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Jean-Jacques Pauvert (Préfacier, etc.)
EAN : 9782842710187
158 pages
La Musardine (01/03/1998)
4.22/5   123 notes
Résumé :
En 1972, à la Bibliothèque noire de Régine Deforges, Le Nécrophile paraissait dans la presque totale indifférence. Seuls quelques journalistes remarquèrent l'incroyable, l'élégant et le très immoral objet littéraire qui venait de surgir. Un homme exhume des cadavres fraîchement mis en terre, et les aime physiquement, moralement, spirituellement, jusqu'à ce que leur état de décomposition trop avanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Je trouve l'oeuvre absolument subversive
Les mots sont orchestrés avec maestria,
Mais relatent des scènes nauséabondes
Où les descriptions sordides abondent
Et rendent le sujet hautement abject.
Sa lecture me rend presque suspecte.

Une certaine forme de poésie tutoie les ténèbres
Mais c'est une grave pathologie qu'elle célèbre.

Je m'interroge : la motivation de l'auteure ?
Conter ces noces d'outre-tombe, d'horreur,
Comme un hommage rendu, avec douceur.
Sa plume reste légère pour tracer le crime,
Ces femmes, ces enfants même, qu'il abime,
L'homme qui viole, et la mémoire, et la mort,
Se délecte de l'outrage sans aucun remords.

Éros et Thanatos l'ont envouté, et son journal
Mot après mot, sans aucune notion de morale,
Retrace tous les actes de ses cérémonies putrides,
Où la jouissance ne lui semble même pas turpide.

Drôle de littérature, mais de nos jours, dans quel ordre les tueurs en série violeurs commettent-ils leurs crimes ?

Tout ce que ce livre m'inspire est de rester vivante le plus longtemps possible !
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Née en 1920 à Nantes, Gabrielle Wittkop-Ménardeau s'est suicidée en 2002, choisissant, dit-elle, "de mourir comme j'ai vécu : en homme libre."

"Le Nécrophile", texte au demeurant fort bref, est la première de ses oeuvres que je lis. Ecrire qu'il s'agit là d'un texte dérangeant est faible, très, très faible. En gros, cela raconte, sous forme d'un journal, les "amours" d'un antiquaire nécrophile avec les cadavres qu'il va enlever aux cimetières. Tout lui est bon : hommes, femmes et même enfants. le passage où il dépeint sa "rencontre" avec un nourrisson mort-né enseveli avec sa mère est indescriptible. Car, à la nécrophilie, s'ajoutent insidieusement la bisexualité (ce qui n'est pas un crime) et la pédophilie (qui l'est bel et bien). A ceci près que Lucien, le Nécrophile, est évidemment incapable de passer à l'acte avec un être vivant.

Attention : il n'y a ici nulle complaisance. C'est étonnant, même difficilement concevable et pourtant c'est ainsi. Lucien porte en lui très peu du personnage sadien (même si l'on songe bien entendu au "Divin Marquis" lorsqu'on lit ce roman) en ce sens que la violence lui est étrangère. Pas question pour lui d'agir comme le faisait le sergent Bertrand : il n'est que douceur et délicatesse et, lorsque les nécessités de la nature le contraignent à rendre ses amants et ses maîtresses à la Seine, il lui arrive de pleurer devant ce traitement, pour lui barbare, qu'il est bien obligé de leur infliger.

Nulle grossièreté, nulle vulgarité non plus dans le style, qui glisse et coule comme celui d'un Villiers de l'Isle-Adam ou d'un Edgar Poe. Simplement, comme elle est appartient au XXème siècle, Wittkop peut se permettre d'être plus explicite qu'ils ne l'étaient. Tout en effet est dépeint dans ses moindres détails. En dépit de ce tout et bien qu'il soit obligé de s'"accrocher" trois ou quatre fois, pris d'un début de nausée, le lecteur, fasciné et cherchant à comprendre, poursuit jusqu'au bout son étonnant chemin de misère où la notion de morale n'est pas même remplacée par celle de l'immoralité.

Pareille lecture n'est pas à recommander à n'importe qui. (A la fin du texte, si vous y parvenez, vous penserez peut-être ce que j'ai pensé - non sans soulagement : "Dieu merci ! maintenant, on incinère !" ...) Alors que, dans Sade, on se rend très vite compte que certaines choses sont impossibles, tout ici - sauf peut-être l'incroyable chance qui accompagne le nécrophile dans les cimetières parisiens - peut s'accomplir en toute logique. Avec cela, Wittkop ne juge pas : elle constate et tout laisse à penser - y compris la dédicace - qu'elle a connu une personne ressemblant comme un frère à son héros.

A noter que, dans l'édition Régine Desforges, le texte est suivi de "Nécropolis", un court essai sur la nécrophilie et ses "dérivés" comme le nécrosadisme, la nécrophagie, etc ... Tout cela très sobre et, je le répète, sans complaisance.
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Le nécrophile... déjà le titre indique l'univers macabre dans lequel on va être immergé.
La lecture de ce court roman m'a été assez dérangeante je dois l'avouer. En effet, l'auteur nous décrit les perversions sexuelles du narrateur, en allant parfois jusqu'à des détails écoeurants sur des odeurs, des bruits ou sur ce que perçoit le personnage pendant ses actes.
Les premières pages nous livrent déjà un aperçu sur ce que sera la suite. Sauf que l'auteur décrit toujours des situations de plus en plus morbides...

Certains passages du livre sont marquants. Mais l'auteur ne décrit pas simplement des scènes macabres. Même si l'on découvre peu de choses sur le narrateur au fil de l'histoire, on parvient à saisir, à un certain degré, ce que recherche le narrateur à travers la nécrophilie.

C'est un personnage fasciné par la mort, habité par une immense tristesse de se livrer à des amours éphémères.

Je conseille la lecture de ce livre puisque je pense que l'on en garde forcément des souvenirs quel que soit le degré d'appréciation.

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Lucien est antiquaire à Paris, mais sa grande passion, ce n'est pas les vieux meubles, mais leurs anciens propriétaire. Car Lucien est nécrophile : à l'annonce d'un enterrement récent, il se rend dans le cimetière la nuit, déterre le corps pour l'amener chez lui, et passe ses nuits à ses côtés aussi longtemps que la nature le lui permet.

Dans le journal intime qu'il tient consciencieusement, il raconte la naissance de ses macabres penchants, la vie partagée avec ses « conquêtes », les rares rencontres avec ses pairs, et la certitude d'être tôt ou tard attrapé par les autorités.

Le nécrophile n'est pas un simple roman gore, qui se contenterait d'accumuler des horreurs jusqu'à saturation, et c'est justement ce qui le rend encore plus perturbant. Car Lucien n'est pas présenté comme un monstre immoral, mais comme un homme qui ne fait finalement de mal à personne et qui est victime de l'incompréhension du monde qui l'entoure. Il aime et respecte, à sa manière, les morts qu'il amène chez lui et pleure de chagrin quand il doit s'en séparer.

Au final, il provoque en nous à la fois de la répulsion et un profond dégoût, mais aussi de la sympathie et l'envie de le prendre par les épaules pour le consoler. Bel exploit de la part de l'auteure d'avoir réussi à mettre de la sensibilité dans l'horreur. Ce curieux mélange de sentiments contradictoires nous pousse à reprendre la lecture de ce livre, qui nous avait pourtant mené au bord de la nausée quelques minutes plus tôt.

À mettre uniquement dans les mains des amateurs de sensations fortes. Quel que soit le sentiment qui prédomine à la fin du récit, on ne pourra contester que l'oeuvre est magistralement exécutée.
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Il en prend soin de ses conquêtes d'un soir, souvent plusieurs, il les caresse, il a l'air plutôt tendre, et tente de les retenir longtemps s'il peut. Comme des trésors, c'est chaque fois des efforts et des risques pour passer du bon temps avec ses partenaires sexuel(le)s, hommes ou femmes, (très) jeunes ou plus âgés. Il aime les surprises aussi. A lire ces phrases, rien de bien original, si ce n'était que lesdites partenaires sont... mortes (!) et que notre héros va les déterrer. Un necrophile quoi ! Et ce roman c'est son journal intime. le sujet est très (très) spécial - a ne pas mettre entre toutes les mains (il a fait scandale a sa sortie bien-sûr en 1972) - mais l'écriture délicate rend la lecture finalement, comment dire, doucereuse. L'autrice usant de son talent pour écrire avec des mots choisis des situations franchement immorales voire abjectes. C'est tabou sur tabou sur tabou. Découverte assez déconcertante mais pas choquante (sauf si vous avez l'âme sensible). Ca reste osé et pour le coup hors norme. Deux idées me viennent à la fin de cette lecture, aussi subversive que le texte : il doit être triste notre héros avec toutes ces incinérations, et, on ne pense pas à cette outrageuse pratique, je pense, lorsqu'on dit qu'on a une vie (sexuelle) après la mort... (Ok, je sors !).
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes de ménage ne manifestent nul trouble particulier en nettoyant le magasin d'antiquités que j'ai hérité de mon père. Tout au plus, de temps à autre, un vague ronchonnement sur les vieilleries, les nids à poussière, les trucs fragiles tellement moches alors qu'on pourrait avoir du neuf pour bien moins cher. C'est seulement dans mon appartement privé, au cinquième étage, que leur comportement me donne à réfléchir. Elles regardent les coins, d'un air de prudente suspicion. Elles m'observent sournoisement et, surtout, elles reniflent l'odeur de l'appartement, en remuant les yeux. Elles reniflent et reniflent, cherchant dans leur mémoire, ne trouvant rien qui vaille, reniflent encore, jusqu'à ce qu'une étrange inquiétude s'empare d'elles. Alors, elles deviennent comme des bêtes traquées puis s'échappent. Quand j'essaie de les relancer, elles me font des réponses vagues d'un air peureux et secouent la tête si je propose d'augmenter leurs gages. Je mets une nouvelle annonce dans les journaux et la même histoire recommence.
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Il y a bien longtemps que j’ai oublié l’odeur sèche du bombyx et maintenant celle de la charogne qui envahit les airs. Une flaque de ce suc noir que vomissait l’enfant pieuvre s’est épandue sous le ventre des anges, une encre putride qui traverse le matelas, goutte sur le sol, un jus de pestilence qui m’enivre comme celui de la mandragore. Cette liqueur vient d’eux lentement, ainsi que l’eau d’une très antique source, elle glousse d’une voix embarrassante à la lisière de leurs entrailles, sursaute et s’épanche. Leurs yeux tombent à l’intérieur du crâne, comme jadis ceux de la délicieuse vieille Marie-jeanne.
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On parle du sexe sous toutes ses formes, sauf une. La nécrophilie n'est ni tolérée des gouvernements ni approuvée des jeunesses contestataires. Amour nécrophilique, le seul qui soit pur, puisque même "amor intellectualis", cette grande rose blanche, attend d'être payé de retour. Pas de contrepartie pour le nécrophile amoureux, le don qu'il fait de lui-même n'éveille aucun élan.
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Regardant une veuve orner la tombe du défunt d'un petit arbre de Noël, je notai soudain à quel point sont devenues rares les femmes en grand deuil, en voiles flottants, et d'ailleurs souvent blondes, qui hantaient les nécropoles, il y a une vingtaine d'années. C'étaient en général - toutefois pas toujours - des professionnelles pratiquant leur art derrière les monuments de famille, avec un manque de brio et de sincérité absolument déprimant. De la viande à veufs.
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Tandis que je me glissais dans cette chair si froide, si douce, si délicieusement étroite qu'on ne trouve que chez les morts, l'enfant a brusquement ouvert un œil, translucide comme celui d'une pieuvre et, dans un épouvantable borborygme, a rejeté sur moi le flot noir d'un mystérieux liquide.
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Video de Gabrielle Wittkop-Ménardeau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Wittkop-Ménardeau
Soirée spéciale Gabrielle Wittkop.
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