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Critique de JIEMDE


Poursuivant le rattrapage de mes lacunes en classiques américains, je ne pouvais passer à côté de Daniel Woodrell et de la mort du petit coeur, traduit par Franck Reichert. Pensez-donc : un livre dont le grand Lehane écrit dans sa préface qu'il est « l'un des chefs-d'oeuvre littéraires de ce dernier quart de siècle » et plus loin « je ne connais personne qui ait lu ce roman sans se sentir bouleversé et profondément ébranlé », nécessite que l'on y regarde de plus près. C'est donc chose faite et c'est remarquable de noirceur et de simplicité.

Le pitch est d'ailleurs simple : Shug vit avec sa mère Glenda et son père – même si le doute est suggéré – Red, dans un coin paumé et rural des monts Ozark dans le Missouri. Enfin ils vivent… ils survivent plutôt. Red est alcoolique, drogué, violent, cavaleur et subsiste à coups de petits larcins qui lui offrent quelques jours de visibilité financière pour partir en bordée. Glenda fait ce qu'elle peut, entre soumission opportune et protection de son fils qui prend comme elle son lot de beignes quand Red n'est pas d'humeur. Tout cela finira mal, lorsque l'enfant grandit…

Ce trio infernal est connu, et Earl Thompson ou Donald Ray Pollock l'ont tour à tour pris comme base de leur propre chef d'oeuvre, Un jardin de sable et le diable tout le temps. Mais Daniel Woodrell choisit lui la concision et fait de la mort du petit coeur un court roman ou une longue nouvelle. En 200 pages, tout est posé et dit : cette atmosphère si particulière des Ozarks, où la misère imprègne jusqu'à l'air que l'on respire ; où l'espoir de jours meilleurs est maigre sauf à s'engager ou à monter dans une Thunderbird sur un coup de tête pour suivre un homme meilleur ou un peu moins mauvais ; où le passage de l'enfance à l'âge adulte se fait parfois d'un coup, sans prévenir.

On tremble avec Shug, on a mal avec Shug, on se fait oublier avec Shug, on espère avec Shug. Et on vit avec Shug cette relation fils-mère avec Glenda, magnifique et dérangeante, désespérante et fataliste.

C'est désespérément noir ; c'est désespérément beau !
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