AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 399 notes
5
21 avis
4
41 avis
3
18 avis
2
5 avis
1
0 avis
Après le succès outre-Manche de son ouvrage autobiographique 'Les oranges ne sont pas les seuls fruits' (adapté en téléfilm au Royaume-Uni), Jeanette Winterson se livre à nouveau sur sa jeunesse, son éducation à la fois traumatisante et stimulante, son homosexualité, son amour pour les mots (lecture et écriture), la recherche de ses parents biologiques.

Née près de Manchester en 1959, Jeanette a connu une enfance difficile, sans amour. Sa mère adoptive était une femme rigide, glacée, rendue dingue et étouffée par son carcan religieux… Il restait bien peu de place pour le père dans ce foyer dirigé par les conventions sociales et une perception de Dieu totalement castratrice.

Dans ce témoignage, l'auteur ne larmoie pas, ne cède jamais à l'auto-apitoiement ni aux règlements de compte. Malgré des souvenirs douloureux et des passages sombres, le ton est léger, plein d'humour, dynamique et optimiste. Jeanette Winterson dresse un constat de son passé et l'éclaire de réflexions nourries de littérature, de psychologie, de philosophie. Et bien qu'introspectif, le récit s'ancre dans le contexte socio-historique des années 1960-70 du prolétariat anglais, ce qui le rend d'autant plus intéressant. On parvient même à comprendre comment Margaret Thatcher a pu représenter un espoir dans les milieux modestes...

"Figure du mouvement féministe", Jeanette Winston ? Absolument, mais subtilement, en douceur, sans le côté obtus et revanchard qui accompagne parfois le discours militant. Elle signe là un témoignage passionnant, à la fois douloureux, émouvant et drôle. Et visiblement, ses autres textes sont à l'avenant.

Paru dans les années 1980, 'Les oranges...' a été réédité chez L'Olivier en 2012, il me tarde de le découvrir.
Commenter  J’apprécie          590
« Que dit Eliot ? Je veux de ces fragments étayer mes ruines... »
C'est un peu de ces fragments dont l'auteure étaye son récit. Fragments de mémoire, d'enfance, de blessures et de littérature pour étayer les émotions en ruines, les poser sur des mots, construire un récit.

Jeannette a été adoptée dans les années soixante près de Manchester. Sa mère adoptive, incapable d'aimer, n'aura que sa rigueur religieuse, sa sècheresse de cœur, sa folie, ses ténèbres et ses punitions à lui offrir. Jeannette se réfugie dans les livres qu'elle cache sous son matelas et ceux qu'elle dévore à la bibliothèque municipale.
Les mots la réinventent, lui dessinent d'autres horizons. L'idée germe en cette petite fille combative de se construire un nouveau départ, de ne pas rester sur le seuil de cette vie sans bonheur. Elle « investit tout dans son départ ». Elle se construit en opposition au cadre de sa mère, sa ferveur religieuse et sa haine des livres. Elle se libère de ce carcan d'enfer par le paradis des mots, leur liberté, leurs lignes de fuites infinies.

La lecture est ainsi fragmentée de morceaux d'enfance, d'adolescence, puis de vie de femme indépendante, libre d'aller là où elle l'entend, sans recherche de « normalité », mais à la seule recherche du bonheur. Elle s'offre le droit de jouer avec les cartes qui lui ont été distribuées, pour en tirer du bonheur. Et pour cela elle doit aussi repartir sur les traces de sa naissance, savoir d'où elle vient, si elle a été désirée, si sa mère pense à elle, et comprendre pourquoi elle l'a abandonnée.

Un roman autobiographique d'une femme qui a puisé dans la fiction, la poésie et le pouvoir des mots, pour oser sa vie sur le chemin qu'elle a choisi. Il faut un travail et une force extraordinaire pour analyser les blessures et les transformer en atouts. Un bel exemple de résilience et de liberté. Un roman d'une grande précision, fait d'ombres et de lumière, ne laissant rien sous silence.

Commenter  J’apprécie          552
C'est dans l'Angleterre des années 70, dans une petite ville industrielle du nord, que tout commence. Jeanette Winterson, petite fille adoptée, plus par dépit que par amour, cherchera des réponses au comportement singulier de Mrs Winterson qui prône le bon dieu, croit en l'Apocalypse et punit sa fille de façon inhabituelle en l'enfermant dehors.
Pourquoi être heureux quand on peut être normal, c'est la question que posera Mrs Winterson à sa fille Jeanette, le jour où celle-ci, du haut de ses 16 ans, décide de quitter la maison familiale, aspirant à un certain bonheur qu'elle ne trouve pas dans cette demeure. Question à laquelle elle ne trouvera jamais de réponse tant celle-ci semble incongrue.
Pourquoi Jeanette se sent-elle si mal et si peu aimée par cette famille adoptive? Pourquoi ne pense-t-elle plus croire à l'amour, elle qui en a reçu si peu et qui pense que les choses sont ainsi faites pour tout un chacun?
Pourquoi sa mère ne veut-elle pas admettre que sa fille puisse être homosexuelle, bafouant ainsi toute l'éducation religieuse qu'elle a reçue?

Roman autobiographique au titre si accrocheur, Jeanette Winterson nous livre son enfance malheureuse, ses déboires, ses problèmes sentimentaux et sa quête du bonheur. C'est une véritable émancipation que nous livre l'auteur. La littérature ainsi que la sexualité occupent une grande place dans ce roman, comme une sorte de porte ouverte sur la vie.
C'est avant tout l'histoire d'un combat, d'une survie, d'un itinéraire intellectuel, spirituel, affectif et amoureux dans lequel Jeanette évolue malgré les souffrances et les humiliations que lui affligeront sa mère adoptive.
Après un succès planétaire avec son premier roman «Les oranges ne sont pas les seuls fruits» auquel l'auteur fait parfois référence, Jeanette nous livre à nouveau une partie de son histoire ô combien enrichissante mais sans larmoiement.
Une réflexion simple mais passionnante sur l'enfance puis l'adolescence.
Une écriture romancée, riche, introspective et profonde donne à ce roman une certaine ampleur.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal?... je vous laisse méditer...
Commenter  J’apprécie          452
Sur le conseil enthousiaste d'une camarade-libraire, j'ai découvert avec quelque décallage dans le temps... ce "roman autobiographique"....Une enfance tragique d'enfant adoptée, malmenée, harcelée, détruite en partie par une mère sectaire, obsédée par le péché, la religion, détestant la vie, les sourires, tout ce qui fait plaisir, dont ses propres congénères !... Un vrai cataclysme que cette mère !

Cela aurait pu être un einième livre sur la résilience... Mais l'humour décapant, l'esprit caustique de l'auteure transforme la reconstitution de cette enfance , en un jeu de massacre jubilatoire... Car en dépit du caractère destructeur maternel, Jeanette se défend par les mots, les livres qu'elle dévore, et l'écriture qui deviendra son objectif exclusif, prioritaire , pour échapper à l'emprise toxique de cette mère, qui n'aime personne !

"Quand l'amour n'est pas fiable et qu'on est enfant, on suppose que c'est la nature del'amour-sa qualité-de ne pas être fiable. Les enfants ne trouvent des défauts à leurs parents que beaucoup plus tard. L'amour que l'on reçoit au début est l'amour qui marque. "(p. 94)

Hommage aux mots, mais aussi au courage des femmes... un roman largement autobiographique, qui offre aussi la "photographie" d'une réalité sociale: celle des années 1970, en Angleterre, avant et pendant l'exercice de la "Dame de Fer", , Margaret Tatcher ainsi que les changements
économiques et les bouleversements des mentalités , entre autres vis à vis des femmes et de la libération des moeurs !
L'auteure parle dans ces lignes de son atttirance pour les femmes ,de son homosexualité, largement stigmatisée à cette époque...
Un questionnement éternel, permanent sur nos origines.... interrogations douloureuses à l'infini...

"Plus je lisais, plus je me sentais liée à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais
un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin.
la littérature est un terrain d'entente. "(p. 167)

Une lecture forte et des plus toniques sur un sujet délicat....

Commenter  J’apprécie          410
De nos jours, une telle phrase serait considérée comme un brin provocatrice, et surtout politiquement incorrecte, puisqu'on n'arrête pas de nous bassiner avec des concepts de développement personnel, épanouissement, quête du bonheur. Au point, paradoxalement, de mettre une pression dingue et de culpabiliser ceux qui n'atteignent pas cet état d'euphorie rose-bonbon malgré cours de yoga, huiles essentielles, séances de thérapie par le rire ou abonnements à la revue Psychologies.
Mais je m'égare, ceci est une autre histoire.
Parce que Mme W. n'a pas pensé à tout ça lorsqu'elle a asséné cette phrase à sa fille adoptive Jeanette (l'auteur du livre), quelque part dans les années 70. Tout ça parce que celle-ci a osé lui avouer, à 16 ans, qu'elle était homosexuelle. Cette fameuse phrase constitue une charnière dans la vie de Jeanette, elle consomme la rupture définitive entre la mère et la fille. Non pas que jusque là Jeanette ait grandi dans l'ambiance idyllique d'une famille formidable où plus belle est la vie. Bien au contraire. A des années-lumière de tous les principes éducatifs conçus dans l'intérêt de l'enfant et de son épanouissement, Mme W. ne connaît qu'une seule vérité : celle de l'Apocalypse, qui viendra enfin la délivrer de cette misérable vie terrestre. Cette vie qui n'a qu'une fonction : être un long Purgatoire avant la mort et le Paradis. Et Mme W. entend bien partager avec son entourage cette « philosophie » aussi irrationnelle que malsaine. C'est ainsi que Jeanette grandit sans imaginer que les relations familiales peuvent être chaleureuses, et sans savoir que l'amour maternel et filial existe.
Enfant adoptée, donc « abandonnée », elle chercher à se construire une identité au milieu de la vie étriquée et des vexations et punitions auxquelles sa mère adoptive, pourtant en demande d'enfant, la soumet. Autodafé des livres que Jeanette cachait sous son matelas, nuits d'hiver passées dehors sur le pas de la porte en sont les exemples les plus frappants. Cela vous forge certes un caractère de dure à cuire, mais cela génère surtout un sérieux handicap relationnel et émotionnel pour cette adulte en devenir.
Ce récit autobiographique d'une incommunicabilité et d'une incompréhension totales entre mère et fille est sidérant et vous fait ouvrir des yeux ronds comme des billes face à la méchanceté de cette marâtre aigrie.
Instable, fragile, colérique, le mental cabossé, Jeanette se sauvera de l'abîme par la littérature, dont elle fera son métier.
Ce livre est d'ailleurs un peu à l'image de son parcours de vie chaotique : la narration n'est pas linéaire, parfois même décousue. Au début, l'auteur s'attarde trop sur son 1er livre « Les oranges… », faisant craindre une resucée de celui-ci. le texte, non dénué d'humour (noir et vachard), bourré de phrases « aphorismes », rend bien l'état d'esprit de son auteur, entre rage et révolte, désespoir et instinct de survie. L'état d'esprit de quelqu'un qui se bat surtout contre lui-même pour sortir de sa prison intérieure, à la recherche de ses racines.
Commenter  J’apprécie          412
Le titre est une phrase prononcée par la mère de Jeannette quand celle-ci lui confirme son homosexualité. Jeannette doit partir, elle est mise à la porte de la maison familiale, elle a seize ans.

Jeannette est une enfant adoptée par un couple, ou plutôt par Mme W, femme autoritaire, imposante, complexée, asociale, exaltée par Dieu et redoutant les péchés. Cette petite fille est le mauvais berceau, Mme W attendait un petit garçon, elle a reçu Jeannette comme une punition. le père est inexistant, donne des raclées à la petite sur ordre de sa femme.

Face à cette femme, mentalement instable, mais persuadée de prendre le bon chemin dans la vie, une petite fille qui tire le bonheur vers elle. Malgré les coups, les interdictions, la pauvreté, Jeannette a déjà beaucoup d'humour et détourne l'éducation de sa mère pour faire ce qu'elle veut. Sa mère l'envoie à la médiathèque pour ses propres livres mais lui interdit la lecture. Jeannette passionnée par la littérature, va cacher pendant des années ses livres sous son matelas. Enfermée dans la cave, interdite de rentrer dans la maison, le tout en guise de punition, Jeannette positive malgré sa peur.

Jeannette fera les études qu'elle veut grâce à une main tendue, essaiera une dernière fois de revenir voir sa mère, comprendra que cette dernière ne changera jamais et ne la reverra jamais. Jeannette avance dans sa vie, avec sa bonne humeur et son appétit de vivre. de ses failles elle a fait une force de vie.

Pourtant Jeannette passera par la dépression, ce qu'elle appelle sa folie. Un moment indispensable pour faire le deuil de son enfance, de ses parents. Elle fera des recherches sur sa mère biologique et apprendra qu'elle était désirée et que son abandon était surtout un geste d'amour.

Le bonheur féroce, vous connaissez ?
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          390
« Pour moi, les livres sont un foyer. Les livres ne font pas un foyer - ils le sont, dans le sens où de même que vous les ouvrez comme vous ouvrez une porte, vous entrez dedans. À l'intérieur, vous découvrez un temps et un espace différents. »

Pour la publication de ce 500ème billet, je tenais à vous présenter un livre vraiment beaucoup aimé, un coup de coeur. Bien souvent, en effet, je ne parle pas de mes coups de coeur. Toujours cette impression de ne pas savoir comment rendre justice à un livre que j'ai adoré, de ne pas arriver à vraiment transmettre mon ressenti puis le temps passe et je finis par ne faire aucun billet.

Dans les années 60, dans le milieu ouvrier anglais, vit Jeannette, une petite fille adoptée par Mr et Mrs Winterson.

Mr est peu présent, préférant fuir une femme qu'il peine à comprendre. Mrs Winterson, ainsi que l'appelle Jeannette, est donc toute puissante, une femme impitoyable, dure et complètement dominée par deux carcans, son obsession pour la religion et sa haine des livres.

C'est pourtant par les livres que la petite Jeannette trouvera son salut, on ne dira jamais assez l'importance des bibliothèques municipales, mais il faudra souvent ruser et parfois en payer durement le prix. L'enfant en passera des nuits, sur le seuil de la porte, sans pouvoir entrer dans la maison. Maison dont elle n'eut jamais la clé.

« Plus je lisais, plus je me sentais lié à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent ; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin. »

À l'adolescence, les rapports vont encore se complexifier entre elles quand Mrs Winterson va se rendre compte que Jeannette est attirée par les filles. Colère, menaces de châtiments divins mais rien n'y fera. Quand Jeannette tentera de lui expliquer qu'il en va de son bonheur, la marâtre aura cette sentence terrible et définitive : « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? »

Contre toute attente, point de pathos ici mais au contraire un récit fluide, plein d'humour et d'autodérision, le temps aidant au détachement et à la résilience.

Devenue auteure reconnue et militante féministe, Jeannette Winterson signe un roman autobiographique poignant et terriblement humain.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? À lire absolument.

Commenter  J’apprécie          366
Ouvrage sélectionné pour le Prix des lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur pour l'année 2014, c'est donc tout naturellement que je me suis intéressé à ce ce dernier car je suis originaire (et réside encore dans cette région) et non pas, et ce, à mon grand regret parce que je suis encore lycéenne...(je me rends comte que le temps passe trop vite).

Bref, légèrement déstabilisée au début de cette lecture car l'auteure s'amuse à intercaler des chapitres dans lesquels elle nous fait, à nous lecteurs, un bref récapitulatif de ce qu'était l'Angleterre dans les années '60-'70 mais aussi de ce qu'était la ville dans laquelle elle a grandi, Accrington. Jeannette ayant toujours su qu'elle était une enfant adoptée, n'a pourtant entrepris des recherches pour retrouver sa véritable mère biologique que très tard. Bien que ses parents adoptifs aient été on ne peut plus sévères avec elle (et en particulier sa mère, celle qu'elle appelle dans cet ouvrage Mrs. Winterson, Mrs. W ou encore Mère mais jamais "maman") lui apportant que très peu d'amour, Jeannette ne regrette rien. Bien qu'elle se soit retrouvée à la rue à l'âge de seize ans car elle avait le malheur d'aimer les filles dans une famille où il ne fallait surtout pas enfreindre les règles du Seigneur et que cela était contre nature, qu'ayant grandi dans un lieu où les livres qui ne se rapprochaient pas de ce dernier étaient proscrits, Jeannette est néanmoins fière d'être devenue ce qu'elle est. Lisant en cachette durant toute son enfance puis ayant plus tard intégré l'université d'Oxford, Jeannette est devenue une romancière renommée mais cela même, sa mère adoptive continue d'avoir honte de cette fille qu'elle trouve si éloignée de ses propres principes et pourtant...

Enfin, je ne vous en dis pas plus mais vous recommande vivement à venir découvrir cet ouvrage. Un conseil, si, comme moi, au départ, vous avez un peu de mal à vous fondre dans l'histoire et que l'écriture vous gêne avec tous ses flash-back et ses références sur la classe ouvrière dans les années '60 en Angleterre, surtout n'abandonnez pas ! Allez jusqu'au bout car je vous assure que vous ne serez pas déçus ! Un roman sur l'amour, la quête d'identité, sur chacun d'entre nous quoi, car qui ne s'est jamais posé ces questions existentielles ? Qui suis-je, quel est mon rôle sur Terre ?...et bien d'autres encore. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          320
Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Telle est la question que posera la mère adoptive de Jeannette Winterson,icône des lettres britanniques et féministe gay convaincue, lorsque celle ci lui avouera son homoexualité.

C'est aussi le titre de ce récit ( plus qu'un roman) autobiographique qui a énormément plu des deux cotés de la manche. Il faut dire que ce livre est un formidable récit iniatique et une ode à la littérature puisque Jeannette Winterson va conquérir son autonomie par rapport à cette mère assez tyrannique grace aux pouvoir des livres qui ont été pour elle, encore plus que pour d'autres un refuge, une ouverture sur le monde et ont permis d'apaiser ses souffrances et ses doutes.

Brillant récit d'une émancipation abordée de façon singulière et avec pas mal d'humour, ce beau livre, qui a recu le prix Marie Claire a permis aux lecteurs français, et à moi même par la même occasion, de faire connaitre ce grand nom de la littérature britannique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          320
"Pourquoi être heureux quand on peut être normal" ? Telle est la phrase que s'entend dire Jeanette Winterson lors de l'un de ses derniers échanges avec sa mère adoptive avant qu'elle ne soit obligée de quitter la maison familiale, et avec qui les relations sont loin d'être harmonieuses, équilibrées et heureuses, justement.

Avant de lire cet ouvrage, je ne saisissais uniquement dans cette phrase-titre que l'ironie qui la teinte, comme si Jeanette Winterson voulait faire de son ouvrage un plaidoyer en faveur de son choix de vie et de sa tendance sexuelle (dont elle parle beaucoup, forcément) qui a été l'une des causes de sa rupture avec sa mère adoptive.

Or, si "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" peut s'interpréter ainsi, ce livre est beaucoup plus que cela, surtout quand on apprend l'origine de cette phrase. Très dure à entendre, bien évidemment, elle donne un aperçu de la profondeur dramatique de la vie de Jeanette Winterson, et de la force que celle-ci a dû témoigner pour se sortir de cette situation et avoir droit au bonheur (quitte parfois à tomber un peu dans la justification).
Cet ouvrage autobiographique s'écarte un peu de la tradition de ce genre en proposant de nombreuses réflexions de l'auteur sur la littérature anglaise (qui l'a sauvée de nombreuses fois du désespoir), la société britannique et la politique de l'époque, ce qui permet d'ouvrir un peu le sujet en élaborant un panorama de l'Angleterre des années 1980 et 1990.

Cette tranche de vie, qui décrit ses acteurs d'une manière très lucide (la cruauté et la violence d'une mère adoptive rongée de l'intérieur par un profond désamour de la vie et une obsession des Ecritures et de l'Apocalypse, un père adoptif faible, qui a laissé agir sa femme comme elle l'entendait et n'a jamais fait un geste pour sa fille, mais aussi d'autres, comme la bonté et l'amour de la dernière compagne évoquée par l'auteur), ainsi que ses tourments avec acuité, est certes un peu difficile d'accès, mais elle récompense le lecteur qui sera parvenu à s'approprier cet univers par une profondeur dans l'analyse des sentiments qui ont agité l'auteur, un amour de la vie tout aussi vibrant. Un bel ouvrage touchant et fort, dont on ne sort pas indemne (mais n'est-ce pas le rôle de la littérature ?)
Commenter  J’apprécie          320




Lecteurs (928) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous Jeanette Winterson ?

Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

Les fruits ne sont pas tous des oranges
Les Oranges ne sont pas les seuls fruits 
Seules les oranges donnent du jus

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Jeanette WintersonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..