Dans l'appartement meublé qu’avait loué Mrs. Hignett pour la durée de son séjour à New York, les rayons d’un soleil doré s’insinuaient à travers les rideaux de la fenêtre, semblables aux éclaireurs d’avant-garde de quelque armée en marche. C’était une belle matinée d’été. Dans le hall, les aiguilles du coucou marquaient neuf heures trente ; dans le petit salon, celles de la pendule rococo, dix heures onze et celles de la montre d’auto qui se trouvait sur l’étagère à livres, six heures moins quatorze. En d’autres termes, il était exactement huit heures. Tel était l’avis de Mrs. Hignett, qui agita sa tête sur l’oreiller, ouvrit les yeux et se mit sur son séant : elle s’éveillait toujours à huit heures précises.
Était-ce donc là Mrs. Hignett, cette Mrs. Hignett, l’écrivain théosophe célèbre dans le monde entier, l’auteur de La Lumière qui se propage, De quoi demain sera-t-il fait ? et de toute cette série bien connue ? J’attendais cette question : Oui c’était elle. Une tournée de conférences l’avait amenée en Amérique.
À cette époque, les États-Unis supportaient une dure épreuve. Presque chaque paquebot venant d’Europe amenait dans le pays une nouvelle troupe de conférenciers anglais.
Tous, quels qu’ils fussent, romanciers ou poètes, savants ou philosophes, sans compter la nombreuse tribu des fâcheux, semblaient avoir été touchés par quelque instinct grégaire.
C’était comme une de ces grandes migrations du moyen âge. Des hommes et des femmes, qui avaient des vues différentes sur la religion, l’art, la politique et en définitive sur n’importe quel sujet, étaient cependant, en tant qu’intellectuels de la Grande-Bretagne, d’accord sur un seul point : à savoir qu’en Amérique, il y avait de l’argent facile à gagner dans les chaires de conférenciers et qu’ils pouvaient aussi bien que le voisin mettre la main dessus.
Mrs. Hignett avait fait la traversée avec la première fournée d’envahisseurs car, si éthérés que fussent ses écrits, il y avait cependant dans cette femme une forte et solide dose de sens pratique et elle avait l’intention de faire prospérer ses affaires pendant que le rendement était bon. Elle était au milieu de l’Atlantique avec son itinéraire de conférences déjà complètement arrêté avant que les quatre-vingt-dix neuf pour cent des poètes et des philosophes eussent fini de boucler leur valise et de se faire photographier pour leur passeport.
Qui a livré le Capitole ? Une femme. Qui a fait perdre le monde à Marc-Antoine ? Une femme. Qui fut la cause de cette longue guerre de dix ans qui s’acheva par l’incendie de la ville de Troie ? Une femme. Femmes funestes, maudites, perfides ! »
C’était comme une de ces grandes migrations du moyen âge. Des hommes et des femmes, qui avaient des vues différentes sur la religion, l’art, la politique et en définitive sur n’importe quel sujet, étaient cependant, en tant qu’intellectuels de la Grande-Bretagne, d’accord sur un seul point : à savoir qu’en Amérique, il y avait de l’argent facile à gagner dans les chaires de conférenciers et qu’ils pouvaient aussi bien que le voisin mettre la main dessus.
Le nez de cette jeune beauté était petit et juste au bout il y avait une tache de rousseur des plus mignonnes. Sa bouche était jolie et bien fendue, son menton rond et délicat. Elle avait précisément la taille que toute jeune fille devrait avoir. Sa silhouette était charmante, ses pieds étaient petits et elle portait une de ces robes qu’un homme ne peut qualifier autrement que de vraiment très chic.
S’il y a une chose que je déteste, c’est bien un roman qui dans le chapitre premier vous fait prendre grand intérêt au héros, puis, dans le chapitre deuxième, le laisse en plan pour revenir en arrière et vous parler en détail de son aïeul. Néanmoins, il nous faut ici faire de même un instant.
Bande annonce de la série Blandings, adaptation des romans de PG Wodehouse