une révolution conservatrice : Et de ses effets sur la gauche française » de Didier Eribon. L'auteur semble si peu à distance de son sujet, si peu informé que l'on ne peut s'empêcher d'évoquer à chaque ligne, s'agissant des intellectuels, l'oeuvre brillante de Pierre Bourdieu.
La nourriture n'est certes pas roborative mais elle vous laisse un goût fort amer dans la bouche. Loin d'un passé récent, certaines structures, certains modes de fonctionnement, certains positionnements (le jeu bourdieusien) du champ intellectuel sont très partiellement mises à jour et illustrées par l'auteur. La stratification des générations du vingtième siècle à partir d'évènements historiques (la guerre, la crise, le communisme, la décolonisation, Internet, l'écologie, etc.) est ainsi utilement soulignée. Lorsqu'il est question, en revanche, de l'après-guerre, Michel Winock semble tout ignorer – aux deux sens du terme : ne pas savoir mais aussi mépriser – la vie des idées et la pensée critique de son temps. Il entreprend, assez médiocrement, à mon humble avis, de prédire un passé qui justifierait le déplacement vers un certain conservatisme, depuis les années 70 et le début des années 80, du centre de gravité de la vie intellectuelle française. Il est malheureusement et étonnamment moins question dans ce petit opuscule de Lacan, Sartre, Simone de Beauvoir, Bachelard, Dumézil, Levi-Strauss, Michel Foucault, Deleuse, Pierre Bourdieu, Jean-François Lyotard, Guy Lardreau, Castoriadis, Henri Lefebvre, Guattari, Emmanuel Mounier, Merleau-Ponty, Althusser, Rancière, Alain Badiou, Etienne Balibar que des très modestes Raymond Aron, Alain-Gérard Slama, Marcel Gauchet, Bernard-Henri Lévy, Rosanvallon, Edgar Morin, Véronique Vasseur , Philippe Even, Irène Frachon, Houellebecq
Les nombreuses pages consacrées à Aron et Sartre ne sont certes pas originales mais absolument symptomatiques de la médiocrité de certains débats actuels. Raymond Aron est aujourd'hui l'archétype de l'intellectuel au service du pouvoir et de l'ordre établi auquel son image renvoie, c'est-à-dire l'archétype de toute une pensée conservatrice qui ne dit pas son nom –celle des revues « Débat », « Commentaire », celle de Science Po, à laquelle appartient Michel Winock. C'est là tout un corpus opposé à la pensée critique, à l'oeuvre de Sartre. Au fond, je pense que Pierre Bourdieu était fondé à souligner que le couple Aron-Sartre n'a jamais existé (et surtout pas dans l'esprit des deux protagonistes, tant Aron s'avait que son oeuvre n'est rien à côté de celle de Sartre) et que ce cliché partout répété n'est qu'un artefact politique produit rétrospectivement à des fins intéressées celle de l'auteur et de son entourage (se sentir autorisé à devenir conservateur en se réclamant de la « lucidité » d'Aron et en condamnant les « égarements» de Sartre). Ce qui me semble plus originale en revanche dans cet essai, c'est d'ajouter au bêtisier aronien, largement cité, celui de l'auteur doublé de méchanceté. Jugez vous-même : « ce qui frappe d'abord dans ces destinées parallèles, c'est ce que j'appellerais l'immaturité de Sartre, en regard de l'engagement assez précoce d'Aron .» ; « Sartre à beau fonder un petit groupe de résistance, « Socialisme et liberté », cela n'ira pas très loin, et Sartre ne poussera pas l'intransigeance jusqu'à refuser un article à « Coemédia », laissera jouer « Les Mouches » et publiera « L'Etre et le Néant » dans le Paris de l'occupation . Au total, la figure d'un Sartre résistant n'est pas éclatante : des rencontres, des articles dans la presse clandestine, peu de chose à vrai dire. » ; « Comment sauver la Révolution, comment sauver le communisme de sa perversion stalinienne, comment réconcilier le marxisme et la liberté ? Telles sont les questions auxquelles il répond de façon étourdissante, pour nous comme pour lui : « J'y travaillais dix heures par jour, disait Sartre, en croquant des cachets de corydrane – j'en prenais 20 par jour, à la fin … » » ; « le problème algérien ». de façon succincte, on peut dire que Sartre a pris « une position radicale ». Il fait scandale » ; « le 21 septembre 1970, le philosophe qui avait écrit jadis qu'il ne fallait pas « désespérer Billancourt » est juché sur un tonneau, aux portes précisément des usines Renault. C'est un petit homme, il a 65 ans, il harangue les ouvriers. » ; Entre-temps, il est frappé de demi-cécité – ce qui ne l'empêchera pas à nouveau scandale en décembre 1974, en allant rendre visite à Andréas Baader dans sa prison de Stammheim. » ; « Quand Aron mourut trois ans plus tard, il y eu beaucoup moins d'émotion dans la jeunesse. Sa vie privée n'avait jamais défrayé la chronique. » ; « Evidemment, Aron est, en un sens, incomparable avec Sartre, car il ne viendrait à l'idée de personne de lui attribuer du génie, alors que lui-même en accordait à Sartre. Mais que faut-il en conclure, sinon qu'il convient de se méfier des génies en politique ? ». Comment est-il possible de ne pas reconnaître notre dette aujourd'hui à l'égard de Sartre ? "Saint genet : Comédien et martyr» est l'un des plus grands textes théoriques sur l'homosexualité et la subjectivation minoritaire. Et la postérité de «L'Etre et le Néant » est telle qu'il serait vain d'essayer de la mesurer. Sans oublier, bien sûr, « Réflexion sur la question juive », l'importante préface au livre « Les damnés de la terre » de Frantz Fanon, à l'acmé de la violence coloniale, ou celle qu'il donna à l'anthologie de la poésie noire éditée par Senghor … Non, pour Winock il n'est question à titre d'inventaire que d'un bric-à- brac de café du commerce : maturité lycéenne, pharmacopée, scandale, âge, cécité et taille, etc. … J'ignore de mon côté le bénéfice que le lecteur pourrait tirer de cette analyse, mais c'est le moindre de mes soucis. Passé un certain degré de bêtise, les livres cessent de m'intéresser.
C'est Pierre Bourdieu qui rappelait que l'appartenance au champ intellectuel implique des intérêts spécifiques, des contrats d'édition ou des postes universitaires mais aussi des signes de reconnaissance. Je ne résiste donc pas à citer la critique élogieuse et amusante de « L'effet de génération » par Alain-Gérard Slama, professeur à Science Po: « Un essai magistral ».
Commenter  J’apprécie          10
Je devrais lire ce livre dans le cadre de Masse Critique. Je dois l'avouer, je n'ai pas pu le terminer, ce qui est très rare, je m'accroche toujours, même avec des livres ardus.
Peut-être n'ai-je pas suffisamment fait d'études pour pouvoir appréhender cet ouvrage (je me suis arrêtée au baccalauréat) ?
Mais pour tout dire, dès l'introduction, j'ai été fort... désappointée... L'auteur entreprend de classifier les différentes sortes d'intellectuels par génération, et là, je tombe sur cette phrase (page 10) "Inversement, on peut se demander à quelle génération on doit rattacher Sartre, dont la maturation politique ne s'est achevée que durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui le situerait bien mieux, lui aussi, dans cette génération de la Résistance plutôt que dans celle des années trente."
Comme pourraient le dire mes enfants, cette phrase m'a "piqué les yeux" ! Sartre résistant ? Et pourquoi pas Brasillach philosémite ? Je veux bien qu'il fut de bon ton pendant des années de réviser le passé de certains penseurs, auteurs, hommes politiques pour en gommer le passé collaborationniste et leur faire une nouvelle virginité, mais de la part d'un historien, commettre une telle erreur, est à mes yeux, impardonnable.
Parce que la revue Comoedia, à laquelle il a collaboré à plusieurs reprises durant l'occupation, n'était pas exactement ce que je qualifierais d'un organe de la résistance, et je ne parle pas de ses pièces qui ont été montées et jouées à Paris devant un public dans lequel se trouvaient des officiers nazis et avaient reçu sans problème le visa de la censure allemande...
Pour en revenir au livre de Michel Winock, j'ai trouvé très fastidieuse l'énumération de noms d'intellectuels par génération, qui ne donne aucune indication sur l'oeuvre, la pensée de ceux-ci. Vous les connaissez ? Tant mieux pour vous ! Vous n'en aviez jamais entendu parler avant de lire ce livre ? Et bien, restez dans votre ignorance crasse ! du moins, tel fut mon ressenti.
Voilà, pour une première tentative de participation à l'opération Masse Critique, je suis un peu déçue, et surtout, je me sens bête et inculte, ce qui n'est pas très gratifiant !
Commenter  J’apprécie          44
Dans cette « brève histoire des intellectuels français », l'historien Michel Winock dresse le portrait d'un certain nombre d'intellectuels du 20e siècle, d'Émile Zola à Bernard-Henri Levy en passant par Robert Brasillach, Jean-Paul Sartre ou Raymond Aron. L'auteur montre que ce qui appartient à tous les membres d'une même génération (la guerre, la crise, le communisme, la décolonisation, Internet, l'écologie, etc.), ce qui a hanté leur jeunesse, les réponses philosophiques et les positions politiques qu'elle induit, peuvent être divergentes ou contradictoires. Autrement dit, lorsque l'on étudie les grandes tendances et tensions idéologiques du 20e siècle, on s'aperçoit qu'il existe bel et bien un « effet de génération ».

Sommaire.
-.Qu'est-ce qu'une génération intellectuelle ? 1-. Essai de stratigraphie. 2-. L'écrivain engagé : une figure transgénérationnelle. 3-. Le cas Brasillach. 4-. Le grand schisme du XXe siècle. 5-. Aron-Sartre : portraits croisés. 6-. Essor ou déclin des intellectuels ? Vers une autre typologie. -.Les nouveaux Polycarpe.

L'auteur.
Michel Winock est agrégé d'histoire, docteur ès lettres et sciences humaines, et professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Institut d'études politiques de Paris. Fondateur de la revue "L'Histoire", il a été aussi longtemps conseiller littéraire aux Éditions du Seuil. Auteur de nombreux ouvrages, il a publié notamment, au Seuil, "Le Siècle des intellectuels" (1997, Prix Médicis essai) et "Les Voix de la liberté" (2001, prix Roland de Jouvenel de l'Académie française). Il a co-dirigé avec Jacques Julliard le "Dictionnaire des intellectuels" (1996).
Commenter  J’apprécie          30
"L'Effet de génération" est un livre décevant pour ceux qui s'arrêtent sur le titre et qui logiquement s'attendent à une approche concise mais solide de l'influence du facteur générationnel sur l'évolution de la pensée et l'histoire des intellectuels au 20ème siècle. C'est d'ailleurs ce à quoi on a droit au premier chapitre "essai de stratigraphie" Mais ensuite, alors qu'on espère des développements à partir de cette base générale, le livre part dans tous les sens sans articulation précise, sans ligne directrice structurée et on comprend alors que les chapitres suivants répondent au sous-titre "Une Brève Histoire des intellectuels français" mettant en avant dans un joyeux fourre-tout les figures de Brasillach, d'Aron, de Camus et de Sartre (et même de Houellebecq)entre autres sans qu'il y ait de relations très évidentes entre ces penseurs. Finalement, on ne trouve rien de très innovant dans ce déballage et on se demande à qui ce livre peut bien s'adresser: il n'apprend pas grand-chose à ceux qui connaissent le sujet et il est trop elliptique pour saisir les enjeux à ceux qui abordent le sujet. Il ne semble pouvoir intéresser que ceux qui suivent passionnément l'oeuvre de Michel Winock et ne veulent pas en rater un opus! Dommage.
ET POURTANT, pourtant ce livre n'est pas à rejeter totalement: en effet, l'idée de départ est pertinente et insuffisamment creusée à mon goût. le premier chapitre mériterait d'être davantage approfondi et personnellement, je retiendrai la classification reposant sur les 9 générations du 20ème siècle, même si celle-ci se fait plus hésitante (et c'est normal) quand on se rapproche de l'époque contemporaine. Je retiendrai aussi la différenciation des intellectuels selon leur mopde d'intervention: critique, organique et partisan (p.6 & 7) ainsi que leur typologie selon le statut qui leur est reconnu: professionnel, spécifique ou anonyme (p.116 à 118).
En conclusion, dans ce livre hétéroclite, on se réjouit de trouver certaines fulgurances ouvrant des champs inattendus, encore faudrait-il savoir que c'est là qu'elles se trouvent! C'est normalement le rôle des pages de couverture.
Commenter  J’apprécie          10
Ce court essai permet, aux néophytes dont je suis, de revisiter chronologiquement l'histoire des intellectuels français, à partir du postulat que des familles d'intellectuels se forment autour d'un ressenti (absence de tragédie et culpabilité pour la génération post 14-18, par exemple), ou d'évènements marquants (la guerre d'Algérie). Evidemment il manque pour la génération actuelle la distance nécessaire pour qualifier ce qui la marque (technologies de l'information ?). On y apprend, ou ré-apprend certaines implications d'auteurs, d'éditeurs et d'intellectuels dans des débats majeurs de l'époque contemporaine, et c'est, quoiqu'un peu court, instructif.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Théophile Gautier a dénoncé avec éclat, dans la préface de Mademoiselle de Maupin, la littérature "utile": "Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne servir à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants comme sa pauvre et infirme nature. - L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines. (p.60).
Commenter  J’apprécie          40
[...] Le 17 octobre 1983 mourait brusquement Raymond Aron, à l'âge de 78 ans. Il suivait de peu Jean-Paul Sartre, mort à l'hôpital Broussais, le 15 avril 1980. Bien des commentateurs s'accordèrent pour dater de cette double disparition la fin des grands intellectuels français [...]
Commenter  J’apprécie          31
La génération des années trente avait fourni des philosophes, celle de la Guerre froide des historiens, la génération de la guerre d'Algérie avait donné des professeurs, celle de 68 des psychanalystes et des "psys". (p.51).
Commenter  J’apprécie          40
Toutes ces aventures historiques qui avaient galvanisé plusieurs générations d'intellectuels ont aujourd'hui un goût de cendre. Fallait-il tant de peines, tant de morts, tant de déclarations sublimes pour en arriver là? (p.129).
Commenter  J’apprécie          30
Les intellectuels devraient être d'abord ces individus qui donnent du sens à notre vie collective - les penseurs du contemporain. (p.124).
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Michel Winock (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Winock
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
+ Lire la suite
autres livres classés : intellectuelsVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3143 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}