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Édith Vincent (Traducteur)
EAN : 9782859408756
896 pages
Phébus (18/01/2003)
3.87/5   232 notes
Résumé :
Dans l'Angleterre de la fin du XVIIIe siècle, une gamine sans père ni mère, presque sans nom («Ambre» a tout l'air d'un sobriquet de théâtre), décide d'user de ses charmes - son seul bien au soleil - pour conquérir le monde. Gloire, honneurs, fortune, plaisirs : il lui faut tout. Et, l'immoralité de l'époque aidant, elle aura tout, taillant à vif s'il le faut dans la chair de ses rivaux et rivales - qui lui donnent joyeusement l'exemple, puisque du haut en bas de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 232 notes
Si je pouvais titrer ce billet, nul doute que ça donnerait ceci :
De l'importance d'accorder un peu d'attention aux revues périmées qui hantent la salle d'attente de mon médecin.

Hum, quel rapport avec le ci-devant roman ? Tout simplement parce que c'est dans un magazine féminin lambda que j'ai découvert l'existence de cette épopée extraordinaire !

Ambre est une héroïne comme vous n'en avez sans doute pas rencontré des masses. de basse extraction, sans autre éducation que celle de la paysannerie anglaise du XVIIème siècle (ce qui, en clair, est égal à pas grand chose), fine dans sa tournure d'esprit mais pas particulièrement intelligente, bref, autant d'indices qui vous la désignent comme une anti-héroïne sauf que... Ambre possède un sens aigu de l'opportunisme, une agilité de réflexion qui lui fait comprendre plus vite que l'éclair où se trouve son intérêt et quel bénéfice elle peut obtenir de telle situation ou de telle rencontre. Réactive, impulsive, elle préfère agir que réfléchir !

Ambre n'a que deux armes pour lutter dans cette société anglaise du XVIIème siècle, socialement cruelle et politiquement agitée : sa beauté et son esprit. Elle va en user sans scrupule pour s'extraire de sa cambrousse et gravir un à un les échelons d'une ascension sociale qui la mènera jusque dans le lit du roi !

Cette jeune femme, dotée d'un tempérament que n'aurait pas renié une Scarlett O'Hara, va dans le même temps connaître les joies et les tourments d'un amour entier et fusionnel pour Lord Carlton, celui par qui tout a été rendu possible, l'amant des prémices, le père de ses enfants, son espoir de rédemption... Tout au fil du récit, parfaitement documenté sur la période troublée de la Restauration, Kathleen Winsor nous entraîne dans le sillage d'une héroïne au destin flamboyant, dans des décors à couper le souffle, de la campagne anglaise pouilleuse aux ors des palais londoniens et fait naître en nous une affection réelle pour cette courtisane au coeur dur et au caractère déterminé et égoïste qui ne recule devant rien pour atteindre son idéal.

Ambre, triomphante, parviendra au sommet de ses ambitions dans un grand débordement d'énergie et réalisera alors que le bonheur (concept qui n'avait aucune réalité pour la plupart de ses contemporains) n'est pas l'aboutissement glorieux qu'elle avait imaginé. Ce trésor, finalement, se tenait peut-être en-deçà de sa ligne d'arrivée mais emportée par sa rage de réussir le plus vite possible, elle sera sans doute passé devant sans le voir. Sera-t-il alors encore temps pour elle de faire demi-tour et de rattraper ce bonheur qui s'acharne à fuir ?
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Dans l'Angleterre du 17e, il n'est pas facile d'être une jeune fille. Si tant est qu'elle ne soit pas mariée, elle appartient à ses parents ; et une fois qu'elle a un époux, il la possède corps et biens. Un mari peut battre sa femme légalement. Ses possessions lui appartiennent. Il peut dépenser son argent comme il l'entend. L'enfermer s'il le désire.
Non, il ne fait pas bon être une femme en ce temps-là. Mais Ambre ne veut se laisser dicter sa conduite par personne. Elle a de l'ambition, de la volonté, et une bonne dose de déraison, ce qui lui permettra de monter très haut et très vite. le destin l'a jetée sur la route d'un noble et beau chevalier. Immédiatement conquise, elle s'enfuit à Londres avec lui. Mais elle ne sait pas que, si la vie est dure pour les paysannes, elle l'est encore plus pour les citadines de pauvre condition. Les arnaques sont légions, les âmes malveillantes courent les rues, et les menteurs repèrent très vite les naïfs.

Mais recentrons-nous : ceci n'est pas qu'un roman féministe. C'est aussi une fresque historique. Car l'auteure se sert de son héroïne pour visiter toutes les strates de la société, tant la pauvreté la plus démunie que la richesse la plus excentrique. Elle nous montre aussi les grands événements du siècle : Restauration, épidémie, incendie, mariages et décès royaux… On a une assez large vision de l'Angleterre des années 1660-70.
Car Ambre passera par les pires étapes pour obtenir ses deux grandes obsessions : le pouvoir, et Bruce Carlton (le beau chevalier). D'ailleurs, dans son esprit, l'un ne va pas sans l'autre. Malheureusement femme dans un monde qui appartient aux hommes, elle a tout de même deux cordes à son arc : sa beauté et son sens de l'opportunisme. Mais du fait de ces deux avantages, s'en suivent des luttes de pouvoir avec les autres femmes de la Cour, qui voient en cette jeune fille une rivale sérieuse. Qui a parlé de solidarité féminine ? Plus on est belle et plus on excite la jalousie des autres…
C'est une vision assez désabusée de l'humanité – enfin, de l'humanité citadine. le pouvoir appelle la traîtrise ; la présence du roi, celle du mensonge et de l'hypocrisie. Intrigues et complots sont le quotidien de tous, mais à diverses échelles selon le statut social (vous vous doutez bien…). Les petites gens manigancent pour voler 10 shillings quand les grands oeuvrent pour gagner 10 000 livres sans transpirer.
C'est à ça que servent les mariages, les dots, les héritages et les enfants : gagner de l'argent.

La plupart des personnes que la protagoniste sera amenée à côtoyer attendront toujours quelque chose d'elle. Certains vont essayer de la voler, d'autres la manipuler, d'autres tenter de l'épouser pour gagner son corps et ses biens…

Mais revenons un peu sur notre héroïne – enfin, si on peut parler d'« héroïne ». Ambre n'en a pas l'étoffe. Elle est tout aussi manipulatrice et profondément égocentrique que tous les gens de la Cour. Elle est même obsessionnelle : Bruce est tellement mythique que c'en est caricatural. Sa mémoire a perfectionné à l'extrême cet amour de jeunesse qu'elle n'entrevoit que rarement. Tout ce qu'elle fait a pour finalité de le posséder : épouser des hommes riches, épouser des comtes, des ducs pour avoir des titres de noblesse et l'intéresser, agrandir sa fortune pour l'impressionner, augmenter son influence…
La mort de personnes de basse condition ne l'importe guère face à la possibilité de le revoir – je pense qu'elle pourrait donner l'ordre de tuer dix de ces personnes pour avoir l'occasion de lui adresser un sourire. Mais au fond, ce n'est pas vraiment sa faute : c'est l'époque qui veut ça.

Oui, Ambre ressemble à toutes les autres femmes de la noblesse. Car elles sont toutes prêtes à se juger entre elles sur les apparences, le comportement, l'origine sociale ; et ce même si elles-mêmes ne valent pas mieux. Aucun secret n'est gardé, les commérages et l'hypocrisie sont monnaie courante, et la méchanceté a une valeur de normalité (dénoncer le comportement licencieux d'une femme à son mari pour qu'il l'enterre pour toujours dans la campagne anglaise est une manoeuvre politique comme une autre. Et parfois, ce sont même de faux témoignages). Notre jeune parvenue adore cette ambiance et s'y sent comme un poisson dans l'eau. Pire : elle méprise toutes celles dont ce n'est pas le cas (celles qui n'aspirent qu'à avoir un mariage heureux et une vie honnête). Celles qui ne lui ressemblent pas ne méritent pas son intérêt : elles sont ennuyeuses.
Et en effet, Ambre n'est pas le profil-type d'une bonne épouse. Elle cherche à séduire tous les mâles qui passent à sa portée. Jeunes comme vieux, mariés ou veufs, quelques célibataires, beaux ou laids, rien ne l'arrête ! le regard admiratif d'un homme, quel que soit son apparence, lui suffit et lui fait plaisir. En fait, elle est assez équitable : elle donne sa chance à tout le monde (elle a juste une certaine préférence pour les riches. Ou les titrés, si possible). Bref, elle manipule les coeurs masculins à sa convenance.
Comme beaucoup de femmes de son époque, elle n'a pas vraiment de morale quant au sujet de l'amour et du mariage. À Londres, ce dernier est juste un arrangement entre deux personnes ou deux familles, et il est de bon ton d'avoir un ou plusieurs amants et d'être en froid avec son conjoint. Dans la haute société, les unions heureuses sont moquées et décriées car ce n'est pas la mode – c'est mauvais goût… À tel point qu'un couple qui se montre trop affectueux en public n'évoque que le dégoût.


Bref, en d'autres termes, Ambre est une protagoniste atypique. C'est une anti-héroïne dégourdie et charismatique, et je lui trouve une certaine profondeur. Elle n'est pas foncièrement méchante, elle ne veut pas le mal d'autrui, elle veut simplement son bien à elle – à n'importe quel prix. Et elle a beaucoup de volonté. C'est ce qui fait que je l'aime bien.

Mais certains côtés d'elle me font systématiquement lever les yeux au ciel. Comme le fait qu'elle n'a aucun remords, ni aucune empathie.
Mais les moments où elle m'agace le plus sont ceux où elle retrouve Lord Carlton. Elle ressemble à ces jeunes greluches idéalistes qu'elle méprise (« Oh, Lord Carlton, je suis sûre que nous sommes destinés l'un à l'autre… Oh, Bruce, épousez-moi, je vous en prie ! Je vous aime, je vous aime tellement… ! » ; « Oh, je le hais… Je le hais, je le hais, je le hais ! Oh, comme je l'aime… »).
Quand elle est avec lui, elle fait souvent preuve d'une incroyable immaturité, enfermée qu'elle est dans un idéal impossible : Bruce est ceci, Bruce est cela, et surtout : Bruce est parfait et ils ont un destin ensemble. Elle l'aime comme une adolescente et le poursuit littéralement de ses assiduités, à tel point qu'elle en devient chiante.


Un autre personnage dont je voudrais bien parler est Bruce (évidemment). Autant la protagoniste affiche clairement son intérêt pour lui, autant il brouille l'expression de ses sentiments. À plusieurs reprises, il fait preuve de tendresse et d'affection, à d'autres, toute son attitude dénonce son mépris et sa distance. Elle l'aime, et donc elle veut le garder près d'elle et l'épouser. Lui, on dirait qu'il s'efforce de la laisser aussi loin que possible. Il s'acharne à toujours mettre un océan entre eux, ne rentre en Angleterre que s'il n'a pas d'autres choix, la baise un bon coup et repart sans prévenir pour six mois, neuf mois, un an ou plus. Ne donne pas de nouvelles. Semble totalement l'avoir oubliée. Puis revient au moment le moins attendu. Et encore, s'il n'y avait pas Almsbury, Ambre aurait perdu toute trace de lui depuis longtemps.

Bref : ce mec est le moins attaché des hommes. Même en aimant une femme, ça ne le dérange pas de ne pas la voir pendant des mois (oui, car malgré ce qu'il cherche à faire croire, il l'aime bel et bien). Et c'est peut-être pour cela qu'Ambre est aussi obsédée par lui : elle ne pourra jamais le mettre à genoux comme les autres. Il ne lui appartiendra jamais. C'est aussi peut-être pour cela qu'il refuse de l'épouser et qu'il met autant de distance entre eux : il la connaît. Il sait qu'une fois qu'il lui appartiendra, il aura perdu tout charme à ses yeux.
Enfin, c'est ce que je suppose.
D'un autre côté, j'ai l'impression qu'il profite aussi de la dévotion quasi fanatique d'Ambre à son égard pour la garder en son pouvoir (comme ça, il a toujours une magnifique amante sous le coude quand il rentre en Angleterre…).
Ces deux probabilités peuvent être même compatibles.

Pour terminer, je voudrais aborder le sujet de la chute finale, qui est très (très) ouverte, et tombe comme un cheveu sur la soupe.

En d'autres termes, j'ai beaucoup aimé ce livre. Je me suis laissée envoûter par la plume délicate de Kathleen Winsor, qui ne laisse que peu de temps morts et décrit avec justesse les émotions de ses personnages. Elle a un point de vue légèrement ironique sur les femmes de la haute société (dont Ambre), et c'est ce qui m'a le plus plu. Ses descriptions ne sont pas trop lourdes, elle retranscrit les décors, les tenues et l'attitude des personnages juste assez pour nous permettre de visualiser la scène. J'ai toutefois regretté l'absence d'un lexique pour les noms des différents habits – parce que je ne m'y connais pas beaucoup en vêtements du 17e, et que je ne sais pas ce que sont les trousses, les chausses et autres. Ça ne concerne peut-être que moi.
Et même si l'héroïne m'a plusieurs fois agacée dans la seconde moitié du livre, je l'ai quand même aimée. Car elle en bave pour un homme qui se refuse à elle. Car elle est dégourdie et intelligente. Et car sinon, Ambre ne serait pas Ambre, et le livre aurait été nettement moins intéressant.
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C'est avec une certaine appréhension que j'ai commencé la lecture de ce roman que l'on m'a gentiment donné. Une vieille édition France Loisir sans jaquette ni résumé. J'ai juste eu un encouragement positif de Cassiopée , membre éminent de notre forum toujours bonne conseillère.

Juste un titre « Ambre » et une auteure inconnue, Kathleen Winsor une américaine qui publie ce roman en 1944, roman qui est ensuite devenu un best-seller mondial .

Résumé:
Nous sommes en 1644 ,dans un petit village du Comté d'Essex en Angleterre. Alors que la guerre civile oppose les royalistes aux parlementaires , une jeune femme décède des suites d'un accouchement. Cette jeune femme noble a fui ses parents opposés à son mariage qu'ils avaient pourtant arrangé mais ensuite annulé du fait d' une brouille opposant les deux familles.
Ambre sera adoptée par un gentil couple de paysans qui l'élèveront comme leur propre fille. Adulée par les jeunes hommes du village, jalousée par les jeunes filles Ambre se délecte de la vie avec insouciance.
A seize ans le destin d'Ambre sera bouleversé par l'apparition de nobles cavaliers partis rejoindre Londres et Charles II qui prend le pouvoir. En effet lorsque son regard croise celui de Lord Bruce Cartlon le coup de foudre est immédiat et elle prend la décision de suivre cet homme et s'enfuit de son village.

Ambre est la parfaite héroïne de romans à l'eau de rose , ingénue, intrépide, insouciante la description de l'auteure en résume parfaitement l'aura « Il y avait en elle un je ne sais quoi de luxuriant, de chaud, qui fait naître chez les hommes de prometteuses suggestions- quelques choses dont elle n'était pas responsable, mais dont elle avait une conscience aiguë ». Ambre débarque à Londres et très vite délaissée par son coup de foudre, sans titre, sans famille, sans argent, sans expérience elle va très vite se rendre compte que sa beauté est un atout majeur dans ce Londres libertin où elle croisera bon nombre personnages . Héroïne égoïste, calculatrice, impulsive, Ambre est une aventurière libertine que rien, ni personne n'arrêtera.

Roman à l'eau de rose diront peut-être certains mais pigmenté par un voyage historique en plein coeur de Londres , qui à l'image de l'héroïne du roman nous révèle son visage masqué derrière lequel se cachent une recherche du plaisir de jouir de la vie trop longtemps étouffée par la politique de Cromwell, des intrigues à la cour, une immoralité dans laquelle se complaisent les classes hautes .

Nous découvrons Londres :« La ville dans son enceinte intérieure, était une sorte de pot-pourri des siècles vieille, laide, elle sentait mauvais, mais elle était pleine de couleurs, de pittoresque, aisance que d'une espèce de beauté délabrée… »Les descriptions sont nombreuses mais pas trop longues, suffisamment imagées pour que l'on s'en imprègne.

Ambre nous fera rencontrer un nombre incalculable de personnages Roi, Duc, Baron, acteurs, bandits tous croisent sa route au gré de l'intrigue.

La condition de la femme à cette période y est décrite de façon parfois très cynique et humoristique , on consulte un astrologue pour se faire confirmer ou infirmer une grossesse, à partir de 22 ans une femme est sur son déclin, l'amour n'a rien à voir avec le mariage, on épouse celui qui nous convient et on essaye de se supporter.

Katleen Winsor nous entraîne dans de nombreux quartiers de Londres, de l'hôtel miteux au palais royal de Whitehall , en passant par la prison de Newgate, des épisodes historiques comme l'épidémie de peste de 1665 et le grand incendie de Londres qui dévasta une grande partie de la ville et sa population.

La lecture est aisée, les descriptions sont assez réalistes et le rythme soutenu. Les faits s'enchaînent , se rejoignent, les personnages sont pour certains assez pittoresques et très nombreux mais à aucun moment on ne s'ennuie durant les sept cent pages du roman.

Une lecture détente qui est tombée à un très bon moment, certains passages m'ont rappelé des lectures de jeunesse comme « les trois mousquetaires « et autres roman de Dumas. La présence des faits historiques parfaitement intégrés avec l'épopée amoureuse d'Ambre est un régal .

La fin laissait présager une suite qui hélas n'a pas été écrite ou publiée …Dommage.
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J'ai dévoré ce gros pavé alors que j'étais adolescente. Kathleen Winsor nous emporte avec Ambre dans l'Angleterre de Charles II, tout juste couronné après les sombres années d'Oliver Cromwell.

Ambre, c'est un peu l'Angélique marquise des Anges du XVIIème siècle britannique. La noblesse de naissance en moins puisque l'héroïne débute ses primes années dans un petit village. Sa grande beauté et le pouvoir manifeste qu'elle exerce sur la gente masculine ne lui vale pas que du positif, loin de là.
Ambitieuse et sûre de ses attraits séducteurs, ladite jouvencelle entend bien faire quelque chose de sa vie. Elle vise plus loin que le destin d'épouse de fermier. La rencontre fortuite avec le beau Bruce Carlton va lui ouvrir les portes de ses espoirs.

Et nous voilà partis pour des péripéties mouvementées qui nous conduisent en même temps que l'héroïne à Londres et jusqu'à la cour du roi. le chemin est certes loin d'être linéaire et l'existence de la belle amoureuse connaît des hauts et des bas à donner le tournis.

Je garde de cette lecture adolescente un souvenir attendri. Les tribulations historiques de la restauration de Charles II sont bien racontées, servant de solide décor au roman tout comme le couple Golon le fit également avec la série des Angélique. Il y a de la romance, des déboires, des trahisons, ... La trame est riche et colorée; pas une minute d'ennui. Que donnerait une seconde lecture, trois décennies après ou presque? Je préfère rester sur mes sensations passées.
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Orpheline, Ambre Saint-Clare a grandi à la campagne. Quand elle rencontre Lord Bruce Carlton, sa vie tout entière prend un chemin nouveau : adieu la campagne, bonjour Londres. Sa très grande beauté et son inextinguible ambition sont des armes qu'elle manie avec talent. « S'il est une chose que jamais une femme ne pardonne à un homme, c'est de ne pas avoir envie de coucher avec elle. » (p. 95) Follement éprise de Bruce Carlton, elle est toutefois déchirée entre son amour pour lui et son désir de réussir à la cour du roi Charles II, revenu d'exil après quinze ans de puritanisme. Avide de vivre et de briller, Ambre connaît toutes les aventures et toutes les mésaventures : le théâtre, la prison pour dettes, la peste, le grand incendie de Londres, de nombreux mariages et des grossesses, des succès et des échecs. À la Cour, elle baigne avec plaisir dans les intrigues, les secrets et les complots. Son ambition ultime est de devenir la maîtresse du roi. Mais qui sait si cela lui suffira ?

Follement romanesque, voire picaresque, ce roman offre un bon moment de divertissement tant il est facile de prévoir qu'une péripétie va suivre un rebondissement. Mais je n'ai aucune sympathie pour l'héroïne qui n'est que caprice, égoïsme, ambition et manipulation. Intelligente et calculatrice, elle ne fait rien sans y penser à deux fois. « Il doit avoir l'intention de m'épouser. [...] Personne ne fait des cadeaux semblables s'il n'a pas compté qu'ils lui reviendront. » (p. 575) Ambre est souverainement agaçante et il est des personnages d'aventurières bien plus plaisants. Elle m'a souvent rappelé Moll Flanders, la malheureuse héroïne de Daniel Defoe qui ne fait rien que créer son propre malheur. Ambre est une caricature de femme légère et croqueuse d'hommes. « Aucune femme n'est jamais satisfaite quand elle ne sait pas qu'elle peut faire souffrir l'homme qui l'aime. » (p. 745) le roman en lui-même est plaisant car il peint avec animation l'effervescence de Londres, mais il est tout de même légèrement indigeste avec ses 890 pages.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le lendemain, dans l’après-midi, Ambre trouva la loge des artistes bourdonnante comme une ruche en colère et Beck Marshall formait le centre de l’irritation bavarde. Elle comprit immédiatement qu’on avait entendu parler d’elle et de Rex. Aussi, en dépit de tous les regards indignés et glacés braqués sur elle, entra-t-elle d’un air détaché, tout en enlevant ses gants. Scroggs se dirigea immédiatement vers elle, un sourire de satisfaction sur sa vieille figure.

— Ma parole, Mrs. Saint-Clare, dit-elle, et sa grosse voix enrouée dominait le bruit de la pièce, j’ai entendu parler de votre chance, et j’en suis rudement contente.

Elle se pencha, dégageant un violent parfum d’eau-de-vie et de poisson pourri, et lui allongea une bourrade dans les côtes :

— Quand vous m’avez demandé l’autre jour où trouver une femme de chambre, je m’suis dit Ha, ha! Mrs. Saint-Clare a trouvé quelqu’un, j’le parie. Mais, parole! j’aurais jamais deviné que c’était le capitaine Morgan!

Et, du pouce, elle montra le groupe indigné.

Scroggs avait débarrassé Ambre de son manteau et de son manchon et l’aidait à défaire sa robe :

— Les autres non plus ne s’en doutaient pas, murmura Ambre tout en sortant de ses jupons.

— Oh ! là là ! vous auriez dû voir la tête qu’elle a faite quand elle l’a appris!

La bouche édentée se fendit en un large sourire !

— Ma parole, j’ai cru qu’elle en ferait une maladie !

Ambre sourit tout en ôtant les peignes qui retenaient ses boucles de côté, et secoua la tête. Puis, comme elle la regardait, Beck tourna la tête et leurs yeux se rencontrèrent. Elles s'affrontèrent ainsi un long moment, Ambre exultante, moqueuse, Beck frémissante de rage. Puis Beck se détourna brusquement devant la main droite, pour montrer à Ambre son doigt du milieu dressé raide. Ambre éclata d’un rire bruyant et, prenant la plume noire qu’elle portait dans le rôle de Cléopâtre, de la tragédie de Shakespeare, elle la piqua dans ses cheveux brillants.

Elle savait fort bien que le rôle de la reine égyptienne lui convenait mal, c’eût été beaucoup plus le genre d’Anne Marshall, mais l’idée venait de Tom Killigrew et, coiffée d’une perruque noire, les yeux allongés au crayon, un léger soutien-gorge pailleté et une mince petite robe de soie rouge allant aux genoux, elle avait fait salle comble depuis près de quinze jours.
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- Je ne parle pas d'argent. Vous ne connaissez pas la Cour, Ambre. Vous ne l'avez vue que du dehors : beaux habits, bijoux et jolies manières. Ce n'est pas Whitehall, cela. Whitehall est comme un œuf pourri. A l'extérieur il a bonne apparence, brisez-le, il pue que c'en est une infection ...
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Londres - puant, sale, bruyant, querelleur, coloré - était le cœur même de l'Angleterre et ses citoyens gouvernaient la nation.
Ambre avait l'impression de ses retrouver chez elle et, au premier coup d’œil, comme elle était tombée amoureuse de lord Carlton, elle tomba amoureuse de Londres. Cette vie intense, violente, énergique répondait à ses aspirations les plus profondes et les plus vives. Cette ville était un défi, une provocation. Elle osait tout, et promettait plus encore. instinctivement - comme tout bon Londonien - elle sentit qu'elle avait vu tout ce qu'il y avait à voir. Nulle ville au monde ne pourrait soutenir la comparaison.
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Jamais les filles soumises n'avaient eu tant à faire. Le bruit courait que le meilleur remède contre la peste était une bonne maladie vénérienne et les maisons de passe de Vinegar Yard, Saffron Hill et Nightingale Lane étaient ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Filles et clients mouraient souvent ensemble et leurs corps étaient transportés au-dehors par une petite porte, afin de ne pas effrayer ceux qui attendaient dans l'entrée. Une sorte de fatalisme faisait dire à beaucoup qu'ils entendaient jouir de la vie avant que leur tour vînt.
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Ambre avait rassemblé ses jupes et hâté le pas. Au dehors, le jour pointait et le soleil apparaissait derrière le toit des hauts bâtiments de briques. Sa voiture l'attendait. En la voyant arriver, le valet de pied ouvrit la portière et s'immobilisa, rigide. Elle se mit à rire et lui donna une petite tape amicale au passage. Imperturbable, il referma la portière, fit un signe au cocher, et l'équipage s'ébranla. Toujours riant, elle se pencha et fit un geste d'adieu aux fenêtres closes.
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