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EAN : 9782082105590
195 pages
Flammarion (01/03/2006)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Demain la francophonie La diversité culturelle est l'enjeu politique majeur de la mondialisation. Si chacun veut bien participer à un monde ouvert, c'est à condition de conserver ses racines. Pas de mondialisation sans respect des identités, au premier rang desquelles les aires linguistiques qui traversent les continents, les pays riches et pauvres, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. La francophonie avec 175millions de francophones, 63pays et 711millions d'habitant... >Voir plus
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On ne présente plus Dominique Wolton, auteur prolixe et toujours stimulant. le grand public l'a découvert pour ses biographies : Raymond Aron ("Le spectateur engagé", 1981), Jean-Marie Lustiger ("Le choix de Dieu", 1987), Jacques Delors ("L'unité d'un homme", 1994). Les étudiants en sociologie connaissent ses essais : "La fée du logis. La télévision dans les sociétés démocratiques" (1983), "Eloge du grand public" (1990), "Penser la communication" (1998), "Internet et après ?" (1999).
L'ouvrage qu'il consacre à la francophonie ne constitue pas une diversion exotique pour ce spécialiste de la communication, ni a fortiori un ouvrage de commande pour le récent directeur de la Cellule de réflexion stratégique créée par Abdou Diouf à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il représente au contraire une étape logique d'une recherche sur la diversité culturelle que Wolton mène depuis une quinzaine d'années en Europe ("La dernière utopie", 1993) et dans les outre-mers français ("La France et les Outre-mers", 2002). A Bruxelles, à Fort-de-France ou à Dakar, les questions sont en effet les mêmes : peut-on communiquer sans partager la même langue ? partager la même langue suffit-elle à communiquer ? tels sont les défis symétriques qui se posent à l'Union européenne et à la Francophonie.

Dominique Wolton sait que la francophonie a mauvaise presse. « C'est vieux, ringard, dépassé » (p. 9) avoue-t-il sans détour au début de son avant-propos. Elle provoque en France une « indifférence polie » (p. 17) - qu'Abdou Diouf lui-même déplore. Elle suscite hors de France beaucoup de méfiance, étant souvent suspectée de servir un projet néo-colonialiste. Pour clore ce faux procès, Wolton rappelle deux réalités oubliées : la première est que la francophonie n'a pas été créée par la France – Pompidou n'en voulait pas – mais par Senghor, Bourguiba, Sihanouk et Diori à Niamey en 1970 ; la seconde que la part exorbitante de la France dans son budget n'est en rien le résultat d'une politique impérialiste, mais la conséquence de l'abstention des autres pays francophones.

A rebours du scepticisme qui entoure le projet francophone, Wolton estime que cette construction permet de relever les défis de la troisième mondialisation. Après la première mondialisation, politique, la deuxième, économique, la troisième, culturelle « a l'UNESCO comme enceinte et la diversité culturelle comme référence » (p. 179). Aussi n'est-il pas étonnant que la signature le 21 octobre 2005 de la convention sur la diversité culturelle constitue pour l'auteur une date si importante. Pourquoi la francophonie permettrait-elle d'affronter cette « autre mondialisation » (Flammarion, 1993) ? Parce qu'elle repose sur un sentiment identitaire puissant, l'appartenance à une même aire linguistique, tout en forçant les peuples, si différents, qui la constituent, à cohabiter ensemble. En d'autres termes, elle serait suffisamment diverse pour éviter la sclérose, et suffisamment cohérente pour prévenir la dispersion.

Pour y parvenir, Wolton multiplie les recommandations. Conscient des risques de bureaucratisation qui menacent l'OIF (« la francophonie n'est pas une ONU en plus petit » p. 187), il appelle à une écoute accrue de la société civile : « Tout est trop lisse, officiel. Où est la société civile, où sont les militants ? » (p. 113). Il espère que les grandes entreprises francophones se mobiliseront en faveur d'un mode de gestion (on n'ose écrire un management) qui ne soit pas anglo-saxon : « Il y aura demain une demande de diversité culturelle en économie comme pour le reste » (p. 102). Il espère que se créera un espace public francophone et déplore pour le moment la faiblesse des moyens des médias authentiquement francophones, tels TV5 Monde, tout en ne cachant pas son scepticisme quant aux résultats à attendre de France 24. Il insiste enfin sur la nécessité d'encourager le plurilinguisme, et refuse un combat perdu d'avance contre la suprématie de l'anglais.

Sans doute ce libéralisme linguistique est-il frappé au coin du bon sens. Mais il lance un défi quasiment existentiel à la francophonie. Si la francophonie, n'est pas, ou pas seulement, une langue partagée, si elle se construit parallèlement à la promotion d'autres langues (12 seulement des 68 membres de l'OIF ont le français comme seule langue officielle), que sera-t-elle ? La diversité culturelle, si grande, qui sépare la France du Vanuatu, le Québec du Laos, la Suisse du Cap-Vert ne constitue-t-elle pas autant une richesse qu'une faiblesse qui condamne par avance une construction dont le seul ciment, la langue, est désormais hypothéqué au nom du plurilinguisme ?
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