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EAN : 9782246804246
1136 pages
Grasset (14/10/2015)
4.6/5   5 notes
Résumé :
La tragédie humaine à laquelle est associée l’histoire du communisme est-elle la conséquence de circonstances malheureuses ou d’une politique délibérée ? Ce débat, récurrent depuis l’apparition du premier régime communiste en Russie, ne peut être tranché que si l’on prend en considération la dimension mondiale du système.
Quelles que soient la géographie, l’histoire, la culture des pays où le communisme a triomphé, les mêmes méthodes ont abouti aux mêmes rés... >Voir plus
Que lire après Une histoire mondiale du communisme, tome 2 : Les victimesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les victimes. Ce deuxième tome consacré à l'histoire du communisme au niveau mondial constitue une synthèse magistrale des crimes du communisme, crimes qui se chiffrent en dizaines de millions, assassinats sous toutes les formes imaginables (l'imagination des bourreaux n'a jamais été prise en défaut), famines organisées ou conséquences de la politique, déportations… Un livre majeur. Notons que lors de la dernière campagne électorale, cela n'a pas empêché la clique journalicarde de cirer les bottes du candidat se réclamant de cette idéologie…
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critiques presse (1)
Bibliobs
30 octobre 2015
L'éclairage est systématiquement négatif : mais peut-il y avoir un «bilan globalement positif», quand on parle du communisme ?
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (194) Voir plus Ajouter une citation
Zéro pour lui, zéro pour toi, c'est ça l'égalité.
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MIEUX VAUT EN RIRE
Le marxisme, le communisme
* Un communiste, c'est celui qui a lu Marx. Un anticommuniste, c'est celui qui l'a compris.

* Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme, le communisme c'est l'inverse.

* Le communisme c'est comme l'horizon, plus on s'en approche, plus il s'éloigne.

* Un petit garçon rend visite à son cousin, le fils d'un important responsable du Comité central.
- Tu sais, dis le premier, notre chienne, Laïka, vient d'avoir six petits chiots.
- Ce sont des chiens communistes ?
- Bien sûr.
Deux semaines plus tard, les cousins se retrouvent.
- Dis, tu m'en donneras un, de tes petits chiots communistes ?
- Maintenant, ils ne sont plus communistes, ils ont ouvert les yeux.

Le parti
* Un vieux Polonais est sur son lit de mort. Il fait appeler ses fils à son chevet pour leur dire ses dernières volontés. Il leur annonce qu'il veut entrer au parti communiste.
- Papa, tu n'y penses pas ! s'exclament ses fils.
- J'y pense au contraire, dit le vieux. Quand je mourrai, cela fera toujours un membre du parti de moins.

* Aux Jeux olympiques, un athlète hongrois bat de plusieurs mètres son propre record du monde au lancement du marteau. Les journalistes se précipitent pour l'interviewer. L'un deux demande à l'entraîneur :
- Quelles sont vos méthodes d'entraînement ?
- C'est simple, nous lui avons promis que s'il gagnait, la prochaine fois nous lui laisserions balancer la faucille aussi.

* A quoi servent les syndicats dans les démocraties populaires ? A protéger les militants du parti contre la colère des ouvriers.

Les dirigeants
* - J'ai bien peur d'avoir de gros ennuis.
- A cause de quoi ?
- Ce matin, le secrétaire de cellule m'a convoqué, il m'a fait entrer dans une grande salle et là, il m'a montré les portraits de Marx, Lénine, Khrouchtchev et Brejnev accrochés au mur et puis il m'a dit : "Décroche ce salaud-là."
- Eh bien, qu'est-ce que tu as fait ?
- Sans réfléchir, je lui ai demandé : "Lequel ?"

* Castro demande à son fidèle conseiller, Pepito :
- Est-ce vrai, ce qu'on raconte, que beaucoup de gens viendront cracher sur ma tombe quand je serai mort ?
- Euh... On le dit...
- Et toi, tu iras aussi cracher sur ma tombe ?
- Ah non, Fidel ! Pas de danger ! J'en ai par-dessus la tête de faire la queue tout le temps.

L'arbitraire, la répression
* La population soviétique se partage en trois, ceux qui ont été en prison, ceux qui y sont, ceux qui attendent d'y aller.

* Question d'un formulaire : "Est-ce que vous avez été réprimé ? Si non, pourquoi ?"

* Moscou, à l'époque de la Grande Terreur.
Un homme et son épouse dorment tranquillement dans leur appartement quand ils sont réveillés par des martèlements de pas dans l'escalier. La sonnette de l'appartement retentit, accompagnée de forts coups sur la porte. Le mari, plus mort que vif, se lève pour ouvrir. Il revient une minute après.
- Ne t'inquiète pas, chérie, ce n'est que la maison qui brûle.

L'occupant soviétique
* Quel est le pays le plus grand du monde ? La Hongrie. Cela fait plus de vingt ans que les troupes soviétiques y sont et elles n'ont toujours pas trouvé la sortie.
Non, c'est Cuba. L'île a son gouvernement à Moscou, son armée en Afrique et sa population active en Floride.

La pénurie
* - La radio annonce que l'abondance règne dans le pays et notre réfrigérateur est vide.
- Branchez-le donc sur l'antenne de votre radio.

* A Prague, le camarade Polacek entre dans une charcuterie.
- Je voudrais 200 grammes de jambon, dit-il.
- Plus de jambon, camarade.
- Alors, une moitié de jambonneau.
- Plus de jambonneau, camarde.
- Eh bien, des saucisses.
- Plus de saucisses, camarde.
Polacek s'énerve :
- Vous avez du fromage de tête ?
- Non.
- Alors, du saucisson ou du pâté de foie ?
La vendeuse secoue la tête et dit au gérant du magasin :
- Il a une bonne mémoire, le camarade...

* Adrian va commander sa Dacia chez le concessionnaire de Bucarest. Le vendeur lui indique la date de livraison : 16 avril 1992, soit... quinze ans plus tard. Pris d'un doute, Adrian sort son agenda :
- D'accord, mais il faudrait que ce soit le matin, parce que l'après-midi j'attends le plombier qui doit réparer les toilettes.

* Une réunion du parti dans un kolkhoze. Deux questions sont à l'ordre du jour : la construction d'une grange et la construction du communisme. Faute de planches, on est passé tout de suite à la seconde question.

Le communisme, ses tares et ses échecs
* Les 7 merveilles du système communiste :
1) il n'y a pas de chômage, mais personne ne travaille ;
2) personne ne travaille, mais le plan est rempli ;
3) le plan est rempli, mais il n'y a rien à acheter ;
4) il n'y a rien à acheter, mais il y a des queues partout ;
5) il y a des queues partout, mais nous sommes au seuil de l'abondance ;
6) nous sommes au seuil de l'abondance, mais tout le monde est mécontent ;
7) tout le monde est mécontent, mais tous votent "pour".

* Quel enfer est préférable, le communiste ou le capitaliste ?
Le communiste, bien sûr. Soit il n'y a pas d'allumettes, soit on manque de carburant, soit le chaudron est en réparation, soit les diables sont à une réunion du parti.

* Quelles sont les deux étapes du communisme ? La crise de croissance et la croissance de la crise.

* Quelles sont les quatre calamités dont souffre l'agriculture dans les pays communistes ? Le printemps, l'été, l'automne et l'hiver.

* Giscard d'Estaing téléphone à Gierek, le premier secrétaire du PC polonais.
- Edward, je me suis rendu compte que tu as raison. Jai décidé que la France sera socialiste !
- Bien, bien, Valéry. Je t'approuve. Mais livrez d'abord les machines.

L'arroseur arrosé : les blagues
* Un juge sort en riant aux éclats de la salle d'audience. L'un de ses collègues lui demande la cause de son hilarité :
- J'ai entendu une histoire drôle, très très drôle, répond le juge.
- Raconte !
- Je ne peux pas, je viens de donner dix ans pour ça.

* Radio-Erevan institue un concours de blagues, doté de trois prix :
Premier prix : 20 ans.
Deuxième prix : 10 ans.
Troisième prix : 5 ans.

* Conversation au Goulag :
- Tu es ici pour quoi, toi ?
- Paresse.
- Comment ça, paresse ?
- Ben oui, on était trios à boire un soir, on s'est raconté des histoires drôles politiques. Je suis rentré chez moi, et avant de me coucher, je me suis dit qu'il faudrait peut-être aller rapporter tout ça à qui de droit. Mais j'ai eu la flemme, je me suis dit que j'irais le lendemain. Eh bien les autres y sont allés le soir même.
(Pages 787 à 798)
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(Page 78) :
Le leader bolchevique avait précisé auparavant sa pensée dans un texte, "Comment organiser l'émulation ?" [*ci-joint], de décembre 1917. Dans celui-ci, il développait la thématique de "l'épuration de la terre russe" qu'il fallait débarrasser de tous ses "parasites". La nature de la justice dispensée par le parti-Etat, ses méthodes de fonctionnement, chargées de "purifier" la société de ses "contagions bourgeoises", sont codifiées puis régulièrement renouvelées afin de déterminer les conditions de cette lutte des classes. Des instructions sont données par Félix Dzerjinski à la Tchéka sur la manière d'établir l'appartenance du détenu à telle ou telle catégorie sociale ; la classification doit être effectuée sur la base de trois critères principaux : l'origine sociale de la famille de l'accusé, son appartenance de classe actuelle et son passé politique. "Dans ceci résident la signification de l'essence de la Terreur rouge", précise le tchékiste en chef. Dans les prisons de la police politique, un slogan est inscrit : "Mort à la bourgeoisie !" ; dans les camps qui s'ouvrent, Dzerjinski propose de "prendre des mesures visant à isoler les ouvriers et les paysans des bourgeois qui les entourent, de créer des camps de concentration spéciaux pour la bourgeoisie".

[*Naissance du bolchevisme éliminationniste.

« Le recensement et le contrôle, indispensables pour passer au socialisme, ne peuvent être que l’oeuvre des masses. Seule la participation bénévole et consciencieuse de la masse des ouvriers et des paysans, dans l’enthousiasme révolutionnaire, au recensement et au contrôle sur les riches, les filous, les parasites et les voyous, peut vaincre ces survivances de la maudite société capitaliste, ces déchets de l’humanité, ces membres irrémédiablement pourris et gangrenés, cette infection, cette peste, cette plaie que le capitalisme a légués au socialisme. (…).

Pas de quartier pour ces ennemis du peuple, ces ennemis du socialisme, ces ennemis des travailleurs. Guerre à mort aux riches et à leurs pique-assiette, les intellectuels bourgeois ; guerre aux filous, aux fainéants et aux voyous. Les uns et les autres sont frères jumeaux, la progéniture du capitalisme, les rejetons de la société des seigneurs et des bourgeois, où une poignée d’individus spoliait et bafouait le peuple, société ou l’indigence et la misère poussaient des milliers et des milliers d’hommes dans la voie de la canaillerie, de la vénalité, de la filouterie, de l’oubli de la dignité humaine, société qui inculquait nécessairement aux travailleurs le désir d’échapper à l’exploitation, fût-ce par un subterfuge, de se tirer d’affaire, de se débarrasser, ne serait-ce que pour une minute, d’un travail rebutant…

Les riches et les filous sont les deux faces d’une même médaille ; ce sont les deux catégories principales de parasites nourris par le capitalisme ; ce sont les principaux ennemis du socialisme, des ennemis qu’il faut placer sous la surveillance particulière de toute la population, et contre qui il faut sévir implacablement à la moindre infraction aux règles et aux lois de la société socialiste. Toute faiblesse, toute hésitation, toute sentimentalité à cet égard seraient le plus grand des crimes envers le socialisme. (…).

Des milliers de formes et de procédés pratiques de recensement et de contrôle visant les riches, les filous et les parasites doivent être mis au point et éprouvés pratiquement par les communes elles-mêmes, par les petites cellules à la campagne et à la ville. La diversité est ainsi un gage de vitalité, une promesse de succès dans la poursuite d’un même but unique : débarrasser la terre russe de tous les insectes nuisibles, des puces (les filous), des punaises (les riches) et ainsi de suite. Ici, on mettra en prison une dizaine de riches, une douzaine de filous, une demi-douzaine d’ouvriers qui tirent au flanc (à la manière de voyous, comme le font de nombreux typographes à Petrograd, surtout dans les imprimeries, des partis). Là, on les enverra nettoyer les latrines. Ailleurs, on les munira, au sortir du cachot, d’une carte jaune afin que le peuple entier puisse surveiller ces gens malfaisants jusqu’à ce qu’ils se soient corrigés. Ou encore, on fusillera sur place un individu sur dix coupables de parasitisme. Enfin, on imaginera des combinaisons de divers moyens et, par exemple, à l’aide de la libération conditionnelle, on obtiendra le prompt amendement des éléments parmi les riches, les intellectuels bourgeois, les filous et les voyous susceptibles de s’amender. Plus l’expérience générale sera variée, meilleure et plus riche elle sera ; et plus les progrès du socialisme seront sûrs et rapides, plus facilement la pratique – car elle seule peut le faire – élaborera les meilleurs procédés et moyens de lutte. »

Source : V. Lénine, « Comment organiser l’émulation ? » (24-27 décembre 1917) dans Oeuvres, tome 26. »]
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(Pages 521 et 522) :
Touché par le communisme dans les années 1970, le continent africain devait connaître à son tour ces famines qui accompagnent généralement l'instauration d'un régime marxiste-léniniste. La chute de la dictature au Portugal, en avril 1974, a entraîné une libération de ses colonies rapidement passées sous la coupe de guérillas soutenues par l'URSS et Cuba. Au Mozambique, le Frelimo, arrivé au pouvoir en 1975, instaure une république populaire et entreprend une vaste réforme agraire, avec collectivisation et regroupements forcés de populations, qui menace bientôt de famine 3 millions et demi de paysans. En une décennie, de 1975 à 1985, 600 000 Mozambicains mourront de faim selon l'UNICEF.
En Angola, sous la gouvernance du MPLA, un autre mouvement marxiste-léniniste, la nationalisation des terres conduit à une baisse considérable de la production agricole (...) et à une paupérisation générale du pays. En 1985, un rapport de la Croix-Rouge internationale chiffre à 600 000 le nombre d'Angolais menacés par la famine, l'UNICEF parle pour sa part de dizaines de milliers d'enfants morts de faim. Sans l'aide occidentale qui a sauvé les régimes mozambicain et angolais d'une banqueroute, la catastrophe humanitaire aurait sans doute été pire.
L'Ethiopie, passée sous la coupe d'une junte militaire après la chute de l'empereur Hailé Sélassié en 1974, est le pays d'Afrique qui a le mieux appliqué le modèle léniniste de la famine, à la fois pour lutter contre une paysannerie rebelle et pour profiter d'une aide extérieure qui devait servir à consolider le pouvoir dictatorial en place. Dirigée par un "comité des égaux", le Derg, d'où a bientôt émergé un homme, Mengistu Haile Mariam, l'Ethiopie va connaître en une dizaine d'années toutes les phases de la "construction du socialisme", sans toujours respecter l'ordre classique : nationalisation de l'économie, collectivisation des terres, terreur rouge pour éliminer les intellectuels, guerre contre les provinces rebelles, instauration d'une république démocratique populaire, famine, édification d'un parti unique, déportations massives de populations... Les premiers signes de la famine sont apparus en 1982, conséquence à la fois de la réforme agraire qui a dépossédé le paysan éthiopien et d'une sécheresse exceptionnelle. Deux ans plus tard, le pays s'enfonce dans une crise alimentaire majeure. Le pouvoir, tout à la préparation du dixième anniversaire de sa révolution et à la création du Parti des travailleurs d'Ethiopie, ignore la catastrophe. Début septembre 1984, le gratin de la communauté communiste internationale se presse à Addis-Abeba pour célébrer l'événement. Deux cents millions de dollars ont été investis pour ce grand rassemblement progressiste, alors que le peuple se meurt. Le pays est bouclé pour que les affamés ne viennent pas gâcher la fête, pour que la famine reste ignorée du reste du monde. Un mois plus tard, l'Ethiopie devient l'objet du plus important élan de solidarité internationale jamais déclenché par une catastrophe humanitaire. Les lampions de la fête révolutionnaire éteints, le Bureau politique du Parti des travailleurs a enfin laissé filtrer quelques informations, des camps de réfugiés affamés ont pu être filmés par des journalistes étrangers. Les images font le tour de la planète, et bouleversent la conscience mondiale. Un mois plus tard, des avions gros-porteurs , leurs soutes pleines des premiers dons occidentaux, commencent à atterrir à d'Addis-Abeba. Le paysan éthiopien n'est pas sauvé pour autant. Le parti-Etat profite de l'exceptionnelle compassion provoquée, du matériel livré à foison, de la nourriture envoyée à profusion, pour poursuivre son offensive contre les paysans. Les provinces rebelles du Nord sont vidées de leurs habitants, des familles sont forcées de partir s'installer dans le Sud contrôlé par le pouvoir. Mengistu profite de la famine pour mettre en oeuvre deux objectifs de son programme socialiste : le déplacement de populations et leur regroupement en villages collectifs, contrôlés par le pouvoir. Faute d'exterminer par la faim les paysans favorables aux insurgés du Nord, il les déporte massivement vers des régions plus "sûres", comme Staline l'avait fait en URSS pour les koulaks dans les années 1930. Plus de 800 000 Ethiopiens sont ainsi déplacés de force pendant qu'ailleurs la communauté internationale n'a d'yeux que pour les camps de réfugiés que le pouvoir a installés dans le but d'attirer les secours souhaités. L'Union soviétique, dont l'aide aux affamés est insignifiante, fournit les avions et les camions nécessaires aux déportations.
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"Kaderakte" est le nom donné au dossier confidentiel tenu à jour conjointement par le parti, la police politique et l'employeur de chaque Allemand de l'Est. Ce dossier contient des informations sur son éducation, sa carrière, ses convictions, ses liens familiaux, ses amis, son engagement idéologique, ses contacts étrangers, ses habitudes personnelles et tout autre renseignement utile pour tracer un portrait complet de l'individu. La Kaderakte accompagne le citoyen depuis son premier jour de travail jusqu'à sa retraite.
(...) Le nombre de dossiers générés en quarante ans d'existence par la Stasi "équivaut à peu près à toutes les archives de l'histoire allemande depuis le Moyen Age", déclare en 1996, l'historien Klaus-Dietmar Henke, en charge à l'époque du département de la recherche sur l'ex-police politique, devant les juristes de l'Association internationale du barre au, réunis en Congrès à Berlin. Mis bout à bout, l'ensemble de ces dossiers représenteraient 120 kilomètres de long. Une partie de ces archives, déchirées manuellement par les fonctionnaires est-allemands au moment de la chute du Mur, est en voie de reconstitution par des équipes spécialisées. Compte tenu du nombre de dossiers à restaurer, il faudra environ quatre siècles pour venir à bout de ce puzzle.
Les Berlinois ont longtemps surnommé le quartier général de la Stasi "la maison aux milliers d'yeux", une image qui fait écho à ce slogan khmer rouge sur l'Angkar, baptisé "les yeux de l'ananas", une organisation capable de tout voir. Durant le IIIe Reich, un Allemand sur 2 000 était un agent de la Gestapo, estime-t-on ; l'URSS de Staline aurait compté, elle, un mouchard du NKVD pour 5 830 habitants en moyenne ; en RDA, une personne sur 63 est devenue un indicateur de la Stasi. Si l'on compte les informateurs "occasionnels", la proportion atteint une personne sur 6,5. A la veille de la chute du régime, les 80 000 fonctionnaires de la Sécurité d'Etat, chargés de surveiller une population de 17 millions d'habitants, pouvaient compter sur 170 000 "collaborateurs non officels", "Inoffizielle Mitarbeiter" en Allemand, les IM.
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Video de Thierry Wolton (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thierry Wolton
Thierry Wolton Prix Jan Michalski 2017 nous parle d'«Une histoire mondiale du communisme»
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