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EAN : 9782743624910
186 pages
Payot et Rivages (10/04/2013)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Dans le rude pays des Ozarks, "tout en collines escarpées et fonds pierreux", les gens sont condamnés à la pauvreté, en marge d'un monde qui les a oubliés. Alors devant l'absence d'espoir, d'éducation, de contacts avec l'extérieur, il ne faut pas s'étonner que règnent la violence et la peur. Tous les personnages qui peuplent les pages de ce recueil mènent des combats perdus d'avance contre les autres, mais aussi contre leur propre folie.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Daniel Woodrell livre ici douze récits brefs et percutants. Il possède le talent des grands nouvellistes qui savent créer un monde en quelques lignes. Vous voilà agrippé dans une histoire brutale, happé par les qualités narratives et stylistiques de l'auteur. Vous ne serez libérés de ce récit intense qu'au terme d'une fin abrupte.

Les nouvelles se déroulent au coeur des paysages désolés des Monts Ozarks. Dans ces zones rurales, les habitants semblent arriérés et violents, en marge de l'Amérique géographiquement et socialement. La cohabitation avec les citadins est compliquée. Ils viennent d'autres Etats profiter des attraits touristiques de la région ou construire de luxueuses résidences secondaires. Boshell abat son voisin originaire du Minnesota d'une balle en plein coeur, histoire de lui apprendre à ne pas trop la ramener. Harky incendie la nouvelle propriété de son voisin pour que son père malade puisse retrouver la vue sur la rivière de sa chambre. Morrow a acheté un camping à bas prix mais il vit dans la terreur que deux délinquants qu'il a tenus en respect avec son fusil viennent un jour se venger. Il est aussi question d'enlèvement. Henry se demande s'il retrouvera un jour le cadavre de sa fille, disparue sans laisser de traces. Dalrymple et Janet sont incapables de choisir la destination de leur prochain voyage. Ils croisent une auto-stoppeuse qui va précipiter brutalement leur destin. Il est question aussi de la guerre, des hommes brisés par les conflits, de la Guerre de Sécession aux guerres sur le sol irakien. Mais le récit le plus marquant raconte comment une jeune femme qui a porté un grand coup de barre de fer sur le crâne de son oncle, un pervers qui violait des touristes dans sa cabane va s'occuper seule de l'homme devenu paraplégique. Elle le considère comme son bébé mais elle craint que la bête ressurgisse un jour.

Après la lecture de ces nouvelles, vous aurez deux certitudes :
1/ votre prochain circuit touristique aux Etats-Unis évitera les Monts Ozarks,
2/ Daniel Woodrell est un des auteurs les plus doués de son époque.
J'avais déjà lu deux de ses romans qui traitaient de cette même région en dépeignant des habitants primaires portés sur la violence. Son talent s'exprime parfaitement dans le cadre de ces nouvelles noires, intenses où il parvient à exploiter au mieux ses qualités narratives.
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Woodrell pose un recueil strict.

Je découvre la facette de novelliste d'un romancier qui excelle dans le noir rural, situant son oeuvre au sein des Appalaches.

J'ai l'impression de l'avoir mentionnée trop de fois, cette vaste région aussi belle que gangrénée par la pauvreté. Mais je ne la raconterais aussi bien que ceux qui l'ont vécue. Woodrell est de ceux-là.

Sa plume est acérée. Elle croque l'essence des choses et esquisse en peu de phrases ce qui prendrait des paragraphes à d'autres.

Si un recueil de nouvelles est toujours difficile à juger dans son ensemble au vu de la diversité des écrits qui le composent, je l'ai trouvé assez inégal sur le fond mais par sur le plan formel, on sent toujours ce ton précis dépouillé d'ornements futiles qui dépose des phrases fortes de manière toujours aussi légère. A l'image de ces héros cabossés par la vie ou le peu de limites dans le pays des grands espaces et des armes à feu, ça pue la liberté et la fatalité
.
Beaucoup de nouvelles sont terminées par une fin ouverte, si ça déroute un peu car on sort des ornières creusées par les contemporains, on prend au fil des récit davantage de plaisir à gouter le coté instantané décrit par un auteur adepte du noir sans concession au style rêche et convaincant.

Je compte continuer d'explorer l'oeuvre de cet auteur avec des romans qui prennent un peu plus le temps. Si ces nouvelles ne souffrent aucunement de la compacité imposée par le format, je trouve tout de même plus reposant et plus séduisant de suivre ses héros égarés sur du long courrier.



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Ça s'appelle Manuel du Hors la loi ( Titre original: Outlaw album ) et ce sont des petits bijoux de nouvelles.
On trouvera dans la littérature américaine, de nombreuses parentés avec les personnages dont il est ici question : de magnifiques spécimens de white trash (pas tous) comme il est maintenant convenu de les appeler, logeant dans des coins improbables du rural profond.
Pour autant qu'on puisse en juger avec la traduction approximative du titre de l'ouvrage, Daniel Woodrell ( l'auteur) semble être un merveilleux styliste.
Sa notice wikipédia indique qu'il a fréquenté un atelier d'écriture : comme quoi, lesdits ateliers ne réussissent pas malgré tout à à affadir complètement le talent des gens de bonne volonté.
L'entame de chacune de ses nouvelles fleure déjà bon cette odeur de folie qui imprègne ses textes.

Jugez plutôt : « Depuis que Boshell avait enfin tué son voisin, il lui semblait qu'il ne pourrait plus s'arrêter de le tuer » ( Conversations avec un cadavre) ou : « Mon bébé, il tient pas dans un berceau. Mon bébé, il fait bien cent kilos, il est dans un fauteuil roulant, il reste silencieux tout le temps et c'est dur de la pousser dans les côtes. » ( Tonton) ou encore : « Une nuit, Pleham fut tiré du sommeil par la présence, au pied de son lit, d'un homme nu qui grondait. »( Sentinelle de nuit).

Meurtres, enlèvements d'enfants, sauvageries des guerres ( de Sécession ou d'Irak ), violence qui rôde en permanence, corps et mental déglingués : bienvenue en enfer.
La loufoquerie de certains de ces récits vient i de ces que les assassins ne peuvent parfois pas se passer de leurs victimes: c'est Boshell qui va déterrer le corps de son voisin qu'il a occis pour lui redonner un bon coup de hache et, calmé, dissimule le corps avant sa prochaine crise.
C'est cette gamine, qui a transformé son violeur d'oncle en légume et finit par s'occuper de lui toute la journée.
Parfois, le meurtrier ne peut plus se passer de sa victime : il fait presque corps avec elle dans une étrange proximité,la brutalise encore en peu, en rêve ou en acte, ou encore, sidéré par le geste qui a fait de lui un assassin, rejoue la scène en se mettant à la place de « l'autre »..
Quand la violence ne s'exerce pas sur les corps, elle s'insinue ici et là et frappe les choses.
Dans Retour à la rivière, un adolescent met le feu à la maison de ses voisins afin que son père,avant de mourir, puisse jouir de la vue sur la rivière. ( Les « intrus », ont en effet masqué cette vue avec la construction de leur habitation).L'incendiaire pourrait très bien être le personnage d'une autre de ces nouvelles qui s'intitule Deux choses.
Une femme vient intercéder en faveur du fils, qui peut bénéficier d' une libération conditionnelle, à condition de pouvoir habiter chez ses parents. le père, qui connaît la musique, ne s'en laisse pas conter.Le fait que le fils se soit mis à écrire des poèmes que la visiteuse apprécie visiblement donne lieu à ce passage comique :
« Elle se remet à lire. Les mots de ce texte là décrivent une situation familière: le poète a fauché la paie de sa maman pour rembourser des sales types qui n'étaient pas de sa famille.
« Hé, une minute,que je lui dis. Ça c'est de la poésie qui s'est produite plusieurs fois, ma pt'ite dame. Cécil, c'est qu'un foutu voleur.
-Non,non et non. Il veut rembourser sa dette, surmonter sa culpabilité engendrée par ses actes. »
Je réplique que la dette de Cécil, elle se monte au moins à plusieurs centaines de dollars. Est ce que ces poèmes vont lui rapporter une somme pareille ? ».

Dans la nouvelle, Twin Forks, le narrateur a racheté un camping situé en pleine nature
C'est l' été, l'eau de la rivière est fraîche et il regarde les gamins s'amuser et tourner autour des filles. Un souvenir de son adolescence revient le hanter : l'image d'une jeune fille qui le fascinait et qu'il n'osait pas aborder.
Vertige du passé et des occasion ratées : « Il savait qu'elle aurait pu devenir la première histoire d'amour que tous les adolescents devraient vivre, qu'ils ont besoin et méritent de vivre, un été magique, une succession de journées éblouissantes ponctuées de tâtonnements extatiques dont il aurait savouré le souvenir pendant des années (…).


J'ai de la chance : il me reste d'autres livres de Daniel Woodrell à lire.
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Hors-la-loi mais aussi hors du monde. Tels sont les personnages qui hantent les douze nouvelles de ce recueil de Daniel Woodrell. Dans cette région rude et isolés des Ozarks devenue le lieu de prédilection de ses écrits noirs, Woodrell, dépeint des vies à la marge tout autant de la loi que de l'Amérique, des communautés repliées sur elles-mêmes et méfiantes vis-à-vis de l'étranger comme de leurs propres membres.
Au milieu de cette nature encore sauvage, à la fois splendide et menaçante les liens entre les autochtones sont particuliers, les tensions exacerbées, les comportements déviants acceptés parce qu'ils sont cachés ou au contraire assumés et jetés à la face des autres. Ainsi verra-t-on un homme continuer à venir tuer le cadavre du voisin qu'il a assassiné, une fille s'occuper de son oncle pervers (« Mon bébé, il tient pas dans un berceau. Mon bébé, il fait bien cent kilos, il est dans un fauteuil roulant, il reste silencieux tout le temps et c'est dur de le pousser dans les côtes. Il peut plus parler depuis qu'il a reçu ce coup sur la tête que je lui ai moi-même donné. Je lui ai défoncé le crâne d'un coup de pioche, et depuis il a plus dit un mot, ni à moi ni à personne. »), un fils mettre le feu à la maison de ses voisins pour que sa mère malade puisse voir le paysage qu'elle a toujours aimé, un étranger nouvellement installé aux prises avec de dangereux locaux…
Parfois, pourtant, d'un drame peut sortir un semblant de compréhension mutuelle et de sincère compassion comme le montre la très belle nouvelle « Sentinelle de nuit » qui voit un ancien combattant du Vietnam abattre un rôdeur qui s'est introduit dans sa maison durant la nuit et qui s'aperçoit qu'il s'agissait d'un jeune vétéran d'Irak, fils d'un de ses amis d'enfance.
Ici aussi naissent des légendes qu'il ne faut peut-être pas chercher à vérifier comme le montre « le cheval de notre histoire », nouvelle tendre et désabusée, et l'Histoire imprègne ces lieux hors-du-temps dans lesquels les hommes semblent immuablement destinés au malheur et à la folie.
En l'espace de quelques nouvelles, dont certaines d'une brièveté et d'une force impressionnantes, Daniel Woodrell démontre qu'il est l'un de ces auteurs qui sentent battre le coeur des lieux qu'ils habitent et décrivent et sans doute un des plus subtils et doués écrivains de ce sud rural abandonné.

Lien : http://t.co/ETEB9YDKDT
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MANUEL DU HORS LA LOI de DANIEL WOODRELL
On est dans le Missouri, dans les monts Ozarks. La vie est rude comme les hommes. La loi officielle est peu présente. Alors les hommes se débrouillent. Ils sont sauvages, n'aiment pas l'étranger et vivent loin de tout. En une dizaines de nouvelles, WOODRELL dépeint ces communautés qui vivent à la marge, dans lesquelles la violence affleure rapidement.
WOODRELL est un écrivain américain spécialisé dans le polar et tous ses livres se passent dans les monts Ozarks. C'est le commentaire de Pollock en quatrième de couverture qui m'avait attiré vers cet auteur. Pas déçu, mais réservé aux amateurs du genre.
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critiques presse (1)
Lexpress
17 juin 2013
En seulement quelques pages d'une remarquable sécheresse de ton, Woodrell n'a pas son pareil pour plaquer son décor terreux et composer des portraits de personnages originaux, dépassés par la notion de bien et de mal. Secouant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mon bébé, il tient pas dans un berceau. Mon bébé, il fait bien cent kilos, il est dans un fauteuil roulant, il reste silencieux tout le temps et c’est dur de le pousser dans les côtes. Il peut plus parler depuis qu’il a reçu ce coup sur la tête que je lui ai moi-même donné. Je lui ai défoncé le crâne d’un coup de pioche, et depuis il a plus dit un mot, ni à moi ni à personne.
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La chance est une divinité, mais mieux vaut s’abstenir de miser sur elle, car elle est capable de vous déserter plus rapidement qu’un Français.
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Depuis que Boshell avait enfin tué son voisin, il lui semblait qu'il ne pourrait plus s'arrêter de le tuer. Il le tuait de nouveau dès qu'il se sentait en manque d'affection...
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