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EAN : 9782221094204
272 pages
Robert Laffont (01/04/2002)
3.28/5   9 notes
Résumé :

Avril 1931 : après avoir traversé huit ans plus tôt le Sahara en autochenilles puis, en 1924, parcouru l'Afrique, André Citroën, grand ingénieur français et constructeur automobile, se propose de rallier Beyrouth à Pékin ! En franchissant l'Himalaya et le désert de Gobi. Ce sera la Croisière Jaune. Une expédition relevant tout autant de l'exploration scientifique que de l'exploit mécanique..... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une agréable surprise. Mon père se passionnait pour les rallyes automobiles, et donc ça m'ennuyait profondément. Je m'attendais donc à décrocher au bout de quelques pages et c'est tout le contraire qui s'est produit. J'ai été tout de suite captivée par le récit. Tout commence in medias res. « le général ne répond pas. Strictement sanglé, presque trop, dans sa sobre vareuse militaire, le crâne rasé à la prussienne, les yeux, à peine bridés, vifs au-dessus du nez droit, la lèvre inférieure proéminente lui donnant comme un air de bouder, le général ne répond pas. Impassible, derrière son bureau, il signe des papiers. » On apprend aussitôt qu'il s'agit de rien moins que Tchang Kaï-Chek , avec qui les responsables de l'expédition Citroën doivent négocier des autorisations pour leur projet de rallier Beyrouth à Pékin en autochenille en 1930.
Le récit est court (un peu plus de 200 pages) mais incroyablement dense et efficace. Tout part d'une histoire vraie, documentée par des participants à l'expédition (qui comprend des mécaniciens, mais aussi des journalistes, scientifiques, artistes, le médecin, l'archéologue, ...). le groupe est scindé en deux : l'un (groupe Pamir), part de Beyrouth, l'autre de Pékin (groupe Chine), et les 12 chapitres sont consacrés alternativement à l'un ou à l'autre. L'histoire comprend tous les ingrédients d'un récit passionnant : de l'humour, notamment dans les portraits des dignitaires orientaux, dans les confrontations ubuesques avec les autorités chinoises ou le fameux maréchal King, gouverneur du Sinkiang et son émissaire au chapeau melon, tournés en dérision par la gouaille des mécaniciens.
On a aussi de l'action avec des attaques (nous sommes en pleine rébellion des minorités musulmanes contre les autorités chinoises), des évasions rocambolesques, une lutte incessante contre les éléments : chaleur torride, hiver glacial, chutes de pierres, tempêtes de sables, traversées de fleuves, opération de l'appendicite dans un temple … Les personnages sont attachants, notamment Gumbo, le guide mongol capable de retrouver son chemin n'importe où dans le désert de Gobi, les chefs et les hommes héroïques, acharnés, courageux qui ne renoncent jamais. Cette lecture fait penser au film le salaire de la peur. Les deux histoires n'ont pas grand chose à voir, à part un parcours à accomplir en conduisant, mais les deux sont aussi palpitants, bien que les personnages soient bien plus nombreux dans la croisière jaune. Malgré tout, on suit cette aventure collective comme si l'on s'identifiait à un seul homme. D'ailleurs, les chefs, Haardt et Point, font figure de héros individuels, au même titre que leurs hommes. Et puis, dernier ingrédient, le dépaysement. En quelques lignes, Jacques Wolgensinger a l'art de restituer l'ambiance pittoresque d'une ville orientale ou de nous faire imaginer une plaine peuplée de chevaux et de yourtes aux pieds d'une citadelle. En suivant la route de la soie et des caravanes, les traces d'Alexandre et de Gengis Khan, on découvre un peu de Perse, d'Inde, d'Afghanistan, de Chine, la vallée de Bamyan et ses statues bouddhistes (celles que les Talibans ont détruites en 2001), l'oasis de Tourfan, la vallée des tombeaux des empereurs Ming, la grande Muraille. J'allais oublier une certaine émotion, retenue, qui se manifeste dans le dévouement de chacun, et que l'on ressent à la fin, dans le récit sobre de l'issue de l'expédition. Je n'en dirai pas plus…
Donc, même si BMR a raison de souligner que ce livre est tout entier à la gloire de Citroën et que l'auteur est ensuite entré au service communication de l'entreprise et de rappeler le complexe de supériorité des occidentaux, courant à l'époque, qui imprègne le récit, cela n'ôte rien à ses qualités littéraires. J'ignorais tout de l'expédition avant la lecture de ce livre, et ce fut pour moi une vraie découverte. Et il est tout à fait juste de dire qu'à notre époque désenchantée, ce genre d'épopée peut faire rêver. Pas étonnant qu'elle ait été publiée en Folio junior, car elle se lit très facilement, et peut émerveiller et instruire de jeunes lecteurs, même s'il faut ensuite leur donner un peu de recul.

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Cette Croisière Jaune aura bercé notre imaginaire durant de jeunes années ...
Tout comme celles de l'auteur : Jacques Wolgensinger, devenu ensuite chargé de comm' chez Citroën.
Forcément il a écrit le bouquin. À la gloire de son employeur. Mais bon, il a su garder un peu de réserve et ne pas sombrer dans le dithyrambe.
Reste donc l'épopée, l'histoire. L'Histoire de ces quelques hommes et de ces drôles d'autos à chenilles partis vers 1931 sur la Route de la Soie à la conquête de l'Asie.
Un premier groupe (le groupe Pamir) part de Beyrouth à l'assaut de l'Iran, de l'Afghanistan puis des Himalayas.
L'autre équipage (le groupe Chine) part de Pékin dans l'autre sens. Enfin, tente de partir de Pékin : c'est pas gagné et la Chine est en bisbille avec ... ses minorités ethniques. Et oui, les Ouïgours étaient déjà sur la brèche, c'était il y a plus de 80 ans !
Le groupe Pamir connaîtra les pires difficultés techniques dans les montagnes orientales, parfois obligé de démonter les voitures pièce à pièce pour les remonter de l'autre côté.
Le groupe Chine connaîtra les pires difficultés politiques dans les déserts chinois au point de rester plusieurs mois prisonnier de tel ou tel seigneur de guerre local !
Il y a tout juste ce qu'il faut d'enthousiasme naïf dans ce bouquin. Juste le style qui convient à cette folle équipée. Ça se lit très facilement et rapidement, sans trop de détails techniques (ouais, la mécanique c'est pas not' truc, alors). Non, pile poil le ton qui convient à cette aventure. Il y avait eu d'autres raids auparavant (la Croisière Noire en Afrique notamment) mais c'était "avant". Celle-ci est tombée juste au moment où il fallait, entre deux guerres, à l'aube de temps nouveaux. Papa Citroën avait peaufiné ses techniques de comm' pour en tirer un maximum de retombées.
Surtout que si l'on veut bien s'arrêter un instant sur les faits réels, force est de constater qu'aucune des voitures engagées n'aura traversé l'Asie ! Pour de multiples, bonnes et excellentes raisons, la jonction entre les groupes Pamir et Chine a eu lieu ... à cheval ! Voilà de quoi méditer sur la façon dont L Histoire s'écrit ! Ça alors ! J'en suis resté sur le flanc, moi qui aurait juré avoir pratiquement vu les autos traverser l'Himalaya quand j'étais petit !
Bon, ça c'était pour le volet intello : on lit, mais voyez, on réfléchit quand même.
Et puis cela n'enlève rien à la gloire de cette équipée, à la folie de ces hommes, à la grandeur de leur(s) exploit(s).
À l'obstination franchement arrogante de leur leader, Georges-Marie Haardt. À l'entêtement très discipliné de cet équipage. À l'obéissance quasi militaire de ces hommes. Gentiment racistes, façon Tintin et Hergé, c'était l'époque. Chapeau mou et cravate pour traverser désert de Gobi ou haute-vallée de l'Hindus.
Une époque où, même après des mois d'efforts et de promiscuité, on s'appelait toujours par son nom (et non le prénom), une époque où la dame qui cause dans le GPS n'avait pas encore remplacé le sextant.
Et oui, il fallait bien tout cela pour réaliser cet exploit, façon : tout le monde disait que c'était impossible, une équipe d'imbéciles qui ne voulait pas l'entendre a pris le volant et y est arrivée.
Mine de rien, le bouquin arrive à fort bien rendre tout cela. La gloire de l'épopée tout comme son irréaliste idéalisme.
À notre époque où le Paris-Dakar n'a plus rien de Dakar et où le pari ne fait plus rêver personne, où l'homme ne va plus sur la Lune parce que son porte-monnaie est vide, à notre époque on aime bien rêver à une autre époque, celle où l'on n'avait pas encore tout vu tout fait tout visité. Et puis tiens, puisque les autos Citroën n'ont finalement pas vraiment franchi les ultimes montagnes c'est qu'il reste donc encore aujourd'hui quelques sommets invaincus ! Hardi !
L'épilogue est également une étrange leçon : G-M. Haardt meurt d'une pneumonie à peine arrivé en Chine. Bientôt Citroën sera terrassé par un cancer et les répercussions de la crise de 29. Sic transit ...
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] Le groupe Chine tombe en pleine bataille : un convoi de troupes régulières chinoises est attaqué par les rebelles chantous. Les soldats sont en mauvaise posture; pratiquement cernés, ils n'ont aucune défense contre le tir des montagnards musulmans. [...] Mais voyant surgir les autochenilles, ils croient à des renforts chinois et battent en retraite. [...] Dans cette panique, les Français gardent leur sang-froid. Déjà Specht a bondi sur le toit de sa voiture, en quelques secondes il a mis sa caméra en batterie sur son trépied et il filme, filme éperdument.
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Petro distingue sans peine le personnage assis en tailleur à l'autre bout de la pièce. C'est Bouddha lui-même: un énorme, gigantesque, immense Chinois, débordant de graisse, immobile dans un vêtement de soie noire brochée d'or. Il est complètement chauve. La faible lueur des veilleuses réfléchie par les murs écarlates pose des reflets sanglants sur son crâne et son visage, dont les traits sont beaucoup plus gros et plus lourds que la normale. Enfoui dans la graisse, coincé entre l'arcade sourcilière qui déborde et la pommette protubérante, l'oeil minuscule luit méchamment. Il est rouge! Ce pachyderme colossal a les yeux d'une souris blanche en colère: M. Hong est albinos. La bouche est petite, entrouverte, arrondie et palpitante comme celle d'un poulpe et, dessous, non pas un double menton, non pas un triple menton, mais deux doubles mentons étagés, un collier de plis épais tressautant au moindre mouvement.
Petro s'approche. D'un geste, Hong l'invite à s'asseoir près de la table qui les sépare. Aucun mot n'a encore été prononcé. Hong attend, mais Petro a appris la patience à l'école de l'Orient. Il ne bouge pas.
Enfin, Hong se décide. Il se déclare éminemment flatté de la visite de l'honorable étranger. L'honorable étranger répond qu'il est indiciblement heureux d'être reçu par le puissant maître de l'Association pour la protection des convois. Le puissant maître rétorque qu'il n'est qu'une modeste fleur cachée sous la mousse, etc.. Cela dure bien un quart d'heure. Après quoi, entracte, des servantes silencieuses apportent de l'alcool de riz tiède, des pistaches et des graines de pastèques qu'elles décortiquent de leurs ongles pointus pour leur maître et son hôte.
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[...] Le soleil brûle, comme brûle sa réverbération sur la neige. Elle ne disparaît jamais à cette altitude. À Kochbel, on change les chevaux contre des yaks et les porteurs hounza contre des khirghizes. Les négociations sont quelque peu ralenties par les traductions : Pecqueur parle en anglais, un boy indien traduit en hounza, un porteur hounza traduit en khirghize ... et on repart dans l'autre sens !
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Le général ne répond pas. Strictement sanglé, presque trop, dans sa sobre vareuse militaire, le crâne rasé à la prussienne, les yeux, à peine bridés, vifs au-dessus du nez droit, la lèvre inférieure proéminente lui donnant comme un air de bouder, le général ne répond pas. Impassible, derrière son bureau, il signe des papiers.
En ce moment- 1930- il est au faîte de sa gloire. Son nom est connu non seulement dans toute la Chine, mais encore dans le monde entier: Tchankg Kaï-chek. (premières lignes du roman)
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[...] - Là où il y a une volonté, il y a un chemin, répond Haardt.
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