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Gilles Gaston Granger (Éditeur scientifique)Bertrand Russell (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070758647
128 pages
Gallimard (05/01/2001)
3.92/5   108 notes
Résumé :
La traduction du Tractatus logico-philosophicus, réputée périlleuse en raison de la difficulté et du laconisme du texte, constitue à elle seule un travail de philosophe.


p>La concision incisive de la langue et l'usage fréquent du symbolisme logique ont pu rebuter des générations d'étudiants habitués à d'autres formes littéraires.

Les non-spécialistes devront sans doute plus encore s'armer de patience.


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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »


Donc je me tais. En tout cas, j'aimerais me taire… mais ce ne serait pas assez vendeur et je n'aurais pas le plaisir de pouvoir disserter sur ce Tractatus politico-philosophicus à mon aise. Certainement, Ludwig Wittgenstein ne devait pas être publicitaire, comme il ne devait pas être très causant non plus à table ou en promenade. Car enfin, parler du langage comme on parlerait d'un joint de culasse, ça ne ressemble à rien d'humain, et à cette vision de la communication, nous pourrions opposer celle plus sensible (mais aussi moins théorique et peut-être plus sincère) de Margaret Atwood :


« Nous aurions hoché la tête pour ponctuer les dires les unes des autres, et montrer que oui, nous connaissons bien tout cela. Nous aurions échangé des remèdes, et tenté de nous surpasser mutuellement dans la litanie de nos misères physiques ; doucement, nous nous serions plaintes, à voix basse, sur un ton mineur et mélancolique comme des pigeons sur les rebords des gouttières. […] Comme je méprisais ces conversations. Maintenant je soupire après elles. Au moins, nous parlions. Un échange, du moins. »


Oui mais… ce n'est pas ce à quoi devrait servir le langage selon Ludwig. le langage doit servir à transmettre des informations sur le monde selon des règles logiques qui relèvent de l'axiomatique. La simplicité dans ce domaine devrait être notre unique souci. Mais ce n'est pas le cas et depuis que la communication existe, il semblerait que de sérieux barjos aient essayé de rendre le langage tordu en voulant lui faire dire ce qu'il ne peut pas exprimer. A partir du moment où l'homme a développé un réseau de cellules grises trop dense, les choses se sont détraquées. Les propositions insensées et vides de sens (à ne pas confondre) ont pullulé et peuplent le monde, nourrissant la solitude et l'incompréhension des hommes.


Avant de poursuivre plus loin, rappelons ce commentaire primordial de Wittgenstein sur son Tractatus :


« À côté de choses bonnes et originales, mon livre, le traité log.phil., contient aussi sa part de kitsch »


Ce serait une grave erreur de l'oublier. Malgré son nom pompeux, son style sec et rébarbatif de manuel de logique et son aspect purement théorique, le Tractatus logico-philosophicus est un livre d'une originalité redoutable, qui manie l'humour dans la plus grande discrétion pour un résultat des plus corsés. Mais soyons simples et ne tournons pas autour du pot, poursuivons l'enseignement du Tractatus : ce livre est aussi une vaste entreprise de foutage de gueule. Etudiants sérieux et érudits, vous pourrez certainement trouver entre ses pages une nourriture intellectuelle qui vous confortera l'espace de quelques dizaines de minutes, mais bientôt un doute viendra vous assaillir… rien ne tient la route dans ce traité ! en quelques propositions, tout s'effondre, pour peu que l'on décèle dans le texte sa propre contradiction.


Wittgenstein écrit une critique acerbe de la complexité factice que les hommes confèrent au monde par le biais du langage. Pourtant, il a sans doute atteint l'apogée de cette complexité spéculative en rédigeant son Tractatus logico-philosophicus. Vous avez le temps d'aller vous faire cuire un oeuf jusqu'à ce que vous ayez réussi à déchiffrer cette proposition :


« 6. 241 – C'est ainsi que la preuve de la proposition 2 x 2 = 4 se lit :
(Ωv)n'x = (Ωvxn')x Def.,
Ω2x2'x = (Ω2)2'x = (Ω2)1+1'x = Ω2'Ω2'x = Ω1 + 1'Ω1 + 1'x
= (Ω'Ω)'(Ω'Ω)'x = Ω'Ω'Ω'Ω'x = Ω1 + 1 + 1 + 1'x = Ω4'x. »


En fait, n'essayez même pas, ça ne sert à rien.
Wittgenstein détruit la philosophie en tant que discipline qui ne propose aucune nouvelle proposition mais qui essaie seulement (et souvent vainement) d'éclaircir celles qui existent déjà. La philosophie ne sert à rien et ne produit que du non-sens. Et dans ce domaine, Wittgenstein rafle toutes les médailles. Sa propre philosophie ne vaut pas mieux. Il ne s'en cache pas et n'essaie même pas de se justifier. Au moins son Tractatus semble-t-il sincère et humain. Emil Cioran et son principe de contradiction semblent veiller entre les lignes des propositions de Wittgenstein.


Et que dire de la conclusion de cet ouvrage, qui est une merveille à elle seule ? « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » Fallait-il des pages de propositions pour en arriver là ? Oui, sans doute. Approuvant cette conclusion, allons-nous nous taire pour autant ? Non, certainement pas. Et voici la condition absurde de l'être humain définie en une phrase. C'est cruellement tordant, et c'est écrit dans le langage le plus sévère possible. Wittgenstein est un pince-sans-rire doué, un comédien nihiliste du plus grand talent. Il faut se promener entre ses citations comme entre des prototypes humanoïdes d'une invention nouvelle, un peu dégénérés et pourtant fidèles à leur sujet de représentation. Les propositions sont effectivement d'une beauté kitsch et si on ne peut les apprécier pleinement pour leur valeur logique incomplète, on pourra s'émerveiller de leur pertinence psychologique. On cheminera entre le loufoque hallucinogène (« 2. 0232 – Soit dit en passant : les objets sont incolores »), on retrouvera de l'existentialisme sartrien (« 2. 024 – La substance est ce qui existe indépendamment de ce qui arrive »), un éloge à la relativité (« 6. 43 – […] le monde de l'homme heureux est un autre monde que celui du malheureux »), ou l'espoir que des univers infinis à la Kundera existent malgré tout (« 2. 014 – Les objets contiennent la possibilité de tous les états de choses »).


Le Tractatus logico-philosophicus contient un secret : en donnant l'impression de parler de logique sur un mode ennuyeux, il ouvre la porte sur un univers dérangé et chatoyant, aussi envoûtant que les mondes étranges imaginés par Philip K. Dick. On atteint la science-fiction de plus grande qualité, et c'est peut-être de cela dont voulait parler Wittgenstein lorsqu'il évoquait l'importance de l'acte de « montrer ». Alors taisons-nous, et « montrons »…


« 5. 511 – Comment la logique qui embrasse toute chose, qui reflète le monde, peut-elle avoir recours à des attrapes et à des manipulations aussi spéciales ? Pour la seule raison que ces moyens sont liés en un filet infiniment subtil, au grand miroir. »
Lien : http://colimasson.over-blog...
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L'auteur prévient : « La vérité des pensées ici communiquées me semble intangible et définitive. Mon opinion est donc que j'ai, pour l'essentiel, résolu les problèmes de manière définitive »
L'attitude me gêne.
Wittgenstein rejette la préface de son collègue logicien Bertrand Russel, et du coup cet antagonisme laisse ouverte la question du vrai motif, mais il est déjà clair que le débouché du livre sur le mysticisme ne convient pas à Russel.
2ième avertissement de l'auteur : « Il se peut que le livre ne soit compris que par celui qui aura lui-même déjà pensé les pensées qui y sont exprimées »
Comme Russel n'a pas été invité à apporter son aide, alors je trouve à la bibliothèque un petit livre « le vocabulaire de Wittgenstein ».
Là on découvre que le vocabulaire change de sens, non pas deux fois comme on parle de deux philosophies de Wittgenstein, mais plusieurs fois. Adieu la logique qui surplombe, plus mathématique que les mathématiques !
Et puis la méthode continue à flairer le kantisme : la dualité définitive dicible/indicible qui rappelle les catégories phénomènes/noumènes, l'espace et le temps toujours placés sur le même plan, et peut-être bientôt la chute assez navrante de « la critique de la raison pure ».
Les commentateurs ont trouvé du grain à moudre, le rayon de ma bibliothèque municipale est déjà presque aussi fourni que celui accordé à Spinoza.
Alors sur le fond, il faudrait y aller patiemment, au rythme où le sujet devrait monter au cerveau du lecteur… Je ne crois pas que j'y reviendrai.
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Le monde est tout ce qui a lieu et ce qui a lieu ne peut être que la subsistance d'un état de choses.

Les faits dans l'espace sont logiques et nourrissent le monde.

Une connexion entre objets uniquement basée sur la cohérence de leurs transactions dont chacune d'entre-elle possède son propre état de chose.

Rien n'est accidentel mais attaché à la manière d'être d'un ensemble dont les arcanes sont déjà prédéfinis dans sa nature.

En connaissant parfaitement l'objet avec lequel nous sommes en rapport, nous pouvons en définir la totalité des occurrences dans chacun de ses états de choses.

Les objets sont la substance du monde, ils contiennent le potentiel de toutes les situations en relation avec leur façon d'agir ne pouvant être qu'un énoncé précis correspondant à ce qu'ils sont.

Il s'avère donc inutile et déplacé de mentionner un état de chose n'étant pas en résonance avec la réalité de ce qu'il côtoie.

Un état de chose possible dans un espace que nous pouvons considérer comme vide sans pour autant le priver des éléments qu'il l'anime.

La substance est forme et contenu et ne peut subsister que dans la réalité de ses situations dont le langage doit impérativement s'adapter.

Parler de ce que l'on ignore ne peut se rapprocher que d'une extrapolation insipide, dénaturant le comportement d'une chose dont le véritable déterminisme ne peut qu'appartenir qu'à ce qu'elle montre dans la réalité et que nous devons absolument respecter dans nos descriptions.

De ce fait nos perceptions autres que celles que nous côtoyons dans la vie courante n'appartiennent qu'à notre vision des choses et ne représentent aucune valeur susceptible d'être en rapport avec tout ce qui défile sous nos yeux à chaque instant.

La réalité des évènements devient alors une sorte de chose en soi implacable et étouffante dont nous ne pouvons nous extraire.
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Un de ces monuments que l'on peut, si on le souhaite, visiter plusieurs fois, et selon diverses modalités. Seul, encordé avec un bon guide, après avoir lu et relu quelques exégèses,après avoir fait un parcours de la philosophie, après avoir tout oublié, pour le plaisir de la redécouverte, pour se rendre compte de la profondeur de sa propre ignorance, pour en entrevoir les raisons, etc.
Et pour la note, bien se dire que celle-ci n'est pas forcément en rapport avec
sa propre intelligence de lecteur , ni sa compréhension de l'oeuvre.(je parle pour moi, bien sûr)
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Livre à lire religieusement devant ce grand penseur que fut Wittgenstein, ou comme un recueil de blagues. Je penche vers la 2 ème proposition car comment prendre au serieux un livre avec un tel titre et avec cette succession de courtes sentences dont on peut faire dire ce que l'on veut. La dernière sentence est peut-être la clef de l'énigme. Livre historique sans conteste, mais pour apprécier Wittgenstein, il vaut mieux lire ses autres livres publiés après sa mort.
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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
5.6 - Les frontières de mon langage sont les frontières de mon monde.

5.61 - La logique remplit le monde ; les frontières du monde sont aussi ses frontières.

Nous ne pouvons donc dire en logique : il y a ceci et ceci dans le monde, mais pas cela.

Car ce serait apparemment présupposer que nous excluons certaines possibilités, ce qui ne peut avoir lieu, car alors la logique devrait passer au-delà des frontières du monde ; comme si elle pouvait observer ces frontières également à partir de l'autre bord.

Ce que nous ne pouvons penser, nous ne pouvons le penser ; nous ne pouvons donc davantage dire ce que nous ne pouvons penser.

5.62 - Cette remarque fournit la clef pour décider de la réponse à la question : dans quelle mesure le solipsisme est-il une vérité ?

Car ce que le solipsisme veut signifier est tout à fait correct, seulement cela ne peut se dire, mais se montre.

Que le monde soit mon monde se montre en ceci que les frontières du langage (le seul langage que je comprenne) signifient les frontières de mon monde.

5.621 - Le monde et la vie ne font qu'un.

5.63 - Je suis mon monde. (Le microcosme.)

5.631 - Il n'y a pas de sujet de la pensée de la représentation.

Si j'écrivais un livre intitulé Le monde tel que je l'ai trouvé, je devrais y faire aussi un rapport sur mon corps, et dire quels membres sont soumis à ma volonté, quels n'y sont pas soumis, etc. Ce qui est en effet une méthode pour isoler le sujet, ou plutôt pour montrer que, en un sens important, il n'y a pas de sujet : car c'est de lui seulement qu'il ne pourrait être question dans ce livre.

5 .632 - Le sujet n'appartient pas au monde, mais il est une frontière du monde.

5 .633 - Où, dans le monde, un sujet métaphysique peut-il être discerné?

Tu réponds qu'il en est ici tout à fait comme de l’œil et du champ visuel. Mais l’œil, en réalité, tu ne le vois pas. Et rien dans le champ visuel ne permet de conclure qu'il est vu par un œil.

5.6331 - Le champ visuel n'a pas en fait une telle forme (oeil)

5.634 - Ce qui dépend de ceci, à savoir qu'aucune partie de notre expérience n'est en même temps a priori.

Tout ce que nous voyons pourrait aussi être autre.

Tout ce que, d'une manière générale, nous pouvons décrire, pourrait aussi être autre.

Il n'y a aucun ordre a priori des choses.

5.64 - On voit ici que le solipsisme, développé en toute rigueur, coïncide avec le réalisme pur. Le je du solipsisme se réduit à un point sans extension, et il reste la réalité qui lui est coordonnée.

5.641 - Il y a donc réellement un sens selon lequel il peut être question en philosophie d'un je, non psychologiquement.

Le je fait son entrée dans la philosophie grâce à ceci : que « le monde est mon monde ».

Le je philosophique n'est ni l'être humain, ni le corps humain, ni l'âme humaine dont s'occupe la psychologie, mais c'est le sujet métaphysique, qui est frontière - et non partie - du monde. (pp. 93-95)
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6. 41 – Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde. Dans le monde toutes choses sont comme elles sont et se produisent comme elles se produisent : il n’y a pas en lui de valeur –et s’il y en avait une, elle n’aurait pas de valeur.
S’il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu’elle soit hors de tout évènement et de tout être-tel. (So-sein.) Car tout évènement et être-tel ne sont qu’accidentels.
Ce qui les rend non-accidentels ne peut se trouver dans le monde, car autrement, cela aussi serait accidentel.
Il faut que cela réside hors du monde.
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4. 003 – La plupart des propositions et des questions qui ont été écrites sur des matières philosophiques sont non pas fausses, mais dépourvues de sens. Pour cette raison nous ne pouvons absolument pas répondre aux questions de ce genre, mais seulement établir qu’elles sont dépourvues de sens. La plupart des propositions et des questions des philosophes viennent de ce que nous ne comprenons pas la logique de notre langage.
(Elles sont du même genre que la question de savoir si le Bien est plus ou moins identique que le Beau.)
Et il n’est pas étonnant que les problèmes les plus profonds ne soient en somme nullement des problèmes.
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3. 323. – Dans le langage quotidien, il arrive très fréquemment que le même mot désigne d’une manière différente –donc appartienne à différents symboles –ou que deux mots, qui désignent de manière différente, soient utilisés extérieurement de la même manière dans la proposition.
Ainsi apparaît le mot « est » en tant que copule, en tant que signe d’égalité et en tant qu’expression d’existence ; le mot « exister » en tant que verbe intransitif comme le mot « aller » ; « identique » en tant qu’adjectif ; nous parlons de quelque chose, mais aussi de ce qu’il se passe quelque chose.
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Ce qui nous fait hésiter, c’est le fait que, après tout, Wittgenstein a trouvé le moyen d dire beaucoup de choses à propos de ce qui ne peut être dit, suggérant ainsi au lecteur sceptique qu’il est possible que s’offre là une issue par une hiérarchie des langages, ou par quelque autre porte de sortie. Le sujet de l’éthique tout entier, par exemple, est placé par Wittgenstein dans la région mystique, inexprimable. Néanmoins, il est capable de faire comprendre ses opinions éthiques. Il pourrait se défendre en disant que ce qu’il nomme le mystique peut être montré, bien que cela ne puisse être dit. Il se peut que cette défense soit juste mais, pour ma part, je confesse qu’elle me laisse dans un certain état de malaise intellectuel.

-Préface de Bertrand Russell-
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Videos de Ludwig Wittgenstein (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ludwig Wittgenstein
Présenté par Robert Maggiori, philosophe co-fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco et critique littéraire.
« Lettres à sa famille. Correspondances croisées 1908-1951 », Ludwig Wittgenstein, Édition de Brian McGuiness, traduction de Françoise Stonborough, @Éditions Flammarion , 414 pp., 26€
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