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EAN : 9782080704351
474 pages
Flammarion (04/01/1999)
4.13/5   137 notes
Résumé :
Véhément, ironique, prémonitoire, le premier roman de Virginia Woolf. Le début de sa traversée. L'éclosion de sa voix. L'obsession, déjà, de l'eau, de la mort, du désir inapaisé.
"Etre précipitée dans la mer, baignée, ballottée par les eaux, promenée parmi les racines du monde... ". Est-ce de Rachel, l'héroïne de ce "voyage" qu'il s'agit, ou bien de Virginia?
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Tâchez de vous emparer de ces valeurs portatives
 Ici-bas nos joies ou nos douleurs, ne nommant personne, ne serait-ce qu'un instant j'eus peur...
Quelque chose dans son écriture languide et basse .
Au commencement une fièvre, une idée de l'émancipation ; cela se peut bien .
Donner le bonheur ou le malheur  ces modestes distractions une belle réalité.
Arrive un moment où la révolte parvient à sa contradiction la plus extrême satisfaction.
Passons maintenant à la période d'agitation.
Émotions émotions émotions émotions émotions émotions émotions.
Nobles et mystérieux triomphes qu'aucun regard humain n'aurait pu leur donner un double.
Et lorsque ma propre avidité cessa de réclamer le superflu ,
Je frémis et je pleurai .
Quel bonheur dans cette mélancolie incandescente !

Classement : innombrables étoiles dans mon empyrée de lectures.

Je t'aime Virginia!
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Premier roman de Virginia Woolf paru en 1915, elle avait 33 ans.
Saviez-vous qu'elle avait fait une grave dépression, puis une tentative de suicide ?
Pour enfin, mettre des pierres plein ses poches et se suicider, à l'âge de 59 ans, dans la rivière Ouse coulant à proximité.

Triste fin !

Voici, un microcosme social de la Société Anglaise transplantée en Argentine , où seront préservés leurs bonnes moeurs, leurs frustrations, leur thé.

Ils s'embarqueront sur "l'Euphrosyne" où tangage et roulis, leur feront, à certains, vomir tripes et boyaux au-dessus du bastingage.

Une halte dans une villa , où ils s'occuperont de lecture, musique, commérages et médisances en tous genres.

Le vernis des ces gens, huppés, pour certains, se fendillera quelque peu.

La vie va s'écouler tranquillement comme un fleuve, puis un remous subi, pour revenir aussitôt à un flux plus lent.

Tout comme ces nuages au-dessus de leurs têtes, qui courent pousser par le vent, et se calment tout à coup, dès qu'une éclaircie apparaît et tout semble au repos.

De nombreux personnages, en couple où non et surtout cette jeune Rachel qui va, grandir au milieu d'eux, passer à l'âge adulte, aller de désillusion en désillusion, puis tomber amoureuse de Terence, et enfin, croire au bonheur.

"Et au monde des apparences, peut-on refuser la qualité du réel". (p.11)


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Le premier roman de Virginia Woolf et tout est déjà là.
Précisons que j'ai lu ce roman dans la traduction de Jacques Aubert pour la Pléiade sous le titre "Traversées", en anglais "The voyage out."
D'apparence, ce roman, comme le disait Lytton Strachey, est très très victorien. Une partie substantielle est constituée par la description et la vie d'une petite communauté d'anglais en Amérique du Sud, touristes et semi-résidents, dans un hôtel non loin de la mer. Virginia esquisse leurs histoires, leurs relations mutuelles, leurs pensées, leurs attitudes face à la vie. Certains sont plus consistants que d'autres.
Mais dans la première partie il est question de la traversée de l'Atlantique, depuis Londres, de quelques passagers, dont le personnage principal est une jeune fille, Rachel, accompagnée de son père, le capitaine du navire, de son oncle, de sa tante Helen, et d'un ami du père. Ils sont rejoints à Lisbonne par Mr et Mrs Dalloway, le personnage même du roman éponyme à venir.
L'histoire se centre sur Rachel, jeune fille élevée par des tantes bigotes mais qui montre des qualités qui ne demandent qu'à s'éveiller.
L'on suit Rachel dans sa découverte du couple Dalloway, de la haute société, sous l'oeil maternant de sa tante Helen, puis, après la traversée, de la petite colonie anglaise. En font partie deux jeunes gens pleins de promesses, liés par l'amitié, et dont Rachel se rapproche.
Telle quelle cette histoire peut paraître conventionnelle. Mais l'art de Virginia Woolf est de nous faire pénétrer la vie intime des personnages, avec beaucoup de justesse, sans poncifs, en tâchant de rendre "la vraie vie". Non seulement les paroles échangées, les attitudes, mais aussi les pensées, le flux de conscience. Résultat, un régal de sensibilité et une proximité avec les personnages.
Si l'on y ajoute l'humour subtil et parodique de Virginia, ainsi que son sens de la description de la nature, tout sauf objective, mais au contraire par les yeux des différents personnages et donc révélateur de leurs pensées, on obtient un premier grand roman. Peut-être pas encore le sommet que constitue Mrs Dalloway, mais un roman dont on sort enrichi, et ils ne sont pas si nombreux.
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Voici le premier roman de Virginia Woolf, dont le titre en anglais est "The voyage out", peut-être moins gracieux que le titre français, mais aussi expressif.

Woolf écrivit ce texte en 1915 à l'âge de trente trois ans. Et si l'on voulait être un peu pompeuse, on dirait que c'est un voyage christique vers l'au-delà des apparences, c'est-à-dire leur véritable endroit, l'envers étant le monde des apparences, toujours biaisées, fugaces et incertaines.

Une jeune femme de vingt-quatre ans, non encore modelée par les conventions sociales et musicienne solitaire par goût et ascèse (pour déjà, sans le formuler, aller au fond des sensations), découvre son être véritable à travers l'inévitable fréquentation d'autrui dans des lieux fermés sur eux-mêmes : un grand navire voguant vers l'Amérique du Sud, un hôtel dans la ville imaginaire de Santa Marina, enfin une excursion à pied le long du fleuve Amazone dans une forêt de plus en plus resserrée.

Elle découvre aussi "l'autre", un jeune homme qui, depuis sa différence, accomplit le même voyage initiatique (le mot est à la mode mais désigne bien ici l'ambition du roman).
Parviendront-ils à se rencontrer au travers des apparences aux mille reflets trompeurs dans lesquels il est si aisé de s'égarer ?

J'ai beaucoup aimé ce livre, pas si facile et pourtant l'un des plus abordables de l'auteure qui en est au début de sa recherche stylistique. L'on pressent déjà qu'elle sera exigeante, et que le style, pour Virginia, est précisément, comme pour son héroïne, le sentier étroit vers l'au-delà des apparences. Rien d'étonnant à ce que chaque oeuvre ait épuisé ses forces et l'ait plongée un peu plus dans la mélancolie qui finira par l'emporter.

Peut-on dire que Virginia mit fin à ses jours vingt-six ans plus tard parce qu'elle avait parcouru le chemin à travers les apparences et qu'elle était arrivée à destination ?

Je me garderais bien d'une telle conclusion, mais il est possible qu'elle ait estimé avoir assez oeuvré, assez souffert, pour avoir le droit de passer enfin à l'endroit du monde.
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A 24 ans, Rachel Vinrace, une jeune fille passionnée de musique taciturne et solitaire et presque cloîtrée chez ses tantes à Richmond, participe pour la première fois à une croisière en compagnie de son père, de son oncle Ridley Ambrose et de sa tante Helen vers l'Amérique du Sud avec une escale au Portugal où ils rencontrent une certaine Mrs Dalloway et son mari. Cette occasion de découvrir le vaste monde et de sortir de sa bulle intérieure va lui permettre de rencontrer des jeunes gens de son âge, comme Terence Hewet et Saint John Hirst, deux amis libres penseurs, et une foule hétéroclite de personnes dans l'hôtel où ses deux nouvelles connaissances séjournent. Bals, excursions, conversations banales ou secrètes, rien n'est plus éloigné de sa vie d'avant. Cette immersion dans la société édouardienne, où seules les apparences comptent, va lui permettre par contraste de se trouver elle-même, d'explorer sa quête de la vérité avec Terence et Saint-John, et non plus seule, et enfin de quitter la maigre surface des choses pour enfin vivre pleinement, quitte à en payer le prix.

Publié en 1915, son écriture coïncide avec une longue crise de dépression de 1913 à 1915 qui se retrouve peut-être dans le malaise que vit Rachel face à son exploration des émotions, à sa quête de la vérité et du bonheur pour elle-même et pour les autres. Ce roman a quelque chose à voir avec la libération et la guérison autant pour Rachel que pour Virginia Woolf qui sont toutes les deux comme enfermées à l'époque à Richmond, assez éloignées de la capitale pour ne pas pouvoir en vivre la vie mondaine. C'est comme ça en tout cas que j'interprète ce voyage à l'étranger jusqu'à Santa-Marina, une ville fictive en Amérique du Sud, et le titre original du roman presque intraduisible : The Voyage Out, littéralement « le voyage dehors, hors de », voyager pour sortir et s'en sortir.

Mais ce voyage, c'est aussi le besoin de prendre de la distance pour mieux faire la satire de la société édouardienne. Dans l'hôtel de Santa-Marina, la foule de personnages que Rachel rencontre est comme un microcosme de la société anglaise au complet mais mieux représentative parce qu'elle se retrouve dépaysée et donc plus facilement confrontée à ses préjugés sur les autochtones pour mieux les dénoncer. Ils sont comme observés à leur insu, ce qui est véritablement le cas lorsque Rachel et Helen, attirées par les lumières de l'hôtel, jouent les voyeuses en regardant l'assemblée par une des fenêtres lors d'une veillée.

Dans cette satire, la place de la femme dans la société est centrale d'autant plus qu'elle touche au premier chef le personnage principal, Rachel, qui n'a rien du modèle de la femme moderne. Comme dans Nuit et Jour, le féminisme de Virginia Woolf et les diverses revendications féministes comme un accès au droit de vote, à l'éducation ou la dénonciation de la ségrégation des femmes traverse tout le roman soit pour être critiquées, soit pour être défendues. On n'entend pas la voix d'une féministe en tant que telle comme Mary Datchet, la suffragette dans "Nuit et Jour" mais bien des hommes comme la figure du politicien en la personne de Richard Dalloway qui dénonce l'inutilité du droit de vote, chose étrange pour un homme politique.

Toutefois, c'est surtout Terence Hewet, en tant que figure de l'écrivain (et donc plus ou moins double de Virginia Woolf), qui prend la défense des droits des femmes et essaye de gagner Rachel à sa cause.

D'ailleurs, c'est à l'occasion de ce voyage qui prend des airs de voyage initiatique que Rachel va pouvoir sortir de sa condition de femme du XIXème siècle, complètement dévouée à des occupations oisives comme s'adonner fanatiquement à la musique en dédaignant tout autre centre d'intérêt, pour devenir le temps d'un instant une femme moderne, indépendante, vivant pleinement sa vie. C'est d'ailleurs ce que lui propose sa tante Helen en l'invitant à Santa-Marina.

Pour cela, il lui faut une « chambre à soi » où il lui soit permis d'exercer ses pensées, de se cultiver pour mieux affronter le monde au dehors,
« une chambre indépendante du reste de la maison, vaste, intime, un endroit où elle pourrait lire, penser, défier l'univers ; une forteresse et un sanctuaire tout ensemble. A vingt-quatre ans, une chambre représente pour nous tout un monde. »

Ce qui est drôle dans le fait de voir en Rachel une jeune fille du XIXème siècle avant qu'elle ne quitte l'Angleterre, c'est qu'elle avoue lors d'une conversation avec Clarissa Dalloway, qu'on découvre sous un autre angle que dans Mrs Dalloway, c'est qu'elle déteste Jane Austen ! Elle a beaucoup de mal à expliquer clairement pourquoi si ce n'est par une formule énigmatique. Pourtant, comme Jane Austen, Rachel a tout de la jeune fille victorienne qui est enfermée dans un carcan sans pouvoir librement s'épanouir, chose que Jane Austen a su faire à sa manière.

Sa traversée depuis Londres jusqu'à l'Amérique du Sud est aussi une « traversée des apparences » : il révèle à Rachel, d'un naturel crédule, que tout le monde ment, dissimule et plus profondément qu'il est difficile de connaître les autres même en partageant leur intimité, même en multipliant les conversations. Il y a un très beau passage où Rachel et Helen, sa tante, sont raccompagnés à l'aube après un bal jusqu'à chez elles par Terence et Saint John. Ils en profitent pour s'asseoir dans l'herbe, discuter et se raconter aux autres jusqu'à leurs convictions les plus profondes. Après s'être quittés, ils ne se connaissent pas pour autant.

Et plus tard, lors d'un tête-à-tête entre Rachel et Terence qui se rapprochent de plus en plus, l'un et l'autre comprennent chacun de leur coté qu'aucune conversation ne peut être totalement sincère, qu'il y a toujours des pensées, des émotions inavouées qui sont gardées secrètes malgré leur intimité grandissante et que toute relation demeure fragmentaire, toujours limitée, jamais assouvie complètement.

Ce désir de transparence entre eux, de fusion et d'annulation des différences entre cet homme et cette femme, la fin du roman l'offre de la manière la plus inattendue, abrupte et sublime. Cette fin m'a vraiment touchée, presque troublée et je crois que c'est le signe que c'est un grand roman ce qui est extraordinaire pour un premier roman. Même s'il est plus classique dans sa composition que d'autres romans de Virginia Woolf plus connus, il possède une originalité propre et une sensibilité qui ne laisse pas indifférent.



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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Le mois d'octobre, déjà très avancé, continuait à répandre une chaleur régulière en comparaison de laquelle les premiers mois de l'été paraissent juvéniles et capricieux. De grands espaces de terre s'étalaient maintenant sous le soleil d'automne ; toute l'Angleterre, depuis les landes pelées jusqu'aux roches de Cornouailles, illuminées de l'aube au crépuscule, se montrait par touches de jaune, de vert, de violet. Cet éclairage prêtait un éclat même aux toits des grandes villes. Dans des milliers de jardinets, des fleurs rouge sombre fleurissaient par millions jusqu'au moment où les vieilles dames qui les avaient si tendrement soignées accouraient avec leurs ciseaux, tranchaient dans le vif de leurs tiges juteuses et les déposaient sur des rebords de pierre froide dans l'église du village. Des bandes innombrables, revenant de leurs parties de campagne, clamaient au coucher du soleil : "C'est la plus belle journée qu'on ait jamais vue ! " "C 'est toi " murmuraient les jeunes gens : "Oh ! c'est toi" répliquaient les jeunes filles. Ne fût-ce qu'à cinquante centimètres de chez eux, on sortait au grand air tous les vieux et de nombreux malades qui se livraient à des pronostics optimistes sur l'avenir du monde. Quand aux confidences et aux déclarations d'amour surprises non seulement dans les champs de blé, mais aussi sous les lampes, dans les intérieurs aux fenêtres ouvertes sur le jardin où des hommes à cigares embrassaient des femmes à cheveux gris - il était impossible d'en retenir le compte. Les uns prenaient le ciel pour emblème de l'existence à venir. Des oiseaux aux longues queues caquetaient, lançaient des cris stridents, s'envolaient de bosquet en bosquet, avec leurs plumes que parsemaient des yeux d'or.
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Quand ils se réveillèrent le matin, le bateau avait déjà remonté le fleuve sur une bonne longueur. A droite on voyait une haute berge de sable jaune avec des bouquets d'arbres, à gauche un marécage tout frémissant de longs roseaux et de hauts bambous, à la pointe desquels se balançaient doucement des oiseaux au plumage éclatant, jaune et vert. La matinée était calme et chaude... On avançait maintenant sous une voûte de feuillage. A gauche, sur un îlot, une couvée d'oiseaux rouges prenait son repas ; plus loin, un perroquet bleu-vert volait en criant d'arbre en arbre. Le pays prenait un aspect de plus en plus sauvage. Les arbres et les broussailles semblaient s'étouffer réciproquement au ras du sol dans un vaste pugilat, tandis que de place en place, un tronc superbe se dressait au-dessus de la mêlée, agitant légèrement, dans une couche supérieure de l'air, de fines ombrelles de verdure. Hewet jeta un nouveau regard sur ses livres. La matinée était aussi paisible que la nuit et pourtant très étrange parce que maintenant il faisait jour, parce qu'il pouvait voir Rachel, entendre sa voix, se tenir près d'elle. Il se sentait comme en attente, immobile parmi les choses qui passaient au-dessus et autour de lui, voix, formes humaines, oiseaux. Mais il y avait avec lui Rachel, qui attendait elle aussi. Il la regardait de temps en temps, comme si elle dût savoir qu'ils attendaient ainsi ensemble, emportés ensemble sans pouvoir offrir la moindre résistance.
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- Cela doit être affreux, d'être mort ! s’exclama Evelyn M.
- D'être mort ? fit Hewet. Je ne vois rien d’affreux à cela. C’est très facile à imaginer. Quand vous irez vous coucher ce soir, joignez les mains comme ceci, respirez de plus en plus lentement (il s’étendit sur le dos, les mains serrés sur la poitrine, les yeux fermés). - À présent, murmura-t-il d’une voix blanche, monotone, je ne bougerai plus jamais, jamais, jamais. (p. 191)
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Ce que je veux atteindre en écrivant des romans se rapproche beaucoup, il me semble, de ce que vous voulez atteindre quand vous jouez du piano, commença-t-il, lui parlant par dessus son épaule. Nous tâchons de saisir ce qui existe derrière les choses, n'est-ce pas? Voyez ces lumières en bas, reprit-il, jetées là n'importe comment.... Je cherche à les coordonner....Avez-vous déjà vu des feux d'artifice qui forment des figures? ... Je veux faire des figures...

Après tout, se dit Clarissa en suivant Mr. Vinrace vers la salle à manger, tout le monde est intéressant, au fond!

Une fois à table, il lui fallut consolider cette opinion dans son for intérieur, surtout par rapport à Ridley qui arriva en retard, dans une tenue décidément peu soignée, et s'attaqua à son potage d'un air sinistre.

Les deux époux échangèrent entre eux un imperceptible signal attestant qu'ils avaient compris la situation et allaient se soutenir mutuellement avec loyauté. Après une pause à peine indiquée, Mrs Dalloway se tourna vers Willoughby et commença:

- Ce que je trouve si ennuyeux en mer, c'est qu'il n'y ait pas de fleurs! Représentez-vous, en plein océan, des champs de violettes et de roses trémières! Ce serait divin!
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Elle déchiffrait aisément la foule qui la côtoyait: les riches qui, à cette heure, couraient de l’une à l’autre de leurs maisons respectives, les travailleurs enragés qui se précipitaient tout droit à leurs bureaux, les pauvres qui étaient malheureux et pleins d’une juste rancune. Déjà, malgré le soleil qui se montrait encore dans la brume, des vieux et des vieilles en guenilles s’en allaient, dodelinant de la tête, dormir sur des bancs. Dès que l’on renonçait à voir le vêtement de beauté qui recouvre les choses, on trouvait ce squelette. (p. 26)
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Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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